L’islam
comme bouc-émissaire moderne ?
Pour Todd,
« l’islam est bien le bouc émissaire
d’une société qui ne sait plus quoi faire de son incroyance et qui ne sait plus
si elle a foi en l’égalité ou l’inégalité (…) cette islamophobie (…) est
un peu modérée par un reste du sentiment universel hérité de l’Eglise, mais
elle tend à être dopée par l’échec de l’euro, qui rend les couches dominantes
anxieuses et les lance à la recherche d’un bouc émissaire, l’islam
évidemment (…) Ce qui est réellement troublant, est l’obsession de
l’islam, le discours laïciste frénétique qui se répand dans la moitié
supérieure de la pyramide sociale, et qui est beaucoup plus inquiétant, au
fond, que l’incrustation du vote FN dans les milieux populaires ».
Avec Pegida ou les initiatives contre la circoncision, il pointe le rôle de
l’Allemagne, ce modèle dit supérieur, quand « le monde arabe est perçu comme inférieur (…) l’Europe de tradition luthérienne joue un
rôle particulier de catalyseur de l’islamophobie ».
« Comme les juifs européens vers 1930, les
musulmans de France n’existent pas. La catégorie religieuse est posée comme
dénominateur commun d’un ensemble d’hommes et de femmes qui appartiennent à des
groupes différents (…) si la société globale vous met dans un sac portant
l’étiquette musulman, vous vous sentez musulman (…) le repli n’est pas
voulu, il est imposé par une logique économique qui perturbe les mécanismes
d’assimilation ». Il note néanmoins que « des conceptions différentes du statut de la femme séparent les
universalismes européen et musulman » mais pour lui, « les beurs des banlieues sont
français et ont déjà, en termes de mœurs, fait les neuf ou les dix dixièmes du
chemin vers une conception égalitaire des statuts de l’homme et de la femme »
Pour lui, l’antisémitisme des banlieues vient d’un « universalisme que son incapacité temporaire à assimiler ou à se fondre
rend raciste ».