Décidémment,
les Décodeurs du Monde se distinguent
une autre
fois par un manque de précisions et une absence de mise en perspective
criante, alors qu’en général leurs éclairages sont de bonnes factures. Pour un
peu, on
croirait presque lire le Figaro Magazine
en pleine révolte fiscale…
Décoder
les décodeurs
Le titre est
sans doute ce qu’il y a de plus choquants dans ce papier : « les
20% de foyers les plus aisés ont absorbé 75% des hausses d’impôts ». Ce titre est un raccourci choquant
puisque s’il s’agit d’une étude de la commission des finances de l’Assemblée,
elle ne concerne que l’Impôt sur le Revenu, 67
milliards de recettes fiscales en 2013, soit un peu plus de 7% des
prélèvements obligatoires. Il ne serait pas inutile de rappeler également que
50% des ménages ne paient pas l’IR, ce qui concentre mécaniquement les recettes
de l’impôt sur le revenu sur les ménages aux plus forts revenus. En outre, si
on se plonge dans les statistiques de Piketty, Landais et Saez, on déduit
que les 20% les plus riches touchent environ 65% des revenus de ceux qui paient
l’IR, ce qui relativise aussi grandement les 75%.
Et cela
concerne seulement les 8 milliards de hausses de l’IR, sur 60 milliards de
hausses d’impôts décidées depuis 2011 ou des 28 décidés par la nouvelle
majorité, détaillées
par le Monde il y a seulement un an.
Bref, si on prend de recul, la véritable information, c’est qu’environ un tiers
des hausses d’impôts décidées depuis 2012 portent sur l’impôt sur le revenu et
que les 20% qui gagnent le plus, qui représentent environ 65% des revenus de
ceux qui paient l’IR, en ont acquitté 75%. Pas de quoi aller s’exiler au
Luxembourg. En outre, le Monde oublie
de rappeler que le taux d’imposition global baisse en haut de l’échelle, comme
l’ont révélé Piketty, Landais et Saez, et que les gains de revenus sont
aussi très inégaux (aux
Etats-Unis, 1% des ménages accaparent 95% de la hausse des revenus depuis 2009).
La
mythique oppression fiscale des riches
En outre, cela
est d’autant plus abusif que les
études montrent que les inégalités ne cessent de progresser et que
l’imposition des ménages aux plus forts revenus ne cesse de baisser. Certes, il
y a eu la taxe à 75% pour les revenus supérieurs à 1 million, mais son
rendement est faible, et elle sera remise au placard l’an prochain, comme l’a
rappelé Manuel Valls à Londres. Et pendant ce temps, le taux marginal d’IR, qui
était de 56,8% sous Giscard (et même à 65% sous Mitterrand), est tombé à 45%,
un niveau proche des autres grands pays. On aurait aussi aimé que l’article
rappelle que ce même taux marginal tournait à 70% aux Etats-Unis dans les
années 1970, comme
le rappelle Olivier Berruyer.
Bien sûr, la
cible du Monde semble être les
CSP+, comme le montrent les idées de
cadeaux des pages du magazine, mais il est difficile de se prétendre Décodeurs quand on se contente d’un
descriptif biaisé et non mis en perspective qui alimente la thèse fausse de
l’oppression fiscale des plus riches.
Gilbert Perrin
RépondreSupprimerÀ l’instant ·
Comment mettre DEBOUT la FRANCE sans les VALEURS de la REPUBLIQUE, commençons par mettre de la JUSTICE dans nos institutions et nos pratiques ?????
Gilbert Perrin
En fait, les "20% les plus aisés" ne veut pas dire grand chose, car la césure entre les salariés aisés et les très riches s'opère au niveau des 5 % les plus riches, voire moins. Cette catégorie des 20% est extrêmement hétérogène et, malheureusement, c'est vers sa base (les 15% "moins" riches des plus riches, dont le revenu est dans l'assiette de l'impôt sur le revenu)) que se concentre vraisemblablement l'effort fiscal. Sans compter ceux qui faisaient beaucoup d'heures sup et qui ont été massivement ponctionnés !
RépondreSupprimerLe ras-le-bol fiscal se nourrit aussi de cette concentration sur ces 15% de classes moyennes supérieures, alors que les très hautes fortunes et les profits des grandes entreprises explosent...
Enfin, pour ces catégories comme pour les autres, c'est une aberration d'augmenter les impôts en période de déflation. On déshabille Pierre pour ne même pas habiller Paul, alors que la question est de relancer la croissance.
Je pense qu'il faut surtout arrêter d'utiliser le mot "riche" à tort et à travers. On est riche quand on a suffisamment d'actifs liquide pour ne pas avoir à travailler. A la louche, ça commence à 2-3 millions d'euros de fortune personnelle nette. Un parent cadre sup qui gagne 5000€/ mois n'est pas riche et pourtant se fait crucifier par le fisc pour boucher les trous des finances publiques et donc payer les erreurs des autres. Elle est là l'injustice, et la source de l'illegitimité grandissante de l'impôt.
RépondreSupprimerPas d'accord. Sans aller pleurer sur les châtelains, on peut avoir une fortune sur le papier de quelques millions d'euros constitués d'immobilisations peu rentables.. et qui ne font donc pas des rentiers.
SupprimerEn revanche, des salaires supérieurs à 5000 € (soit le décile supérieur des salaires ?), dans des emplois qui profitent de la mondialisation (cadres sup, finance, juridique), avec peu de risque de perte d'emploi, doublé à des héritages conséquents propulse facilement dans la classe des possédants, pour utiliser une expression méchante :)
Traiter de la richesse en ne tenant compte que des revenus, sans même un seul instant prendre en compte le patrimoine mobilier et immobilier, c'est une vision complètement borgne du phénomène. Il est clair pourtant que l'hétérogénéité du groupe top 20, et même10, est gigantesque. Pourtant le mouvement "occupy" avait fondé ses récriminations sur le top 1%. Onubre Einz parle même des 0,1% qui concentrent richesses, pouvoirs de décisions économiques, juridiques et politiques.
RépondreSupprimerGilbert Perrin
RépondreSupprimerÀ l’instant ·
Marine LE PEN a dit, avec SAGESSE, face au BOULEDOG..
Il faut revenir à une GESTION vertueuse et sortir de cette VISION vicieuse et verreuse ...
Ce que j'approuve en tièrement pour la FRANCE et que je répète à longueur de temps ....NUL ne peut le contester...
ELBAKACH ;;; oh la la ... quel chien ???
Si on prend l'exemple d'un prof d'université en fin de carrière, ses revenus du travail seront dits confortables, mais ça se réalise que sur peu d'années. Pour peu qu'il n'ait pas hérité, son patrimoine sera assez modeste.
RépondreSupprimerLe Monde encore une fois, vole au secours de l'oligarchie.
RépondreSupprimerD'accord avec les autres cette tranche de 20% est très large et ne compte qu'une petite minorité de riches qui ont réellement les moyens d'influencer le pouvoir.
Un peu comme au MEDEF ou les gros actionnaires instrumentalisent les difficultés des petits entrepreneurs pour obtenir une politique paradoxalement anti travail.
Ca me rappelle aussi cette manipulation tenace sur les "100% d'impots". Alors que cela ne concerne que les revenus de personnes ayant de gros patrimoines et qui ont effectués certaines operations qui ne se font pas tous les ans tout en ayant recu peu de revenus. Cas typique de certains artistes fortunés mais à la production très irrégulière.
Le Monde fait partie de l'oligarchie médiatique.
SupprimerCe n'est qu'une des nombreuses illustrations du consensus qui règne dans la classe médiatique en tant que relai de la classe politique et la classe dominante celle des riches et des banquiers comme notamment Macron.
RépondreSupprimerCurieux de pas les entendre parler de l'optimisation fiscale.
RépondreSupprimerLe Monde (enchanté) qui fustige régulièrement les assistés reçoit 16 à 18 millions de subvention publique annuelle . Si ses actionnaires (B.N.P.) "bienfaiteurs" consentent à perdre de l'argent, c'est pour faire triompher leurs idées ( = la fabrique du consentement )...Idem pour les autres médias dominants : les Échos, Le Figaro, Libé, Direct Matin, TF1,BFM, RMC, Europe 1 ...
RépondreSupprimerQue c'est franchouillard cette jalousie à l'égard des "plus riches" ! Les plus riches, ce sont aussi les plus dynamiques, les créateurs de richesse et d'emploi. Laurent P. est donc passé chez Jean-Luc M. ?
RépondreSupprimerLe voilà revenu, le champion des sentences/sanctions en deux phrases tout compris.
SupprimerPlus sérieusement, les mesures fiscales prises par ce gouvernement sont incohérentes et injustes. Il ne s'agit, là comme en économie, que de bricolage, de navigation à vue accompagné d'éléments de langage incongrus.
Demos
Parole d'expert :
RépondreSupprimer"Le travail du journaliste consiste à détruire la vérité, à mentir sans réserve, à pervertir, à avilir, à ramper aux pieds de Mammon et à vendre son pays et sa race pour gagner son pain quotidien. Vous le savez comme je le sais, alors qui peut parler de presse indépendante? Nous sommes les pantins et les vassaux des hommes riches qui se cachent derrière la scène ….. Ils tirent les ficelles … ET NOUS DANSONS."
John Swinton (Ancien chef du personnel du New York Times, dans un discours à ses collègues.)
@ J Halpern et anonyme
RépondreSupprimerC’est juste, mais je rebondissais sur l’article, d’où les 20%. Mais j’ai consacré beaucoup de papiers aux 1%
Juste sur les patrimoines
@ Red2
Un grand merci pour ces rappels