Depuis
quelques jours, la situation semble se tendre en Grèce, entre
un Juncker qui dénie le principe même de démocratie et Alexis
Tsipras qui multiplie les déclarations chocs. Mais au bout, je persiste à
croire qu’un compromis devrait finir par être trouvé entre les dirigeants
européens et Athènes.
La
tension qui monte
Le nouveau
gouvernement grec maintient la pression sur ses créanciers tortionnaires.
D’abord, il
a mis un coup d’arrêt aux privatisations qui faisaient pourtant partie du plan
de la troïka, alors même que les ventes restent minimes par rapport à ce
qui était prévu. Plus fort encore, la
Grèce s’est dite prête à se passer des 7 milliards d’euros que l’UE doit verser
dans quelques semaines et le nouveau ministre des finances a déclaré qu’il
ne souhaitait pas négocier « avec
une commission branlante, la (délégation de la) troïka ». Quand on
sait en plus qu’Alexis
Tsipras semble pouvoir compter sur la Russie s’il ne trouve pas d’accord avec
l’UE et qu’une option argentine reste possible, la pression est sur
l’Europe.
Et elle
monte doublement. D’abord, l’équation grecque divise les créanciers de la
Grèce, entre
Berlin qui semble rester intransigeant, et Paris plus ouvert aux demandes de
Tsipras, pas à une incohérence près, mais qui y voit un gain politique
potentiel. Mais en plus, le séisme grec se répercute sur tout le continent. En
Espagne, c’est un encouragement formidable pour Podemos, qui
semble en mesure de prendre le pouvoir dans quelques mois et a organisé une
grande marche il y a quelques jours. Mieux, la renégociation en cours pose
problème en Irlande, où le gouvernement a appliqué les potions amères de la
troïka, ce
qui amène les citoyens à se demander s’ils n’auraient pas pu être plus durs
avec l’UE.
L’accord
reste probable
Cette idée a
été accueillie avec enthousiasme par les marchés qui y voient une issue rapide
pour la crise ouverte par l’élection de Syriza en Grèce, cette
solution permettant de contenter toutes les parties, comme
on pouvait l’anticiper depuis le début. Bien sûr, il est regrettable
qu’Athènes ne cherche pas à voler de ses propres ailes monétairement, ce
qui serait la meilleure solution, mais il faut bien reconnaître que Syriza
semble en voie de faire accepter un changement de cap radical qui améliorera
largement la vie des Grecs, ce qui ne faut pas oublier. Et puis, même si la
fissure grecque est vite colmatée, d’autres commencent à s’approfondir, en
Espagne, en Italie, et même en Allemagne.
Bref, il
est probable que pour survivre, les dirigeants européens seront prêts à des
compromis colossaux du moment qu’ils leur permettent de donner le change, comme
cela semble devoir se faire en Grèce, mais tout l’édifice européen est
affaibli et il entame une lutte contre le temps qu’il ne gagnera pas.
Actuellement la Grèce est sous perfusions de la BCE pour s’en sortir financièrement. Hier la BCE a coupé la moitié de la perfusion. Elle devrait aussi couper normalement l’autre moitié faute d’accord avec les créanciers dans les prochaines semaines. Dans ce cas la Grèce va avoir le choix entre se soumette à la Troïka quelques que soient les renoncements que cela impliquera, ou sortir de l’euro ou faire un acte de désespoir tel que réquisitionner la banque centrale Grecque pour financer l’État et les banques grecques en euros, ce qui est interdit par les traités européens.
RépondreSupprimerhttp://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20150204trib38e533885/grece-le-coup-de-force-de-la-bce.html
http://www.boursorama.com/actualites/dette-grecque--le-coup-de-semonce-de-la-bce-261a9bf0caef966af510db40b7bf4ab1
Saul
La deuxième perfusion, l'accès à l'aide à la liquidité d'urgence (ELA) a été reconduite jusqu'au 28 février par la BCE. La prolongation au-delà de cette date implique normalement l'acceptation par la Grèce d’un programme conditionnel d’aide avec les partenaires européens permettant que l’argent soit versé à la Grèce et à la BCE d’agir en faveur des banques grecques. Évidemment le mot « conditionnel » qui implique aussi le mot "soumission" a toute son importance.
SupprimerSaul
Les banquiers centraux dont Noyer ont décidé de mettre la pression.
RépondreSupprimerLa Grèce n'a plus qu'à sortir, Obama voyant d'un mauvais œil un soutient de Poutine à la Grèce, il ne me parait pas improbable que les US viennent en secours de la Grèce.
Si la Grèce redresse en 1 à 2 ans sa situation, ca va être la débandade de l'Euro.
La BCE tente encore une fois clairement l'intimidation qui avait réussi par deux fois à faire céder les pouvoirs en place : en 2010 en Irlande et en 2013 à Chypre. La BCE affirme encore une fois un rôle politique qui n'est guère en accord avec sa soi-disant indépendance. Reste la question : Athènes baissera-t-elle la tête comme jadis Nicosie et Dublin ? Impossible à dire. Ce soir, Athènes a répété qu'il n'était pas question d'accepter la poursuite de l'austérité. La BCE est-elle prête à prendre le risque d'une sortie de la Grèce de la zone euro et le gouvernement grec est-il prêt à abandonner ses promesses électorales ? Toute la question est là.
RépondreSupprimerhttp://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20150204trib38e533885/grece-le-coup-de-force-de-la-bce.html
« Rodrigue, as-tu du cœur ? » (Corneille, dans sa pièce Le Cid)
« Alexis, as-tu des couilles ? » (BA)
J'adore l'obligation perpétuelle, dont le nominal n'est jamais remboursé.
RépondreSupprimerTous les politiciens en rêvent !
Que ne pourrait-on faire avec cela ? Je donne des idées :
- payer perpétuellement tous les chômeurs
- combler perpétuellement tout le trou de la sécu
- payer perpétuellement toutes les retraites de tous les futurs papy-boom
Comprends pas moi que l'on l'on ai pas pensé plus tôt à cette obligation perpétuelle ? des idées vous ?
Non mais des fois, qu'est-ce que je rigole !!!
J'en veux encore, car le rire est source de nombreux bienfaits
A plus tard
Ca existait en France au 19 ème siècle, ca s'appelait la rente.
SupprimerAprès 2WW, l'Angleterre a fait de même. Il faudrait appeler ça plutôt une dette à durée indéterminée.
Oui mais à l'époque ça s'appelait l'usure... et pour limiter le taux d'intérêt, il fallait offrir des garanties (hypothèques)
SupprimerCe que Colbert a par la suite interdit
Là, la garantie est 'si jamais la croissance est de retour'
Il ne peut y avoir d'accord entre une UE sous férule allemande qui impose des politiques d'austérité et tout pouvoir politique démocratiquement élu qui les refuse, à juste titre. Le gouvernement grec le sait de longue date cf les déclarations en décembre dernier de son ministre des finances Varoufakis. L'épreuve de force est en cours et si Tsipras et son gouvernement cède ils sont morts politiquement.
RépondreSupprimerJusqu'au 28 février les banques grecques peuvent bénéficier de fonds européens, après soit Tsipras cède soit il réquisitionne la Banque nationale de Grèce pour émettre tous les euros dont il aura besoin ce qui est possible puisque les banques nationales ont conservé le privilège s'émettre de l'euro. Alors si la BCE accepte ces euros grecs ce sera un nouveau signe d'affaiblissement et un encouragement aux autres notamment Podemos en Espagne voire en Italie, Portugal donc une constante affaiblissement de la zone euro comme dans une hémorragie.
Si la BCE refuse les euros grecs c'est la sortie de la zone euro qui se profile avec dévaluation de la nouvelle drachme. La dette se réglant "en monnaie de singe" une monnaie dévaluée sur 30 ou 50 ans.
Je ne partage pas du tout votre optimisme : la décision de la BCE de ne plus accepter les titres grecs est un sérieux avertissement. S’il y a un accord, il se fera au détriment de Tsipras, car même s’il obtient un rééchelonnement de la dette grecque, il ne pourra pas échapper à la poursuite du mémorandum. Or les Grecs ont avant tout voté contre l’austérité.
RépondreSupprimerD’autre part, Tsipras a déclaré ne plus vouloir négocier avec la Troïka, or même sur ce point, il n’obtiendra pas satisfaction.
J'espère que la Grèce va sortir de l'euro et que cette zone euro va enfin exploser pour qu'on puisse retrouver le contrôle de notre monnaie.
RépondreSupprimerLa perspective de renvoyer à leurs chères (ô combien) études tous ces tartuffes qui nous mentent sciemment depuis si longtemps me séduit assez.
Tenter de faire une Europe sans la Russie était déja une stupidité en soi et j'espère que la nouvelle Europe se fera sur la complémentarité des Etats, et non en vertu du bon plaisir de la finance américaine.
@ Saul
RépondreSupprimerDéveloppement intéressant. L’UE fait monter la pression. Ce sera un révélateur (ou pas) du caractère de Syriza.
@ Anonyme
Mais l’UE est motivée par sa survie. Si la Grèce part, le château de cartes commence à se défaire. Après, il y aura l’Espagne, l’Italie… Il est juste aussi de noter que trop céder risque d’ouvrir les appétits…
@ Moi
Le compromis est loin d’être sûr, mais si je persiste à croire que c’est la solution la plus probable, un échec des négociations est toujours possible.
@ Cliquet
C’est ce que j’espère depuis 5 ans… Mais cela tarde, comme, malheureusement, je l’avais prédit
Après l'ultimatum de la BCE, voici maintenant l'ultimatum de l'Eurogroupe.
RépondreSupprimerVendredi 6 février 2015 :
La Bourse de New York a perdu près de 0,5% vendredi, plongeant dans le rouge en fin de séance après que Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe, a dit que la Grèce avait jusqu'au 16 février pour demander un prolongement de son programme d'aide, faute de quoi le pays risquait d'être privé de soutien financier.
http://www.challenges.fr/finance-et-marche/20150206.REU9325/lead-1-wall-street-finit-en-legere-baisse-avec-la-grece.html
En clair :
Lundi 16 février, si la Grèce ne demande pas officiellement un prolongement de son programme d'aide, la Grèce n'aura plus aucun soutien financier de la zone euro.
Et si la Grèce ne reçoit plus aucun soutien financier de la zone euro, elle sera obligée d'en sortir.