Il y a
quelques semaines, Syriza
semblait avancer vers une capitulation de son programme au nom de sa préférence
européenne, à la grande déception de ceux qui, comme moi, espéraient une
libération du peuple grec de l’oppression austéritaire. Ces derniers jours
font renaître l’espoir.
Les
jokers chinois et russe
Coralie
Delaume, dans
le FigaroVox, puis
sur Marianne, se demande « Et
si les Grecs préparaient leur sortie de l’euro avec l’aide de…
Poutine ? ». Il faut dire que le timing du Premier ministre
grec est assez fort : alors qu’il doit payer demain 458 millions au FMI,
il est en visite aujourd’hui en Russie, le moyen de signifier aux dirigeants
européens qu’il a un plan B au cas où Bruxelles n’accède pas à ses
demandes ? Sur son blog, Jacques
Sapir souligne aussi l’enjeu géopolitique qui émerge sur la scène européenne.
L’économiste en fait le possible « acteur du grand basculement ».
Les deux pays ne cessent de souligner leurs liens et leur proximité, y compris
dans la lutte contre le nazisme.
En outre,
Athènes dispose également d’une carte chinoise dans son jeu. A ce titre, comme
le souligne bien Coralie Delaume, la poursuite de la privatisation du port
du Pirée est à double tranchant. Bien sûr, elle peut sembler contradictoire
pour un parti de gauche radicale, mais elle représente aussi un geste envers la
Chine puisque c’est une société chinoise qui en bénéficie. Pour elle, « Athènes
a envoyé par ce biais un signal amical à la Chine, à la suite de quoi Pékin
s’est empressé de racheter cent millions d’euros de bons à court terme »,
alors même que la BCE « avait
demandé quelques jours auparavant aux banques commerciales hellènes de ne plus
acheter de bons du Trésor du pays »…
Plus
ferme avec l’Europe ?
Mais ce
faisant, comme
le soutient Romaric Godin dans la Tribune,
Athènes a renversé la situation. Pour lui, « en
agissant avec prudence et détermination, Alexis Tsipras a su contourner la
stratégie du ‘nœud coulant’ des Européens. Désormais, la pression est de
nouveau sur Angela Merkel ». Il note qu’aujourd’hui, le temps
semble jouer contre les dirigeants européens et que le Premier ministre grec ne
cesse de renforcer son jeu en jouant la carte russe comme il le fait
aujourd’hui. Ce faisant, l’Europe pourrait être prise au piège d’un choix cornélien,
entre pousser Athènes dans les bras de la Russie, et
risquer d’enclencher la destruction même de leur tour de Babel monétaire,
ou beaucoup céder à Syriza.
Bien sûr, il
est encore trop tôt pour juger définitivement la stratégie d’Alexis Tsipras,
mais les évènements des derniers jours semblent indiquer que la partie est
encore assez ouverte. La possibilité d’une escapade russe pourrait pousser les
dirigeants européens à plus de souplesse. Ou, à la rupture ?
Les déclarations sont contradictoires, il faut donc attendre pour voir ce qui va sortir de tout ça. Mais il n’y a pas de solution pour la Grèce en dehors de la sortie de l’euro, je ne comprends donc pas les tergiversations de Tsipras ni pourquoi il a perdu deux mois dans des négociations qui ne peuvent rien donner.
RépondreSupprimerDeux mois c'est long... et c'est si court, il faut aussi que les gens puissent continuer à vivre pendant la "transition" Un peu de patience, je ne vois pas comment il pouvait faire autrement
SupprimerVivement la rupture ! Le 25 mars lors de la fête nationale grecque Varoufakis a demandé à ses interlocuteurs de soutenir le gouvernement grec en cas de rupture d'avec l'UE.
RépondreSupprimerC'est un jeu subtil, comme du billard à plusieurs bandes, auquel joue le gouvernement grec en déjouant le noeud coulant européen par une alliance de revers avec la Russie voire la Chine. A suivre donc !
« Et Tsipras commit l’irréparable : la Grèce part chercher de l'argent à Moscou. Après avoir obtenu du FMI les moyens de passer le mois d’avril, les négociateurs de Bruxelles qui doivent définir un plan d’aide à long terme ont suspendu les discussions faute d’avoir reçu les engagements de réforme. Le Premier ministre grec a préféré partir hier soir pour Moscou. Pour les pays de la zone euro c’est une provocation de plus. Les banquiers allemands, relayés par la presse, sont formels. La Grèce sera en faillite le 9 mai. Le pays avait obtenu un sursis grâce à un financement du FMI qui va lui permettre de tenir jusqu’à la fin du mois. Mais sans nouvelle aide internationale à long terme, la Grèce ne pourra pas aller au-delà du 9 mai. »
RépondreSupprimerhttp://www.atlantico.fr/decryptage/et-tsipras-commit-irreparable-grece-part-chercher-argent-moscou-atlantico-business-jean-marc-sylvestre-2080533.html
Je me demande où le délirant Jean-Marc Sylvestre ait allé chercher que la Grèce a obtenu un financement du FMI pour passer le mois d’avril, alors que c’est au contraire elle qui s’est engagée à payer au FMI l’échéance du 9 avril sur laquelle il y avait un doute quant à la possibilité de la Grèce d’honorer cet engagement.
http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/la-grece-paiera-les-460-millions-d-euros-dus-au-fmi-le-9-avril-466679.html#xtor=AL-13
Sur le fond je crains toujours que la Grèce finalement se soumette aux créanciers pour éviter de sortir de la zone euro. Écoutez l’économiste Frédéric Lordon à ce sujet :
http://www.politis.fr/La-Grece-doit-sortir-de-l-euro,30701.html
Saul
Il faut revenir à cette belle citation je crois de Rockfeller, mais ne suis plus sûr...
RépondreSupprimer'Quand je dois 1 million de $ à mon banquier, mon avenir dépend de lui. Quand je lui dois 1 milliard de $, son avenir dépend de moi.'
Tous les prêteurs ont une fâcheuse tendance à oublier cela ...
C'est comme les électeurs envers leur politicien ...
Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent ... ou qui y croient !
Les grecs peuvent aller voir chez Poutine, mais si une nouvelle fois ils finissent par ne pas rembourser leurs prêts cette fois ci aux russes, ca risque de se terminer autrement plus mal qu'avec l'UE, ils auront à faire avec l'armée russe, tout comme l'Ukraine. Sans compter que leurs relations commerciales avec l'UE sera altérée voire sous blocus du fait de leur union avec la Russie et l'ardoise qu'ils laissent à l'UE.
RépondreSupprimerOn peut rajouter qu'il s'agira d'un fort risque de déstabilisation des Balkans, zone historiquement instable, à quelques encablures des chaudrons syrien, ukrainien et palestinien.
Je ne me réjouirais pas trop vite d'une sortie de la Grèce de l'UE, voire de l'OTAN, tout ça pourrait vite très mal finir sur le plan géopolitique.
Possible, l'analyse n'est pas fausse, et le risque est grand, mais l’Europe des banquier en est plus que responsable, et les marionnettes qu'ils ont mis au pouvoir dans toute l’Europe, ont trop à perdre pour les contrarier, alors qu'ils ont toutes les cartes légales en main pour les mettre au pas, il suffit qu'ils informent "honnêtement" les citoyens de leurs États, et qu'ils se soumettent à un référendum (ont peut toujours rêver "voir 2005"). Conclusion, la bombe est amorcée, et je ne connais pas la longueur de la mèche, ni celui susceptible de la désamorcé
Supprimerle deal avec la Russie n'est pas tant un (des ?) pret mais plutôt la possibilité d'installer une base navale en Méditerranée.
Supprimerles Russes envisagent la perte de leurs positions en Syrie et la Grèce est particulièrement bien placée.
ne serait ce que pour protéger l'acces à la mer noire.
les Dardanelles, ça ne vous rapelle rien ?
C'est terminé : il n'y a plus de politique européenne commune.
RépondreSupprimerLa Grèce vient de détruire la politique européenne commune.
Mercredi 8 avril 2015 :
Le Grec Alexis Tsipras veut la fin des sanctions contre la Russie.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a appelé mercredi à Moscou l'UE à "abandonner le cercle vicieux des sanctions" contre la Russie. Il a estimé que la mise en oeuvre des accords de paix de Minsk reste "la clé" pour résoudre la crise ukrainienne.
http://www.romandie.com/news/Le-Grec-Alexis-Tsipras-veut-la-fin-des-sanctions-contre-la-Russie/582456.rom
Je dis bravo Tsipras !!! Ah la belle politique européenne commune d'appauvrissement et d'asservissement des peuples à la finance...Si quelqu'un renverse la table tant mieux
SupprimerEnfin un gouvernement avec des couilles. C'est quand même surréaliste de voir un pays faisant parti d'une union, donc normalement de solidarité, être obligé d'aller voir la Russie et la Chine.
RépondreSupprimerCette Europe là est une U(e)RSS, des autocrates aux pouvoirs, déni démocratique, une construction basé sur la prédation et le darwinisme sociale.
L'Allemagne de Merkel a une lourde responsabilité mais également la France et le syndrome de Vichy, en dessous de tout et notamment sur l'UE alors qu'on a les moyens de peser sur la direction.
Avec les ex soviétiques, nous aussi européens allons savoir ce qu'est l'éclatement d'une zone unifié.
Cette (dés)union européenne n'est absolument pas crédible un seul instant. Elle a démontré jour après jour qu'elle était au service des financiers, positivement en leur donnant tous les droits et avantages et négativement en ne prenant aucune sanction. Le dernier exemple en date est la nomination de celui qui a fait un bras d'honneur aux Etats et citoyens de l'UE en encourageant "l'optimisation fiscale", je veux parler de Juncker à la tête de la Commission. L(a)' (dés)union européenne affiche par ailleurs très clairement ses choix ultra-libéraux en se servant des traités et des situations difficiles traversées par certains Etats comme d'un levier pour détruire les systèmes économiques et sociaux existants. Ce faisant, elle se substitue directement aux Etats concernés pour décider, ce qui est proprement inacceptable.
SupprimerJ'espère bien que Tsipras va donner une bonne leçon à ce ramassis de technocrates et de politiciens serviles.
DemOs
Effectivement ,vous avez sorti la bonne comparaison:,la servilité de la France vis à vis de L'Allemagne est comparable à celle du régime de Vichy....Quant à la quasi -unanimité de nos députés pour l'Euro elle est aussi comparable à celle du 10Juillet 1940 pour donner les pleins pouvoirs à Pétain (540 voix contre 80 environ)
SupprimerA lire sur le site lescrises.fr d'Olivier Berruyer un article sur ce sujet daté du 5 avril et signé par Romaric Godin : "comment Tsipras a renversé la situation".
RépondreSupprimerDemOs
La lecture des articles consacrés à Tsipras m'amène à relever le fait suivant qui est d'importance : "la Banque Centrale Européenne a déconseillé aux banques privées grecques d’accepter de nouveaux bons à court terme émis par l’Etat grec".
RépondreSupprimerComme quoi la BCE est vraiment indépendante. Oui, indépendante du pouvoir démocratiquement élu, mais certainement pas du pouvoir économique qui veut faire plier la Grèce en jetant son programme politique aux orties. Encore une élément à charge contre ces institutions nuisibles de l'UE qu'il nous faut balayer. Le plus tôt sera le mieux.
DemOs
@ Moi
RépondreSupprimerPas faux. On pourra juger dans quelques semaines, ou quelques mois.
@ Jean-Louis
Un scénario de rupture rapide était aussi possible, même s’il était sans doute difficile
@ Saul
Merci pour les liens
@ Anonyme 10:51
Très juste
@ Anonyme 18:09
Difficile de faire pire que 2010-2014. L’Argentine s’est redressée en quelques mois malgré un défaut qui avait également provoqué des problèmes.
@ BA
Merci pour les liens
@ Anonyme 18:56
Pas faux
@ Démos
Bien d’accord. Le papier de Romaric Godin est en lien dans mon papier
L'Argentine redressée ? Ah bon...
RépondreSupprimerBon débarras !
RépondreSupprimer"Premièrement, ces institutions ne laissent que le choix d’être souffertes, ou détruites, ou quittées – et rien d’autre."
RépondreSupprimerhttp://blog.mondediplo.net/2015-04-06-Lecons-de-Grece-a-l-usage-d-un-internationalisme