L’élection
du 25 janvier à Athènes est cruciale pour l’avenir de la monnaie unique
européenne et l’Europe. Comme en 2012, le parti de gauche radicale Syriza
pourrait gagner la majorité et amener le pays dans une voie fatale pour
l’euro, malgré
ses professions européennes.
Syriza :
la mise à mort de l’euro sans le dire ?
Bien sûr, Alexis
Tsipras professe qu’il ne souhaite pas quitter la monnaie unique et les
partisans de cette solution au sein de Syriza se font plus discrets, mais
il pourrait s’agir d’une posture destinée à rassurer les électeurs pour gagner
les élections. En effet, comme
l’a noté Romaric Godin dans la Tribune,
le programme de Syriza (renégociation de la dette, fin de l’austérité, hausse
du SMIC) placerait l’UE dans une position bien délicate. Il semble quand même
totalement exclu que Syriza finisse par se plier à la troïka, comme
l’indique le chef économiste du parti au Guardian,
en évoquant une décote de la dette d’au moins 50%. En cas de désaccord,
Athènes pourrait suivre la voie de l’Argentine, quitter la monnaie unique,
démontrant sa friabilité, et ouvrant la voie à l’Espagne et à une spéculation
déchainée.
C’est bien
pour cette raison que l’UE
pourrait être fortement tentée d’accepter une troisième restructuration de la
dette grecque et un assouplissement des plans de la troïka, plutôt que de
prendre le risque d’ouvrir la boîte de Pandore. Nul doute que, leur vie même
étant menacée, les hiérarques européens ne manqueront pas de créativité pour
trouver un accord qui pourrait convenir aux différents partis. Mais se poserait
alors la question de l’Allemagne. Angela
Merkel pourra-t-elle accepter, et faire accepter, une restructuration de la
dette grecque, une perte pour son pays ? Sinon, le blocage mènerait à
l’explosion. Si oui, cela renforcerait sans doute le camp des partisans du
retour du deutsche mark.
Le statut
quo est encore possible
D’où le
soutien maladroit et inefficace au pouvoir en place pour la présidentielle.
Le gouvernement veut faire croire que le programme de Syriza serait dangereux
et couperait la Grèce de l’UE. Mais le problème est que son bilan est
désastreux et qu’il a abandonné la souveraineté du pays, au point d’en faire un
« protectorat », pour
reprendre Jean-Claude Werrebrouck. Le terrorisme islamiste peut pousser les
Grecs à préférer à la tutelle européenne pour ne pas se sentir seuls face à la
Turquie, ce qui explique sans doute le choix de 2012, mais la
patience des Grecs a été durement testée depuis 2010, même si la relative stabilisation
économique, aussi illusoire soit-elle, peut aider le gouvernement.
Naturellement,
j’espère que Syriza gagnera dans trois semaines. Malheureusement, la
monnaie unique pourrait survivre à un tel événement, au moins
temporairement. Et après tout, cela vaudrait mieux qu’une nouvelle victoire sur
le fil d’un gouvernement qui a échoué sur tout.
@Laurent Pinsolle,
RépondreSupprimerdésolé de doucher votre enthousiasme, mais je crois sincèrement qu'il ne va rien se passer, tout au plus, la même péripétie que celle de Chypre, où l'euro a été grièvement blessé sans complètement trépasser.
En effet, il ne faut pas oublier que depuis mars 2013, l'euro de Chypre n'a plus cours dans le reste de l'eurozone: cela signe la mort de facto de l'euro, mais chut! On nous annonce l'arrivée d'un nouveau venu dans ce radeau de la Méduse: bienvenue à la Lituanie dans cette galère...
Quand à Syriza, ils sont confrontés à une contradiction insoluble, bref à une aporie: la fin de l'austérité tout en restant dans l'eurozone et dans l'UE. Pour moi, c'est de la démagogie pure: soit ils sont sincères, et auquel cas ils sont inconscients donc dangereux, soit ils sont cyniques, mais pas très habiles, car ils auraient dû mieux négocier leurs revendications avec l'Allemagne, à l'image de l'ultimatum anglais sur la sortie de l'UE...
CVT
Syriza ou pas, la Grèce ne peut pas rembourser sa dette. ND est dans la même situation que Syriza et sera bien obligée de faire défaut.
RépondreSupprimer"Un véritable tournant. Angela Merkel est prête à laisser la Grèce sortir de la zone euro, au cas où la Gauche radicale remettrait en cause la politique de rigueur budgétaire dans ce pays, affirme samedi l'édition en ligne du magazine Spiegel". Cette déclaration traduit bien l'obsession anti-inflationniste des politiciens allemands, mais il y a fort à parier qu'il s'agit là d'un chantage, d'une menace adressée aux Grecs et d'un signal aux autres dirigeants européens. Pour celle qui dicte sa loi à l'UE, c'est : "pas une tête qui dépasse, tous derrière l'Allemagne et la Grèce dos au mur." Bref, la Grèce sera seule et devra faire face à une pression qui monte, qui monte .... Il n'est pourtant pas exclu qu'elle renverse sa table.
RépondreSupprimerDemOs
qu'elle renverse LA table.
SupprimerCela risque d'invalider votre scénario de 2017! Mais c'est tant mieux si l'euro disparait cette année! Nous sablerons le champagne!
RépondreSupprimer@ CVT
RépondreSupprimerPatience... En juin 1789, personne n'aurait parié un écu sur la chute prochaine de la monarchie française... à l'évidence, le retournement politique que nous espérons restera hautement improbable jusqu'à ce qu'il se produise !
Je ne prétends pas que les élections grecques doivent représenter le déclencheur du démantèlement de l'euro, je pense comme vous que les solutions de rafistolage sont les plus vraisemblables. Mais le fait même que l'éclatement de la crise soit possible (même si improbable) signifie qu'à force de répétitions les contradictions de l'UE finiront sans doute par mener à son explosion, même si ce n'est ni cette année ni en 2017.
Le bateau « Union européenne » est en train de couler.
RépondreSupprimerDeux pays européens se préparent à quitter le bateau.
La Grèce et le Royaume-Uni se préparent à quitter le bateau.
Dimanche 4 janvier 2015 :
Le Premier ministre britannique conservateur David Cameron a déclaré dimanche souhaiter organiser plus tôt que prévu le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, promis en 2017.
Sous la pression des eurosceptiques au sein de son propre parti et face à la popularité croissante du Parti de l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui prône une sortie de l’UE et un durcissement de la politique d’immigration, David Cameron a promis de rénégocier le traité qui lie le Royaume-Uni à l’UE et d’essayer de récupérer certains pouvoirs auprès de Bruxelles.
Il a promis pour cela d’organiser un référendum en 2017, en cas de victoire des conservateurs aux élections législatives de mai prochain.
« Le référendum doit avoir lieu avant la fin de 2017. Si nous pouvions faire cela plus tôt, j’en serais ravi. Plus tôt je pourrai tenir ma promesse d’une renégociation et d’un référendum (...), mieux ce sera », a déclaré le chef du gouvernement lors d’une émission de la BBC.
http://www.lesechos.fr/monde/europe/0204053007651-cameron-dit-vouloir-avancer-son-referendum-sur-lue-1079919.php
Merkel serait prête à laisser la Grèce sortir de la zone euro.
La chancelière allemande Angela Merkel est prête à laisser la Grèce sortir de la zone euro, au cas où la Gauche radicale remettrait en cause la politique de rigueur budgétaire dans ce pays, affirme l'édition en ligne du magazine Spiegel.
« Le gouvernement allemand juge quasiment inévitable une sortie de la Grèce de la zone euro, si le chef de l'opposition Alexis Tsipras (Gauche radicale Syriza) dirige le gouvernement après les élections législatives, abandonne la ligne de rigueur budgétaire et ne rembourse plus les dettes du pays », affirme le site web de l'hebdomadaire, en s'appuyant sur "des sources proches du gouvernement allemand".
Angela Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble (tous deux conservateurs) ont changé d'avis et désormais « ils jugent supportable une sortie de la Grèce de la monnaie unique en raison des progrès accomplis par la zone euro depuis le sommet de la crise en 2012 », assure le Spiegel Online, toujours sur la base de ces sources.
« Le risque de contagion pour d'autres pays est limité car le Portugal et l'Irlande sont considérés comme assainis. Par ailleurs, le MES (mécanisme européen de stabilité) fournit un mécanisme de sauvetage puissant et l'Union bancaire assure la sécurité des instituts de crédit », auraient encore confié ces sources.
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2015/01/04/97002-20150104FILWWW00022-merkel-serait-prete-a-laisser-la-grece-sortir-de-la-zone-euro.php
Une question que je me pose : de quels moyens de pression disposerait Syriza pour négocier avec ses créanciers et l'UE ?
RépondreSupprimerEst-ce que la réquisition de la banque centrale Grecque ne risque pas de revenir sur la table ?
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/12/01/requisitionnons-les-banques-centrales_1611913_3232.html
Je crains que fort que au final, si nos amis Grecs ont le courage de ne pas plier, Merkel Bruxelles et consorts souhaitent leur faire payer cher. Mais que la zone Euro survive encore à coup de solutions baroques.
Merci d'avance à tous pour vos avis et meilleurs voeux pour 2015.
Marco
Marco
RépondreSupprimerLe seul moyen de pression, il me semble, c'est qu'en cas de sortie réussie par la Grèce, après 2 ou 3 ans, alors de nombreux autres pays, et pas des moindres comme l'Italie ou l'Espagne, suivent le même chemin et entrainent une grosse panique sur les marchés.
Il ne va rien se passer....tout va se négocier à huit clos...on étirera les remboursements.....non les grecs resteront dans le navire....on leurs a dira que le pire est passé et qu' ils ne peuvent que remonter.....
RépondreSupprimerLes grecs resteront car ils sont comme nous tous : enfermer dans le monde la consommation et du paraitre sinon il aurait longtemps qu" ils auraient quitter le navire.......
@ CVT
RépondreSupprimerJe suis bien d’accord. La situation a de bonnes chances de durer malheureusement, même si nous rentrons dans une phase où le démontage peut arriver.
@ Anonymes
C’est juste, mais la question est de savoir si nous allons rentrer dans un mode unilatéral ou non.
@ Démos
Papier mardi
@ J Halpern
Bien d’accord
@ BA
Merci pour ces informations
@ Marco
Le défaut et la sortie de l’euro. Tous mes vœux pour 2015-01-01
@ Abdel
C’est le scénario le plus probable, mais ce n’est pas certain
Un article qui va dans mon sens, en cas de réussite de sortie grecque, alors l'Euro explose :
RépondreSupprimerhttp://www.forbes.com/sites/timworstall/2015/01/04/germany-mistakenly-believes-the-euro-could-survive-greek-exit/
Cela me rappelle 1981-1983 : il y a eu une politique de gauche pendant 2 ans, puis la France s'est retrouvée dans une contraction entre sa politique et son appartenance au SME. Et le mauvais choix de rester dans le SME a été fait. Il risque de se passer la même chose en Grèce, sauf que les mesures seront moins radicales qu'en 1981 et cela ne durera pas deux ans.
RépondreSupprimerQue nous apprend l'Histoire à propos des constructions supranationales ?
RépondreSupprimerRéponse :
1- Au début du cycle, il y a des nations, des nations indépendantes et souveraines.
2- Ensuite, à l'intérieur de ces nations, certaines élites décident de commencer à bâtir une construction supranationale.
3- Ensuite, grâce à la propagande, ces élites parviennent à convaincre les peuples que cette construction supranationale va leur apporter la croissance économique, le progrès social, la baisse du chômage, la solidarité entre tous les hommes, et patati, et patata.
4- Ensuite, les peuples votent pour cette construction supranationale, en pensant qu'elle va réaliser toutes ces belles promesses. Pendant des décennies, il y a de plus en plus d'intégration. C'est la PHASE ASCENDANTE.
5- Ensuite, il arrive toujours un moment où les peuples finissent par comprendre que cette construction supranationale NE profite PAS aux peuples, mais qu'elle profite aux élites. Les peuples finissent par comprendre que cette construction supranationale ne profite qu'à la nomenklatura dans les pays communistes, aux élites politiques et aux élites financières dans les pays occidentaux.
6- Ensuite, les peuples commencent par se révolter, parfois dans la rue, parfois dans les urnes. La construction supranationale entre dans une phase d'implosion, d'effondrement. C'est la PHASE DESCENDANTE.
7- Dernière étape, la construction supranationale se désintègre, se disloque. Les nations qui la composaient reprennent leur indépendance. Fin du cycle.
Aujourd'hui, l'Union européenne est à l'étape 5.
Lundi 5 janvier 2015 :
Europe : l’implosion qui vient.
http://www.michelsanti.fr/europe-implosion/
@BA
SupprimerFasse le Ciel que vous ayez raison et que l'UE s'effondre. L'idéologie du marché total est une abomination. Il nous faut espérer. La liberté est possible loin du terrible machin.
Lundi 5 janvier 2015 :
RépondreSupprimerGrèce : pour la Commission européenne, l'appartenance à la zone euro est « irrévocable ».
http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/01/05/grece-pour-la-commission-europeenne-l-appartenance-a-la-zone-euro-est-irrevocable_4549370_3214.html
L'appartenance à la zone euro est « irrévocable » !
J'éclate de rire !
Lisez ce dialogue entre Charles de Gaulle et Alain Peyrefitte :
- De Gaulle : Le Marché Commun, il n’y a en fait que deux ans qu’on a commencé à le réaliser. Or notre expansion industrielle remonte à bien avant deux ans. L’expansion industrielle allemande, italienne, de même. Ceux qui racontent des histoires sur les bienfaits incomparables de l’intégration européenne sont des jean-foutre.
- Alain Peyrefitte : Le traité de Rome n’a rien prévu pour qu’un de ses membres le quitte.
- De Gaulle : C’est de la rigolade ! Vous avez déjà vu un grand pays s’engager à rester couillonné, sous prétexte qu’un traité n’a rien prévu pour le cas où il serait couillonné ? Non. Quand on est couillonné, on dit : « Je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp ! » Ce sont des histoires de juristes et de diplomates, tout ça.
Alain Peyrefitte, « C’était De Gaulle », Fayard, tome 2, page 267.
@ BA et Anonyme
RépondreSupprimerMerci pour tous ces liens et citations
Il y a peu à gagner pour la Grèce à un simple allongement de la durée des prêts. Voyez :
RépondreSupprimerhttp://www.lesechos.fr/monde/europe/0204056094932-la-grece-a-peu-de-marge-pour-renegocier-ses-195-milliards-de-dettes-vis-a-vis-de-leurope-1080368.php
« Les Européens prêtent déjà à la Grèce à des conditions généreuses et ils ne veulent pas d’un effacement de leurs créances. Tout en soulignant que les Grecs étaient libres de décider de leur gouvernement et que le pays était le seul à même de choisir s’il veut ou non rester dans l’euro, François Hollande a rappelé hier que la Grèce devait aussi respecter ses engagements avec la zone euro. Et quels engagements ! La Grèce a emprunté à la zone euro 194,7 milliards d’euros, dont 52,9 milliards directement auprès de différents pays, principalement l’Allemagne et la France, et 141,8 milliards auprès du Fonds européen de stabilité financière (EFSF) qui jouit de la signature de tous les pays de l’eurozone. De son côté, le FMI a déboursé depuis le début de la crise grecque 31,8 milliards d’euros.Au total, la Grèce a donc déjà emprunté 226,5 milliards, et pourrait encore obtenir dans le cadre de son plan d’aide 1,8 milliard du FESF avant la fin février, et 16,3 milliards du FMI d'ici la mi-2016, à condition de respecter le programme économique imposé par ses créanciers. Pour compléter le tableau, il faut ajouter que la BCE avait racheté pour un peu plus de 25 milliards d’euros d’obligations grecques au début de la crise en 2010-2011. S’il fallait tirer un trait sur ces 4 années de soutien, la perte serait colossale et la Grèce s’exclurait de l’euro mais aussi des marchés financiers.
Rude bras de fer politique
Le candidat de gauche Alexis Tsipras ne veut pas « effacer » la dette mais la « renégocier ». Malheureusement, s’il parvient au pouvoir et respecte les accords avec la zone euro, il s’apercevra très vite que l’ex-Premier ministre, Antonis Samaras, a déjà négocié à peu près tout ce qui était possible dans un cadre légal. Ainsi, les Européens prêtent à la Grèce à des conditions bien plus généreuses qu’à l’Irlande, Chypre, ou au Portugal. La durée moyenne des prêts est de trente-deux ans, ils sont assortis d’un moratoire de remboursement de dix ans qui n’existe pas ailleurs. Et leurs taux d’intérêt sont très faibles. En outre, la BCE s’est engagée à reverser à la Grèce tous les profits réalisés sur la revente des obligations grecques. Comme le FMI de son côté a averti qu’aucune renégociation de son aide n’était possible, les marges de manœuvre sont maigres. Au mieux, la Grèce peut demander encore un allongement de la durée des prêts et une nouvelle petite baisse de taux. Ce qui avait d’ailleurs déjà été promis par les ministres des Finances de la zone euro en novembre 2012, à condition que la Grèce dégage un excédent primaire budgétaire. Quel que soit le gagnant des élections, il y aura donc une renégociation de la dette grecque. Toute la question porte sur son ampleur. L’ « effacement significatif » promis par Alexis Tsipras promettrait un long et rude bras de fer politique avec les 18 autres pays de la zone euro. »
S’extirper de l’euro et passer à un nouveau système financier (100% monnaie ou monnaie pleine) serait sans doute la solution pour la Grèce, même s’il faut s’attendre à de grosses difficultés au début dans tous les cas de figure.
Saul