Aujourd’hui
a lieu le second tour de l’élection présidentielle grecque, qui devrait donner
lieu à un troisième le 29 décembre, étant
donné que le gouvernement peine à réunir une majorité qualifiée. 5 ans
après le début de la crise, une pleine sortie ne semble malheureusement pas
encore à l’ordre du jour.
Vers une
impasse présidentielle ?
Il y a une
semaine, le
gouvernement n’a réuni que 160 voix sur 300 pour Stavros Dimas, un pillier du
parti de centre-droit au pouvoir, ancien commissaire européen, et non les
200 nécessaires pour être élu. Déjà, il est proprement effarant que le Premier
Ministre propose comme président du pays un ancien membre de cette troïka qui
torture le pays depuis près de cinq ans. Le second tour ne devrait pas
permettre de trancher car la
majorité requise est également de 200 voix, le seuil baissant à 180 pour le
troisième tour, qui doit être tenu le 29 décembre. Des bruits circulent sur
de
possibles tentatives d’achat des voix manquantes, auprès des membres d’un petit
parti de droite hostile aux potions amères de la troïka.
Néanmoins,
il ne faut pas exclure la possibilité que le gouvernement grapille les 20 voix
qui lui manquent d’ici une semaine car l’opposition aux mémorandums est très
morcelée et le Premier Ministre joue l’intox en annonçant qu’un échec « pourrait
s’avérer fatal à l’évolution européenne du pays » et qu’une
élection de son poulain « ne
serait pas interprétée comme un plébiscite du gouvernement, mais comme le choix
de défendre la Constitution et de respecter l’institution présidentielle ».
Comme en 2012, Nouvelle Démocratie joue la carte de « moi ou le
chaos », carte efficace dans un petit pays en crise où l’Europe représente
une forme de garantie face au voisin Turc, avec qui le pays a été en guerre à
Chypre.
Partie de
poker sur l’Egée
Romaric
Godin, de la Tribune, a écrit, comme
souvent, un
très bon papier sur ce que fera Syriza s’ils arrivent au pouvoir, loin des
caricatures souvent véhiculées. Il note justement qu’en cas de victoire de
Tsipras, les dirigeants de l’UE pourraient bien être contraints de céder et
accepter une troisième restructuration de la dette d’Athènes plutôt que de se
lancer dans un conflit qui pourrait inspirer d’autres pays d’Europe du Sud,
comme l’Italie ou l’Espagne, où les opposants à la monnaie unique ont le vent
en poupe. Mais la situation de la Grèce démontre aussi encore une fois que
jamais la crise de l’euro ne finira car
il s’agit d’une construction qui est bancale et artificielle. Elle ne
prendra fin qu’à son
démontage.
Et pendant
ce temps, pour gagner du temps et protéger ce veau d’or moderne, on
martyrise les peuples. Ce faisant, on constate que ce
sont ceux qui appliquent les potions amères de la troïka qui sont
déraisonnables. Il est dommage, même
si cela était prévisible, que la voie de la raison tarde à s’imposer.
Les intérêts mis en jeu par "le petit nombre" qui tire un énorme profit de l'euro sont tellement énormes qu'ils sont prêts à jouer leur "va-tout" dans son maintien. La mise en place de l'euro, et par voie de conséquence celle de la BCE qui le contrôle est leur oeuvre majeure. Pour les trouver:
RépondreSupprimerQui contrôle la BCE? La réponse courante est :"les banques centrales de la zone euro" mais qui contrôle ces banques centrales, dont la plupart sont privées?
cliquet
RépondreSupprimerLa BCE ne contrôle rien du tout, elle n'a aucun pouvoir concernant les budgets nationaux, et c'est pas en imprimant de l'Euro qu'elle relancera quoi que ce soit, à part refaire des bulles. Ce sont les traités et la commission, qui les fait appliquer, qui ont le contrôle.
"Et pendant ce temps .......... on martyrise les peuples."
RépondreSupprimerTrès bien, Laurent, mais une question centrale n'est jamais posée : que font ces peuples, ces électeurs ? La résignation, le manque de courage se payent comptant.
DemOs
Ne blâmez pas le peuple... à défaut d'un choix politique bien défini, la plupart des gens préfèrent à juste titre l'attentisme à l'aventure. Et si l'on veut bien regarder un peu les choses du dehors de notre bulle, les enjeux ne sont pas si clairs dans les consciences.
SupprimerL'affrontement politique qui accompagnera inévitablement la mise en minorité de l'UMPS ouvrira une période incertaine dont le meilleur n'est pas sûr de sortir... La révolution ou même l'instabilité sont suffisamment coûteuses pour qu'on y regarde à deux fois avant de renverser la marmite.
C'est plus facile pour nous qui avons une vision claire des objectifs à atteindre. Nous essayons modestement d'éclairer la voie à suivre.. mais sommes-nous si sûrs que l'Histoire ne dérape pas au final ?
Quant à la politique monétaire expansionniste dans laquelle Mario Draghi semble désormais prêt à s'engager, elle risque bien d'être aussi inutile. Sans débouché de demande, les entreprises n'ont pas besoin de crédits et les banques n'ont pas envie de prendre des risques en prêtant
RépondreSupprimerhttp://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20141218tribc21e97837/les-fausses-lecons-des-abenomics-pour-l-europe.html
Excellent, cet article de "La Tribune". Il montre bien pourquoi le Japon patine et l'Europe sombre. Sur l'actuel coup d'arrêt à la reprise japonaise : "La hausse de la TVA (décision qui a été prise avant le lancement des Abenomics ) était une erreur : elle a cassé la reprise progressive de la consommation." Dommage qu'il ne développe pas davantage sur la nocivité des marchés financiers qui pourraient bien constituer le prochain croc-en-jambes aux "abenomics". Leur succès au final dépendra de la ténacité du gouvernement et de sa capacité à prendre les mesures nécessaires de relance budgétaire et de réglementation.
SupprimerPour ce qui est de l'Europe, il se pourrait que la baisse de l'euro et du prix du pétrole reportent les conséquences les plus graves de l'austérité. Mais il reste que la croissance mondiale se retournera d'ici 1 à 4 ans et emportera même - surtout peut-être - les pays qui n'ont pas su en profiter.
Petite remarque. La baisse de l'euro n’empêche pas la forte baisse des carburants. Voila qui ne va pas dans le sens de ceux qui donnent une importance demesurée au taux de change dans le prix du petrole.
SupprimerNotamment quand on parle de sortie de l'Euro pour avoir une monnaie plus faible.
J'aurais du dire une monnaie "moins chère" pour ne pas gener Laurent.
SupprimerTeoNeo23 décembre 2014 18:23
RépondreSupprimerDans le cas d'une sortie réussie de l'Euro , le redémarrage des économies européennes entrainera celui de la Chine, Japon... et le prix du pétrole remontera. Raison pour laquelle il faut décarboner les économies pour ne plus subir les oscillations de prix du pétrole.
@ Cliquet
RépondreSupprimerOn peut aussi parler d’ego et je crois que la défense de leurs intérêts est en partie inconsciente
@ Anonyme
Elle contrôle la monnaie, ce qui est énorme quand on voit ce que cela a produit au Japon
@ Démos
C’est aussi prévisible, comme je l’annonçais dès 2010. Ce n’est pas de la résignation ou du manque de courage, c’est le refus instinctif de rejeter la main qui les a aidés pendant 30 ans, même si elle les torture aujourd’hui, à proximité d’une Turquie inquiétante.
@ J Halpern
Bien d’accord, sur la Grèce, mais aussi le Japon. On enterre un peu vite les Abenomics, pour une baisse temporaire du PIB, prévisible du fait de la hausse de la TVA, sans doute globalement mal conçue. Mais la croissance pourrait vite reprendre. La baisse du prix du pétrole va aider le pays.
@ TeoNeo
Bien vu
Laurent,
SupprimerArrive un moment où il faut choisir. Ceux qui optent pour le maintien au pouvoir de ceux qui les enchaînent et les affament sont acteurs de leur esclavage. Il existe en général des alternatives entre se soumettre et renverser la table.
DemOs
Ci-dessous un article italien du 19 décembre 2014 sur la Grèce, selon lequel pour financer son programme SYRIZA prévoirait d’augmenter les impôts sur les familles plus riches de Grèce pour financer les plus pauvres ce qui n’accroitrait pas le déficit,. Ce qui serait aussi sollicité par Alexis Tsipras serait une réduction de la dette en épargnant cette fois les investisseurs privés qui ont déjà subi un haircut en 2012, mais en faisant, cette fois, porter l’effort de réduction sur les détenteurs publics de la dette grecque. Le gouvernement Samaras considère que le programme de SYRIZA coûterait à l'État 17,2 milliards et ferait grimper le déficit à 9%, ce qui conduirait la Grèce à la faillite. Cet article indique également que si d'ici le 29 Décembre on ne trouve pas un moyen pour élire le nouveau chef de l'Etat, le Parlement serait dissous et on pourrait aller voter à partir du 1er Février. Et il est «probable que si le crise politique apparait, il y aura des échéances incontournables, parce que le 28 Février, le plan de l'aide troïka expire, déjà retardé de deux mois, pour permettre au gouvernement de présenter un plan approprié de coupes et de réformes, en échange de quoi il se verra décerner le 7 milliards d’euros, sans lesquels, le 1er Mars, Athènes aurait beaucoup de difficultés à payer les salaires des fonctionnaires et des pensions.
RépondreSupprimerhttp://www.investireoggi.it/economia/grecia-ecco-il-programma-di-syriza-rischio-caos-con-le-elezioni-anticipate/
Autrement dit si SYRIZA ne veut pas sortir la Grèce de l’euro il va devoir faire ce que la troïka lui dira de faire, faute de quoi les 7 milliards d’euros dont la Grèce a un besoin urgent ne seront pas versés. Un défaut non concerté dans l’euro n’est pas non plus envisageable car dans ce cas la BCE coupe l’accès aux liquidités aux banques grecques et l’Etat grecque ne peut plus se financer sur les marchés. La seule solution alternative, apparemment exclue par Syrisa, serait une sortie en urgence de l’euro, ce qui nécessite de l’avoir bien pensée, dans les moindres détails, en amont.
Saul
Rien n'interdit à la Grèce de faire défaut. D'autres pays l'ont fait dans l'histoire. Que ceux qui sont préservés des effets de la potion amère administrée par la Troïka poursuivent la même politique peut s'expliquer, mais les autres, que font-ils ?
SupprimerPlonger dans l'abîme pour s'endetter toujours plus n'a pas de sens sauf pour les vautours (financiers) qui s'enrichissent encore et toujours. Vous savez probablement que des vautours rachètent à vil prix des créances grecques ou autres pour se faire rembourser par les autorités en dégageant de belles plus-values.
DemOs
La Grèce peut faire défaut mais il lui faut sortir de l’euro pour que la banque centrale nationale ait le droit de faire certaines actions que la BCE ne fera pas en cas de défaut de la Grèce (monétiser la dette publique, recapitaliser les banques grecques, etc .). En sortant de l’euro la Grèce connaitra le genre de crise que connait actuellement la Russie en raisons des sanctions économiques et surtout de la baisse du cours du pétrole, principal business du pays, avec une forte baisse de la monnaie sur le régime des changes flottants, c’est pourquoi la sortie sera délicate au début. Il faut que ce soit bien étudié en amont, mais c’est faisable et préférable sur le long terme au maintien dans l’euro.
RépondreSupprimerActualité russe :
http://www.elwatan.com/economie/russie-des-banques-menacees-de-faillite-23-12-2014-282524_111.php
« La Banque centrale de Russie a annoncé, hier, la mise sous tutelle de la banque Trust, qui sera renflouée à hauteur de 30 milliards de roubles (430 millions d’euros) pour lui éviter la faillite en pleines turbulences liées à la chute du rouble. L’établissement est classé 29e du pays en terme d’actifs et 15e pour les dépôts des particuliers, selon le site spécialisé Banki.ru. La Banque centrale n’a pas précisé si les difficultés de la banque Trust étaient liées à la chute du rouble, qui fragilise le système financier. Lors d’une réunion extraordinaire, les dirigeants de la Banque de Russie ont approuvé le plan de sauvetage préparé par l’agence en charge de l’assurance des dépôts et la mise en place d’une administration provisoire, a annoncé le régulateur dans un communiqué. Un investisseur, qui devrait être «une grande banque russe», va être recherché pour reprendre l’établissement."
« Un crédit de la Banque centrale doit par ailleurs lui permettre de maintenir ses liquidités à un niveau suffisant pour continuer ses opérations sans répercussion pour les clients. »
« Les banques russes se trouvent soumises à rude épreuve par le plongeon historique du rouble, la semaine dernière. La Banque centrale a annoncé une série de mesures destinées à assurer la stabilité financière du pays, et le gouvernement a préparé, de son côté, un plan de recapitalisation du secteur bancaire à hauteur de 1000 milliards de roubles (13 milliards d’euros), adopté dès vendredi par la Chambre basse du Parlement, la Douma. »
"Elle contrôle la monnaie, ce qui est énorme quand on voit ce que cela a produit au Japon"
RépondreSupprimerElle ne contrôle rien du tout. Le Japon a 3 flèches, la BCE n'a qu'une demi flèche, car en dessous du taux zéro elle ne peut plus rien et d'autre part ses rachats sont limités par les menaces de récriminations allemandes. La BCE n'a quasiment aucun pouvoir de transmission monétaire, c'est un eunuque. A la limite, le plus simple serait que la BCE crédite une somme entre 500 et 1000 euros à chaque citoyen de la zone Euro pour cout circuiter les banques et les politiciens mafieux, là il y aurait transmission monétaire et relance.
@ Démos
RépondreSupprimerOui, mais la situation de la Grèce me semble expliquer les réticences des électeurs (vs Turquie…)
En effet, la Grèce peut choisir de faire défaut dans l’euro. Le pire est que l’UE risque de préférer cela à un défaut et une sortie et donc le permettre (quid de la réaction de l’Allemagne cependant)
@ Saul
Merci pour ces informations. En effet, cela est décevant
@ Anonyme 15:11
Bien d’accord. Cela fait depuis décembre 2009 que je l’écris !
@ Anonyme 19:04
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