vendredi 20 mars 2015

Petit progrès pour la fin de vie

Mardi, les députés ont voté en faveur de la proposition de loi Leonetti-Claeys concernant la législation sur la fin de vie. Après le rejet mercredi dernier de l’amendement introduisant un droit à l’euthanasie active, cette proposition de loi une toute petite évolution dans le cadre juridique encadrant la fin de vie.



Un débat extrêmement délicat

La législation sur la fin de vie est un sujet extrêmement délicat et dont il est souvent difficile de débattre tant les opinions sont parfois à fleur de peau, que ce soit de la part des opposants comme des partisans. Et c’est bien naturel. Il est donc important de respecter l’opinion de l’autre mais aussi de consacrer suffisamment de temps au débat, car il ne s’agit pas d’une question qui peut être traitée superficiellement. Cela impose de se pencher en profondeur sur tous les cas, pour prendre des décisions qui respectent le plus possible l’être humain et éviter tous les excès potentiels qui freinent assez naturellement l’évolution dans ce domaine, avec la crainte de porosité entre euthanasie et crime intéressé.

Il faut dire que le débat sur l’euthanasie ressurgit souvent par les médias. On peut se souvenir de Chantal Sébire, cette femme défigurée par une maladie extrêmement douloureuse qui souhaitait une aide médicale pour mettre fin à sa vie, et non se suicider. La loi Léonetti ne permettait qu’une euthanasie passive, à savoir le fait de ne pas nourrir le patient, qui peut alors mourir dans des souffrances guères acceptables. On pense également au cas de Vincent Lambert, un tétraplégique maintenu en vie depuis 2008 suite à un accident de la route, dont la famille se déchire sur le sort, et où le Conseil d’Etat avait ordonné l’arrêt de son alimentation avant que la Cour Européenne ne l’oblige à le réalimenter.

Une synthèse à la Hollande ?

Alors que François Hollande s’était prononcé en faveur de l’euthanasie pendant la campagne présidentielle, sondages aidant sans doute, le projet de loi ne va pas aussi loin que ce que les partisans de l’euthanasie (dont je fais partie) espéraient. En effet, comme le précise le Parisien, les députés ne se sont bien d’accord que sur « un droit à une sédation en phase terminale, pour les patients atteints d’une maladie incurable, avec un pronostic vital engagé à court terme et dont le traitement provoque des douleurs impossibles à soulager ». Il s’agit uniquement « d’endormir le patient, déjà en fin de vie, pour supprimer ses souffrances jusqu’au décès » et non l’injection d’un produit létal.

Bien sûr, l’option la plus radicale pose énormément de questions, et notamment la volonté bien naturelle d’éviter le moindre abus, qui pourrait remettre légitimement en cause le principe d’aider directement les personnes à mourir. Bien sûr, il faut être absolument certain des souhaits de la personne concernée. Il faut également être certain que sa situation est inextricable. On peut penser, par conséquent, qu’il faut l’avis de plusieurs médecins par principe. Mais à partir du moment où ces conditions sont réunies, n’est-il pas plus humain de donner la possibilité, à ceux qui le souhaitent vraiment, de pouvoir abréger activement une vie qui n’aurait plus d’avenir, et pas simplement les endormir ?


Naturellement, j’aurais préféré que l’Assemblée aille plus loin, même en mettant des conditions très strictes, qui auraient surtout été là pour éviter le moindre dérapage. La synthèse hollandaise semble l’avoir encore emporté. Mais on peut penser que ce n’est qu’une étape.

1 commentaire:

  1. Dans la loi Léonetti de 2005 et un arrêt du Conseil d'Etat, l'hydratation et la nutrition sont considérées comme des traitements médicaux : est- ce un progrès ? est - ce de l'acharnement thérapeutique ? http://minilien.fr/a0nraa
    La Loi Léonetti de 2005 visait le développement des soins palliatifs : 10 ans après, est - ce qu'il y a du progrès ? c.f http://minilien.fr/a0nra9 . Après en avoir parlé avec plusieurs aide-soignants,infirmières et médecins, plusieurs m'ont dit : que vous si ne faites pas un effort dans cette voie des soins palliatifs, nous devrons abandonner notre clause de conscience (un des piliers de leur métier comme expliqué ici : http://minilien.fr/a0nra8 . Et que des directives anticipées qui deviendront obligatoires rendront encore plus difficiles leur travail. Devons - nous avoir des cas comme Angèle Liéby (lisez son livre "une larme m'a sauvée"), Terry Wallis, Rom Houben ou à Nassim à Oberhausbergen ou Robin Richard pour se poser des questions sur ce sujet si sensible ?.... Une dernière question : quel est le vote de Nicolas Dupont Aignan sur le vote ? Il n'est pas mentionné dans les votes des non - inscrits du site de l'Assemblée Nationale (ni dans les mises au point) ? De la peur ? D'autres priorités existentielles ce jour - là ?

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