L’actualité
l’a fait un peu oublier, mais c’est une déclaration tellement révélatrice qu’il
faut revenir dessus : le ministre de l’économie a dit à Las Vegas (sic) :
« il
faut des jeunes qui aient envie d’être milliardaires ». C’est le
moment Rolex d’Emmanuel Macron, que l’actualité a bien protégé.
Dis-moi
qui tu nommes à Bercy
Parler de
milliards et non de millions a un sens : celui de la démesure d’une
certaine élite. Pire, Macron est un énarque qui s’est mis en disponibilité à
peine quatre ans après sa sortie de l’ENA pour devenir banquier d’affaire chez
Rothschild. A quoi bon former sur fonds publics des hauts fonctionnaires qui
partent aussi vite dans le privé ? Il n’est pas innocent non plus qu’il
vienne de la finance. Dire qu’il y a cinq ans, les politiques dénonçaient les
excès de cette finance qui nous avait plongé dans la pire crise économique
depuis 80 ans. Aujourd’hui, ils
tergiversent sur la taxe Tobin. Et faut-il
s’étonner de la désindustrialisation quand on confie l’économie à un
financier qui ne connaît rien à l’économie réelle ?
Son choix
est également très révélateur d’un point de vue idéologique. En
2007, Emmanuel Macron a été le rapporteur de la commission pour la libération
de la croissance française de Jacques Attali, mise en place par Nicolas Sarkozy.
Quel meilleur exemple de cette proximité idéologique trop grande qui existe
entre le PS et l’UMP que cet
homme qui a servi un ancien conseiller de François Mitterrand qui servait
Nicolas Sarkozy, puis qui devient ministre de l’économie quelques années après.
Comment s’étonner ensuite que la loi qui porte son nom ressemble étrangement
aux recommendations de la commission Attali, réalisant
une partie de ce que l’ancienne majorité de droite n’avait pas osé faire.
L’impasse
euro-mondialo-néolibérale
Avec sa loi,
Macron
se révèle être un néolibéral de son époque, aussi dogmatique que déstructuré.
Si la direction est claire, il ne propose aucun grand projet d’ensemble, mais
plutôt une collection de mesurettes souvent critiquables et dogmatiques, visant
à faire avancer, quand cela se révèle possible et potentiellement politiquement
positif la libéralisation de notre économie, en poursuivant la déconstruction
de notre service public, y compris par des mesures tellement dérisoires qu’elle
relèvent du dogmatisme idéologique. C’est notamment le cas du projet de
cessions d’actifs publics, anecdotiques financièrement, mais
qui va permettre à la Chine de mettre la main sur l’aéroport de Toulouse.
En un sens,
merci François Hollande d’avoir nommé Emmanuel Macron ministre de l’économie.
Ce faisant, le président de la République a fait choix tellement révélateur de
ce qu’est le Parti « Socialiste » aujourd’hui. Est-il encore possible
de dire que nous ne sommes pas prévenus ?
Ben... la taxe Tobin était une mesurette aussi, même Tobin a fini par le reconnaitre.
RépondreSupprimerSa présence (comme celle de Fleur Pellerin) à la conférence annuelle du club des Bilderberg est -elle en relation avec son ascension médiatique ?
RépondreSupprimerLa gabegie TGV continue malgré l'avis de la cour des comptes, pas grave suffit d'augmenter le prix du ticket de train :
RépondreSupprimerhttp://www.liberation.fr/societe/2015/01/12/lgv-via-poitiers-limoges-se-rapproche-de-paris_1179300
http://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/0203870676067-la-gestion-du-tgv-epinglee-par-la-cour-des-comptes-1055094.php
C'est surtout un parfait déni de la réalité, bien digne d'un financier. Des "jeunes qui aient envie d’être milliardaires", ça ne manque pas dans les banlieues pauvres. Et alors ? Je ne vois que trois solutions pour eux : footballeur, baron de la drogue ou, plus difficile, trader. Ça apportera quoi à la France ? Quoi à l'économie réelle ?
RépondreSupprimerImaginons maintenant quelqu'un qui travaille beaucoup pour devenir très utile, pour devenir un grand savant capable de grandes découvertes. S'il a la chance d'obtenir l'un des derniers postes du CNRS, très mal payé, s'il a la force herculéenne de dégager du temps pour ses recherches au milieu des nombreux rapports qu'il doit rédiger pour prouver au gouvernement qu'il ne gaspille pas l'argent public, s'il a le génie impossible de le convaincre sur ce point alors même qu'il sort des sentiers battus, si les dieux permettent exceptionnellement qu'il puisse pousser ses recherches jusqu'au bout avant de mourir d'épuisement, il peut tout au plus espérer un Nobel à titre posthume et un transfert de ses cendres au Panthéon. Sans doute pas des milliards !!!!
Guadet
Cet ignare de Macron perd complètement de vue que les starts up du numérique n'ont pu se développer que grâce aux technologies dues aux dépenses de la recherche publique civile et militaire. Sans ces dépenses sur des décennies, pas de NTIC.
RépondreSupprimerVotre édito est affligeant. Le moment est venu pour vous de comprendre une fois pour toute que ceux qui réussissent (les riches) sont utiles aux pauvres, que ce sont les talentueux, les doués, qui donnent du travail à ceux qui le sont moins, que si l'on spolie ceux qui créent de la valeur, ils partent apporter leur savoir-faire ailleurs... Pas sûr que nos politiciens français, intégristes de l’Égalité - dont vous êtes également un adepte - soient capables de comprendre cela.
RépondreSupprimerPS. En quoi le fait de posséder une Rolex fait de vous un suppôt de Satan et un mauvais républicain ?
"Le moment est venu pour vous de comprendre une fois pour toute que ceux qui réussissent (les riches) sont utiles aux pauvres"
SupprimerVotre définition de la réussite est affligeante! Surtout que Macron parle de Milliards... Non Mr On n'a pas besoin de milliards pour rester fidèle à son pays ou être heureux, puisque c'est quand même ce que la suite de votre message laisse entendre! Et à l’époque ou les inégalités explosent à un point où elle remette en cause notre pacte national, oser dire que nos politiciens sont "intégristes de l’égalité". Juste pitoyable...
@Jo Cavalie
SupprimerJe n'ai rien contre les Rolex. Mais la grande majorité des riches ne le sont pas par leur talent mais par leur heritage. Comment oublier les heritiers quand on parle des riches ?
D'autre part, les possesseurs du savoir faire sont des travailleurs, notamment les qualifiés bien sur. Par contre pour ameliorer les rentes des riches il peut être interessant de delocaliser et faire disparaitre le savoir faire français, comme il a deja disparu de nombre de secteurs.
Il suffit de voir l'Histoire économique de l'occident au XXeme siecle pour constater que la prospérité n'est pas liée à l'enrichissement des milliardaires.
@Jo Cavalie
SupprimerJ'ai d'abord cru à de l'ironie puis... Toute ma sollicitude donc à vos fesses si vous ne possédez pas au moins quelques millions d'euros.
Et si par miracle votre cerveau se remet en marche quelques instants, vous comparerez l'utilité d'un agriculteur qui gagne même pas le SMIC avec celles de Franck Ribéry, d'Arthur et d'Arnaud Lagardère.
La loi Macron sur la relance de l'économie est un exemple du compromis permanent qui règne en France : un peu de libéralisme avec un peu de socialisme archaïque. Tous autant que vous êtes on ne peut pas dire que vous incarnez la "gauche moderne". Le repos dominical semble plus important que la lutte contre le chômage. Vous voyez en Emmanuel macron un ayatollah du laisser faire... mais la France, c'est Cuba sous le soleil.
SupprimerUne jeunesse conservatrice, à la mode de Reagan et Thatcher, c'était ce que vantait le Figaro Magazine en 1986, avec le "retour" des "valeurs morales", de "l'ordre" et "rêvant de devenir milliardaire". Avec en photo un merdeux bien propre sur lui habillé en golden boy "patriot".
RépondreSupprimerC'est fait. Nous avons un gouvernement néoconservateur au service du fric et de la répression. Même Poniatowski n'aurait pas imaginé que la réalité aurait dépassé ses espoirs.
Pour une démolition en règle de la loi Macron il faut aussi lire le blog de Gérard Filoche.
RépondreSupprimer@ Anonymes
RépondreSupprimerTGV Poitiers - Limoges : République des copains ou Service Public ?
@ Guadet
Bien vu
@ Jo Cavalie
Cela dépend. Les financiers ne font que s’enrichir en augmentant l’instabilité économique. Je n’ai pas parlé de Satan il me semble…
@ TeoNeo
Merci
@Laurent Pinsolle,
RépondreSupprimerà l'instar des tristes événements qui nous ont endeuillé, les masques tombent!
De même que nous avons qui menace notre nation (plutôt que pays, trop vague), nous savons désormais que le "PS" a vécu: être milliardaire relève d'une compétition totalement incompatible avec un quelconque idéal socialiste!
Macro(n) n'est donc qu'un ultra-libéral de la pire espèce: à côté de cela, il me fait d'autant plus respecter des gens comme Madelin ou Sylvestre, qui eux assument leurs convictions thatchériennes!
Frédéric Lordon avait visé presque juste quand il parlait des socialistes comme de la "droite complexée", car il était en-dessous de la vérité!
Macro(n) n'est qu'un leurre, car en fait, c'est bien Hollande qui n'assume pas son libéralisme dogmatique et échevelé, préférant laisser les autres endosser cette casquette: ça vous donne la mesure de la médiocrité du personnage qui est censée lutter contre le fanatisme islamique...
CVT
Je me permets une petite remarque de forme : je ne suis pas sur que la surenchere de prefixes comme dans "euro-mondialo-néolibérale" serve l'argumentation. Au contraire, je pense que ce tic de language finit par lui fait perdre de sa crédibilité.
RépondreSupprimerIl doit surement exister une formulation qui sonne plus naturelle.
Talisker