Il y a
quelques jours, de nombreux médias se sont émus de la hausse du prix de
certains tarifs du secteur public ou para-public, le Monde titrant « pas
de déflation pour les tarifs publics ». Mais, tristement, peu se
posent la question des
raisons de ces augmentations.
Pourquoi
une telle inflation ?
A dire vrai,
les médias mélangent des choux et des carottes, au
point que le Monde en profite pour
annoncer une hausse de son tarif de 10%, suite à la baisse de sa
diffusion ! Elle est sans doute liée aux hausses de son prix et à un
ciblage de plus en plus assumé sur les lecteurs les plus fortunés. Il ne s’agit
pourtant pas d’un service public, même si l’Etat aide largement la presse. L’augmentation
de 4 centimes des taxes sur le gazole sera largement compensée par la
baisse récente du prix du baril et réduit un écart difficilement justifiable
avec l’essence. Mais le
ponpon est décerné à la Poste pour la hausse du prix du timbre, devant
l’abonnement téléphonique d’Orange ou celle
de la SNCF.
L’augmentation
du prix du timbre vient en bonne partie de l’effondrement du volume du courrier
et du recul moins rapide de sa couverture du territoire. Mais il
ne faut non plus oublier les effets de la libéralisation de la distribution
des colis, probablement plus rentable, qui elle, progresse. Bref, la partie la
plus juteuse du chiffre d’affaire de la Poste a été ouverte à la concurrence,
contrairement à la partie en chute. Pas étonnant que les tarifs du timbre
s’envole. On peut aussi voir dans la hausse du prix de l’abonnement
téléphonique d’Orange un effet de la libéralisation du marché. Quand
à la SNCF, la crise joue sans doute un rôle, que
la différenciation toujours plus grande des tarifs peut amplifier.
L’attaque
contre le secteur public
Pire pour
nos services publics historiques, il est bien évident que les nouveaux entrants
se concentrent sur les parties du marché les plus rentables, abandonnant les
portions les moins intéressantes aux services publics historiques. Cela
explique sans doute en partie l’envolée du prix du timbre car la Poste affronte
des concurrents féroces sur les colis quand elle assume seule la distribution
déclinante de courrier. Si
le marché ferroviaire s’ouvre demain, il est bien évident que les concurrents
de la SNCF se concentreront sur quelques lignes à fort volume et plus
profitables. Et nous aboutirons, comme presque toujours, à une augmentation
des tarifs pour les usagers dont on extraiera plus de profits.
D’ailleurs,
l’Etat a tellement oublié le service public qu’il se comporte de plus en plus
comme un actionnaire, ce qui peut expliquer certaines hausses de tarif, une
nouvelle forme de prélèvements obligatoires. Mais les
hausses de tarif sont généralement la conséquence tristement logique de la
libéralisation.
Analyse fallacieuse et biaisée par dogmatisme.
RépondreSupprimerLe problème de la SNCF c'est un surinvestissement dans le TGV qui coûte une fortune au détriment du reste.
L'abonnement téléphonique Orange est de moins en nécessaire en raison de l'accroissement de la téléphonie IP et de la progression du haut débit. Les FAI remplacent progressivement la téléphonie classique dont Orange a le monopole. Monopole inutile dans la mesure où la technologie évolue.
Quant au timbre, il est de moins en moins utilisé, car le mel moins cher et plus rapide a progressivement remplacé la lettre.
Pourquoi faudrait il donc un transport de colis monopole d'état ?
A ce compte, alors il faudrait aussi un transport des légumes, des casseroles, des huitres... tout le fret routier monopole d'état.
C'est vous qui êtes dogmatique.
SupprimerAux considérations tarifaires de Laurent Pinsolle, on peut aussi ajouter l'exemple des effets délétères d'un excès de concurrence dans le domaine de l'information :
http://www.lefigaro.fr/vox/medias/2015/01/08/31008-20150108ARTFIG00319-traque-des-terroristes-droit-d-informer-et-devoir-de-se-taire.php
de gros malins de journalistes étant apparemment allés, sous l'effet de la pression concurrentielle, jusqu'à diffuser le fait que des personnes étaient cachées sur le site des prises d'otages.
Anonyme11 janvier 2015 09:53
RépondreSupprimer"C'est vous qui êtes dogmatique."
Ah bon, quoi d'autre ?
Quel est le rapport entre l'attentat et le billet ?
J'ai rarement vu un commentaire aussi stupide.
Dans le cas d'EDF je pense que nous ne sommes pas prèts d'arrèter de payer le choix nucléaire. De multiples centrales arrivent en effet en fin de vie, et les coûts de retraitement et de décontamination explosent, il y en aura certainement pour des centaines d'années.
RépondreSupprimerToutatis11 janvier 2015 11:27
RépondreSupprimerSans compter que de moins en moins de pays sont client d'Areva, soit ils ne veulent pas de nucléaire, soit ils trouvent Areva trop cher qui de plus accumule retards sur retards de livraison, un fiasco commercial qui rappelle le Concorde.
Il y a un profond malentendu généralisé : EDF et La Poste ne sont plus des services publics à la française tels qu'on croit qu'ils sont encore censés être. L'idéologie européenne de la concurrence libre et non faussée est bien passée par là pour les détruire de l'intérieur en les transformants en pure société de droit privé où seule compte la logique de rentabilité maximale à court terme.
RépondreSupprimerMerci pour cet article salutaire; effectivement quand on ouvre à la concurrences ce genre d'activité, le privé ne reprend que le plus rentable et le public n'a plus les sous plus pour le reste qui a long terme serra tout simplement abandonné (cf les postes de nos campagnes ou les petites lignes sncf quand les regions ne les reprennent pas....).
RépondreSupprimerJe reste par ailleurs d'accord avec le dernier message anonyme, nos services publics depuis leur transformation ( sous forte pression européenne...) en sociétés anonymes dont l'actionnaire principal est l’Etat ne sont plus des services publics mais des sociétés standards. Elle sont donc à but lucratif et en plus pour certains en position de monopole, pas étonnant dans ces conditions que les prix augmentent...
Ce que j'espère, c'est que l''ImMonde crèvera de cette libéralisation qu'il soutient depuis 20 ans.
RépondreSupprimerQu'il emboîte le pas du Libé.
@ Toutatis
RépondreSupprimerJe serais curieux de savoir quelle est la part de la libéralisation dans l’augmentation des prix. Elle pourrait être considérable.
@ Anonyme
Très juste, ce sont de moins en moins des services publics. Je devrais employer des guillemets maintenant
@ Red2
Bien d’accord
Ca se passe en ce moment :
RépondreSupprimer« En Arabie saoudite, le blogueur Raif Badawi a été fouetté publiquement ce vendredi 9 janvier, après la prière hebdomadaire, près d'une mosquée de Jeddah. Condamné à 10 ans de prison et à 1 000 coups de fouets pour avoir plaidé en faveur de la Saint-Valentin et pour des mesures libérales en Arabie saoudite. » (RFI)
La même barbarie, la même brutalité que celles de l’assassinat de nos amis de Charlie Hebdo.
Où et quand la lutte contre le fanatisme et la sauvagerie doit-elle commencer ?
DemOs
Excellente dénonciation de la privatisation et de la libéralisation. Rien à redire.
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