Dimanche, l’homme
d’affaires (nom bien trouvé pour lui) s’est répandu sur Europe 1 pour
continuer à essayer de se faire passer pour une victime, entre
argumentation juridique bancale et sentimentalisme destiné à émouvoir dans les
chaumières. Quelle fraude !
Vis ma
vie, romancée
Bernard
Tapie a souvent construit son parcours sur la victimisation. Ses
péripéties judiciaires lui fournissent une occasion en or pour continuer de la
sorte. Il aurait donc été arnaqué par sa banque, qui lui aurait racheté à
vil prix Adidas, alors qu’elle n’en avait pas le droit (ce qui est juste), pour
faire ensuite un gros bénéfice sur son dos. D’ailleurs, l’ancien
patron du Crédit Lyonnais, Jean Peyrelevade, serait un « escroc ». Puis, il
serait victime d’un règlement de compte politique par des juges sous influence
qui voudraient sa peau. Mais même si quelques médias tendent parfois à
accréditer cette version de l’histoire, une
étude un peu approfondie des affaires Tapie condamne cette interprétation.
D’abord, il
est tout de même paradoxal que Bernard Tapie s’en prenne à Jean Peyrelevade, alors
que la vente d’Adidas a été conclue avant qu’il arrive au Crédit Lyonnais.
L’ancien patron de la banque n’a fait que vendre une entreprise que son
prédécesseur avait rachetée à son créditeur dans des conditions douteuses. Dans
un entretien donné en 2013, il note qu’Adidas et Bernard Tapie étaient au bord
du dépôt de bilan fin 1992, et que l’entreprise avait été sauvée par une
injection d’argent de ses créditeurs, démontrant de facto que sa valeur d’alors
n’était pas très grande. D’ailleurs, le prix de session d’Adidas était conforme
aux souhaits de Bernard Tapie, qui s’en tirait par une opération blanche.
Une
double affaire d’Etat ?
Bien sûr,
près de deux ans après, le Crédit Lyonnais fait un gros profit en vendant
Adidas, mais
entre temps, avec de nouveaux dirigeants, l’entreprise a été redressée, chose
que n’avait pas réussie Tapie. Du coup, ce joueur bonimenteur a vu une opportunité
de demander en justice une partie des bénéfices réalisés par le Crédit Lyonnais
sur sa transaction de fin 1994. Comme si, après avoir vendu des actions d’une
entreprise s’étaient fortement appréciées 21 mois plus tard, il était possible
d’aller chercher celui qui les avait achetées pour partager les bénéfices qu’il
aurait fait en les vendant ? Une
idée absolument absurde et totalement ubuesque, trop peu soulignée par les
commentateurs.
Devant les
lenteurs et la relative hostilité de la justice, Bernard
Tapie, après avoir déclaré sa flamme à Nicolas Sarkozy, a curieusement
bénéficié d’un arbitrage très favorable quelques temps après l’élection de ce
dernier, alors que les deux hommes s’étaient souvent rencontrés (on se demande
bien pourquoi…) Heureusement, après
avoir notamment décelé un grave conflit d’intérêt dans le choix des arbitres du
jugement, la justice a fini par casser l’arbitrage, même si rien n’est
définitif en la matière. Là encore, il est difficile de ne pas soupçonner
fortement un accord fait sur notre dos, avec un chèque extravagant et indécent
de 400 millions pour renflouer l’homme d’affaires.
Tapie
a bien du culot de traiter Peyrelevade d’escroc, lui qui a nettoyé les écuries
d’Augias laissées par son prédécesseur. Mais parfois, plus c’est gros, plus
ça passe, surtout vingt ans après, quand les mémoires défaillent. L’escroc,
c’est Bernard Tapie, et
sans doute François Mitterrand et Nicolas Sarkozy…
Coquille : "Dans un entretien donné en 2013, il note qu’Adidas et Bernard Tapie étaient au bord du dépôt de bilan fin 2012, et que l’entreprise avait été sauvée par une injection d’argent de ses créditeurs"
RépondreSupprimerLire 1992 et non 2012 ?
Merci. Je corrige
SupprimerBernard Tapie a eu plusieurs vies : chanteur, homme d'affaires, patron de l'OM, politicien et comédien. C'est en comédien que je le préfère, il est même excellent dans le rôle...du commissaire.
RépondreSupprimerIl devrait se contenter de ce qu'il sait faire le mieux (c'est grâce à ses talents de comédien qu'il a bluffé tant de monde dans les affaires, la politique et le football) mais je n'ai guère d'espoir car il aime trop l'argent.
Ivan
@ Laurent Pinsolle
RépondreSupprimerVoici Todd dans toute sa laideur ...
http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20150428.OBS8114/emmanuel-todd-le-11-janvier-a-ete-une-imposture.html
@ fiorino
SupprimerQuand Todd déclare : "lorsqu’on se réunit à 4 millions pour dire que caricaturer la religion des autres est un droit absolu ...", le démographe, qui sait prendre le contrepied des idées reçues, se livre à une analyse de café du commerce, comme tant d'autres l'ont fait sur le moment. Comme quoi on peut être intéressant et écrire des âneries qui ne reposent sur rien d'autre que des impressions personnelles.
DemOs
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