mardi 2 juin 2015

Cette Chine qui réussit en refusant les potions néolibérales


Dirigisme contre néolibéralisme



The Economist a publié un papier passionnant sur l’agriculture chinoise, dénonçant la forte augmentation des subventions, passées de 1,4 à 2,3% du PIB en 15 ans, soit la bagatelle de 165 milliards de dollars. A titre de comparaison, la PAC a un budget d’environ 50 milliards, soit 0,5% du PIB de l’UE. En clair, la Chine consacre près de 5 fois plus d’argent en proportion de sa richesse nationale que les européens. Et The Economist souligne que Pékin permet donc aux prix agricoles d’être sensiblement supérieurs aux prix mondiaux pour assurer son indépendance alimentaire, appliquant finalement des recettes assez proches de celles de la PAC, avant que l’UE ne cède aux sirènes néolibérales.



Il faut dire que la Chine connaît bien les recettes protectionnistes, qui sont à la base de son modèle de développement économique, comme même The Economist l’a reconnu. Ce faisant, Pékin n’a fait que suivre le chemin tracé par le Japon et la Corée du Sud. Pour développer son industrie automobile, la Chine n’avait pas hésité à imposer des droits de douane de plus de 100% pour imposer aux constructeurs internationaux d’y construire des usines, en partenariat avec des locaux… Et il en va de même d’un point de vue financier puisque Pékin ne laisse pas le yuan flotter librement et refuse la libre-circulation des capitaux, pourtant une des exigences classiques des potions économiques néolibérales.

La question démocratique

Il ne s’agit de dire que la Chine serait un modèle indépassable. On peut penser que la démocratie est un pré-requis essentiel pour nos sociétés. D’ailleurs, curieusement, on voit chez certains néolibéraux une forme de fascination pour la réussite de certains modèles autocratiques. Dans un dossier réalisé il y a deux mois par The Economist sur Singapour, pouvait poindre une forme de relativisme sur le caractère non démocratique du régime de la Cité-Etat, sans oublier que le journal oubliait que sa réussite économique devait largement à sa petite taille et à sa position, comme le Luxembourg ou la Suisse sur le continent européen. Mais le néolibéralisme n’est pas toujours démocratique

Mais sans renoncer à ses idéaux démocratiques, on peut également respecter la Chine et le chemin qu’elle prend. Après tout, le Japon et la Corée du Sud ont évolué progressivement et lentement vers des régimes de plus en plus ouverts et démocratiques. Après tout, la Chine pourrait évoluer de la même manière et on trouve quelques premiers signes de cela dans une plus grande liberté des citoyens, qui gagnent un mot à dire dans les affaires locales, à travers les nouvelles technologies. Et de toutes les façons, il faut respecter le chemin pris par les sociétés et ne pas céder à un tropisme français. Les interventions des 15 dernières années montrent qu’un mode de fonctionnement ne s’impose pas.

Merci donc à la Chine de démontrer que la religion néolibérale n’est qu’une religion totalement abstraite, si souvent contredite par une réalité que ses missionnaires, dont quelques uns sévissent régulièrement sur le blog, préfèrent ne pas voir, dans leur vision du monde en noir et blanc. 

14 commentaires:

  1. Normal, les dirigeants chinois quoique communistes sont aussi des patriotes qui sont en passe de réussir un objectif historique : effacer les traités humiliants du 19è siècle et faire en sorte que leur pays redevienne la première puissance mondiale. Chapeau bas, Messieurs !

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    1. Impossible avec une natalité en chute libre et une surplus des naissances masculines la Chine est un pays de vieux.

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  2. "Normal, les dirigeants chinois quoique communistes sont aussi des patriotes"

    Ouais, des patriotes qui s'en mettent plein les poches, qui n'hésitent pas à réprimer la population, et dont les affaires de corruption se multiplient comme des petits pains.

    La "réussite" chinoise n'a rien à voir avec le protectionnisme, ils fabriquent en Chine pour la simple raison que longtemps les salaires y étaient bas et que les entreprises étrangères n'avaient pas besoin d'être poussées pour s'y implanter, vu l'avantage coûts.

    Les entreprises chinoises délocalisent à leur tour, en Afrique entre autres, de plus en plus. La croissance y était forte car quand on part d'un PIB très bas, il est bien plus aisé de faire de la croissance.

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  3. La Chine est tournée vers un monde libéral !
    C'est la même histoire que l'écolo qui ne traite pas son champ, au milieu de autres champs traités !
    Amike

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  4. Il est cocasse qu'un souverainiste français prétendant lutter contre le capitalisme et les inégalités sociales fasse l'éloge de la Chine qui est un pays hyper-capitaliste avec d'incroyables inégalités sociales et quasiment pas de couverture sociale, donc exactement ce que souhaitent les néolibéraux. La Chine est le meilleur élève du néolibéralisme et ce clown d'Herblay n'y voit que du feu.

    Herblay a perdu la tête, si tant est qu'il en eût une un jour. Il lui reste une carrière de bateleur de foire capable de vendre des lasagnes à la viande de cheval avariée. Il ferait bien de lire les livres de Raymond Aron, ça lui éviterait de raconter autant de stupidités.

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  5. La Chine a mené une politique exportatrice mercantiliste en exploitant sa population avec des bas salaires et pas de protection sociale, ce que veulent faire en Europe la Troika sous l'influence de l'Allemagne.

    Herblay trouve l'incroyable culot de nous servir sa soupe souverainiste en prenant la Chine comme prétendu exemple anti-libéral, c'est tellement ridicule de bêtise que j'en reviens pas.

    Résumons donc, Herblay souhaite le retour au "souverainisme" au prix d'une destruction des protections sociales et de bas salaires, joli programme progressiste...

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  6. @ Anonyme 12h15

    Très juste

    @ Anonyme 13h48

    Juste sur la corruption et la répression. Mais les choses sont plus compliquées que les salaires, sinon, la Chine n’aurait pas eu besoin de mettre des droits de douane de 100% sur l’automobile.

    @ Amike

    Très juste

    @ Anonyme 20h17

    Non, la Chine n’est pas un pays hypercapitaliste puisque l’Etat y joue un rôle bien plus important que les néolibéraux ne souhaitent lui voir, idem sur le secteur financier, entre contrôle des changes et du cours de la monnaie, ou protectionnisme. Merci d’illustrer aussi parfaitement ma conclusion. Les néolibéraux sont des religieux totalement déconnectés de la réalité

    @ Anonyme 20h36

    Mon papier n’est pas un blanc seing de ce qui se fait en Chine. Merci encore une fois d’illustrer ma conclusion. Vous ne faites que déverser des caricatures et des faussetés, bien entendues non illustrées par des faits.

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    1. Sans blagues, le droit du travail en Chine n'est pas néolibérale ? Quand au très juste si la Chine voulait devenir la première puissance mondiale elle n'aurait pas continué avec une politique démographique désastreuses. Elle va devenir un continent de vieux on va voir les politiques non néolibérales pour le traitement des personnes âgées...

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    2. Mais le droit interne à la Chine est une chose, son organisation commerciale extérieure en est une autre, et c'est de la deuxième qu'on parle ici.

      La Chine en tant qu'entité se donne les moyens d'être souveraine, même si elle est tyrannique à l'intérieur de cette entité.

      Quant à la Chine "première puissance", regardez donc ce canard semi-officiel du PCC :

      http://www.globaltimes.cn/content/923355.shtml

      "For China, one bottom line is that the reclamation of these islands must be finished no matter what. If the US sets its bottom line on the condition that China must stop its construction work, then military confrontation will start sooner or later."

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    3. Il faudra que les adeptes de la natalité m'expliquent un jour, comment ils vont nourrir les 18.000.000.000 d'humains qui s'annoncent pour 2100 environ...bien au contraire la Chine a compris les enjeux...il suffit de maintenir la démographie avec des naissances équilibrées par les décès et de financer l'aide aux personnes âgées différemment...sinon on va crever, d'une part de faim et d 'autre part des fléaux apportés par la surpopulation que sont les guerres et les épidémies...

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    4. @ Axel
      Ah oui et la Chine a des naissance équilibrées ? Ecart énorme entre les naissances de garçons et des filles et natalité très en dessous du remplacement des populations. La Chine elle va laisser mourir les vieux sans aucune assistance vous allez voir.

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  7. "la Chine n’est pas un pays hypercapitaliste puisque l’Etat y joue un rôle bien plus important que les néolibéraux "

    Oui ça s'appelle le capitalisme d'état pour les membres de l'oligarchie du PCC, et avec des places comme Hong-Kong la Chine draine de colossaux capitaux privés vers son économie. De nombreuses entreprises étrangères y ont investi pour la simple raison que la main d’œuvre était bob marché, le protectionnisme n'a donc aucune utilité.

    C'est vous le néolibéral faisant l'éloge d'un pays qui représente l'un des modèles de Hayek, un pouvoir dictatorial permettant aux capitaux privés de s'investir sans entraves de droit du travail ou syndicales.

    De même les Chicago boys ont promu la dictature chilienne de Pinochet.

    C'est là qu'on voit toute votre attirance assez nauséabonde pour les pouvoirs autoritaires que vous justifiez par des pseudos réussites.

    Vous avez oublié de rajouter au tableau chinois des dévastations écologiques gigantesques. Vous êtes un ignare.

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    1. Les capitaux privés étrangers n'ont pas à s'embarrasser de droits du travail, certes !

      Mais les investisseurs privés doivent se soumettre à un Etat souverain qui impose des normes et des contraintes justifiables et aussi souvent abusives/injustifiables -obligation de s'associer à un entrepreneur chinois, par ex-.

      L'ignare, c'est pas plutôt celui qui choisit de ne prendre qu'une parti des éléments du tableau global pour se donner raison ?

      Il est fallacieux de votre part de faire comme si les gens soutenaient l'aspect dictatorial de la Chine, quand ils ne font que souligner les outils de politiques économiques employés par la Chine.

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  8. Abd_Salam3 juin 2015 12:10

    " souvent abusives/injustifiables -obligation de s'associer à un entrepreneur chinois, par ex-."

    Ah ouais, et en quoi l'obligation de s'associer à un entrepreneur chinois éventuellement incompétent est un avantage. Les gouvernements français ont parachuté des tas de d'énarques et autres copains bien franchouilles à la tête de grosse boites comme Areva qui se cassent la figure. La nationalité du dirigeant n'a aucun intérêt, seule compte sa compétence.

    L'Oréal a été dirigée avec succès par Lindsay Owen-Jones, un anglais...

    "Mais les investisseurs privés doivent se soumettre à un Etat souverain qui impose des normes et des contraintes justifiables"

    Ben justement, les contraintes de droit du travail et écologiques sont minuscules en Chine, un paradis pour les libéraux.

    Si vous voulez reproduire le modèle chinois, c'est simple et c'est ce que cherche à faire la troika ainsi que Macron.

    Herblay se plaint d'une UE dictatoriale menant au moins disant social, eh bien c'est le modèle chinois dans toute sa splendeur.

    Conclusion, vous êtes un idiot qui comprend rien.

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