Un nouvel
épisode dans la saga des autoroutes privatisées cette semaine : après
l’annonce par Manuel Valls du gel du tarif des péages, qui devait être augmenté
de 1,07%, suivi de l’ouverture d’une procédure contentieuse contre l’Etat par
les sociétés qui les possèdent. Du grand n’importe quoi.
Privatisation
du service public et conséquences
On connaît
déjà les
conséquences de l’effarante vente des autoroutes à des sociétés privés en
2005 : une hausse des tarifs souvent supérieure à l’inflation (comme
cela devait à nouveau être le cas en ce début d’année), alors même que les
sociétés d’autoroutes dégagent des résultats indécents. Il faut rappeler ici
qu’alors que Vinci
dégage une marge opérationnelle de 4,2% dans les contrats classiques de
construction, cette marge atteint la bagatelle de 39,4% pour les activités de
concessions, qui rassemblent autoroutes, parkings, stades et aéroport.
Quand les utilisateurs paient 10 euros, à peine 6 couvre les coûts et près de 4
représentent la marge opérationnelle de l’entreprise !
Il faut dire
que les
sociétés d’autoroutes ont très largement remplacé les humains par des machines,
comme on peut le constater depuis 10 ans. Mais ce n’est pas tout. Alors que
l’Etat a déjà fait une mauvaise affaire avec la vente des autoroutes, qu’il
doit assumer l’augmentation du chômage consécutive aux suppressions massives de
poste aux péages et la colère des automobilistes qui constatent la hausse des
tarifs, l’Etat
se retrouve maintenant au contentieux pour avoir refusé une hausse de tarif de
1,07%, ce qui va engendrer des coûts juridiques qu’il devra probablement
assumer étant donné qu’on peut sans doute partir du principe que les sociétés
d’autoroutes ont bien négocié leurs contrats.
Privatisation
contre intérêt général
Bien sûr,
l’Etat doit respecter les contrats qu’il a passés, mais ici les niveaux de
marge indiquent que ces contrats étaient léonins, ce
que les sociétés d’autoroutes exploitent en allant au contentieux pour remettre
en question ce gel, probablement avec succès. Et malheureusement, cela
indique que soit nos dirigeants sont corrompus, soit qu’ils sont incompétents.
Devant les politiques tellement absurdes menées depuis des années, je pense que
c’est la deuxième solution. Ceux qui nous dirigent semblent incapables de
réfléchir aux conséquences de leurs actes et de rentrer dans le détail des
accords qu’ils font passer à la collectivité avec des entreprises privées qui y
gagnent une rente.
Le plus
triste est que si c’est l’UMP qui a vendu les sociétés d’autoroutes en 2005, de
trop rares voix s’y étant opposé, nul doute aujourd’hui que le PS aurait fait
de même s’il en avait eu l’occasion. Après tout, le
PS ne semble pas voir de problèmes au fait de vendre l’aéroport de Toulouse à
la Chine.
Euh... plutôt que créer des emplois en remplaçant les machines de péage, ça serait plus intelligent de créer des emplois ailleurs et utiles.
RépondreSupprimerVous êtes complètement borné Pinsolle, pire que ceux qui nous dirigent, c'est pas peu dire.
Une nationalisation-sanction s'impose!
RépondreSupprimerMacron veut également nous spolier les aéroports de Nice et de Lyon qui ne coutent rien au contribuable et sont issus de notre investissement.
RépondreSupprimerFaut étudier quelles sont les liens de ce bonhomme, a moins que ces idées stupides soient purement idéologiques.
On devrait peut-être aussi parler de cela :
RépondreSupprimerhttp://www.challenges.fr/economie/20150128.CHA2606/budget-ce-rapport-secret-qui-etrille-le-montage-financier-de-le-drian.html
Ivan
Oui, c'est juste hallucinant... On parle même par exemple dans cet article de louer les frégates de la Marine ou les A400M de l'armée de l'air!
Supprimerhttp://www.boursorama.com/actualites/l-armee-pourrait-louer-fregates-et-a400m-selon-un-projet-de-leasing-28ae8ccfc18d04671cabbf8a44ab134e
A ce niveau d'ignominie, je pense que des procès pour trahison à la Nation s’imposeront dans le futur...
Après, les ultralibéraux dogmatiques restent des fanas de délégation de service public. Exemple à Toulouse, de nouveau gouvernée par un maire UMP depuis l'année dernière, dans la dépêche d'aujourd'hui:
RépondreSupprimerhttp://www.ladepeche.fr/article/2015/01/29/2038956-parkings-400-places-en-plus-a-jean-jaures.html
"C'est un joli «paquet cadeau géant» qui va être lancé avec le renouvellement de la concession de quatre parkings du centre dont la délégation doit prendre fin entre 2016 et 2019 : il s'agit de Victor-Hugo (680 places en théorie, beaucoup sont inutilisables, le parking devra être rénové), Carmes (500 places), Jean-Jaurès (1 113) et Saint-Etienne. À ces quatre parcs, actuellement gérés par Vinci, la Métropole a ajouté le parking Marengo (400 places), qui est actuellement délégué à la Smat (société pour la mobilité de l'agglomération toulousaine), organisme parapublic, et l'exploitation des futurs parkings publics de l'écoquartier de la Cartoucherie (à l'entrée Ouest de Toulouse).
La concession portera sur 35 ans s'il y a création d'un parc Jaurès bis, le renouvellement se fera pour 20 ans pour l'ensemble des parkings existants et 10 ans pour la Cartoucherie.
Pourquoi un seul opérateur ? La majorité métropolitaine souhaiterait éviter les ententes entre opérateurs. Le lauréat pourra aussi «équilibrer» les investissements nécessaires (à Victor-Hugo et Jaurès notamment) avec les gains des autres parcs, directement rentables."
Et après on s’étonnera que Toulouse soit la ville ou les prix des parkings sont les plus cher après Paris...
http://www.ladepeche.fr/article/2013/09/12/1707350-toulouse-ville-ou-les-parkings-sont-les-plus-chers.html
Autoroutes gratuites et péages supprimés. Point. Les autoroutes sont plus sûres que les nationales, rentabilisées depuis longtemps et la collecte de cette taxe coûte très cher à prélever relativement à ce qu'elle rapporte.
RépondreSupprimerÇa n'a donc aucun sens du point de vue de l'intérêt général.
Le manque à gagner pour l’État pourrait être compensé par une taxe appliquée à tous les véhicules transitant sur le territoire français. Taxe qui pourrait être remboursée en crédit d'impôt à certains (ou tous) citoyens et entreprises français par exemple. (ça c'est pour la solution bruxello-compatible...)
Il faudrait étudier la question et trouver un moyen d'exproprier les sociétés autoroutières ou de simplement les empêcher de faire payer quoi que ce soit.
Questions (ou remarques):
RépondreSupprimer- qui dit que la hausse des tarifs ne pourrait pas être supérieure à l'inflation? En quoi est-ce, en soi, un scandale?
- Qu'est-ce que cette privatisation: la privatisation des SEM concessionnaires des autoroutes, dont les contrats avaient été négociés des années avant, avec effectivement des clauses bien protectrices en raison d'un problème classique : le pouvoir politique sera toujours enclin à concéder à ses électeurs des baisses de tarifs sans rapport avec les coûts. Les déclarations de Royal, la suppression de l'écotaxe poids lourds, en apportent une illustration assez facile à comprendre.
- en quoi les résultats sont-ils "indécents"? La privatisation s'est faite par mise aux enchères. Les sociétés privées ont mis en place des montages à effet de levier, prévoyant des flux de cash flow réguliers pour rembourser la dette. Pourquoi alors comparer les marges sur opérations de travaux des entreprises du BTP avec les marges sur les concessions d'infrastructures matures déjà existantes qu'elles ont racheté aux enchères? Dans le cas des concessions d'infrastructures a marge opérationnelle de l’entreprise sert à rembourser la dette, qui a elle-même servi soit à la construire, soit à faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat en échange du contrat de concession. On peut déplorer le principe des LBO, mais celui-ci a été clairement mobilisé dans ce but
- oui, les sociétés d'autoroutes ont procédé à de l'automatisation. Peut-être eut-il fallu l'interdire préalablement. Peut-être aussi des sociétés détenues par l'Etat auraient procédé de la même manière. Qu'en est-il à la RATP, par exemple? Où est le poinçonneur des Lilas? Dans combien de stations pouvez vous encore acheter votre billet au guichet? Quand il y a la queue au guichet ou à la caisse, à la RATP, à la SNCF, chez Carrefour, vous préférez attendre 30 minutes et créer de l'emploi, ou 2 minutes et passer par l'automate? On n'arrête pas le progrès, et dans le cas de l'autoroute où mémé n'a pas besoin de conseil au péage (au contraire de la SNCF, par exemple), il n'y a quasiment qu'un seul avantage à avoir du personnel dans des cabines: l'emploi ultra-local, de mauvaise qualité, d'ailleurs (mais, au doigt mouillé, l'impact de l'automatisation des péages sur le chômage n'est-il pas moindre que celui de la privatisation sur la dette... :-) )
- "des rentes absolument indécentes au profit des sociétés qui les ont racheté" --> qu'est-ce qui permet ce qualificatif?
- "une augmentation des prix sans doute plus importante que si l’Etat les avait conservé : le niveau de marge suggère qu’il serait possible de baisser les tarifs d’un tiers" --> encore une fois, la marge rembourse la dette; et avec des gens comme Royal aux commandes, vu que l'infra est amortie depuis longtemps, on pourrait faire un Paris-Lyon pour 2€, qui couvrirait le coût du coup de balai sur la chaussée, et encore...
- moralité, oui, l'Etat a privatisé à plus intelligent que lui.
Effectivement, toute la chaîne décisionnelle a été incompétente, des décideurs politiques (gouvernement et législateur) aux hauts fonctionnaires qui ont mené l'affaire (et choisi les conseils qui n'ont pas été capables de les éclairer: pour ces derniers, il s'agit davantage de "corruption", ou en tout cas de service objectif au monde financier dont ils relèvent, que d'incompétence)
Question: qui était Premier Ministre à cette époque?
Pourquoi a-t-il fait ça, si peu de temps après son arrivée aux affaires d'ailleurs?
Et qui le soutenait? Qui?
"Et qui le soutenait? Qui?"
SupprimerLes neuneus libéraux qui viennent pondre des pavés chez Herblay ?
Juste une précision, les ultra-capitalistes qui se présentent comme des libéraux sont en fait comme les nobles qui s'opposaient au roi lors du mouvement de la Fronde...
SupprimerActuellement, c'est exactement de cela dont il est question, une "noblesse" d'argent qui veut gouverner à la place du roi ou dicter sa politique au roi, pardon ! au président de la répubique.
@ anonyme:
Supprimerje ne suis pas neu-neu, et encore moins "libéral" (si c'était entendu dans le sens ultra-libéral).
Et je ne suis même pas favorable à l'idée de privatiser les sociétés d'autoroutes, au moment où la décision est prise, sur des motifs légers et avecune compétence discutable du côté de l'Etat.
En revanche, ensuite, il faut respecter les engagements, et il est assez lamentable de faire de la démagogie sur ce sujet.
Je venais rappeler à l'auteur du blog qu'il était un soutien de DDV à l'époque. :-)
Pendant ce temps la Grèce dit stop à la grande braderie.
RépondreSupprimerhttp://www.lesechos.fr/monde/europe/0204114027134-grece-a-peine-forme-le-gouvernement-stoppe-la-privatisation-du-port-du-piree-1087480.php
« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. », affirme notamment le président de la Commission européenne (29 janvier 2015 dans Politis). Est-ce bien clair pour vous et moi ? Est-ce bien clair ? Si vous voulez un dessin, écrivez à Monsieur le Président de la Commission européenne, rue la Loi 200 1049 Bruxelles et pensez à mettre une enveloppe timbrée pour la réponse.
RépondreSupprimerDemOs
DemOs
@ Anonyme
RépondreSupprimerVu le nombre de chômeurs, je pense qu’il faut utiliser tous les moyens à disposition
@ TeoNeo
Je pense que c’est plus idéologique
@ Ivan
Merci
@ Red2
Les parkings ne devraient-ils pas être publics eux aussi ?
@ Bip
Bonnes idées
@ Anonyme
40% de marge opérationnelle, c’est indécent. Dans quels autres secteurs peut-on trouver de telles marges ? La cour des Comptes a souligné à quel point les prix de vente étaient trop bas… Etant donné le niveau de chômage, il faut freiner l’automatisation pour les emplois non exportables
Villepin premier ministre a appliqué ce que Raffarin avait préparé, sous l’égide de Chirac
@ Abd-Salam
Bien vu
@ Laurent H/P
Supprimer40% de marge opérationnelle, c'est la marge avant remboursement de la dette. Je serais surpris d'apprendre que les sociétés mixtes d'autoroutes, avant la privatisation, et juste après construction de l'infrastructure, n'aient pas réalisé un taux de marge de cet ordre pour rembourser les emprunts.
Une fois le tronçon d'autoroute remboursé, faut-il pour autant réduire les tarifs pour coller au coût d'entretien-maintenance? Il ne me semble pas que les autoroutes amorties soient devenues "quasi gratuites": les sociétés réalisaient un taux de marge important, reversé à l'Etat.
L'Etat, on peut débattre de cette initiative, a décidé d'encaisser d'un coup les profits futurs des sociétés d'autoroute, en les vendant aux enchères. C'est-à-dire en vendant aux enchères des contrats d'exploitation d'infrastructures amorties. Une fois que des sociétés privées ont racheté ces contrats, en s'appuyant sur un montage financier évidemment, la marge opérationnelle sert à rembourser l'emprunt fait aux banques pour acheter les contrats à l'Etat.
Il n'y a pas d'indécence dans le taux de marge, juste une logique sectorielle: il s'agit d'infrastructures. De capital physique. Je pense pouvoir avancer que dans le secteur immobilier, le taux de marge doit être très élevé aussi: le loyer que vous, ou une entreprise, payez pour occuper des locaux ne correspond pas aux seuls coûts d'entretien des parties communes et de réfection des lieux avant que vous n'y preniez vos quartiers.
La Cour des Comptes? Elle aurait pu s'alarmer plus vite. Les hauts fonctionnaires des finances pour partie issus de la Cour des comptes aussi. Considérant les capacités d'ingénierie financière des groupes privés, des conditions de marché de l'époque, cette privatisation était une bêtise.
DDV PM n'était d'ailleurs pas obligé d'appliquer ce programme de privatisation, par ailleurs préparé intellectuellement (rapport parlementaire "des autoroutes pour l'emploi") par un de ses soutiens de l'époque, Hervé Mariton.
Il n'est pas à exclure que cette entrée instantanée de cash dans les caisses de l'Etat contribuerait à embellir son bilan politique, voire à disposer de trésorerie pour fluidifier les rapports sociaux en vue d'une candidature présidentielle.
En cela, ceux qui soutenaient Villepin à l'époque (ce qui ne veut pas dire qu'il n'aurait pas été meilleur président que Royal ou SArko, encore que...), doivent assumer ce bilan, à moins de l'avoir critiqué à l'époque.
Excellentes réflexions... mais pourquoi la gauche, alias M. Fabius qui propose cette privatisation dès 2001, puis la droite avec la présidence de Chirac en 2003, ont-elles fait ce cadeau énorme ? A droite on peut soupçonner tout l'intérêt qu'il y a à renforcer financièrement les groupes comme Vinci, mais c'est bien le Ministre de l'Economie, Laurent Fabius qui a enclenché le processus pour le plus grand bonheur de ses successeurs en toute fin de présidence en octobre 2001.
RépondreSupprimerQuelques jours avant, le 21 septembre 2001, ce cher Laurent Fabius était discrètement en vol d'hélicoptère au-dessus du pôle chimique au moment même de l'explosion de l'usine AZF... Il cache cette étrange coïncidence depuis cette époque à prix d'Or. Les caméras toulousaines nombreuses et pour certaines très proches du pôle chimique ont dû filmer pas mal de choses, vu l'énorme impact du blast et les effets sismiques. Mais ces vidéos ne seront jamais demandées par la justice, ni par le groupe Total. Elles seront donc totalement absentes du dossier judiciaire... étrange non ! Ont-elles été monnayées contre autres choses que la recherche de la vérité sur l'explosion d'AZF ? Pas top... quand on voit après comment l'enquête a été bâclée et comment encore en 2015, on ne sait toujours pas la vérité. Les premières images de l'hélicoptère de la gendarmerie qui a survolé le pôle chimique 15 minutes après l'explosion sont aussi absentes... seules celles de 13h ont été en partie communiquées sur une copie VHS à la justice et aux médias. La gendarmerie a eu droit en novembre 2001, à une semaine de grève exceptionnelle de ses cadres qui a déclenché le déblocage de plus de 1 milliards de francs pour rénover et améliorer ses conditions... Les 'images valent de l'Or à Toulouse !
Les groupes qui ont "acheté" les biens publics, donc les biens payés par les contribuables, donc les biens du peuple, ne peuvent en revanche vendre une de leur société sans l'accord de leurs actionnaires.
RépondreSupprimerQUESTION : comment est-il permis à quelqu'un en poste de responsabilié pour peu de temps de pouvoir brader le bien national ?