Deux
économistes, allemand et français, ont proposé un agenda de sortie de crise.
Leur recette miracle : un blocage des salaires, qu’il camoufle sous le terme
convergence ! Une proposition qui est un contre-sens économique et qui en dit
long sur les errements intellectuels de notre époque.
Un
contre-sens économique
S’ils ont
raison de souligner qu’il est essentiel de lutter contre le chômage, qui
atteint 15% de la population active en France, partir du postulat que la
recette allemande du début des années 2000 pourrait marcher aujourd’hui est absurde.
D’abord, il ne faut pas oublier que
la potion amère du chancelier Schröder avait alors fait de l’Allemagne le pays
malade de l’Europe, avec une croissance très faible, et qu’il a produit une
baisse de 15% du pouvoir d’achat pour un tiers de la population, une forte
hausse de la pauvreté (plus élevée qu’en France encore aujourd’hui malgré
le différentiel de chômage).
Mais
surtout, la potion amère allemande a été rendue possible par sa spécialisation
industrielle et l’explosion de ses exportations, mais
aussi par le fait que les autres pays européens ne menaient pas la même
politique, ce qui a maintenu ses débouchés, et a compensé la faiblesse de la
demande intérieure par ses exportations. Tout le problème est que ce
raisonnement, appliqué à l’échelle du continent européen, comme il l’est depuis
2010, tue la croissance au lieu de la relancer. Face à une crise de la demande,
une politique de l’offre généralisée est vouée à l’échec car elle pèse sur la
demande.
La
social-démocratie à la dérive
Il faut
rappeler ici que l’économiste en question, Jean Pisani-Ferry, conseille déjà le
gouvernement, ce qui en dit long sur les socio-démocrates ! Il est même classé
à gauche ! Il y a de quoi avoir le tournis quand on se rend compte que la
droite d’il y a 20 ans était peut-être plus prudente sur
cette quête destructrice de la compétitivité, encore sous l’influence de
Ford et du gaullisme. Aujourd’hui, la gauche de gouvernement a brûlé toutes les
leçons de Keynes et reste sourde aux
critiques d’économistes pourtant modérés comme Krugman et Stiglitz aux
Etats-Unis ou Gréau et Sapir en France. L’avenir ne sera pas tendre avec
ces « socio-libéraux » qui n’ont plus rien de sociaux.
De manière
intéressante, le rapport ne parle pas directement de blocage des salaires,
comme l’annonçait le Spiegel. Mais
quand on appelle à la convergence salariale avec un
pays qui a fixé le SMIC à 8,5 euros par heure pour 2017 quand il est un
euro plus haut en France, cela revient à cela.
La parité en pouvoir d'achat est 10% plus élevée en Allemagne qu'en France et le Gini y est légèrement inférieur, il y a 2,5 fois moins de SDF aussi. C'est le prix de l'immobilier bien plus élevé en France qu'en Allemagne qui en engloutit une bonne part du pouvoir d'achat français.
RépondreSupprimerGeler ou baisser les salaires français ne fera que baisser la PPA encore plus. Les gouvernements français ont favorisé la rente immobilière au détriment de la PPA et du financement des activité autres que le bâtiment.
Quelques remarques sur le sujet abordé aujourd'hui par Laurent :
RépondreSupprimer- Pisani-Ferry ? Un descendant d'Edgar Pisani et de Jules Ferry, un bel exemple de système endogamique qui donne le pouvoir à une classe dirigeante qui domine à travers l'histoire et décide de tout à la place des citoyens en donnant à ces décisions un vernis scientifique,
- A propos de ces hommes merveilleux qui nous gouvernent, comment, par qui et combien Schröder est-il rémunéré ? Et Blair, Clinton, Sarkozy ....?
- Que veut dire cette expression inacceptable de "coup de pouce" au SMIC ? Sa suppression ne va-t-elle pas donner lieu à un autre coup au pouvoir actuel, mais ailleurs si vous voyez ce que je veux dire ?
- une définition pour finir, celle du verbe niveler. Prenons celle d'un dictionnaire au hasard : "niveler, c'est, depuis le XIVe siècle, égaliser, mettre des choses au même niveau horizontal, au propre comme des tas de sable, ou au figuré comme des conditions sociales, par exemple.
Mais il y a plusieurs manières de niveler dont les trois principales sont par le haut, le milieu ou le bas."
Dites-moi donc : quel est le choix qu'ont fait les privilégiés, dont les dirigeants politiques, qui promeuvent leurs intérêts et ceux de leurs amis ( voir ci-dessus) pour niveler ?
Enfin, je ne peux pas ne pas en parler ; que fait Juncker à la tête de la Commission européenne ? Juncker et ses pairs, ça pèse combien de milliards perdus par nos Etats, nos collectivités qui souffrent ? Combien et au profit de qui ?
Demos
Ce sont vos propos sur un "système endogamique" qui ont un vernis scientifique et rien de plus.
SupprimerSi Pisani-Ferry est effectivement un descendant de..., ce n'est pas le cas de ses prédécesseurs dans la fonction qu'il occupe par exemple.
Et le fait que l'on puisse nommer des militants à des postes stratégiques de l'Etat vient, très précisément, de la dénonciation de la promotion au mérite (grandes écoles) qui n'est jamais bien loin dans les propos des critiques à l'emporte pièce de la "classe dirigeante qui domine à travers l'histoire".
Cela va sans doute être de plus en plus le cas, mais historiquement c'est faux.
Ce sont les gens comme vous, qui ne savent que critiquer sur la base d'idées fausses, qui ont fait, font et feront le jeu de ceux qui veulent supprimer la méritocratie.
Juncker a fait ce que lui permettaient de faire tous les autres gouvernements de l'UE. Luxleak est un secret de Polichinelle et faire de Juncker le bouc émissaire est parfaitement stupide. La France elle même a ses paradis fiscaux comme le CIR.
RépondreSupprimerL'esclavagisme , politique appliquée actuellement en France par des soi-disant socialistes , fervents adeptes de Jaurès , lequel doit se retourner dans sa tombe ! Que la honte étouffe ce "gouvernement" malsain !
SupprimerAno 15:06.
SupprimerJ'ai bien parlé de "Juncker et de ses pairs", ami, et personnellement, je n'ai pas pour habitude de confondre un animal à cornes avec un salaud ou avec un ennemi de la finance. Je respecte trop les animaux pour le faire.
Demos