Il y a
trente ans, la PAC garantissait des prix planchers qui garantissaient un
minimum de revenus et une visibilité pour l’avenir. Avec la déréglementation et
la baisse des aides, les
agriculteurs sont abandonnés à la dure loi du marché, avec
des revenus qui peuvent baisser de 40% en un an !
Les hommes
comme variable d’ajustement
Les chiffres
du ministère de l’agriculture font froid dans le dos. Bien sûr, certains diront
que les céréaliers ont aussi profité de l’envolée des cours des céréales, mais
après une baisse de 30% en 2013, leurs revenus ont chuté de 40% cette année, à
11 500 euros annuels en moyenne, 50% sous le niveau moyen… Les bonnes
récoltes, du fait d’une météo favorable, ont fait plongé les prix, et les
revenus avec. Les producteurs de fruits et les éleveurs de bœufs ont également
les victimes du jeu de massacre du marché, avec
des revenus sous la barre des 15 000 euros de revenus annuels. En revanche,
pour une fois, les producteurs de lait s’en tirent mieux, avec
des revenus en hausse de 30%, à 30 000 euros.
Pire, ces
froides statistiques ne rendent compte que d’une partie de la dureté de ces
évolutions. D’abord, il ne faut pas oublier qu’aussi basses soient-elles, il
s’agit de moyennes, ce qui signifie que pour beaucoup d’agriculteurs, la
réalité est encore pire. Et cela ne prend pas en compte non plus le temps de
travail, assez souvent très important, et qui ramène les revenus horaires à un
niveau totalement indécent. Et que penser des suicides ou des
symptômes d’épuisement professionnel, dont on sait malheureusement qu’il touche
particulièrement les agriculteurs, ce qui est tristement normal étant
données la faiblesse de leurs revenus et leur extrême variabilité. Qui pourrait
vivre de la sorte à part eux ?
L’horreur
et la folie du laisser-faire
Le plus
effarant est que toutes ces statistiques ne provoquent pas une remise en
question de notre politique agricole. Les
agriculteurs ont été abandonnés à une loi de la jungle absolue, alors que
le système précédent, certes bien moins libéral, avait montré sa capacité à
développer l’agriculture de notre continent tout en fournissant des mécanismes
de régulation évitant de telles variations, même s’ils n’étaient sans doute pas
parfaits. Bizaremment, aujourd’hui, presque personne ne semble vouloir remettre
cette logique en cause, nos gouvernements se contentant de jouer aux pompiers avec
des aides temporaires, que l’UE, jamais à une horreur près, exige parfois de
faire rembourser !
Merci aux
agriculteurs de continuer à travailler dans des conditions aussi difficiles et
inhumaines que le dogmatisme néolibéral, l’aveuglement et l’insensibilité de
nos dirigeants ne remettent pas en cause. Dans quelles conditions laissons-nous
travailler ceux qui nous nourrissent ?
Bonjour,
RépondreSupprimerIl n'est même pas sûr que les 30 000 euros des producteurs de lait en fasse une population avec un niveau de vie supérieur à la moyenne. En effet, ce secteur est en forte restructuration et une bonne partie de ce résultat est en fait affecté à la capitalisation de la ferme, ce qui le rend disponible que le jour où l'activité cesse ("vivre pauvre et mourir riche" en quelque sorte). Et sans compter que les bonnes années sont souvent consacrées à se refaire une santé après les mauvaises, ce dont vous faites état.
"Ceux qui nous nourrissent", un des plus beaux métiers du monde, abîmé par l'ultra-libéralisme. Merci de le dire.
RépondreSupprimer@ Rieux
RépondreSupprimerBien vu. Il ne faut pas oublier qu'ils doivent investir beaucoup.
@ Jacques
Merci à vous
Il y a 30 ans, c'était l'apparition des quotas laitiers, qui privilégiaient les gros en se distribuant proportionnellement à la taille de l'exploitation. Cela a fait disparaître les petites exploitations.
RépondreSupprimerIl aurait fallu faire exactement le contraire et favoriser les exploitations modestes.
Il y a 30 ans, la PAC était déjà une belle saloperie. Cela ne s'est pas arrangé entre temps, il est vrai.
La liberté, le capitalisme permet aux plus forts d'imposer leurs lois aux plus faibles. C'est le système qui le veut. Il faut agir au plus vite pour ne pas se retrouver comme les Etats-Unies.
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