dimanche 19 juillet 2015

Accord Grèce / zone euro : tous perdants !

Cette semaine, la Grèce et la zone euro ont donné vie à l’accord signé au petit matin lundi dernier : à Athènes, les parlementaires ont largement approuvé le train de mesures que devait prendre le pays et les parlements Français et Allemand ont accepté le nouveau plan. Pourtant, tout le monde sera perdant.



D’abord, encore les Grecs

C’est tout le problème de cette crise. Même si les explications psychologisantes peuvent avoir des limites, il est difficile de ne pas en déceler les ressorts ici. La Grèce semble être prise du syndrome de Stockholm, l’otage qui finit par prendre fait et cause pour son preneur d’otage, même si ce dernier la torture d’une manière certes pernicieuse, mais bien réelle, en utilisant à fond la carte de la culpabilisation (les Allemands ou les pauvres Slovaques n’auraient pas à payer pour les retraités Grecs). Bien sûr, dans un premier temps, les Grecs devraient retrouver l’usage de leurs banques, demain. Et les vents de la conjoncture mondiale pourraient être un peu plus porteurs, une fois digérés les six mois d’incertitude liés aux négociations entre la Grèce et ses partenaires, qui ont pesé sur la croissance.

Mais sur le fond, le nouveau plan, qui sort du même tonneau que les nombreux autres plans d’austérité des années passées, aura le même effet. Passer d’un budget à l’équilibre primaire (avant paiement des intérêts) à 3,5% d’excédent va peser sur la croissance. Selon les analyses du FMI, ce nouvel effort de la Grèce, qui est le pays qui a procédé à l’ajustement le plus brutal de l’UE depuis 2010, avec le Portugal, devrait coûter au pays entre 3 et 6 points de PIB, soit une contraction qui pourrait atteindre 30% depuis le début, et pire encore, un alourdissement du poids de la dette par rapport à un PIB de plus de 10 points. Bref, d’ici trois ans, on peut estimer que la dette de la Grèce tournera autour de 230% du PIB, contre environ 180% aujourd’hui. L’appauvrissement du pays n’est pas prêt de s’arrêter.

A terme, l’UE, l’Allemagne et les autres

Mais en acceptant ce plan, les créanciers n’ont fait qu’acheter du temps, essayant de se protéger jusqu’à la prochaine échéance électorale et casser la progression des partis alternatifs dans de nombreux pays. Même s’ils ont réussi à ne pas reconnaître leurs pertes à date, ils n’ont fait qu’augmenter les sommes que leur doit théoriquement Athènes, et donc potentiellement le montant des pertes, soit quand leur construction baroque finira par s’effondrer d’elle-même (ce que pourrait produire la moindre crise économique internationale), soit quand les Grecs finiront par comprendre que cette construction européenne n’a plus d’intérêt pour eux et prendront leur liberté. UE a révélé plus encore son véritable visage, autoritaire, antisocial, où le plus fort fait sa loi, jusqu’à une forme d’esclavagisme des plus faibles.

Tôt ou tard, cette séquence sera un nouvel élément qui poussera les peuples à se détacher du monstre qu’est devenu cette construction européenne, quand ils réaliseront enfin que l’UE n’est qu’une manière d’organiser l’Europe parmi d’autres et qu’il serait tant de passer à autre chose. Il y aura sans doute des conséquences pour l’Allemagne, qui n’a pas le bon rôle, comme le dénonce une partie de la presse du pays, ainsi que le note Marianne. Plus les exigences Allemandes s’imposent au reste du continent, plus on peut penser que les peuples finiront par en faire payer le prix à ces Allemands qui les oppriment, même s’il faut reconnaître que les nombreux vices de forme du monstre monétaire qu’est l’euro jouent un grand rôle dans le comportement de Berlin, qui ne veut pas financer le reste de l’Europe.


Il est étonnant que ces années de crise ne provoquent pas un rejet plus fort de la construction européenne, notamment en Grèce. Mais cela viendra sans doute un jour. Toute la question est de savoir si les apprentis-sorciers de l’Europe ne prennent pas le risque de dégouter les peuples de tout projet européen.

43 commentaires:

  1. Soit l'Allemagne réussira à faire sortir la Grèce et d'autres pays de la zone euro (c'est le plan Schäuble), soit c'est elle-même qui finira par en sortir si la France et d'autres pays veulent lui imposer une "autre Europe", faite de laxisme budgétaire et monétaire. En attendant, plus le temps passe, plus l'addition sera lourde à payer lorsqu'il faudra solder les comptes.

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    1. Mais faut arrêter un peu les bêtises !

      Comme si nous n'avions le choix qu'entre les deux extrêmes : ne rien dépenser du tout (austérité) OU trop dépenser (laxisme).

      Surtout quand on voit que l'austérité, c'est ne rien dépenser pour les uns (les pauvres) est en fait trop dépenser (pour sauver les riches).

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    2. Cela dit, il est en effet parfaitement clair que l'Allemagne n'acceptera aucune alternative à l'ordolibéralisme...

      Qu'il s'agisse d'une bonne ou d'une mauvaise alternative.

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  2. "il serait temps" ...désolé...

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  3. Pour ce qui concerne votre conclusion...ils s'en foutent...nous sommes dans le règne du profit immédiat...l'avenir c'est pour les autres...

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  4. "... le comportement de Berlin, qui ne veut pas financer le reste de l’Europe"

    Je dirais ... qui ne PEUT pas financer ...

    D'après Jacques Sapir ou P. Artus, il faudrait des transferts entre 8-12% du PIB Allemand (~€ 3000 milliards) par an, ce qui fait ~300 milliards € de transferts, or le budget fédéral allemand est de 300 milliards €. Le taux de taxation allemand est déjà un des plus élevés de l'UE.

    Seule solution, mettre fin à l'€, machine à broyer l'Europe.

    La vue d'un allemand.
    Bien à vous
    rpc

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  5. on entre en plein dans la devise des Shadocks

    "il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas"

    Stan

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  6. Au sujet de la conjoncture mondiale, DWN n'est pas optimiste :

    "La chute des prix du minerai de fer, coke prix du charbon et de l'acier de points à une contraction drastique des activités de la construction.
    [...]
    Aux Etats-Unis le boom pétrolier et du gaz est terminée.
    [...]
    Dans les pays producteurs de pétrole, la partie prend fin
    [...]
    Les BRICS se sentent la fin du boom des matières premières, et de la Chine
    [...]
    Il est donc clair: de l'extérieur de l'Europe un ralentissement massif dans la croissance économique mondiale vient avec le risque d'une véritable crise."
    http://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2015/07/19/gefahr-fuer-europa-eine-krise-der-weltwirtschaft-am-horizont/

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  7. Mon cher Laurent,

    Voilà la réponse d'Hollande et elle était prévisible : "dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche (JDD).
    Extraits : "Les Parlements restent trop loin des décisions. Et les peuples se détournent à force d'être contournés (!) .... Les populistes se sont emparés de ce désenchantement et s'en prennent à l'Europe parce qu'ils ont peur du monde" ... "Partager une monnaie, c'est bien plus que vouloir une convergence. C'est un choix que 19 pays ont fait parce que c'était leur intérêt. Nul gouvernement d'ailleurs depuis quinze ans n'a pris la responsabilité d'en sortir. Ce choix appelle une organisation renforcée et avec les pays qui en décideront, une avant-garde. La France y est prête parce que, comme Jacques Delors nous l'a montré, elle se grandit toujours quand elle est à l'initiative de l'Europe".
    Ca ne marche pas, alors accélérons encore plus ! c'est le choix d'un Hollande aussi manipulateur que dogmatique, un homme réellement dangereux pour nous tous. Nous le paieront cher, très cher, car le prix à payer augmente chaque jour ....

    DemOs

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    1. DEMOS

      soit il se rend compte qu'il va être chômeur en 2017 (un ex président qui a su rendre service n'est jamais en recherche d'emploi, les aides tombent drues....) et il se prépare à une auto-promotion susurrée

      soit c'est la grosse panique dans le bastringue et donc c'est la fuite en avant couplée au système de cavalerie financière en cours...

      en réalité, ces gus là, qui ont végété dans des officines politiques peinardes sont des capitaines de navire pour mer calme, pilote automatique branché et cap donné.....

      et là c'est la tempête.....

      Stan

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    2. Cette dernière image est très parlante sur Hollande.

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    3. Je ne suis pas d'accord avec cette caricature de Hollande....

      Hollande se bat et comme un beau diable en plus... mais pour appliquer l'ultra-libéralisme ! il adhére totalement aux dogmes stupides qui veulent que c'est une bonne gestion des fonds publics qui font la croissance privée (comme si l'un était le moteur de l'autre).

      Hollande est un partisan de l'ultra-libéralisme. Dans sa tête, c'est le socialisme 2.0 : c'est la prospérité des entreprises qui financera le "social" mais sans que l'Etat ne s'en mêle. Et sans que l'Etat ne s'occupe d'imposer et de gérer la "redistribution".

      Hollande est une sorte de Tsipras... il veut l'ultra-libéralisme qui produirait du "social".

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  8. @ Moi

    Très juste

    @ Axel

    Très juste, ils ne pensent qu’à court terme

    @ rpc

    Merci pour ce rappel ? Je m’étais fait l’écho de cette étude de Sapir, qu’il est bon de rappeler. L’euro est un monstre. Cordialement,

    @ Stan

    ;-)

    @ Raphaël

    Pas d’accord avec cette conclusion. Je crois que les vents resteront légèrement porteurs. La baisse du prix des matières premières est plutôt un stimulus pour nos pays. La situation est plus complexe aux Etats-Unis. Le boom n’est que ralenti et la baisse des cours stimule l’innovation et l’amélioration de la productivité.

    @ Démos

    Effarant. Toujours les mêmes sornettes. Plus on intègre, moins cela marche et plus les fédéralistes veulent intégrer. Mais je ne pense pas que ce projet puisse avancer. Les délires de Hollande ne sont que du vent de communication qui se traduira autant dans la réalité que ces projets pour la Grèce…

    @ Stan

    Je pense que face à l’échec de ses idées, il se raccroche à sa religion pour ne pas regarder la réalité en face

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  9. La solution pour sortir de cette embrouille interminable et qui pourrait être acceptée par l'électorat allemand, donc par les politiciens allemands, c'est de revenir à un panier de monnaie. Les retraités épargnants allemands pourraient aller dépenser leurs Euro-Marks au soleil dans les pays du sud, comme les retraités anglais le faisaient avant que la livre dégringole. Dans la mesure où une réforme de l'Euro avec un budget commun plus important, une harmonisation fiscale et des Eurobonds semble hors de portée...

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  10. Une bonne contre-argumentation :

    http://tempsreel.nouvelobs.com/la-crise-grecque/20150719.OBS2807/que-repondre-a-votre-ami-de-gauche-qui-vous-bassine-sur-la-grece.html

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    1. @Elie Arié
      La plupart des arguments mis en avant sont assez aisément démontables et l'ont déjà été, encore récemment par des économistes non-gauchistes de premier plan comme Paul de Grauwe, Paul Krugman ou Joseph Stiglitz, dont l'opinion m'importe un peu plus que celle de M. Naudet. On m'excusera de renvoyer à leurs prises de positions récentes.

      Le mythe de « la Grèce qui refuse de se réformer » ne tient pas la route un instant, puisque d'après les données même de l'OCDE, institution qui, à ma connaissance, n'est pas encore trop noyautée par les trotskyste, les néo-maoïstes, ou les rebelles zapatistes, la Grèce est, devant le Portugal, l'Irlande et l'Espagne, le pays d'Europe qui a réalisé le plus de réformes structurelles entre 2007 et 2014 (voir l'excellent article de F. Coppola sur cette question : http://coppolacomment.blogspot.fr/2015/02/reforms-bloody-reforms.html). Sans doute aurait-il fallu le faire plus tôt, ou faire des réformes d'une autre nature. Mais on ne peut accuser les Grecs d'immobilisme. Le fait essentiel est que toutes les prévisions de l'UE ou du FMI concernant l'impact des plans d'austérité sur la croissance grecque se sont avérées grossièrement inexactes.

      Le consensus des économistes sur ce point est bien résumé par les conclusions d'une étude de P. Manasse :
      « The adjustment […] was harsher and more painful than necessary. Fiscal consolidation was too tight and too front-loaded, and debt restructuring was too little and too late. The sequence of structural reforms was plainly wrong. By concentrating on the labour, rather than on the product market, the policies produced a sharp fall in nominal wages that was not paralleled by a similar reduction in prices. Domestic demand was depressed, and foreign demand did not pick up, while inequality soared. » (http://www.voxeu.org/article/what-went-wrong-greece-and-how-fix-it).

      De plus, que répondre à quelqu'un qui est assez obtus ou malhonnête pour croire ou faire croire qu'il faut forcément être de gauche pour contester la politique européenne envers la Grèce ? Il suffit de lire ce qu'écrit Wofgang Münchau dans le très libéral Financial Times pour comprendre la sottise de cet apriori. Dans un éditorial du 24/11/2014, il reconnaissait le bien-fondé de la critique de la gauche radicale européenne sur la question de la dette (http://www.ft.com/intl/cms/s/0/48e6fa76-70bd-11e4-8113-00144feabdc0.html) ; le 13/07 dernier, il a fustigé avec la dernière vigueur l'aveuglement des créanciers de la Grèce, estimant qu'il conduit l'eurozone à sa perte (http://www.ft.com/intl/cms/s/0/e38a452e-26f2-11e5-bd83-71cb60e8f08c.html).

      YPB

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    2. @ Elie Arie.

      Bravo, Elie, de mieux en mieux, tu es prêt à devenir le conseiller de l'inénarrable Sarkozy.
      Pour en venir à ton intervention, YPB a complètement raison quand il dit que les arguments de l'Obs, engagés politiquement, sont "aisément démontables".

      La situation de la Grèce appelle des remarques de deux ordres :
      - Primo, il ne fait aucun doute que la politique menée par les gouvernements grecs successifs sont en partie à l'origine de sa dette, comme c'est le cas en France, en Inde ou au Pérou, mais il appartient (appartenait) à ses dirigeants d'en décider en faisant des choix,
      -Deuxio, et c'est ce dont nous parlons aujourd'hui, l'entrée de la Grèce et de nombreux autres Etats, dont le nôtre, dans la zone euro, fut une erreur monumental et source de problèmes impossibles à résoudre.
      Le système ordo-libéral, conçu par les Allemands, fonctionne très bien pour eux avec un euro qui a remplacé le mark, mais il est impossible pour la quasi-totalité des autres pays de l'UE de vivre avec cette monnaie sauf à ce qu'il y ait des transferts importants se fassent de l'Allemagne vers les pays en difficulté, ce qui inenvisageable comme l'a expliqué Jacques Sapir. Les Grecs et bien d'autres sont incapables de rivaliser avec l'Allemagne sur le plan économique et, face à l'impossibilité de dévaluer leur monnaie, il ne leur reste que le choix de la dévaluation interne et de l'austérité jusqu'à la fin des temps. Nous sommes d'ailleurs dans le même cas de figure que les Grecs. Tu aurais d'ailleurs dû noter avec ta perspicacité habituelle, mon cher Elie, qu'il ne peut pas y avoir 28 Allemagnes dans l'UE ou, peut-être, dans les rêves de notre Président si influent dans cette affaire. Il est vrai qu'on ne peut pas demander à un épicier, spécialiste des petites combines, d'avoir une vision pour la France.

      DemOs

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    3. Petite précision : l'économie allemande se porte bien malgré l'ordolibéralisme.

      L'ordolibéralisme allemand n'aide en rien l'économie allemande. Les atouts industriels et les bons choix de spécialisations de l'industrie allemande n'ont rien à voir avec l'ordolibéralisme et hartz IV.

      C'est notamment parce qu'il y a une grosse demande pour les belles berline allemandes et les machines outils allemande, que l'ordolibéralisme ne pèse pas trop sur l'Allemagne.

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  11. Le paradoxe de cette histoire est que le meilleur ami de la Grèce est en réalité Wolfgang Schauble. Un Grexit même "inamical" valait mieux que l'"accord" signé par Tsipras qui est une véritable reddition en rase campagne aux conséquences dramatiques.

    Ceux qui critiquent la dureté de l'intraitable Schauble se trompent car il offrait à la Grèce une opportunité (la sortie de l'euro) qu'il fallait absolument saisir.

    Désormais, depuis la trahison de Tsipras, on sait qu'il ne faut pas compter sur les dirigeants de Syriza pour sortir la Grèce de l'austérité.

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    1. Vaut-il mieux négocier avec un homme intransigeant qui tire des leçons de la réalité ou à un individu falot qui ne cherche qu'à faire des compromis, fussent-ils irresponsables et sans lendemain ?

      DemOs

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  12. Je suis très surpris par le fait que personne ne parle du rôle des USA ces dernières semaines dans la crise grec .... Donc le fait qu' Obama a appelé les principaux dirigeants européens (dont Merkel) et rappelé l'importance géopolitique de la Grèce n'a eu aucune incidence ?
    Laurent qu'en pensez-vous ?
    Patrick lenormand

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  13. rpc

    C'est expliqué en allemand comment l'Allemagne se gave avec la crise.

    http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/europaeische-union-wie-deutschland-an-europas-krisen-verdient-1.2567175

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    1. Le SZ est connu pour ses "analyses" unilatéralement européistes. En analogie, pensez vous trouver une information neutre dans "le Monde"?

      L'euro est un château de sable: l'Allemagne donne des crédits pour "vendre" ses produits qui ne seront jamais remboursés. Le jour où cette construction s'écroulera inévitablement, personne ne pourra plus dire que c'est "l'Allemagne" qui à profité.

      Comment voulez vous que l'Allemand moyen achète plus de produits de ses partenaires, s'il est payé en monnaie sous-évaluée de 30%, tandis que les prix de vente de ses voisins ont explosé dans les 15 ans de l'€.

      PS. Les salaires médians allemands stagnent depuis 20 ans, + de 60% des actions des entreprises du DAX exportatrices sont dans des mains non-allemandes, entre autres de la City et de Wall-Street. Qui profite ici ?

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  14. Krugman dit avoir "peut-être surestimé la compétence du gouvernement grec"
    Le prix Nobel d'économie américain Paul Krugman, qui a été l'un des plus virulents critiques des mesures d'austérité imposées à Athènes, a reconnu dimanche avoir "peut-être surestimé la compétence" du gouvernement grec.

    "J'ai peut-être surestimé la compétence du gouvernement grec", a-t-il indiqué lors d'une interview sur la chaîne CNN."Je n'ai même pas pensé qu'ils pourraient prendre une position sans avoir de plan d'urgence" au cas où ils n'obtiendraient pas l'aide financière qu'ils réclamaient, a-t-il expliqué. Or "ils ont cru qu'ils pouvaient simplement exiger de meilleures conditions sans avoir de plan de rechange", a-t-il poursuivi, évoquant "un choc". "C'est sans espoir dans tous les cas", a néanmoins estimé M. Krugman. "Les nouvelles conditions sont encore pires, mais les conditions qu'on leur proposait avant n'auraient pas fonctionné non plus".

    Interrogé sur une possible sortie de la zone euro, il ne l'a pas exclu: "Soit en fin de compte ils obtiennent cet espèce d'allègement massif de la dette qu'ils n'obtiennent pas (pour l'instant), ou ils vont devoir sortir".

    http://www.boursorama.com/actualites/krugman-dit-avoir-peut-etre-surestime-la-competence-du-gouvernement-grec-677cd641164613116ab319d63d871141

    Saul

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  15. "Comment voulez vous que l'Allemand moyen achète plus de produits de ses partenaires, s'il est payé en monnaie sous-évaluée de 30%"

    Ce qui facilite les exportations allemandes et permet moins de chômage qu'ailleurs. L'Allemagne ne donne pas des prêts, elle les fait payer au prix d'un taux d'intérêt. Les salaires étaient largement supérieurs qu'ailleurs au début de l'Euro et ils remontent maintenant, sans compter que les l'immobilier allemand est bien meilleur marché qu'en France, Angleterre ou Hollande, donc meilleur pouvoir d'achat pour les classes moyennes allemande.

    A signaler tout de même que l'Allemagne s'est permise une dévaluation interne quand les autres pays ne le faisaient pas. Maintenant, l'Allemagne demande des dévaluations internes partout en ZE, ce qui est complètement débile, tout comme le dogme ordo-libéral qui relève de l'autisme à l'échelle d'un pays et de la folie furieuse à l'échelle d'un continent.

    L'histoire économique selon les allemands est une pure hérésie fictionnelle. La plupart des économistes de renom le leur disent, mais les allemands sont bouchés à l'émeri sur cette question.

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    1. Tout dépends ce qu'on appelle "moins de chômage en Allemagne"...

      Si on obligeait les gens à travailler en échange du RSA, ça ferait aussi moins de monde à compter parmi les demandeurs d'emploi. Je suis sûr qu'à ce compte-là, la France aurait immédiatement un taux de 5 % de chômeurs (on divise au moins par deux si ce n'est plus), et sans avoir apporter de vraies solutions.
      Et les gens au RSA seraient utile à l'économie ! bingo ! sans pour autant avoir un salaire.

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  16. "L'Allemagne ne donne pas des prêts"

    En zone €, ces prêts se réflètent entre autres dans les balances des comptes Target2 (taux d'intérêt actuel = 0,05%), pour l'instant c'est 531 milliard d'euro (http://www.bundesbank.de/Navigation/DE/Aufgaben/Unbarer_Zahlungsverkehr/TARGET2/TARGET2_Saldo/target2_saldo.html?nsc=true).

    Pour pouvoir rembourser une dette, il faut vendre plus que d'acheter. (ou imprimer et faire payer tout le monde par l'inflation, mais alors on n'a plus le mark, mais la lire ou la drachme, que tous fuiaient, merci alors ... ). Comme pour la Grèce, it est prévisible que le Portugal, l'Espagne et même l'Italie n'en seront pas capable. Qui gagne ici, celui qui a la marchandise, ou celui qui a une créance non exigible et dévaluante?


    'immobilier allemand est bien meilleur marché"

    Oui, c'est exactement la même chose: l'euro-mark est massivement sous évalué. Pourquoi tant de belges, français, néerlandais ou suisses frontaliers viennent faire leur courses en Allemagne? L'Allemagne a déjà toujours eu un taux d'inflation structurel inférieur à ses voisins (sauf la Suisse). Même sans Hartz IV, on aurait eu le même problème en zone euro, peut-être 5 années plus tard. Je suis d'accord avec vous que les dévaluations internes sont bêtes et ne servent que les 1% ... La seule solution, en finir avec l'€.


    "économistes de renom"

    Les économistes keynesiens du genre Krugman et Stiglitz ... On va voir ce que leur QE et les Abenomics au Japon donneront dans 10-20 ans. Je suis plutôt du coté d'Olivier Delamarche. Il est toujours facile de dépenser l'argent des autres, et c'est pas les travailleurs qui en profitent (sauf ceux qui ont beaucoup d'actions).

    Il faut finir avec cet euro, source de haine et d'animosités entre peuples européens qui ont vécu en paix pendant + de 50 ans et revenir aux monnaies nationales.

    En Allemagne, il y a un proverbe: "Beim Geld hört die Freundschaft auf" qui s'avère plus que pertinent.

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    1. Tiens, encore un ultra-libéral...

      Merci de nous sortir les dogmes ultra-libéraux comme si on ne les entendait pas encore assez.

      Rembourser ses dettes n 'a rien à voir avec la balance des importations-exportations.

      Rembourser ses dettes, c'est quand l'Etat depense moins qu'ils n'empruntent (si on peut dire).
      Un Etat pourrait augmenter les impôts des plus riches pour financer ses besoins, et ne plus emprunter (ou emprunter moins). Ainsi l'Etat peut rembourser ses dettes au lieu de "faire rouler sa dette".

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    2. Le summum de l'extrêmisme ultra-libéral : la foutaise du "dépenser l'argent des autres".

      Les entreprises profitent de l'Etat et du cadre/infrastucture mis en place par l'Etat pour s'installer... demande des aides à l'Etat, même.

      Mais payer des impôts, ça non. Ce serait permettre à l'Etat de dépenser l'argent des autres. Hein ?

      On a le droit d'utiliser le QE et la planche à billets uniquement pour soutenir ou sauver la finance.

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    3. Il ne s'agit pas de dettes d'état, mais de déficits de la balance des comptes courants (= dettes envers l'étranger). Pour les rembourser, il faut tout simplement avoir des surplus dans le commerce extérieur, ca n'a rien avoir avec des "dogmes ultra-libéraux".

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    4. Le dogme ultra-libéral, c'est d'exiger la liberté totale de mouvement des capitaux pour maximiser les profits des entreprises...

      Et ensuite blâmer que l'on achète plus à l'étranger qu'en local.
      (on délocalise au bénéfice des nantis, et on blâme les fainéants de chômeurs, et on réclame des "solutions" pour rétablir la balance des importations-exportations... trop fort !)

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    5. "la liberté totale de mouvement des capitaux"

      mais je suis absolument d'accord avec vous qu'il faut en finir, mais c'est l'euro qui est la cause principale, car le grand capital ne doit plus craindre une dévaluation.

      Je ne blâme personne de fainéants. Je dis juste que c'est la monnaie unique qui NE PEUT PAS fonctionner. Chaque pays doit pouvoir vivre comme il veut et de sa façon sans que les autres se mêlent constamment, c'est l'Europe qui a bien fonctionné pendant +50ans.

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    6. @rpc

      Que le QE pose puisse avoir des effets pervers, je ne le conteste pas. Mais le procès des keynésiens, c'est tout de même très allemand (ce sont les très rares keynésiens allemands qui le disent). Les libéraux se gobergent des déclarations de Friedman condamnant la monnaie unique à la fin des années 90 et y voient un signe de prescience. Sauf que James Meade, disciple de Keynes, avait déjà signalé dès 1957 qu'un régime de taux de changes flexibles était le seul qui pouvait, en l'absence d'une totale coordination économique, protéger la construction européenne contre les déséquilibres qui découleraient inévitablement des différentiels d'inflation, notamment du fait des préférences allemandes : James Meade, « The Balance of Payments Problems of a European Free Trade Area », Economic Journal, 67, 1957, p. 379-396. La prévision s'est réalisée…

      YPB

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    7. Les ordolibéreaux allemands ne sont pas les seules à vomir de rage et de terreur à l'idée de la pensée de Keynes...

      Les opinions de Keynes étant largement caricaturées en : il faut ouvrir en grand les vannes de la dépense public, et larguer du fric sans compter et sans réfléchir plus que ça.

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  17. rpc

    L'Allemagne est passée de moins de 10% relatif de pauvres en 2000 à 16% en 2015, c'est quoi ce modèle soit disant vertueux ? Sans compter une démographie en berne qui oblige à importer des travailleurs qualifiés dont l’éducation et la santé ont été payés par les impôts des pays où ils sont nés. Y a pas un léger foutage de gueule quand l'Allemagne se plaint ?

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    1. C'est à nouveau, au moins en grande partie, le même problème de la sous-évaluation de l'€ pour l'Allemagne. Les pauvres allemands aussi paient 30% de trop pour se chauffer, 30% de trop pour tout produit importé, etc ...

      L'Euro est le rêve des grands patrons allemands, il paient leur salariés de moins en moins, sans en subir la conséquence d'une monnaie qui s'apprécierait, comme au temps du mark.


      "Allemagne se plaint"

      Non, ce n'est pas l'Allemagne contre la France ici, c'est le grand patronat contre les travailleurs. Faut pas stéreotyper et jeter tous dans le même seau.

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  18. @ Anonyme 17h47

    L’harmonisation fiscale ou les euro-obligations, outre le fait d’être invendables à l’Allemagne, ne règleraient rien. La Tchécoslovaquie n’était pas devenue une Zone Monétaire Optimale après 70 années d’unité.

    @ YPB & Démos

    Merci pour la réponse à Elie Arié

    @ Elie Arié

    J’ajouterai que l’euro, et les marchés, ont une responsabilité directe dans la situation de la Grèce :
    - la très forte baisse des taux a provoqué une manne budgétaire tentante
    - l’impossibilité de dévaluer a cassé une économie habituée à ses ajustements et dont le niveau structurel d’inflation l’a pénalisé dans le nouveau contexte
    - enfin, la Grèce exporte proportionnellement autant que les Etats-Unis

    @ Abd_Salam

    Le modèle Allemand a des succès (mais pas que), du fait de son caractère asymétrique

    @ Marc-Antoine

    Bien d’accord

    @ Patrick Lenormand

    C’est dans le papier de demain

    @ Saul

    Merci pour l’info sur Krugman

    @ Anonyme 21h39

    L’Allemagne s’est aussi adaptée au cadre qu’on lui a donné, en respectant sa culture

    @ RPC

    Target 2, c’est largement du virtuel de banque centrale il me semble. Bien d’accord sur l’inflation. Sur les économistes, il faut voir néanmoins que l’on laisse les banques créer des quantités de monnaie effarantes (croissance de la masse monétaire à 10% dans la zone euro au début des années 2000).

    @ Anonyme 22h49

    Merci

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    1. "Target 2, c’est largement du virtuel de banque centrale"

      Malheureusement non, c'est absolument du réel: aux États-Unis, il y a un système semblable entre les FED-districts mais pour éviter qu'une région ne s'endette de trop à la charge des autres, à la fin de chaque année fiscale, ces balances doivent être égalisés à moitié par des transferts de valeurs mobilières réelles négociables librement. En Europe par contre, ces déficits s'accumulent sans jamais être devoir compensés.

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    2. @ Rpc,

      Et vous pourriez m'expliquer pourquoi la 3rd FED-district ne couvre que la moitié sud sur de l'Etat du New-Jersey et la moitié est de la Pennsylvanie ?

      Et pourquoi le 4th FED-district ne couvre que le cinquième est de l'Etat du Kentucky ?

      https://www.philadelphiafed.org/about-the-fed/third-district-map/

      Doit-on comprendre que lorsque le nord et le sud du New-Jersey commercent ensemble c'est comme deux états différents faisaient des échanges commerciaux ?

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    3. http://www.federalreserve.gov/otherfrb.htm

      On dirait pas que les limites des Federal districts banks correspondent aux frontières des Etats membres de l'Union... mais je peux me tromper

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  19. @ divers Anonymes ou pas, qui m'ont répondu:

    L'article du NouvelObs dont j'ai donné le lien n'est pas de moi; j'ai suffisamment répété que, pour moi, le problème et l'erreur majeure, c'est l'euro.
    Mais tout ce qu'il dit n'est pas faux, loin de là.

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    1. C'est assez tsiprassien comme attitude...

      Etre contre l'€uro (des ultra-libéraux) mais être à fond pour l'ultra-libéralisme...

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