Vendredi, l’agence
de notation Standard & Poors a annoncé qu’elle met sous surveillance négative
la note de la France étant donnés les derniers développements sur le
budget, dont le déficit 2015 restera le même que celui de 2013. Pas illogique,
mais reflet
d’une époque dont les répères ne sont pas les bons.
L’ivrogne
qui prétend assurer l’ordre
Il est tout
de même effarant que Standard & Poors se pose comme le censeur des
gouvernements de la planète. En effet, il
ne faut pas oublier que les agences de notation n’avaient absolument pas vu
venir la crise des subprimes, qu’elles avaient même alimentée en accordant
des AAA à des titres qui se sont révélés plus tard comme hautement toxiques.
Six ans après, presque personne ne rappelle la faillite complète des agences de
notation, qui
portent une part de responsabilité dans la plus grosse crise financière des
quatre vingt dernières années. Du coup, il est tout de même culotté que les
chauffards de la finance donnent des leçons aux Etats qui ont sauvé le château
de cartes qu’ils avaient construit.
Après, il
faut néanmoins reconnaître que cette annonce n’est pas illogique. Le
gouvernement annonçait il y a 18 mois qu’il atteindrait un déficit budgétaire
de 3% du PIB en 2015 après avoir fait 4,3% en 2013. Cet
été, le ministre du budget a annoncé qu’en 2014, le déficit atteindra
finalement 4,4% et qu’il vise 4,3% l’an prochain repoussant à nouveau de deux
ans l’objectif d’un déficit à 3% du PIB. Même si ce dérapage n’est pas si
énorme que cela quand on considère ce qui se passe dans le monde, et le fait
que presque jamais l’Etat n’a emprunté si peu cher (1,25% à 10 ans), ce qui
contredit quelque peu le jugement de l’agence de notation, on peut néanmoins
comprendre le jugement de Standard & Poors.
Une perte
complète des repères
Pire encore,
Standard & Poors ajoute sa voix à celles
des austéritaires, qui retrouvent de la voix un peu plus de 18
mois après que le FMI ait finalement tranché en donnant raison à tous ceux,
qui, comme Krugman ou Sapir, alertaient sur les dangers des politiques de réduction
des déficits publics en cas de faible croissance. Tous les austéritaires,
comme Yves Jego, en campagne pour la présidence de l’UDI, samedi sur Europe 1, en
font leur miel pour proposer une accélération de l’austérité, alors même que le
principal problème des pays européens est le manque de croissance. Il est tout
de même effarant de persister à ce point dans l’erreur alors
même que l’expérience 2011-2013 le démontre.
Plus
globalement, cet épisode démontre deux choses. D’abord que dans notre époque, la
politique se fait bien à la corbeille, que ce soit sur la compétitivité ou
l’austérité. Mais cela montre aussi une incapacité de nos dirigeants à tirer
les leçons des erreurs passées.
Le première fois que j'ai entendu ce nom, "standard & poor's", c'était en 2001. Un ignoble article de l'infâme Patrick Fauconnier qui prônait, tel Terra Nova aujourd'hui, l'instauration de frais d'inscription à l'université de l'ordre de 5000 euros.
RépondreSupprimerApparemment, cette agence parasitaire "notait" les universités à l'époque et était déjà très appréciée des petits milieux à fric de notre chère oligarchie journalistique.
Decidemment Laurent Pinsolle vous avez toujours l'habitude de passer à côté de la plaque des infos importantes :
RépondreSupprimerhttp://www.marianne.net/Contre-la-pression-normative-americaine_a241783.html
"Il ne faut pas oublier que les agences de notation n’avaient absolument pas vu venir la crise des subprimes.".
RépondreSupprimerEst-ce une bonne blague, Laurent ? La question ne se pose même pas. S&P et les "autorités" financières et politiques n'allaient quand même pas empêcher leurs amis financiers, ceux qui financent les agences et les actionnaires, de faire des affaires. Ils ne voyaient pas plus les manipulations malhonnêtes des banksters, qui titrisaient les dettes des emprunteurs (subprimes), qu'ils ne voient aujourd'hui les mêmes utiliser les RMBS, Residential Mortgage Backed Security, un produit financier dérivé issu de la titrisation. Pas plus en tout cas que le comité de Bâle, qui a décidé d’élargir les réserves de liquidité aux obligations d’entreprises notées A+ à BBB-, à certaines actions et à certains emprunts hypothécaires. S&P continuent à se moquer du monde, car ceux qui ont la possibilité de s'exprimer dans les médias officiels sont, soit des idéologues, rarement, soit des imbéciles incultes, parfois, soit des corrompus, le plus souvent. Et ce ne sont pas nos brillants et intègres dirigeants politiques qui ouvriront les yeux de nos concitoyens. Bien au contraire.
Demos
Laurent,
RépondreSupprimerTous les gens sérieux s'accordent pour dire que rien n'a changé dans le monde de la finance depuis 2007 : mêmes méthodes, mêmes produits pourris, même spéculation ... d'autant que les politiques d'ici et d'ailleurs n'ont même pas été fichus d'interdire ou de taxer les opérations qui doivent l'être parce qu'elles sont toxiques. Les socialistes français ont même freiné les autres pays européens. Un comble, non ?
Demos