Enfant
de la Patrie défend aujourd’hui une réforme
profonde de la Cinquième République sur le blog et pose des questions sur le
mode de scrutin. Etant données mes convictions personnelles, je
ne peux pas ne pas répondre à ce papier, même si je reconnais que des réformes
pourraient être utiles.
Se
tromper de coupable
Fondamentalement,
je pense que ceux qui réclament un changement profond de nos institutions,
réforme de la Cinquième République, ou
même passage à une Sixième République, se trompent de bataille. La crise
économique et politique actuelle n’est pas spécifique à notre pays. Tous les
grands pays développés sont dans une position difficile, ne parvenant pas à
retrouver une croissance soutenue, ce qui maintient une part importante de la
population dans la difficulté, entre chômage et baisse du pouvoir d’achat,
alors même que la situation des multinationales et des plus riches n’a jamais
été aussi bonne depuis des décennies. Partout le constat est le même et cela
aboutit en général à des tensions politiques, un
affaiblissement des partis traditionnels et le succès de partis protestataires
et / ou extrémistes.
Cette
généralisation de la crise dans des pays qui ont des institutions très
différentes de la nôtre, tend
à disculper la Cinquième République. Le débat sur la proportionnelle est un
peu stérile, ceux qui la demandent étant souvent ceux qui y gagneraient des
sièges, ceux qui s’y opposant ceux qui y perdraient… Et je ne vois pas en quoi
couper le Parlement en deux types de députés améliorerait quoique ce soit à la
situation actuelle. La moindre clarté des résultats redonnerait inévitablement
plus de pouvoir aux partis qui pourraient alors négocier chèrement leur
soutien. L’idée du tirage au sort, même si elle est bien documentée et peut
faire envie étant donné le niveau de nos politiques, me révulse car cela
revient à passer d’un choix collectif et conscient à l’arbitraire du hasard, comme
une renonciation à la démocratie.
Quelques
pistes de réflexion
Se pose
également la question du statut des élus. Je n’aime guère les limitations au nombre
de mandats, qui me semble un frein à la démocratie, mais il est vrai que le
comportement de bien des professionnels de la politique peut amener à se poser
la question. Comment également promouvoir un débat plus ouvert et éviter la
sclérose actuelle entre les trois principaux partis, qui n’ont pas changé
depuis 30 ans ? Ici, il convient de défendre, et même sans doute
renforcer, la règle d’égalité du temps de parole qui
existe pour les élections présidentielles, qui a été travestie par la règle
d’équité. Il faut sans doute assurer un débat public plus ouvert en réformant
les règles qui gèrent l’ensemble des médias (en interdisant, autant faire ce
peu, aux groupes dépendant de commandes publiques, d’y être présents).
Je
ne crois pas que la Cinquième République soit responsable de la crise actuelle.
Et son organisation me semble davantage favoriser le changement que les
alternatives. En outre, attention à ne pas se tromper doublement de bataille en
oubliant l’essentiel (l’économie, la souveraineté) pour l’accessoire.
Dans ce billet vous soulevez 3 thèmes majeurs de notre vie politique. Je les prends dans l'ordre: la VI éme République, la proportionnelle et le cumul des mandats
RépondreSupprimerAujourd'hui la V éme République est remise en question. Il n'y a pas qu'à gauche que l'on trouve des partisans d'une VI éme République. C'est ainsi que le centriste Hervé Morin s'est prononcé pour la fin de l'élection du président de la République au suffrage universel avec des arguments qui sont tout à fait recevables, et entre autre celui-ci "je ne suis plus favorable à l'élection présidentielle parce qu'elle rend dingue les hommes politiques". Comment lui donner tort. Il a encore raison lorsqu'il ajoute " Ce type d'élection a créé une culture d'égo qui entraîne l'obligation de se distinguer et de se différencier et cela crée la désillusion car on fait naître dans une dramaturgie un espoir comme s'il y avait un homme providentiel." et il termine par " Cette élection a été faite pour un homme et pour un temps celui du général de Gaulle. Maintenant, il n'y a plus de de Gaulle, il n'y a plus d'homme providentiel, il n'y a que des hommes normaux comme dit François Hollande ".
Dans " Mémoires d’espoir " tome 1 ″ Le renouveau " , de Gaulle explique son rejet de la représentation proportionnelle et sa préférence pour le scrutin majoritaire. Afin d’avoir une majorité, il faut un scrutin majoritaire. « C’est ce que décide mon gouvernement qui fixe le système électoral en vertu des pouvoirs spéciaux, rejetant la représentation proportionnelle chère aux rivalités et aux exclusives des partis mais incompatibles avec le soutien continu d’une politique, et adoptant tout bonnement le scrutin uninominal à deux tours. »
En France le débat existe entre scrutin proportionnel et scrutin majoritaire c'est à dire entre représentativité et efficacité. Le scrutin majoritaire à deux tours offre à la fois une grande efficacité et une grande stabilité surtout en période de crise. J'y suis et j'y reste favorable.
Sur le cumul des mandats, la seule vraie question qui se pose c’est celui de la professionnalisation de la vie politique. Au fil du temps on a transformé l’esprit. Ce qui au départ était une « mission de service public » à mener dans l’intérêt général est devenue une profession à part entière. La vie politique est devenue un métier, une carrière où l’on peut rester toute sa vie : Conseiller général ou régional, maire, député ou sénateur, et pour quelques uns secrétaire d’État ou plus encore ministre. Ces gens là vivent de la politique, vivent pour la politique, s’enferment dans la politique et finissent par vivre dans un monde irréel. En ce domaine, la France est un pays singulier et l’absence de renouvellement du monde politique est quelque chose de très particulier à notre pays.
Chacun de ces thèmes mériterait à lui seul un long développement. De nombreux débats ont eu lieu notamment en 1986 sur la représentation proportionnelle à l'Assemblée nationale et plus récemment sur le cumul des mandats.
La proposition de passer à une VIème République n'est qu'une diversion, une ânerie, un leurre. La Vème République n'est évidemment pas LE problème. Concernant le mandat présidentiel, je pense, contrairement à Laurent et nous en avons la preuve sous les yeux, qu'en porter la durée à cinq ans était une idée nuisible en ce que cela donnait tous les pouvoirs au même parti.
RépondreSupprimerAvant de changer quoi que ce soit et de proposer des solutions, si tant est qu'une VIème République en soit une, il faut commencer par débattre pour répondre aux plusieurs questions : Qui élit-on ? Des professionnels à vie ou pas ? Comment les pouvoirs sont-ils organisés (ex. du Sénat inutile que coûteux, sauf pour les pros de la politique) ? Comment l'équilibre est-il garanti ? Comment les citoyens s'assurent-ils que les élus sont légitimes au moment de leur élection et pendant leur mandat (cf. légalité et légitimité chez J. Sapir) ? Comment les citoyens sanctionnent-ils les politiques qui doivent l'être ? Autant de questions auxquelles les pros de la politique n'ont aucune envie de répondre, je vous rassure.
Ils sont censés être représentatifs et ils ne sont pas, ni politiquement, ni sociologiquement. Ils bafouent nos droits, nos votes et se partagent les avantages que leur offrent la République. Et je suis mort de rire quand je lis les propos d'Hervé Morin sur l'élection présidentielle. Un type ambitieux, qui s'est lui-même présenté à cette élection, est vraiment mal placé pour donner des leçons. Dans ce domaine-là comme dans les autres, d'une manière plus générale.
Le respect des citoyens, leur foi dans la République reposent sur l'exemplarité et la légitimité de ses représentants. Or, ils n'en n'ont plus aucune. Ils ont perdu tout crédit et s'ils ne sont pas capables de proposer des solutions, la société s'en chargera à leur place. A mon avis.
Demos
En gros c'est un changement de république que vous demandez... Pourquoi le terme de "VI eme république" vous dérange ? Ce n'est qu'une expression on peut y mettre ce que l'on veut dedans.
SupprimerLe numéro d'ordre des républiques n'a aucun intérêt pour moi. Ce que je dénonce est la répétition ad libitum des formules creuses. Si l'on veut changer les choses, on leur donne du contenu, tout le contraire de ce que font ceux qui braillent à tout bout de champ "sixième République".
SupprimerCeci dit, la Vème République est plutôt mal en point - dans le texte et dans l'esprit - avec ce que lui ont fait subir l'UMP et le PS.
Demos
Les partisans d'une VIeme République (dont je fais partie) ne prétendent pas que la Veme est la source de tous les problèmes actuels. Par contre, je pense qu'un changement de République (ou une refonte en profondeur de la Veme, cela revient au même) est la meilleure voix pour parvenir à sortir la France de la crise (en particulier politique) dans laquelle elle se trouve. Ce n'est pas tant une question de fond qu'une question stratégique : aujourd'hui le système politique est tenu en main par les trois principaux partis de droite (PS, UMP, FN), les libéraux s'alternant et l'extrême droite constituant l'épouvantail permanent.
RépondreSupprimerDans ces conditions, on peut soit espérer que les partisans d'une politique alternative arrivent au pouvoir avec les règles du jeu actuelles, mais effondrement des partis libéraux a pour l'instant peu profité aux alternatives (la plus proche du pouvoir ayant été le Front de Gauche ... avec 11% en 2012). Et c'est bien normal, encore une fois, puisque le mode de fonctionnement de la 5eme république vérouille de fait la possibilité d'une alternative.
L'autre option stratégique, celle de la constituante/6ème République, c'est de d'abord rétablir les conditions d'un véritable débat démocratique, et ensuite de débattre du contenu des politiques. Cette option a l'avantage de pouvoir rassembler très largement des partis, des organisations, et surtout des gens moins politisés (on pourrait même très bien imaginer DLF s'y associer). La question fondamentale de l'égalité de traitement médiatique des candidats pourrait par exemple figurer dans la nouvelle constitution, comme des mesures limitant la professionnalisation de la vie politique.
Si nous pouvons créer les conditions d'un véritable débat sur les politiques à mener en France, je suis sûr que les choix politiques libéraux actuels seront balayés.
Je serais tenté de dire : "débattons tant qu'il est encore temps".
SupprimerPour ce qui me concerne, la question de l'égalité de traitement médiatique des candidats, elle est bien moins importante que l'éducation, notamment politique, civique, républicaine à dispenser dès le plus jeune âge aux enfants, éducation qui constitue un enjeu essentiel pour notre démocratie. Nos politiciens le comprennent d'ailleurs si bien que certains s'y sont attaqués. L'existence d'un esprit critique, libre, est la condition nécessaire à l'exercice des droits démocratiques. J'en suis convaincu.
Demos
Demos
Il faut changer le mode de gouvernance, que cela s'appelle VIème république ou autrement.
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