Bien sûr, avec
25% des suffrages, contre 15% en 2011 (et 19% là où il était présent), 59 élus
contre 1, ces élections semblent un immense succès pour le FN. Mais si le
parti lepéniste s’enracine, il n’a gagné que 1,5% des sièges en jeu et n’a pas
gagné le moindre département.
Enraciné,
mais marginal
Bien sûr, il
faut bien reconnaître que le score du FN est très bon : 10 points de plus
qu’en 2011, et 6 points de plus là où il était présent. Le
FN a même réuni plus de 4 millions de voix au second tour, apparemment plus
que le PS, qui ressort sous les 3 millions si on ne compte pas ses alliances.
Plus fort, il
est arrivé en tête dans 43 départements et même 327 cantons. Ce résultat
est d’autant plus marquant que les élections locales n’ont jamais été le fort
du parti lepéniste, même
si Marine Le Pen a enregistré son premier succès lors des élections cantonales
de 2011 et que le
FN a fait bonne figure lors des élections municipales de l’année dernière.
Bref, succès sur toute la ligne ?
Mais déjà,
pour un parti qui prétend pouvoir gagner en 2017, il est tout de même
surprenant de ne pas parvenir à gagner le moindre département après
être arrivé en tête dans 43 au premier tour. Ceci montre que si le FN est
parvenu à attirer plus d’électeurs, il peine toujours à réunir une majorité
d’électeurs au second tour, ne parvenant à gagner que 59 sièges sur 4108 contre
plus de 1780 pour l’UMP et ses alliés et plus de 1200 pour le PS et ses alliés.
Bref, la majorité a encore 20 fois plus d’élus que le FN, ce qui
relativise grandement le dédiabolisation du mouvement. Le FN a gagné dans 3%
des cantons où il était qualifié, et moins de 10% de ceux où il était arrivé en
tête !
Magouilles
d’interprétation
Bien sûr, Marine Le Pen parle de « magouilles » des autres partis, soulignant notamment les quelques cas où l’UMP a appelé à voter socialiste au second tour. Mais elle oublie que ces cas sont tout de même marginaux et que la consigne de vote nationale était le ni-ni. Ensuite, crier à la magouille est franchement abusif. En démocratie, les partis sont libres de donner les consignes de vote qu’ils souhaitent au second tour et on ne voit pas à quel titre il serait interdit qu’un UMP appelle à voter PS plutôt que FN. De là à dire que le FN a du mal à saisir les modes de fonctionnement démocratique… Est-ce vrai étonnant de la part d’un parti d’extrême-droite dont la présidente admire Vladimir Poutine ?
Certains
frontistes se sont accrochés à la difficile réconciliation des chiffres, du
fait des alliances à géométrie variable du PS et de l’UMP, pour continuer à
dire que leur parti était toujours le premier de France. Mais si le FN est
arrivé en tête dans 327 cantons, il faut rappeler que la
droite est arrivée en tête dans 1011 cantons et la gauche dans 611. Bref,
pour qui regarde honnêtement les résultats, le FN était le 3ème
parti de France lors du premier tour, ce
qui est déjà un bon résultat pour un parti à l’implantation locale bien plus
récente. Dès lors pourquoi raconter des mensonges, gonfler les chiffres ou
hurler à des magouilles imaginaires ? En fait, on retrouve au FN les mêmes
comportements politiciens qu’au PS et à l’UMP…
Bien sûr, le
FN est au plus haut. Et malgré un contexte très favorable, qui
pousse logiquement les classes populaires à voter pour lui, il n’est que le
3ème parti de France, la barrière du second tour lui est toujours
très difficile, même
dans les triangulaires. Heureusement !
Toutes ces histoires sur le fait que le FN soit ou non le premier parti de France est secondaire. Il est le premier en tant que parti, le troisième en tant que force politique car il n'a pas d'alliés. Mais en 2017, l'UMP et l'UDI auront-ils un seul candidat à l'élection présidentielle ? Toute la gauche soutiendra-t-elle le candidat du PS ? Evidemment non. Donc, le FN sera sans doute en tête, et c'est ça qui compte.
RépondreSupprimerSoyons patients. Le FN et le RBM partent de pratiquement zéro. Les élections départementales n'ont pas captivé les foules car il n'y a pas d'enjeu clair. Hormis les collèges, le RSA et les routes (et encore, il ne fait que redistribuer le RSA), a quoi sert un conseil général (ou départemental) Cette élection me semble êrtre un truc sur lequel le gouvernement comptait pour se remettre en selle et qui lui a pété en pleine figure
RépondreSupprimerC'est ridicule de se soucier du nombre de voix du FN :-) N'est-ce pas, Laurent ?
RépondreSupprimerThierry_st_malo
Patience patience...Aux legislatives ils auront suffisament de deputes pour interdire toute majorite de droite ou de gauche, il faudra faire un gouvernement "d'union"
RépondreSupprimerdonc FN vs UMPS ( avec une tendence au 50/50, l'UMPS se retreciera inevitablement)
Avec les régionales de Décembre, ca va être moins simple pour Valls :
RépondreSupprimerhttp://www.rtl.fr/actu/politique/regionales-2015-marine-le-pen-a-des-espoirs-de-gain-tres-serieux-dans-4-ou-5-regions-7777171770
Vraiment "l'immense" succès du FN ?
RépondreSupprimerA vrai dire très relatif parce que le FN est toujours plombé par ses ambiguïtés profondes: une mue très partielle et peu crédible, absence d'alliés politiques et de réserves de voix suffisantes pour franchir la barre des 50%. Il était crédité d'un score national de 30% pour ne faire que 25%.
Aux élections régionales de décembre prochain le mode de scrutin lui est plus favorable, les mêmes causes produiront les mêmes effets.
Il faut aussi voir que le FN fait un score ridicule chez les + 65 ans par rapport à l'UMP (17% contre 40%) et moins bien aussi que le PS (23). Alors qu'il est en tête chez les 50-64 ans (34% et 21% pour l'UMP-UDI-MODEM et 20% pour le PS).
RépondreSupprimerSondage IFOP sur le 1er tour des départementales : http://www.ifop.com/media/poll/2976-1-study_file.pdf
Donc la question c'est de savoir pourquoi les + 65 ans d'aujourd'hui votent beaucoup moins FN que les autres générations.
Parce que si on se met à voter plus pour l'UMP-UDI car on perd en lucidité à passer trop de temps devant la télé alors le FN ne progressera pas.
Mais si on vote FN pour préserver un niveau de vie très élevé en comparaison du reste de la population, rien ne dit que quand ces générations mourront, leurs successeurs qui n'auront pas le même niveau de vie en feront autant.
A court terme, le nombre et la mobilisation de cet électorat limite pas mal le FN.
ps : on peut donc s'attendre à un maintien des pensions de retraite et des dépenses de sécu pour que ... cet électorat vive le plus vieux possible !
@ bip
SupprimerEffectivement c'est frappant : ceux qui ne peuvent plus se faire voler leur retraite parce qu'ils y sont déjà sont beaucoup moins tentés de tout foutre en l'air !
Les 50-64 ans par contre sont toujours menacés par la poursuite du démantèlement de l'assurance vieillesse.
Et pour les plus jeunes c'est l’horreur absolue, la double peine : à chaque fois qu'on recule l'âge de la retraite d'un an pour ceux qui ont déjà un travail, on le recule de deux ans pour ceux qui sont encore au chômage.
Et on prolonge d'un an leur durée de chômage, ce qui est d'une barbarie sans nom compte tenu de la manière dont notre société traite les chômeurs. Particulièrement les plus jeunes qui n'ont droit à rien, même pas au RSA.
Ivan
J'ajoute que Marine Le Pen propose la retraite à 60 ans avec 40 ans de cotisations. Si le FN avait fait campagne là-dessus au lieu de renouer bêtement avec ses vieux démons racistes il aurait atteint les 30 % que lui prédisaient les sondages.
SupprimerLes français ne sont pas idiots, même les plus racistes d'entre eux savent bien que ce n'est pas la faute des immigrés ni de leurs enfants si les jeunes sont condamnés à crever la bouche ouverte pendant que leurs parents s'épuisent à la poursuite d'une retraite qui est sans cesse reculée.
Ivan
Triste obsession de Lolo pour le FN. Ce parti est maintenant un parti de pauvres, selon Emmanuel Todd. La pauvreté augmentera sans arrêt. La seule question est de savoir si une nouvelle force politique aura le temps d'émerger entre maintenant et le moment où la situation sera catastrophique.
RépondreSupprimerjard
@ Moi
RépondreSupprimerLa force du FN va pousser UMP et UDI à s’allier et le PS à rassembler. Et de toutes les façons, le FN sera balayé au second tour s’il se qualifie, comme lors des départementales
@ Cliquet
Il part de zéro ? Il ne faut pas exagérer. Le FN existe depuis 1972… Et le léger mieux de la conjoncture devrait peser sur ses résultats
@ Thierry
Non, ce n’est pas ridicule, mais il y a des règles, démocratiques et il est trop facile de les incriminer. Elles ont une logique. Si je comprends, le FN n’accepte que les règles qui le favorisent : il se regarde le nombril au lieu de regarder la France
@ Lowcarber
Ce n’est pas 1,5% des députés qui bloqueraient une majorité… Les Français confirmeront aux législatives le vote de la présidentielle, comme en 2002.
@ Anonyme
Les régionales seront intéressantes
Grand succès quand même. Se baser sur les sondages pour le relativiser est abusif. Les sondages, surtout sur des départementales, sont une science très inexacte. En revanche, bien d’accord sur la réalité du FN. Pour moi, il n’y a pas la moindre ambiguité.
@ Bip
Merci pour l’information
@ Jard
Cela fait plusieurs années que je reconnais que le vote FN est un vote social. Mais la pauvreté peut légèrement reculer si la conjoncture s’améliore, sous l’effet d’une bulle, jusqu’à un nouveau krach, qui pourrait permettre une prise de conscience
@ Laurent
RépondreSupprimer"la pauvreté peut légèrement reculer si la conjoncture s’améliore, sous l’effet d’une bulle, jusqu’à un nouveau krach, qui pourrait permettre une prise de conscience"
C'est un cas de figure possible, mais sans doute pas le plus probable. A priori on se dirige vers une majorité UMPS en 2017, le FN butant contre le plafond de verre qui s'est manifesté aux départementales : l'absence d’alliés. Dans ce cas, il pourrait s'installer dans l'opposition en attendant que les événement sociaux ou financiers disloquent le bloc néolibéral, ou bien s'orienter vers le débauchage d'une partie de l'UMP autour des interprétations les plus réactionnaires de leurs programmes réciproques. Dans les deux cas, nulle "prise de conscience" ne nous délivrera de l'hégémonie du FN sur l'opposition.
Il s'agit bien toujours de construire un bloc républicain capable de contrarier les dérives liberales-communautaristes qui pourraient tenter un partie du FN, ou bien d'incarner l'alternative en cas de ralliement du FN au "système".
Pour construire un tel bloc républicain, il faudra partir de ce qui existe, même si trop petit et imparfait, à savoir DLR, et de renforcer les liens avec les "républicains de gauche", de plus en plus marginalisés par leurs appareils. Avez-vous une autre stratégie à proposer ?
@Laurent
RépondreSupprimerle FN a fait 12.5% aux legislatives de 2002, si Marine perd 45/55, ils auront a minima entre 50 et 100 deputes aux legislatives de 2017 ( 30%-35% des votes, le mode de scrutin commencant a les avantager a ces niveaux)
Ni la droite ni la gauche ne pourra avoir une majorite.Ce sera un evenement pur nos politiques ;-)
@LH,
RépondreSupprimerDans l'hypothèse où vous auriez une définition de la notion d'extrême droite... n'hésitez pas à l'exposer. Que serait un monde où les mots n'auraient pas de définition ou manqueraient d'une définition précise ?
RépondreSupprimer@ J Halpern
Je pense que nous allons répéter le scénario post-2001. Après, je suis d’accord pour dire que rien n’est définitivement joué. Je me demande si le FN ne pourrait pas dépouiller l’UMP en s’en rapprochant dans le cas où Sarkozy porterait ces couleurs en 2017. Un positionnement néoconservateur libéral pourrait faire beaucoup de mal à l’UMP. D’accord sur la constitution d’une alternative. DLR est le premier candidat, mais la voie choisie n’est pas facile.
@ Lowcarber
Les départementales infirment votre jugement. 1,5% des cantons gagnés…
@ Anonyme
Un peu ras-le-bol de me répéter. Cliquer sur « Heureusement ».
Hein, Laurent, que serait un monde sans définitions ?
SupprimerTu ignorerais ce que sont les extrêmes et tu serais donc incapable de différencier le pôle sud et l'Arctique. J'sais pas si tu te rends compte, des fois que tu voudrais voyager.
Tu ne saurais pas non reconnaître ta droite et ta gauche et, là, bonjour les accidents ! et pas seulement au moment des élections. Sans compter les problèmes pour t'alimenter si ta main ne réussit pas à saisir correctement ta fourchette et ton couteau. Tu vois, Laurent, il s'agit là d'une question d'importance pour ta survie. Alors, s'il te plaît, prend la peine de faire des définitions. Pour toi et pour tes lecteurs.
DemOs