mercredi 3 septembre 2014

Le difficile débat sur les rythmes scolaires


En arrivant au pouvoir, malgré une forte contestation, la majorité actuelle a décidé de remettre en place une matinée d’école supplémentaire pour corriger une particularité du modèle éducatif français, qui présente un des plus bas nombres de jours d’écoles. Mais pourquoi cette idée ne fait pas consensus ?



Une bonne idée mal exécutée ?

En effet, depuis des années, les spécialistes de l’éducation ne cessent de nous répéter que les journées des petits français sont trop chargées, ce qui complique l’apprentissage, du fait d’un nombre de jours d’école bien plus faible que la moyenne, du fait de longues vacances, et de la semaine des quatres jours. Et sur le fond, on ne voit pas bien l’intérêt de cette dernière par rapport à la semaine de quatre jours et demi, surtout si cette dernière permet de mieux étaler les leçons et ainsi de permettre un meilleur apprentissage. Du coup, une telle réforme aurait sans doute pu être une réforme populaire à mettre au crédit de François Hollande, à mille lieues des idées extravagantes sur les notes.

Mais cette bonne idée de principe n’a pas été mise en œuvre de manière très harmonieuse, suscitant même l’opposition d’une partie de la majorité à l’époque. D’abord, s’il s’agit d’un simple transfert d’heures vers le mercredi matin, cela peut aboutir à des journées qui finissent plus tôt que précédemment (à moins d’augmenter le temps de récréation, qui, a priori, n’était pas particulièrement court), faisant terminer les enfants à des horaires souvent compliqués pour les parents qui travaillent mais n’ont pas les moyens de se payer une garde d’enfant. Du coup, beaucoup d’établissements ont étudié la mise en place d’activités de remplacement pour que l’ouverture du mercredi ne provoque pas de sortie anticipée les autres jours. Mais se pose alors l’immense problème du financement.

L’enveloppe prévue par l’Etat semble nettement inférieure aux besoins des municipalités qui financent ces nouvelles activités. Cela est encore plus questionnable que la France manque de professeurs, dans le primaire notamment. Même s’il faut se méfier un peu des élus locaux qui ne se distinguent pas toujours par leur modération dans l’emploi de fonds publics, il ne faut pas oublier que les changements de périmètres dans les prérogatives des uns et des autres contribuent à rendre difficile les comparaisons dans le temps. En outre, comme il s’agit souvent de financer des activités ludiques, ces dernières peuvent sembler assez accessoires aujourd’hui. Du coup, certains maires ont carrément annoncé qu’ils ne respecteraient pas la loi, ce qui représente un acte de désobéissance contestable.

Un débat extrêmement révélateur

Cette question des rythmes scolaires présente néanmoins un grand intérêt à plusieurs titres. D’abord, elle montre que le partage des responsabilités entre l’Etat et les collectivités territoriales est un poison car les personnes qui décident n’assument pas complètement leurs décisions. L’Etat peut décider une chose en en rejetant le financement sur les mairies et ces dernières peuvent incriminer l’Etat qui ne fournirait pas le financement adéquat à la mesure. Cet imbroglio décisionnel, coutumier dans l’UE, est aussi commode pour les politiques, qui peuvent toujours attribuer à d’autres la responsabilité de leurs difficultés, ce qui explique peut-être que tant de décisions soient aujourd’hui prises de la sorte.

Tout ceci nous donne sans doute une bonne leçon de démocratie. Pour qu’un Etat fonctionne bien dans le cas présent, il eut fallu que l’Etat ait à assumer jusqu’au bout les conséquences de sa décision sur les rythmes scolaires, en ayant à choisir entre un raccourcissement des autres jours, un allongement de la durée des récréations, ou le lancement d’activités complémentaires, qu’il devrait financer en totalité ou en partie, quitte à faire des arbitrages sur d’autres dépenses ou augmenter le déficit budgétaire (ce qui pourrait relancer la croissance). Une plus grande unité de décision permettrait une plus grande clarté démocratique en responsabilisant davantage les décideurs qui auraient tous les leviers.

Aujourd’hui, cette réforme laisse un goût amer. Sur le fond, elle semble parfaitement justifiée. Mais dans son exécution, il est difficile de savoir qui a le plus à se reprocher : le gouvernement qui n’aurait pas donné les moyens pour la mettre en œuvre, ou les maires qui cèderaient à la facilité ?

11 commentaires:

  1. BON, cette modification du rythme scolaire, contre lequel je suis ? je suis en effet contre le principe de (par l'E.N. l'état dans l'état) reporter la responsabilité des temps libres (qui doivent pour moi rentrer dans du temps scolaire, donc sous le responsabilité de l'E.N.) sur les communes ...
    MAIS, depuis le temps qu'on en parle, comment se fait-il, que nos élus des 36 000 communes n'ont il pas résolu le problème avant le jour de la rentrée ???
    UNE FRANCE de plus en plus ridicule ?

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  2. Bien d'accord.

    Quand on ne veut pas mettre les moyens il ne faut pas faire de réforme. Même pas celles qui sont parfaitement justifiées.

    Ivan

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  3. Gilbert Perrin Quelle connerie cette théorie de genre. Je n'ai pas quant à moi attendu BELKACEM, ni aucune des féministes sur le sujet de l'égalité H-F..... J'ai toujours dit et appliqué, qu'a "travail égal - salaire égal", bien sur celà dépasse le milieu du travail, mais, c'est alors une conception dans le couple, dont le couple seul a la responsabilité. Quant au travail, tout le problème reste entier, car il s'agit tout simplement de la tache accompli par l'un ou l'autre !!!! et, celà est mon dada quand je souhaite l'alignement PUBLIC/PRIVE notamment !! Si on est un tantinet sensé, on ne peut absolument pas me contester ??? "travail égal - salaires, avantages et retraites égaux ????)

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  4. C'est le propre de la gauche. Faire des réformes soi-disant pour le bien-être des enfants (les rythmes), pour suivre l'évolution de la société (le mariage homo), pour encourager la réinsertion des délinquants (réforme pénale) etc. mais surtout faire des réformes qui ne lui coûtent rien ou presque (sauf de la popularité... jusque dans son camp).

    La réforme Darcos, en supprimant une demi-journée (mercredi ou samedi matin) permettait à l'Etat de faire des économies (suppression des Rased en transférant le soutien scolaire aux enseignants pour "remplacer" les heures libérées) tout en affirmant que c'était pour faciliter la vie des parents notamment divorcés en leur libérant le samedi matin (pour partir en week-end ou faciliter le passage d'un parent à l'autre) ou le mercredi (pour faciliter la garde des enfants la journée plutôt que la 1/2 journée ou faciliter la garde alternée). Donc une réforme "populaire" qui ne coûtait rien...

    La réforme Peillon part du même principe. Comme la réforme précédente ne faisait pas l'unanimité chez les profs (moins de temps pour le même programme, enfants moins réceptifs l'après-midi que le matin donc perte d'une partie de l'attention), il a été décidé de remettre une matinée de plus pour récupérer cette meilleure attention des élèves. Mais plutôt que de revenir à l'avant Darcos (ce qui n'aurait pas posé de pb, mais simplement coûté à l'Etat de remettre en place le système de soutien précédent, les Rased), l'idéologie de gauche a pris le pas sur le bon sens et décidé de répartir les 24h de cours restantes sur 4,5 jours plutôt que sur 4 tout en décrétant que les communes devraient organiser des TAP (temps activités périscolaires - au mieux, en théorie, de l'infomatique, de la musique, du sport - au pire, en pratique, du coloriage et de la garderie) pour "combler" les horaires libérés chaque jour. Et c'est là où parents et maires sont montés au créneau en déplorant les inégalités de territoires (urbain, rural) donc d'infrastructures, le coût de l'opération (pour les communes, voire pour les parents) et la difficulté de recrutement (trouver des animateurs compétents payés au smic pour quelques heures par semaine). Hamon a essayé de calmer le jeu en autorisant le regroupement de ces heures sur une seule après-midi (ce qui supprime une bonne partie de l'intérêt de la réforme: la réduction de la journée de classe) ce qui permet de faire "tourner" des animateurs moins nombreux (avec des contrats sur 4 après-midis) sur plusieurs écoles. Mais comme c'est une réforme "de gauche" qui ne coûte rien à l'Etat (sauf un peu plus de popularité), on s'y accroche, les propos de NVB ne font aucun doute là-dessus..

    Pour la petite histoire, ma fille en tant qu'enseignante a eu droit aux nouveaux rythmes dès l'an dernier. Résultat: des journées n'ayant jamais les mêmes horaires selon qu'il y avait TAP ou pas, des animateurs dépassés, des semaines de mise au point et un résultat mitigé. Cette année, le maire a opté pour la 1/2 journée. Dans son école, ce sera TAP tout l'après-midi du lundi et rien les autres jours, dans les autres écoles, ce sera le mardi, le jeudi ou le vendredi. Bref, le pragmatisme a repris ses droits !

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  5. Je pense que des dépenses pour occuper les enfants jusqu'a la fin de l'après midi seraient justifiés pour etaler le rythme scolaire et rendre l'école moins pénible. Il faut le considérer comme un investissement pour l'avenir.
    On pourrait par exemple prevoir une activité extrascolaire au choix pour le mercredi AM, on subventionne deja beaucoup de clubs.

    D'ailleurs je pense qu'il serait bon de rendre obligatoire des activités extrascolaires même pour les collegiens. C'est un age ou il faut les garder occupés jusqu'a la fin de la journée surtout pour ceux qui vivent dans des quartiers ou trainer en bas d'un immeuble est consideré comme une occupation normale. Mais la je digresse un peu.

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  6. Mercredi 3 septembre 2014 :

    Valérie Trierweiler : « François Hollande n'aime pas les pauvres. »

    Valérie Trierweiler publie un livre sur François Hollande.

    "Les sans dents"

    Au final, le portrait de François Hollande semble terrible. On découvre un homme froid, sans coeur, totalement dépassé par les évènements, calculateur, parfois méchant, enfermé dans une bulle. Le passage le plus terrible est une scène qui se déroule lors d'un repas familial. Il moque la famille de Valérie d'origine modeste : "Une gifle."

    Valérie Trierweiler écrit :

    « Il s'est présenté comme l'homme qui n'aime pas les riches. En réalité, le président n'aime pas les pauvres. Lui, l'homme de gauche, dit en privé : "Les sans dents", très fier de son trait d'humour. »

    http://www.lepoint.fr/politique/ce-que-valerie-trierweiler-dit-dans-son-livre-03-09-2014-1859552_20.php

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    1. Les sans dents, ça sonne pas mal. Ça rappelle les sans-culottes.

      Devinez qui va faire Louis XVI??

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  7. Un exemple à travers les propos du Président d'une intercom près de chez moi aujourd'hui dans la presse : "la réforme nous coûte 200 000 euros, alors que l'Etat baisse sa dotation à hauteur de 150 000 euros. L'ensemble des élus souhaite que cela reste gratuit, mais nous naviguons à vue et s'engager dans la durée reste compliqué."

    En résumé, la politique menée par Hollande est en pleine contradiction avec ses engagements sur la nécessité de mieux dépenser, si ce n'est moins. Les sociaux libéraux démontrent une nouvelle fois que leur idéologie dicte tous leurs choix. Un désastre économique, social, culturel, humain grâce à un programme aussi injuste qu'incohérent, qui dépasse l'entendement, mais que les électeurs d'Hollande auraient dû, auraient pu prévoir s'ils avaient eu la curiosité de se pencher sur le parcours de ce sinistre personnage. Il aura au moins accompli une prouesse en étant plus détesté que Sarkozy.

    Demos

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  8. @ Gilco56

    Les maires évoquent une facture trop lourde, mais la grande majorité la met en place. Difficile de juger.

    @ Claribelle

    Merci pour le témoignage. Je ne pense pas qu’il y ait de différence entre gauche et droite : les deux souhaitent des réformes qui ne coûtent rien et les montent en neige.

    @ TeoNeo

    Bien d’accord

    @ BA

    Papier demain

    @ Démos

    Jugement en 2017…

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  9. LP, moi je juge, ce n'est pas à l'éducation nationale d'ajouter des obligations supplémentaires aux communes !!!! ils ont les effectifs pour le faire, c'est une mission d'éducation" qu'ils ne remplisse pas !!! pourquoi ?

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  10. Gilbert Perrin a partagé la photo de Jean-marc Renauld.
    Il y a 8 secondes
    Celà, les français ne PEUVENT PAS et, ne DOIVENT PAZS l'ACCEPTER ??? soyez VIGILANTS et SENSES de ce que çà veut dire ????
    MERCI NAJAT POUR NOTRE SOUMISSION
    Photo : MERCI NAJAT POUR NOTRE SOUMISSION

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