Aujourd’hui,
les
Grecs vont se prononcer lors d’une élection qui pourrait permettre l’accession
au pouvoir de Syriza, qui avait perdu de peu en 2012. En France, le parti
est qualifié au mieux de gauche radicale, au pire d’extrême-gauche. Mais
n’est-il pas bien plus raisonnable que la coalition au pouvoir ?
L’extrémisme
antisocial du gouvernement
Comme
le note bien Jack Dion dans Marianne,
où il dénonce « la fatwa du Monde
contre Syriza », il est effarant de constater comment ce parti est
traité dans la plupart des média français. Dans les faits, Alexis
Tsipras ne fait que proposer la 3ème restructuration de la dette
grecque depuis 2010, alors que la quasi totalité des économistes sont d’accord
pour dire que dans le contexte actuel, la dette grecque n’est pas soutenable.
Ceci démontre la faillite de la politique actuelle. Au final, ce
sont ceux qui dénonçaient la folie de ces politiques qui ont malheureusement eu
raison. La politique qui est déraisonnable, c’est justement celle qui a été
menée par les dirigeants grecs depuis 2010.
Le PASOK et
Nouvelle Démocratie ont mené une politique qui n’avait qu’un seul
objectif : honorer la dette de la Grèce dans le cadre monétariste et
semi-fédéral européen. Et ils n’ont pas fait les choses à moitié : baisse
du SMIC de 22%, coupes monstrueuses dans le budget et les programmes sociaux.
Tout ceci a envoyé un
quart de la population au chômage, multiplié les suicides et provoqué une
dégradation de la situation sanitaire dont Médecins du Monde s’inquiètait
récemment ! L’extrémisme n’est-il pas du côté des gouvernements qui
ont pris ces mesures et de ceux qui les ont demandé, dans l’absolu, et d’autant
plus que tout ceci n’est même pas parvenu à atteindre leur objectif
premier ?
Syriza,
c’est la raison démocratique ?
Syriza
est tellement raisonnable qu’il y a même un risque qu’ils le soient un peu trop,
dans un contexte où les pays créditeurs de la zone euro, pour, pas totalement
illogiquement, protéger leurs intérêts (ce qui démontre un des nombreux vices
de la zone euro) ont des demandes d’austérité délirantes. En effet, Alexis
Tsipras a indiqué qu’il était attaché à l’euro et Syriza s’est modéré au point
que son élection semble avoir moins de chance d’aboutir à une issue à
l’Argentine. Il
y a fort à parier désormais que si Syriza l’emporte, un accord finira par être
trouvé qui desserrera le nœud coulant européen autour des cous grecs, mais
il n’est pas impossible que l’on ne sorte pas complètement de l’impasse.
De toutes
les façons, mieux vaut que les Grecs optent pour le programme bien plus humain
et raisonnable de Syriza que
les monstrueuses potions amères du gouvernement. Mais il faut espérer
qu’Alexis Tsipras ira jusqu’au bout du mandat qui pourrait lui être confié et
défende son peuple sans tabou.
Dans le cas le plus extrême : Sortie de la Grèce de la zone euro avec défaut complet sur la dette, quelle serait la facture totale pour la France. À l’aide des deux liens ci-dessous, on peut faire une estimation :
RépondreSupprimerhttp://www.lepoint.fr/economie/retour-de-la-crise-grecque-la-france-risque-plus-de-40-milliards-06-01-2015-1894395_28.php
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/01/23/20002-20150123ARTFIG00431-un-defaut-de-la-dette-grecque-couterait-40milliards-d-euros-a-la-france.php
Prêt direct de la France à la Grèce qui ne serait plus remboursé : 11,38 milliards d’euros.
Garanties apportées sur les emprunts du Fonds européen de stabilité financière (FESF) : 31 milliards d’euros.
Part française d’une perte de la BCE : 2,6 milliards d’euros.
Perte limitées à 7 milliards d’euros pour les banques Françaises (deuxième lien cité).
Donc perte potentielle totale pour la France : 51,98 MILLIARDS D’EUROS.
Articles : La Grèce ou la tragique illustration de la capacité de l’Europe à perdre sur tous les tableaux :
http://www.atlantico.fr/decryptage/grece-ou-tragique-illustration-capacite-europe-perdre-tous-tableaux-1972052.html?yahoo=1
Où en est la titanesque dette de la Grèce ?
http://www.huffingtonpost.fr/2015/01/25/dette-de-la-grece-elections-montant-infographie-international_n_6539326.html
Saul
Vous avez raison la qualification d'extrémisme n'est pas sérieuse, et reste probablement le fait d'une tentative politicienne de ternir l'image de ce parti grec qui a les faveurs du peuple. En France, ne sommes nous pas également confrontés à ce problème d'emploi arbitraire de mots dont jamais on ne livre de définition ? Espérons que Syrisa va gagner ce dimanche et que Tsipras appliquera son programme économique, cette rupture avec l'euro et l'UE.
RépondreSupprimerL'extrémisme dangereux est plutôt du côté de ceux qui ont géré la crise en Europe, Troika, Merkel, Schaüble, gouvernements français qui ont suivi en faisant la carpette... Ces gens là méritent de passer dans les poubelles de l'histoire.
RépondreSupprimerEst-ce à dire que la coalition au pouvoir a fait du mauvais travail ? Non.
RépondreSupprimerLa France est-elle prête pour un mouvement comme Syriza ? Non.
Quel est le sens de la véritable dynamique Syriza ? Toute la question est là. S'agit-il d'une course au peuple pour changer la démocratie ? Sûrement mais à quel prix mais l'idée de revenir aux fondammentaux de la démocratie est un excellent choix politique de ce parti... Sortir la Grèce de sa propre merde ? On peut toujours essayer mais Hellas j'en doute.
Il n'y a pas si longtemps, le Tea Party qui était aussi "une nouvelle forme de démocratie" avait, fort d'un message politique totalement différent de Syriza, le vent en poupe. Aujourd'hui, il est mort. Syriza gagnera mais la réalité économique fera toujours aussi mal et la politique qui sera menée sera presque identique que celle de son prédécesseur même si celui-ci à la majorité absolue au parlement grec.
"De toutes les façons, mieux vaut que les Grecs optent pour le programme bien plus humain et raisonnable de Syriza que les monstrueuses potions amères du gouvernement."
RépondreSupprimerSauf s'il est décidé de faire de la Grèce un exemple en provoquant encore une dégradation de sa situation (pour ne pas donner de mauvaises idées à d'autres pays) et que Syriza se couche devant le beau rêve européen...
On se doute que pour ne pas effrayer d'électeurs, Syriza ne parle pas de sortie de l'euro, de maîtrise des frontières, de rapprochement avec la Russie, etc
Mais si réellement, ils ne sont prêts à envisager rien de tout ça alors ils échoueront et derrière ce sera la porte ouverte à des choses pas très jolies.
@ Saul
RépondreSupprimerMerci pour ces liens
@ Anonymes
La très large victoire de Syriza est une très bonne nouvelle
La coalition au pouvoir a fait du mauvais travail. La France peut connaître un tel mouvement, mais ce n’est pas sûr. Et il n’y a pas une réalité économique, il y a juste des choix d’organisations politiques de nos sociétés qui peuvent radicalement transformer cette réalité, notamment sur les questions monétaires
@ Bip
Mais il est probable que l’UE cède, à part si Merkel saute sur l’occasion pour avoir la peau de l’euro en refusant toute modification. Mais l’oserait-elle, à supposer qu’elle le souhaite ?
Même à supposer qu'un accord règle la question des dettes, la Grèce n'échappera aux conséquences de son manque de compétitivité tant qu'elle ne pourra pas dévaluer sa monnaie. En particulier, la politique de relance annoncée par Syriza est vouée à l'échec si elle reste en zone euro.
SupprimerPour commencer le nouveau gouvernement grec pourrait refuser de participer à cette mascarade (à supposer qu'il soit invité) :
RépondreSupprimerhttp://russeurope.hypotheses.org/3352
Osera-t-il ?
Ivan