Déjà, le
triomphe littéraire de Thomas Piketty avec son « Capital au 21ème siècle », avait marqué un coup de
barre à gauche par rapport aux
analyses de Joseph Stiglitz, pourtant déjà très critique des inégalités. Mais
The
Economist nous révèle la sortie d’un livre qui
accentue encore ce virage.
Anthony
Atkinson, mentor de Piketty
L’hebdomadaire
des élites globalisées commence le compte-rendu du livre d’Anthony Atkinson en
rappelant la place éminente du livre de Thomas Piketty dans le débat sur les
inégalités. Il rappelle que cet économiste britannique de 70 ans travaille
depuis 4 décennies sur le sujet, et qu’il a travaillé avec le jeune Piketty
pour reconstituer les historiques des hauts revenus et qu’il était son « mentor
académique ». Il vient d’écrire son livre « Inégalités : que peut-il être
fait ? », un
livre moins détaillé et moins philosophique que celui de Piketty, mais
« qui
évite la fadeur grâce à son soutien assumé à une intervention de l’Etat
forte ». Et la particularité de l’auteur est de faire quinze
propositions hautement politiques.
Il propose
une taxation plus forte des hauts revenus, qui s’en sont bien tirés depuis 35
ans, entre envolée des plus hauts salaires, et effondrement des taux marginaux
d’impôt sur le revenu, comme
le montrent les graphiques. Il défend un contrôle des salaires plus strict,
incluant
salaire minimum et salaire maximum. Il soutient que l’Etat
doit intervenir pour pousser des innovations qui favorisent tous les citoyens,
et pas les plus riches seulement (l’automatisation détruisant des emplois
peu qualifiés). Il semble proposer une
sorte de revenu de base à toute personnes contribuant à la société, dans
l’économie ou le service public. Et il défend un droit à l’emploi, dans
le service public si nécessaire.
Vers un
marxisme 2.0 ?
L’auteur ne se contente pas de faire des propositions tonitruantes. Il fait aussi une analyse de l’évolution de nos sociétés à laquelle The Economist trouve peu à redire, au point de titrer le papier « Attention à l’écart ». Outre le constat chiffré, il dit que les inégalités « punissent injustement ceux qui n’ont pas de chance. Elles pèsent sur la croissance économique et la cohésion sociale et peut-être le plus important, l’inégalité économique se traduit directement en inégalité d’opportunité personnel ». De manière très intéressante, il dit que les voitures automatiques pourraient détruire des millions d’emplois peu qualifiés et qu’on pourrait investir dans des outils qui complètent le travail des ouvriers.
Il souligne
que « le
confort et l’opportunité offerte par la richesse compte autant que la
consommation que cette richesse permet (…) le pouvoir économique aide à se
protéger de manière subtile » et rappelle que les plus riches font
bien davantage passer leurs intérêts (l’inflation contre l’emploi ou une baisse
des impôts au lieu d’investissements publics). Bien sûr, The
Economist critique l’interventionnisme de
l’auteur avec l’argument classique selon lequel la privatisation permet de
faire baisser le prix des anciens services publics, en citant le cas du
téléphone. Problème : l’éducation
supérieure, dont The Economist parle
souvent, montre l’exact contraire, comme
bien d’autres privatisations…
En
lisant cet article, on comprend que le
débat sur les inégalités finira tôt ou tard par revenir de manière forte dans
le débat public. On peut être surpris que ce ne soit pas encore le cas. Mais la multiplication des publications d'économistes indique que cela ne devrait pas tarder.
Charité bien ordonnée commence par soi même...
RépondreSupprimerA partir du moment où les "hauts revenus" ont pris le pouvoir économique et politique, pourquoi se priveraient-ils? Nous nous sommes tous fait avoir.
Vous pourriez aussi citer le pape François qui a tordu le cou à la théorie du ruissellement dans Evangelii gaudium et qui montre dans Laudato si' les ravages causés par les inégalités grandissantes.
RépondreSupprimerIl dénonce le fait qu'on a pris l'habitude de ne s'intéresser qu'aux problèmes des riches, avec à l'origine l'idée que par effet de cascade leur prospérité profiterait à tous, ce qui s'est révélé faux. Il montre que c'est au contraire aux pauvres qu'il faut s'intéresser, dans un but humaniste mais aussi écologique, et même simplement économique.
Guadet
Pourrait-on arrêter de confondre "humanisme" et "humanitaire" (ou prendre soin des humains) ?
SupprimerL'humanisme est l'idéologie qui se définit surtout par l'idée maîtresse qu'ils sont capables de se prendre en charge sans tutelle divine ; que les humains sont capables de faire des lois par eux-mêmes ; et de donner un sens à la vie tout seuls ;
par opposition au christianisme (justement) : l'humain n'est rien sans "dieu", et c'est "dieu" qui garantit le sens/valeur des lois et de la moral... qui donne un sens à la vie.
Bref, c'est marrant qu'un chrétien fasse dans l'humanisme !
Ce sont pourtant bien des Chrétiens qui ont fondé l'humanisme : encore plus marrant !
SupprimerGuadet
Des croyants, oui (je les appelle pseudo-chrétien ; les croyants qui font un peu ce qu'ils veulent sans tenir compte de la bible).
SupprimerMais pas chrétiens. L'humanisme est exactement la parfaite transgression de tout ce qu'est le christianisme.
P.S. : Heureusement, cela dit, qu'il y a des croyants tolérants... souvent bien plus tolérants que moi !
SupprimerAlors que le christianisme exclut toutes formes de tolérances. Tout ce qui n'est pas chrétien est diabolique.
Beauté d'une conception du monde tout en manichéisme !
Et cela n 'est qu'un exemple parmi tant d'autres de valeurs que peuvent avoir des gens qui se disent chrétiens...
et qui est parfaitement opposée au christianisme.
Après, il n'est pas dit que tout les penseurs qui ont contribué à l'humanisme furent de pseudo-chrétiens.
IL est certains que certains d'entre-eux se gardaient juste bien d'annoncer ouvertement qu'ils étaient athées ou autres.
On pourrait illustrer ce type de phénomènes encore autrement...
SupprimerL'avortement est légale en France, il y a même beaucoup de (pseudo) catholiques qui avortent...
Doit-on en conclure que l'avortement est une pratique chrétienne ?...
Dit simplement, il y a un décalage entre ce que les gens déclarent (sincèrement) être et ce qu'ils font ou pensent de facto.
SupprimerIl y a beaucoup de gens qui se disent catholiques et qui n'ont jamais ouvert la bible, et qui n'ont jamais fait le carême ou été à la messe !
Et qui sont les premiers mêmes pour certains à pisser sur les murs des églises pour exprimer leur anti-cléricalisme !
Y'en a même d'autres encore qui disent : j'observe les enseignements de jésus, mais je suis pas chrétien ! (sous-entendu que le christianisme, c'est tout un tas de choses notamment une religion formelle dans laquelle ils ne se reconnaissent pas !)
Au lendemain des attentas , on ne pourrait pas modérer sur ce site, ceux qui utilisent des pseudos visiblement provocateurs et occupent, au sens 1940 aussi, les réactions...
Supprimer"Alors que le christianisme exclut toutes formes de tolérances. Tout ce qui n'est pas chrétien est diabolique.
SupprimerBeauté d'une conception du monde tout en manichéisme !"
Mais oui tout à fait! Comme exemple très probant de ce que vous avancez, citons, tout droit sorti des écritures, celui de David: élu de Dieu, il n'en reste pas moins un homme faillible avec une propension au mal comme n'importe quel homme, qui le conduira à envoyer se faire tuer un homme dont il convoite la femme (Bethesbée, je crois). Et un exemple des Évangiles? Pierre, premier pape, qui n'en renie pas moins Jésus par trois fois.
Vraiment, j'aime les gens qui savent de quoi ils parlent!
à quoi rime cet échange à propos du religieux ...nous parlons ici d'une publication économique dont le thème sont les inégalités ...laissons dieu là où il est c'est à dire nulle part ! merci par avance .
Supprimer"(l’automatisation détruisant des emplois peu qualifiés). Il semble proposer une sorte de revenu de base à toute personnes contribuant à la société, dans l’économie ou le service public."
RépondreSupprimerC'est une évidence, ce n'est pas en luttant contre l'automatisation qu'on résoudra les problèmes, et le revenu de base est l'un des moyens pour sécuriser les parcours de vie dans un monde en perpétuelle évolution économique et technologique. Des métiers sont voués à la disparition ou à la transformation en raison de la technologie.
Les maçons ne disparaitront par forcément, mais seront équipés d'un exosquelette pour économiser leur santé lors de la manipulation de charges lourdes, ce qui leur procurera aussi une productivité accrue.
@ Cliquet
RépondreSupprimerLa mesure pourrait faire comprendre que les choses vont trop loin (ce que certains comprennent), mais beaucoup ne le comprennent pas.
@ Guadet
Sur ce sujet, il dit des choses intéressantes
@ Abd_Salam
J’avais également en tête un sens légèrement différent de l’humanisme. Même si je suis athé et laïc, je crois qu’il ne faut confondre les catholiques avec une vision un peu extrême du catholicisme. Je trouve étonnant de dire que le christianisme exclut toutes formes de tolérance. Je pense en fait qu’une même religion enfante des croyances différentes, que ce soit pour les chrétiens comme pour les musulmans d’aillerus.
@ Anonyme 20h11
Je ne suis pas contre le progrès technique, mais je pense qu’il ne faut pas en faire une religion dogmatique, au point d’en refuser toute régulation. Quand l’emploi manque et que ce progrès technique détruit des emplois, alors je pense qu’il faut appuyer sur le bouton pause car il produira plus de problèmes qu’il n’apportera de bienfaits. Pour un certain temps seulement.
Non, Monsieur Herblay,
SupprimerLe chrisitianisme exclut toutes formes de tolérance !
C'est pas de ma faute ! c'est pas une question de confondre avec une vision extrême.
C'est juste l'idéal biblique : une vision en noir et blanc ; le christianisme, c'est le bien ; le reste, c'est le mal.
Le christianisme est une pensée pauvre et extrême par définition ; ensuite, oui, il y a des croyants qui font des choses très bien au nom du christianisme !
Eh oui, les pratiques déviantes sont les croyances ouvertes et tolérantes.
@ Abd_Salam
SupprimerJe vous plains sincèrement. Moi j'ai étudié pas mal de religion, j'ai lu le Coran, le Ramayana, la mythologie grecque, des philosophes athées : j'ai toujours été émerveillé et j'en ai toujours tiré quelque chose. Je n'ai jamais eu l'idée de me poser en juge cherchant les motifs de condamnation. Essayez, c'est nettement plus agréable et enrichissant.
Je suis chrétien, pratiquant, je lis la bible tous les jours et je suis fidèle à l'église catholique. D'après vous c'est moi qui suis intolérant et vous qui êtes tolérant !?!?
Guadet
Si on s'en tient aux adeptes des religions et à l'exemple qu'ils donnent, il me semble que parmi les religions, la plus débile est sans contestation possible l'Islam.
Supprimer@Abd_Salam Comme vous semblez insister lourdement sans prendre la peine de citer un seul exemple de ce que vous avancez, je vous réécris ici les deux exemple que j'ai mentionnés plus haut. Je les ai choisis parmi les plus connus de sorte que vous n'ayez aucun problème à les retrouver sur internet puisque je doute que vous ayez une bible chez vous étant donné vos invectives:
Supprimer- Dans l'Ancien Testament, l'exemple de David: élu de Dieu, il n'en reste pas moins un homme faillible avec une propension au mal comme n'importe quel homme, qui le conduira à envoyer se faire tuer un homme dont il convoite la femme (Bethesbée, je crois).
Dans le nouveau: Pierre, premier pape, qui n'en renie pas moins Jésus par trois fois.
PS: je ne suis pas croyant.
Je ne posterai plus de commentaire sur ce site. Entre un anonyme qui vous insulte et Abd-Salam qui vous crache toute sa haine du christianisme dès qu'on veut en parler, il n'y a pas de possibilité de dialogue fructueux.
RépondreSupprimerGuadet
Ce qui est étrange c'est que la politique de taux bas (voire nul maintenant) des banques centrales n'est jamais remise en cause. Pourtant elle profite essentiellement aux plus riches et leur permet d'augmenter leur patrimoine à bon compte, tout en le valorisant sans cesse grâce aux bulles ainsi provoquées. Bien sûr ce système est intenable sur le long terme.
RépondreSupprimer