Les 6
dernières années resteront longtemps comme une
période exceptionnelle dans l’histoire des banques centrales. Les dernières
semaines, et la grande divergence dans la politique des trois plus grandes
banques centrales de la planète sont aussi extrêmement instructives pour les
citoyens.
De Mars
et de Vénus
Sur les
trois dernières décennies, c’est
d’abord le Japon qui a utilisé sa banque centrale pour essayer de relancer son
économie, en monétisant sa dette publique sans succès pour une longue
période. La crise de 2008-2009, par sa violence, a imposé des réponses
inhabituelles, les
banques centrales n’hésitant pas à multiplier leur bilan (par cinq pour la
Fed), inondant les marchés de liquidités pour faire baisser les taux et
pousser les banques à prêter. Depuis
l’arrivée de Shinzo Abe, le Japon a décidé d’aller plus loin que tout le monde
dans l’assouplissement monétaire pour enfin essayer de sortir de la déflation.
La BCE a été la plus timide, même
si elle a prêté 1000 milliards d’euros aux banques.
Aujourd’hui,
la situation change puisque la
Fed a annoncé qu’elle mettait fin au programme de rachat des actifs étant donné
que la croissance semble solide. Au Japon, après un bon démarrage, la
hausse de la TVA a pesé sur la croissance au second trimestre. Néanmoins, depuis
deux ans, les chiffres sont bons et surtout, le pays sort de la déflation
puisque l’inflation atteint 2,8%... contre 0,3% dans la zone euro. Mieux, la
Banque du Japon a annoncé qu’elle passait de 60 à 70 000 milliards de yens à 80
000 milliards par an, soit environ 15% du PIB ! La
BCE envisagerait un nouveau plan de 1000 milliards de prêts pour pousser les
banques à prêter et a
annoncé qu’elle achèterait des ABS en novembre.
La
politique monétaire est bien une politique
Les mesures
annoncées par la BCE sont dérisoires car la somme totale annoncée correspond
seulement à deux tiers de l’effort annuel japonais. Pire, c’est exactement le
montant du plan précédent, dont
il est difficile de dire qu’il a été à la mesure de la crise du continent.
Et que dire du rachat d’ABS, qui faisaient partie des produits toxiques de la
crise ! Le nouveau plan japonais démontre la puissance de l’arme monétaire
que le gouvernement nippon, lui, n’hésite pas à utiliser. Sans doute un indice
sur le moyen de sortir de la langueur économique du continent. La Fed ne
nourrira plus la bulle, mais pousse le dollar à la hausse, ce qui ne sera pas
neutre pour le contexte économique des prochaines années.
Tout ceci
montre qu’il
est une pure folie de sortir la politique monétaire du cadre démocratique,
et que la politique menée par la BCE est désastreuse et tranche avec le
volontarisme des politiques monétaires des Etats-Unis et du Japon, qui n’ont
pas oublié que c’est un outil aussi puissant que le budget.
"Tout ceci montre qu’il est une pure folie de sortir la politique monétaire du cadre démocratique". N'importe quel individu lambda, n'ayant fait ni Polytechnique, ni l'ENA, était capable d'imaginer qu'il était non seulement anti-démocratique, mais nuisible de créer une banque centrale indépendante. Malheureusement, la conjonction des délires de certains incapables notoires, comme Giscard et Delors, avec les phobies allemandes de l'inflation en ont décidé autrement. Par intérêt, idéologie ou stupidité ou, mieux, les trois à la fois.
RépondreSupprimerDemos
Est-ce que quelqu'un a des nouvelles de Jean-Claude Juncker ?
RépondreSupprimerJean-Claude Juncker a disparu.
Il n'accorde plus aucune interview, il fuit les journalistes, il évite toutes les caméras de télévision, il annule au dernier moment sa participation aux Journées de Bruxelles, etc. Bref, il se cache.
Et, toujours aussi courageux, il laisse son porte-parole Margaritis Schinas affronter les questions des journalistes sur le scandale Luxleaks.
Résultat : son porte-parole ne sait pas quoi répondre.
Son porte-parole ne fait que répéter comme un robot : « M. Juncker est le président de la Commission européenne. Ceux qui doivent fournir les réponses, toutes les réponses, ce sont les autorités luxembourgeoises. »
Jusqu'à quand Jean-Claude Juncker refusera de s'expliquer sur le scandale Luxleaks ?
Jusqu'à quand Jean-Claude Juncker se cachera ?
Lisez cet article :
Luxleaks : le porte-parole de Juncker refuse d’évoquer son rôle en tant que Premier Ministre du Luxembourg.
http://www.lesoir.be/700706/article/actualite/fil-info/fil-info-economie/2014-11-06/luxleaks-porte-parole-juncker-refuse-d-evoquer-son-role-en-tant-q
BA
RépondreSupprimerFaut arrêter, Juncker n'a pas créé de toutes pièces le système. Tous les gouvernements de l'UE ont signé les traités permettant ces montages fiscaux et s'étonnent maintenant. Tous comme les gouvernements de l'Euro ont signé les traités correspondants, puis s'en plaignent...
Les technocrates de l'UE font donc n'importe quoi, mais ils ne sont pas responsables. Comme les dirigeants politiques. Alors à qui la faute ? Aux Etats pardi ! et aux citoyens qui font n'importe quoi et ne sont pas prêts à faire des efforts. Tapons "à bras raccourcis" sur les Etats et vive l'idéologie libérale.
SupprimerDemos
@BA
RépondreSupprimerMerci. Il est tout de même paradoxal de l'avoir promu à ce rôle car il a été plus que solidaire de ce système.
Certains commentateurs sérieux, avec des arguments solides, soutiennent que les mesures prises par les banques centrales en dehors de l'Europe, surtout la japonaise, conduisent les pays concernés à la catastrophe. Voir par exemple l'analyse de Charles Hugh Smith sur le Japon
RépondreSupprimerhttp://www.oftwominds.com/blognov14/Japan-budget11-14.html
J'aime bien cette description des politiques accomodantes : "Keynesian Cargo Cult monetary stimulus".
Les résultats, même aux Etats-Unis, ne sont pas au rendez-vous, surtout si on décortique les statistiques bidons (sur l'emploi), et on constate une explosion des inégalités. Les mesures prises par les BC apparaissent surtout comme un moyen d'échapper aux vraies réformes (comme une re-régularisation du système financier). A ce propos Charles Hugh Smith donne une citation de l'économiste John Kenneth Galbraith : "People of privilege will always risk their complete destruction rather than surrender any material part of their advantage."
@ Toutatis
RépondreSupprimerMais tout ceci n'est sans doute pas vraiment keynésien car cela bénéficie trop disproportionnellement à la finance, aux multinationales et aux plus riches.