Ce n’est pas
l’Humanité qui a lancé ce débat, ni
même la presse « de gauche », tellement eurolibérale qu’il ne lui
vient pas à l’idée de changer quoique ce soit, mais The Economist, le journal des élites globalisées, qui
consacre un nouveau dossier à cette nouvelle perversion du néolibéralisme.
Tes
actions tu rachèteras
La bible
néolibérale n’y va pas par quatre chemins en dénonçant la « cocaïne
d’entreprise » et rappelle que « les
entreprises dépensent des montants records pour racheter leurs propres actions.
Les investisseurs devraient être inquiets ». Le graphique qui suit
a tout pour faire peur puisqu’il montre que si la tendance se poursuit, le
record de la fin 2007, juste avant le krach de 2008, semble devoir
prochainement être battu. Sur les douze derniers mois, les entreprises
étasuniennes ont racheté la bagatelle de 500 milliards de dollars de leurs
actions, d’Apple à Wal Mart. Exxon y a consacré 200 milliards et IBM y dépense
deux fois plus qu’en recherche et développement ! Même les entreprises
japonaises s’y mettent.
La situation
a atteint de tels extrêmes que 38% des entreprises y consacrent plus que leur
trésorerie ne le permet, le reste étant couvert par des emprunts ! The
Economist cite le cas de Home Depot,
qui, depuis 2008 a consacré 28% de sa trésorerie au paiement des dividendes et
52% à l’achat de ses propres actions, au point d’emprunter 2 milliards en
partie pour cela. Depuis 2010, l’action a triplé… Les 500 plus grandes
enterprises y consacrent un tiers de leur trésorerie. Apple, après avoir
longtemps mis ses actionnaires à la diète, a annoncé vouloir consacrer 130
milliards de dollars à racheter ses actions. The
Economist note que le secteur financier avait
consacré 207 milliards de dollars pour racheter ses actions de 2006 à 2008,
avant d’obtenir 250 milliards de l’Etat pour être sauvé de la faillite en 2009.
La prise
de pouvoir des actionnaires
Du coup, il
note que les gestionnaires de fonds commencent à s’inquiéter du manque
d’investissement des entreprises et préviennent que « le
capitalisme actionnarial doit promouvoir la croissance et la création et non
just partager les dépouilles ». Curieusement, The Economist note que le rachat d’actions était interdit avant,
que les Etats-Unis ont changé les règles en 1982, le Japon en 1994 et
l’Allemagne en 1998. Ce faisant, il donne sans doute malgré lui la solution à
cette nouvelle perversion du système économique actuel : il faut purement
et simplement interdire les rachats d’action par les entreprises, ou, a minima,
le traiter de manière extrêmement dissuasive d’un point de vue fiscal.
Les
rachats massifs de leurs propres actions par les grandes entreprises sont
un nouveau signe du profond dysfonctionnement du système économique, du fait du
règne du laisser-faire et du laisser-passer. L’Etat doit reprendre la main pour
le diriger dans le sens de l’intérêt général, et pas ceux des plus riches.
A ma connaissance, les rachats d'action d'une entreprise par elle-même sont toujours interdits - à juste titre- en France.
RépondreSupprimerC'est sûr que c'est interessant pour une entreprise de manipuler le cours de son titre. Certains le font malgré tout en France mais c'est pour de petites entreprises possédées plus ou moins directement par leurs patrons...
Le système financier mondial est devenu un chateau de cartes qui ne demande qu'à s'écrouler. Tout le monde le sait, mais on le prolonge en appatant des gogos qui croient que "les arbres montent au ciel"
Le fonctionnement du système politico-économico-financier actuel, c'est l'histoire du canard sans tête. Il court toujours, mais jusqu'à quand ?
RépondreSupprimerDemos
On donne de l'argent aux riches au prétexte qu'ils en auraient besoin pour investir et créer des emplois. Mais comme cet argent est pris dans la poche des consommateurs la demande s'effondre et du coup il n'y a plus besoin ni d'investissement ni d'embauche pour la satisfaire.
RépondreSupprimerAlors les riches ne savent plus quoi faire de l'argent qu'on leur donne et ils se mettent à racheter leurs propres actions où à gonfler des bulles spéculatives. Les capitalistes financiers modernes ont oublié la leçon du capitaliste industriel Henry Ford.
Henry Ford avait créé le produit : l'automobile de tourisme grand public. Il a créé le besoin, en donnant un jour de congé hebdomadaire supplémentaire à ses ouvriers pour qu'ils aient l'usage de la voiture de tourisme (ils n'en avaient pas besoin le reste de la semaine, habitant à côté de leur usine, de l'école, des commerces et de l'église) Et il a créé le revenu nécessaire pour acheter le produit dont il avait créé le besoin en doublant le salaire de ses ouvriers.
Cette forme de capitalisme aurait pu durer jusqu'à l'épuisement des ressources naturelles non renouvelables et la surexploitation des autres, qui ne manqueront pas d'advenir de toutes façon, mais les capitalistes financiers qui ont succédé aux capitalistes industriels ne l'ont pas voulu.
Aujourd'hui on créé des produits, on cherche désespérément à en susciter le besoin, mais on refuse systématiquement de concéder le revenu nécessaire pour les acheter !
Et après ils s'étonnent que la révolution de l'informatique et des NTIC n'a pas créé de croissance ni d'emplois, qu'elle les a plutôt détruits, contrairement à la révolution automobile à son époque.
Mais cela n'a absolument rien d'étonnant.
Ivan
En principe la France a signé la convention européenne des droits de l'homme pour protéger ses propres citoyens quand ils séjournent dans un autre état signataire de cette convention.
RépondreSupprimerLe fait que les citoyens français aient besoin d’invoquer ce traité international et le tribunal qui est chargé de le faire respecter pour faire valoir leurs droits élémentaires dans leur propre pays est effectivement aberrant.
Mais à qui la faute ?
Ivan
Aberrant et honteux.
RépondreSupprimerIl est honteux qu'un citoyen français soit acculé à se tourner vers une juridiction étrangère pour faire respecter ses droits élémentaires dans son propre pays.
Ivan
Et si la France a signé cette convention, c'est parce qu'elle ne supporterait pas qu'un citoyen français soit maltraité par un état étranger de la même manière qu'il l'est en France, par son propre pays.
RépondreSupprimerCela risquerait de tomber parfois sur un français riche et puissant, pas seulement sur les citoyens ordinaires.
Ivan
@ Cliquet
RépondreSupprimerMais je crois que beaucoup d’enterprises le pratiquent
@ Démos
Juste
@ Ivan
Bien vu