lundi 19 janvier 2015

Les transporteurs routiers, victimes du laisser-passer





Une concurrence déloyale

Comme l’a malheureusement montré le cas de Mory Ducros, la profession subit une crise très dure. C’est qu’avec la libre-circulation dans l’ensemble de l’Union Européenne, acceptée par la France, et des salaires minimums qui varient de 1 à 10, il n’est malheureusement pas surprenant que les entreprises françaises qui emploient des salariés français perdent des contrats par rapport à ceux qui emploient des salariés moins payés. C’est ainsi que la part de marché de nos entreprises sur les transports internationaux avec la France est tombée de 46 à 17% de 1999 à 2010. Et les camions étrangers qui viennent en profitent pour faire une mission en France et ont déjà pris 3,6% du marché intérieur.

Outre la perte de parts de marché, cette concurrence déloyale pousse logiquement des entreprises qui ne sont plus compétitives à bloquer les salaires et refuser toute revendication qui viendrait encore dégrader leur compétitivité dans un tel contexte. Il en va malheureusement de leur survie, comme le démontre sans doute le cas de Mory Ducros. Dans le système actuel, je comprends les salariés, dont les revendications ne sont pas illégitimes étant donnée la dureté de leur métier et la baisse de leur pouvoir d’achat, par la convergence de leurs salaires vers le SMIC. Mais je comprends aussi des patrons qui veulent tout simplement sauver leurs entreprises face à la concurrence espagnole ou polonaise.

C’est le laisser-faire qu’il faut attaquer

Le cas des transporteurs routiers est emblématique des conséquences de l’ouverture non régulée vers des pays dont les conditions salariales sont très différentes des nôtres. Malheureusement, comme on le voit dans tous les domaines de l’économie depuis plusieurs décennies, les entreprises qui continuent à utiliser de la main d’œuvre française perdent en général du chiffre d’affaire, générant ainsi du chômage, et cela met une pression terrible sur les salariés restant qui se trouvent contraints d’accepter un rabotage permanent de leurs conditions pour essayer de maintenir des fragments d’activités sur le territoire national, et donc leur emploi, dans un chantage odieux, qui peut dépasser les patrons.

Voilà pourquoi je pense qu’il faut soutenir ce mouvement social emblématique, même s’il faut rappeler sans cesse que c’est la suppression des frontières et des écluses protectrices qu’elles étaient pour notre modèle social, qui est la raison des problèmes actuels. Les frontières sont les meilleures alliées des routiers.

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