Article publié dans le Figaro Magazine du 30
janvier
Dimanche, les
Grecs ont voté massivement pour Syriza, une victoire qui est celle de cette
démocratie trop souvent ignorée ou refusée par l’Union Européenne.
Une
victoire doublement méritée
La victoire
de Syriza est une revanche contre cette
Europe, qui, en novembre 2011 avait osé refuser au Premier ministre grec de
l’époque un référendum sur le nouveau plan d’austérité, malgré toute la bonne
volonté de ce dernier pour créer des conditions favorables à son adoption.
C’est une aussi une revanche contre ces hiérarques européens, Moscovici ou
Juncker, qui
avaient lourdement appuyé le gouvernement en place. A force de ne pas la
respecter, la démocratie s’est bien vengée.
Cette
victoire est aussi une victoire de la démocratie dans le sens où elle
sanctionne l’échec de l’équipe au pouvoir, qui l’avait emporté d’un fil en 2012
en défendant les plans européens. Au final, l’austérité
a enfoncé le pays dans la dépression et la misère sans même régler le problème
de la dette malgré deux défauts : presque tous les économistes s’accordent
pour dire qu’il faut une nouvelle restructuration de la dette ! Le
fonctionnement normal de la démocratie impliquait un tel résultat.
Logique
d’une coalition
Et même si
ces deux partis ne sont pas d’accord sur tout, ils le sont sur les deux sujets
les plus importants en Grèce. Le premier, c’est le
refus de ces plans d’austérité qui ajoutent à leur indignité sociale une
inefficacité tristement prévisible. Le second, c’est le refus de se voir
dicter par l’extérieur ce qu’il faut faire. On sous-estime sans doute
l’humiliation dont ont été victimes les Grecs depuis près de cinq ans et à quel
point par conséquent, le vote Syriza restaure sans doute la dignité nationale.
Si la
démocratie est néé à Athènes, les démocraties européennes y ont sans doute
trouvé une seconde jeunesse dimanche. Les Grecs nous disent que la volonté
populaire peut être plus forte que les traités. Voici un message qui devrait
résonner dans toute l’Europe dans les années à venir.
Ça bouge que je vous dis!... auriez-vous imaginé il y a deux semaines à peine qu'un texte de cet teneur puisse paraitre dans ces pages?... Des hommes fûtés et démocrates sont à écrire l'histoire. Même "l'Amérique" ma voisine, ajuste son champ lexical...
RépondreSupprimer"There is a crack in everything. That's how the light gets in"
Coup de tonnerre !
RépondreSupprimerMercredi 4 février 2015, vers 22h50 :
La BCE ferme ses guichets aux banques grecques.
La décision couperet est tombée mercredi soir lors d’une réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, qui devait se prononcer sur la poursuite ou non d’un dispositif permettant aux banques grecques d’obtenir des liquidités de la BCE en présentant comme garanties des titres de l’Etat grec. « Cette suspension est en ligne avec les règles existantes de l’Eurosystème, du fait qu’il est actuellement pas possible de présumer que la revue du programme (de sauvetage de la Grèce, NDLR) aboutisse à un succès ».
En clair, la BCE met fin à une dérogation destinée à faciliter le refinancement de banques grecques et dépendant de l’existence d’un programme d’aide au pays. Or, cette condition saute de fait avec les déclarations d’Athènes voulant suspendre les liens avec la Troïka, dont la BCE fait partie avec le FMI et la Commission Européenne.
La décision de la BCE a une conséquence immédiate : à compter du 11 février prochain, les banques grecques ne pourront compter pour se refinancer que sur l’aide d’urgence en liquidités (ELA), prodiguée par la Banque Nationale Grecque. Cela s’était déjà produit en 2012, lorsqu’un défaut temporaire avait été constaté sur la dette grecque. Il faut s’attendre dans les jours à venir à ce que la banque centrale grecque doive fournir à de nombreux établissements bancaires du pays des liquidités, probablement à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Par ailleurs, la BCE précise que sa décision ne « change rien » aux statuts des banques grecques dans le cadre d’opérations de politique monétaire.
La visite, mercredi, du ministre des Finances grec Yánis Varoufákis à Francfort n’a donc pas modifié d’un iota l’attitude ferme de l’institution. Venu plaider en faveur de la nouvelle politique économique et sociale que son gouvernement veut mettre en place pour mettre fin à l’austérité, le ministre espérait en retour que l’institution francfortoise puisse dévier de sa ligne dure et accorder un répit à l’Etat, mais surtout aux banques grecques menacées d’asphyxie.
Il apparaît aussi que la BCE n’est pas prête à accorder à Athènes une rallonge financière, en laissant l’Etat émettre jusqu’à 25 milliards d’euros de dette à court terme -les T-Bills- au lieu du plafond de 15 milliards en vigueur jusqu’ici. Une demande du gouvernement Tsípras afin de pouvoir financer le train de vie de l’Etat.
La BCE refuse également tout ajournement de la dette d’Athènes envers elle, de l’ordre de 25 milliards d’euros. La BCE n’est pas, et de loin, le créancier, le plus important d’Athènes, mais c’est à elle que la Grèce doit rembourser dès cet été quelque 7 milliards d’euros d’obligations arrivant à échéance. Il y a bien 1,9 milliard d’intérêts sur cette dette qui vont être rétrocédés à l’Etat grec par les banques centrales de l’eurosystème, mais ils ne suffiront pas à couvrir la somme due en capital.
Dans ce contexte tendu, depuis l’arrivée de la gauche radicale au pouvoir, l’agence publique gérant les émissions de dette a vendu difficilement mercredi pour 812 millions d’euros d’obligations à six mois, au taux de 2,75 %. Les banques grecques qui ont souscrit ces titres craignaient de ne pouvoir présenter ces obligations au guichet de la BCE comme collatéral en échange de liquidités. La décision prise en soirée par la BCE a confirmé ces craintes.
http://www.lesechos.fr/monde/europe/0204135297436-la-bce-ferme-ses-guichets-aux-banques-grecques-1090213.php