Billet invité de l’œil de Brutus.
France Trésor est l’agence en
charge de la gestion de notre dette publique. A ce titre, c’est elle qui place
notre dette sur les marchés. Pour ce faire, « l'Agence France Trésor est assistée dans la gestion de la dette de
l'État par le Comité stratégique,
qui aux côtés des spécialistes en valeurs du Trésor, la conseille sur les
grands axes de la politique d'émission de l'État. Il aide l'Agence France
Trésor à mettre en œuvre de façon concrète, en les approfondissant, les
principes de sa politique d'émission »[i].
La composition du comité
stratégique en surprendra peut-être plus d’un (ou pas …) :
-
M. Marc-Antoine
Autheman est président du conseil d’administration d’Euroclear. Basée en Belgique, il s’agit d’une société financière
internationale de dépôt et de règlement/livraison. Autrement dit, une
« banque des banques » qui assure les transactions entre elles. Elle
partage ce privilège avec la désormais célèbre, bien que discrète, Clearstream[iii].
Après avoir été directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy (ce qui lui a permis
de participer aux grands mouvements de libéralisation de la finance),
Marc-Antoine Authmean a également dirigé la Banque de Financement et
d’Investissement (BFI) du Crédit Agricole[iv].
-
M. Günther
Braünig siège au conseil d’administration de KfW, l’une des plus grosses banques allemandes.
-
Mme Satu
Huber est directrice générale de Local Tapiole Pension, un fonds de
pension suédois.
-
M. Assaas J. Jabre est membre du conseil
d’administration d’Ecobank, un
réseau de banque qui couvre une large partie de l’Afrique.
-
M. René Karsenti est président de l’International Capital Market Association
(ICMA), une organisation interprofessionnelle mondiale regroupant les
banques d’investissement et les maisons de titres.
-
M. Ng Kok
Song est président du Global Investments du Government of Singapore
Investment Corporation (GIC), le fonds d’investissement
singaporien (mais loin de nous l’idée de considérer Singapour comme un paradis
fiscal, puisque « les paradis
fiscaux, c’est fini », dixit notre ancien président).
-
M. Dino
Kos est le Directeur des Global
Regulatory Affairs de CLS, une
entreprise américaine spécialisée dans le conseil financier. Il a également
officié chez Morgan Stanley[v].
-
M.
Bertrand de Mazières est directeur général des finances de la Banque
européenne d’investissement (BEI).
-
M. Thomas
Philippon, grâce lui en soit rendue, est le seul économiste du lot. Il a,
notamment à travers Le capitalisme d’héritiers, la crise française du
travail (La République des idées, 2007), dénoncé les bonus et stock-options
excessifs.
-
M. Yong
Yin est directeur général du centre de gestion des réserves de la State Administration of ForeignExchange
(SAFE), l’organisme de régulation des échanges financiers internationaux de la
Chine.
On ne trouve donc que, dans une quasi
exclusivité, des banquiers ou assimilables comme tels. A l’exception – notable
– de M. Philippon (qui sert de caution morale ?), il ne se trouve aucun
économiste, aucun véritable haut fonctionnaire (encore en activité), aucun
représentant politique, aucun représentant d’une quelconque association. Le
conseil pour la réalisation de nos emprunts publics est donc confié à ceux-là
même à qui nous empruntons … Comme si une entreprise se faisait conseiller par
l’avocat d’affaires de son client ou de son débiteur …
On rétorquera encore, un peu
facilement, que pour de tels conseils, il faut un haut niveau d’expertise que
l’on ne retrouvera que dans le monde de la finance. Mais la France ne
regorge-t-elle pas de suffisamment d’économiste hautement qualifiés et de hauts
fonctionnaires amplement formés et expérimentés ? Avec de tels
raisonnements, on en finirait par recruter les policiers chez les délinquants …
Ce qui est certain, par contre,
c’est que ne certes pas avec de tels « conseillers » que le pouvoir
en place infléchira quoi que ce soit dans la financiarisation de l’économie, ni
remettra quoi que ce soit en cause dans les dogmes des politiques néolibérales
en vigueur. Et ce ne certes pas d’un tel conseil que viendra l’inconcevable idée
d’emprunter auprès de notre banque centrale.
[i] Le texte
entre guillemets provient directement du site de l’agence France Trésor : http://www.aft.gouv.fr/rubriques/strategic-committee_77_lng1.html
[ii] Jacques
de la Rosière, le forgeron de l’Europe financière, Les Echos, 01/12/2010.
[iii] Au-delà de
l’affaire ayant opposé Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy, la banque
Clearstream est soupçonné de participer à de multiples mouvement financiers
opaques en s’abritant derrière le statut protecteur de la loi luxembourgeoise.
Sur le sujet, voir la série de reportages (6 épisodes) de Christophe Nick,
Jean-Robert Viallet et Pierre Péan, Manipulations, une histoire française
(diffusé en novembre 2005 sur France 5).
[iv] Marc-Antoine
Autheman quitte Crédit Agricole Indosuez mais reste dans le groupe, Les Echos,
28/07/2013.
[v] Voir sa
biographie sur le site de CLS : http://www.cls-group.com/About/Pages/BiogDetails.aspx?BiogId=96
Ces banquiers qui nous gouvernent, suite.
RépondreSupprimerAux Etats-Unis, l'entreprise General Electric est un énorme trust.
L'entreprise General Electric travaille dans les domaines suivants : aviation, électricité, finance, éclairage, équipement médical, équipement d'imagerie, moteurs, plastiques, locomotives, silicones, télévision, cinéma, parcs à thème.
General Electric emploie 307 000 personnes.
L'ex-banquier d'affaires Emmanuel Macron travaillait pour la banque Rothschild. Il est devenu ministre de l'Economie dans le gouvernement socialiste ( ! ).
Emmanuel Macron vient de vendre un gros morceau d'Alstom à l'entreprise américaine General Electric :
- le pôle énergie d'Alstom
- son activité de signalisation ferroviaire.
Le communiqué d'Emmanuel Macron est à pleurer de rire :
"Emmanuel Macron s'est assuré, avec vigilance, que les intérêts de l'Etat, la pérennité de la filière nucléaire et la sécurisation de l'approvisionnement énergétique de la France sont pleinement pris en compte dans cette opération", insiste le ministère dans le communiqué. "Le nouveau groupe Alstom, par le biais de cette transaction, disposera de tous les moyens pour développer un champion français et européen dans le secteur des transports", ajoute-t-il.
http://www.boursorama.com/actualites/alstom-macron-autorise-general-electric-a-racheter-le-pole-energie-b1e878312a978980f33bc82ffa3c800f
C'est ça, le plus important !
Le gouvernement socialiste trahit la France, le gouvernement socialiste vend la France, le gouvernement socialiste vend les entreprises françaises aux pays étrangers, mais c'est pour développer un champion français et européen !
Emmanuel Macron est l'incarnation de cette nouvelle aristocratie, qui est en train de détruire la France.
Cette nouvelle aristocratie subira le sort de l'ancienne aristocratie.
Macron, ce banquier "socialiste" comme moi qui suis Pape est d'abord un grand bourgeois pour qui l'argent est sa patrie. Cette "nouvelle aristocratie" ne détruit pas la France, elle l'a vend à l'étranger. En période de guerre économique cela s'appelle de la trahison et mérite la peine de mort.
SupprimerNormal, un banquier est d'abord au service de l'argent, il n'a donc pas de patrie donc on pourrait le sanctionner de ce qui n'est pas pour lui une trahison par une procédure de déchéance de la nationalité française, et non pas de la peine de mort, voire une peine d'exil.
SupprimerRoosevelt avait embauché un type du sérail bancaire pour remettre de l'ordre...
RépondreSupprimerAvec mission de remettre de l'ordre...
SupprimerC'est l'ex-banquier qui était sous les ordres de Roosevelt, pour appliquer la politique de Roosevelt.
Et non embaucher en guise de conseiller pour appliquer sans réserve les "conseils" du type du sérail comme vous dites.
Avec Sapin-Macron (après Moscovicci), c'est le mariage d'amour Banques-Etat ...
RépondreSupprimerhttp://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20141103trib8da6e46a0/sapin-milite-pour-une-taxation-a-minima-des-transactions-financieres.html