mardi 12 mai 2015

VGE, Cohn-Bendit et l’Europe : le déni de démocratie, vous le voulez aristocratique ou religieux ?




La démocratie étouffée

Tout a commencé vendredi matin, où l’ancien président de la République, qui avait co-dirigé la rédaction de la Constitution Européenne que nous avions été 55% à rejeter en mai 2005, avant que nos parlementaires trahissent le peuple en votant un texte quasiment identique, le traité de Lisbonne, commentait le résultat de l’élection britannique. Il a soutenu que l’Europe était un sujet trop complexe pour demander l’avis du peuple. Curieuse assertion ! En quoi les textes européens seraient plus complexes que les lois nationales ou les choix démocratiques auxquels les électeurs sont confrontés à chaque élection. Si l’Europe est trop complexe pour demander son avis au peuple, c’est la voie ouverte à l’autocratie…

Mais lundi matin, Daniel Cohn-Bendit n’était pas satisfait par les propos de celui qui est un des pères de cette Europe. En effet, devant l’insistance de l’interviewer, il avait fini par admettre qu’il aurait voté Cameron. Rien de bien suprenant à ce qu’un homme de droite Français préfère le candidat de droite outre-Manche ! Sauf pour Daniel Cohn-Bendit. Parce que Cameron a promis un référendum sur la sortie de l’UE, alors un homme de droite véritablement européen devrait être prêt à voter pour la gauche pour éviter que le peuple n’ait à se prononcer sur la construction européenne. Le pire est que la figure de mai 1968 serait sans doute prêt à voter à droite pour éviter un référendum promis par la gauche…

Peuplophobie et autoritarisme

Ces deux interventions a priori anodines, sont extraordinairement révélatrices de la pensée d’une certaine élite. Difficile de ne pas y voir une véritable forme de xénophobie à l’égard de l’électeur moyen, pas assez intelligent selon Valéry Giscard d’Estaing pour saisir tout l’intérêt de ces traités européens qui n’ont pourtant pas permis à notre continent une grande prospérité depuis plus de trois décennies. VGE juge les électeurs trop bêtes. Il lui est sans doute plus confortable de remettre en cause le jugement des Français, qui ne l’ont pas réélu, plutôt que de se remettre en cause lui. Voici une attitude toute aristocratique guère surprenante de la part de celui qui fut le plus jeune président de la République.

Mais Daniel Cohn-Bendit n’est pas mieux, loin de là. Pour lui, mieux vaut trahir ses idées pour s’assurer que les électeurs n’auront pas leur mot à dire sur l’Europe. Celui qui défend tellement la liberté a une fâcheuse tendance à verser dans un autoritarisme antidémocratique. Il devrait être le premier à vouloir des élections pour défendre ses idées. Mais il se méfie tant de la démocratie qu’il veut à tout prix éviter les référendums et place sa religion européenne tellement haut qu’il préfère sacrifier ses idées plutôt que de donner au peuple la parole. Si cela continue, dans quelques années, les dirigeants chinois pourraient bien donner des leçons de démocratie aux hiérarques européens s’ils en viennent à leurs fins.


Il faut se souvenir de ce que VGE et Daniel Cohn-Bendit ont dit. Au détour d’une banale interview, ils ont révélé à quel point les ayatollahs eurolibéraux peuvent verser dans un vrai refus de la démocratie, ce qui confirme totalement la thèse du livre d’Emmanuel Todd, « Après la démocratie ».

11 commentaires:

  1. C'est un beau paradoxe que tu soulignes. En effet, de telles attitudes ne vont pas renforcer la popularité de l'UE.

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  2. C'est pas beau de tirer sur un corbillard et sur une ambulance ! ;-)

    Guadet

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  3. Ces réactions ne m'étonnent pas. En outre, n'oublions pas que des financiers de la City sont pro-européens et auraient sans doute, pour certains, préférés la victoire des travaillistes ou des libéraux. L'euroscepticisme des conservateurs ne leur plaît pas.

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  4. Ne parlez pas d'élites, ce qui sous-entend que ces gens seraient ce qu'il y a de mieux, mais de classes dirigeantes.
    A propos de notre si merveilleuse société, dans laquelle nous ne sommes que rien si nous ne faisons pas partie de ces classes-là, j'ai une petite histoire personnelle. Je viens d'être dégagé de mon poste* que j'occupe depuis octobre dernier en 48 heures chrono dans une ancienne entreprise publique sans motif et sans poste alors que rien ne n'avait été reproché jusque là, au contraire. J'ajoute que j'ai 60 ans et que les "charges" en personnel de l'entreprise dérivent dangereusement, notamment pour la directrice régionale qui ne saurait en subir les conséquences. Quel rapport avec l'article d'aujourd'hui ? Hé bien, tous ces salauds nous font de beaux discours et n'ont qu'une seule obsession : empocher la maximum d'argent. Regardez leur histoire de plus près !

    * je précise que j'ai la chance d'être fonctionnaire et que je subis donc des pressions psychologiques, le licenciement étant (malheureusement pour ma hiérarchie) impossible.

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  5. Au sujet des élites et des leaders : « Si vous réformez, si vous expliquez, si vous êtes décidé, si vous êtes leader, il n’y a pas de place pour le Front national. Notre erreur est de ne pas avoir assez expliqué que la mondialisation peut être une opportunité si elle est bien gérée (Macron) » Article sur le site lescrises.fr du 12 mai 2015.
    Alors, on dit merci qui ?

    DemOs

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  6. D'un autre côté, quand vous constatez que nombre d'électeurs souscrivent des prêts à 30% sans se poser de questions, on peut se poser des questions sur leur intelligence. De même pour des élus signant des prêts indexés sur les taux du franc suisse. Il est assez plausible de supposer que les électeurs ne comprennent rien.

    J'ai encore eu récemment une discussion avec un gars qui ne comprenait rien à la comptabilité TVA.

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  7. 19 mai 1974 – 19 mai 2015 : les années de construction européenne.

    Le 19 mai 1974, il y a 41 ans, c'était l'élection de Valéry Giscard d'Estaing. C'est une gigantesque rupture dans l'histoire de France. L'européiste Valéry Giscard d'Estaing succède aux souverainistes Georges Pompidou et Charles de Gaulle.

    Depuis mai 1974, les européistes du centre, les européistes de gauche, les européistes de droite dirigent la France, sans interruption.

    Depuis mai 1974, tous les présidents de la République et tous les premiers ministres ont comme priorité numéro un : la construction européenne.

    Depuis mai 1974, les élites politiques et les élites médiatiques nous expliquent que plus on fera l'Europe, mieux ce sera.

    Depuis mai 1974, la majorité du peuple français a cru les belles promesses des européistes, la majorité du peuple français a voté pour les européistes ...

    ... mais le résultat a été exactement le contraire de ce qui avait été promis.

    Depuis mai 1974, cette construction européenne aboutit à un désastre industriel, à un désastre économique, à un désastre financier, à un désastre social, à un désastre moral, à un désastre démocratique, à un désastre politique.

    Mais cette période se termine.

    Dans les années qui viennent, les partis politiques européistes vont être balayés par les peuples en colère, par les passions nationales, par les fureurs populaires.

    Voici ce qui va se passer en France :
    - effondrement
    - et ensuite révolte
    - et ensuite libération de la France
    - et ensuite épuration.

    L'Histoire est un éternel recommencement.

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    1. Ajoutez "désastre diplomatique et désastre culturel".
      Sous Giscard, on espérait que l'Europe serait une manière pour notre civilisation de connaître une nouvelle période faste. Tout est fait au contraire pour la dénigrer et l'écraser. Nous sommes si loin de l'union culturelle et du dynamisme que l'Europe a connu à l'époque de la Chrétienté. Pour ce qui concerne la culture, les frontières n'existaient pas alors. Mais le souvenir même de cette grandeur est condamné et interdit. On ne doit en retenir que la légende noire, celle racontant un obscurantisme d'avant le XVIIIe siècle, avant le libéralisme économique et le technicisme productiviste.
      Le latin, qui a été la langue européenne, est aujourd'hui banni, interdisant à nos descendants l'accès direct à nos textes fondateurs. Promu à nouveau comme langue officielle, il aurait permis un nouveau développement original de notre civilisation, perspective inacceptable pour les américains qui veulent garder le contrôle et déploient depuis le plan Marshall une politique d'hégémonie culturelle agressive, mais aussi pour les eurocrates qui méprisent notre culture et ne rêvent que de gouvernement mondial.

      Guadet

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  8. @ Le Parisien Libéral

    Merci

    @ Guadet

    ;-)

    @ JJS

    Juste

    @ Démos

    Effarant. Merci pour l’info

    @ Anonyme

    Parfois, ils n’ont pas d’autres choix

    @ BA

    Un peu noir. J’espère que l’issue sera douce

    @ Guadet

    Triste en effet

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  9. Dans les années qui viennent, les partis politiques européistes vont être balayés par les peuples en colère, par les passions nationales, par les fureurs populaires.

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