The Economist a récemment consacré un
papier sur les entreprises japonaises en difficulté, affirmant que « les
difficultés de deux grandes entreprises montrent jusqu’où la réforme des
entreprises doit aller ». Une analyse qui en dit sur la conception
du temps en Asie, et pour les néolibéraux.
De la
destruction créative
The
Economist fait le procès de Toshiba et Sharp,
deux géants de l’électronique nippon qui ne parviennent pas à trouver un second
souffle, au contraire de Panasonic et Sony. Déjà, il n’est pas inintéressant de
noter que l’hebdomadaire
néolibéral mesure la réussite des quatre entreprises à leur cours de bourse.
Quand on connaît la volatilité et les errements des marchés sur les dernières
années, tant à la hausse qu’à la baisse, prendre une telle mesure en dit long. L’hebdo
raconte les errements de Sharp, qui avait pourtant une bonne position sur
plusieurs marchés il y a seulement cinq ans, mais qui vient de passer de fortes
dépréciations. La situation de Toshiba est similaire, avec des ennuis
comptables.
Pour l’hebdo, « au
Japon, les banques conservent des légions de firmes zombies en soutien
thérapeutique. Pour les créanciers de Sharp, la grande taille de sa dette
signifie qu’ils ne peuvent pas permettre une banqueroute sans en payer le
prix ». Il conclut « en
fait, cela a été une semaine désespérante pour l’équipe grandissante des
partisans d’une nouvelle gouvernance des entreprises au Japon ». En fait, il croit à la destruction
créative de Schumpeter, ne pas trop s’appesantir sur les dégâts créés par les
échecs car cela serait compensé par un climat plus favorable pour la création.
Mais trois semaines plus tard, The
Economist notait que « les
vents du changement commencer à souffler ».
Le lièvre
et la tortue
Le
néolibéralisme pousse nos sociétés à des comportements extrêmement
court-termistes. Les
entreprises ne pensent qu’à leurs résultats trimestriels, qui doivent
toujours progresser au
point que les profits ont atteint un niveau qui inquiète même The Economist. L’Asie semble avoir
un rapport différent au temps. Les
efforts industriels du Japon, de la Corée, puis de la Chine, ont été construits
avec une longue vue, selon un plan à très long terme. D’où peut-être le
refus de céder aux injonctions néolibérales et de baisser le pouce quand une
entreprise va mal. Ironiquement, c’est ce qui avait été fait pour GM, Chrysler
et bien des banques lors de la crise de 2008. Le zombie peut être un malade qui
va guérir.
Parce que
bien des grandes entreprises sont passées par une phase « zombie »,
il ne faut pas forcément jeter la pierre au Japon. Dans
notre société devenue bien trop court-termiste, certaines décisions ne
doivent pas être prises à la légère. Pour ne pas solder trop vite un actif qui
en fait vivre beaucoup.
Le problème des boîtes Jap est la démographie
RépondreSupprimerArticle typiquement pseudo scientifique pet'tet ben que oui ou que non
RépondreSupprimerVous oubliez de mentionner les licenciements en masse chez GM, pas tout à fait un détail. Les US ont sauvé la marque GM et viré un paquet de salariés.
RépondreSupprimerVous dénoncez le progrès machinique, le problème c'est que le Japon est le plus en pointe dans le domaine et la Chine s'y met. C'est bien parce que l'industrie française est en retard dans ce domaine, entre autres, qu'elle bat de l'aile. Le conservatisme aveugle en économie et industrie n'a jamais été porteur de progrès, pas même social puisque ça crée du chômage.
Vos convictions ne peuvent qu'accroitre le chômage en France.
Si le respect de la hiérarchie et de l'ordre social en Asie, nous parait oppressant, il faut remarquer que cela est contrebalancé par un certaine solidarité des "puissants" avec le reste de l'organisation.
RépondreSupprimerOn peut illustrer ceci aussi par la modération des asiatiques dans les versements de dividendes ou de revenus exceptionnels. Par exemple le défunt patron de Nintendo avait fortement diminué son salaire dès qu'un temps de vaches maigres s'est présenté. La récompense pour les patrons ne vient pas toujours de l'argent tant le désir d'être bien vu semble important.
Je pense que sans cela, comme partout, il n'y aurait pas une telle cohésion. La Chine est un pays plutôt émeutier, malgré leur culture influencée par le confucianisme, personne n'accepte longtemps de se faire rouler.
Finalement les moutons, ne serait ce pas nous en occident ?
La Chine a aussi une forte composante philosophique millénaire taoïste qu'Herblay qualifierait probablement de libérale... Je pense que ni le communisme, ni le confucianisme n'ont éteint cette composante anti-dogmatique essentielle de l'esprit chinois.
RépondreSupprimerCe qui est bien, c'est qu'on peut écrire ce qu'on veut, sans se soucier de la véracité.
SupprimerL'enseignement du tao-te-king n'a rien à voir avec leS libéralismeS (tous penseurs confondus) ou avec l'ultra-libéralisme.
Comme si le taoisme avait empêché le dogmatisme chez les Chinois...
SupprimerD'après le Spiegel (all.) l'Allemagne planifie des licenciements massifs en Grèce :
RépondreSupprimerhttp://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/griechenland-bundesregierung-pocht-auf-massenentlassungen-a-1045210.html
C'est vrai quoi, comme le chômage progresse dans d'autres pays y compris la France, la Grèce risquait à terme de perdre son avance. Il fallait faire quelque chose.
Ivan
"cela est contrebalancé par un certaine solidarité des "puissants" avec le reste de l'organisation"
RépondreSupprimerAh bon, et les affaires de corruption du plus bas au plus niveau de l'état chinois, ses milliardaires rouges ? Il faut s'informer, au lieu de rêver à une Chine imaginaire.
Il faut arrêter de me lire de travers surtout.
SupprimerJe copie colle:
" Je pense que sans cela, comme partout, il n'y aurait pas une telle cohésion. La Chine est un pays plutôt émeutier, malgré leur culture influencée par le confucianisme, personne n'accepte longtemps de se faire rouler. "
Il y'a quoi que vous n'avez pas compris là ?
@ Lowcarber
RépondreSupprimerSauf s’ils automatisent
@ Anonyme 11h41
Très juste, il y a eu beaucoup de licenciements, mais au moins, ils n’ont pas laissé mourir les zombies
Je ne dénonce pas le progrès machinique, je pense que globalement, c’est un vecteur de progrès. Mais ce progrès est un moyen au service d’une fin qui le dépasse, la condition humaine. Le progrès machinique n’est pas la fin de nos sociétés auquel soumettre la condition humaine. Voilà pourquoi, temporairement, quand le chômage est élevé, je pense qu’il faut savoir faire une pause pour protéger l’emploi.
@ TeoNeo
C’est exactement ce que montre l’article de The Economist
@ Ivan
Effarant !!??!
Le travail n'est pas une fin en soit et si les machine remplacent tant mieux il faut surtout arrêter de délirer sur le toujours plus et passer du quantitatif au qualitatif de toute façon la nature se charge déjà de nous le rappeler .
Supprimer"Voilà pourquoi, temporairement, quand le chômage est élevé, je pense qu’il faut savoir faire une pause (dans le progrès machinique)pour protéger l’emploi." Dans la mesure où les gains de productivité ne bénéficient, en général, ni aux salariés, ni à la société, les machines pourraient aisément supporter des taxes dans la mesure où le travail humain est, lui, assujetti à des taxes diverses et variées. La solution peut être celle-ci ou une autre, mais il va nous falloir - et le plus sera le mieux - changer de paradigme, qu'il s'agisse de la mécanisation, de l'automatisation ou plus largement de l'exploitation forcenée des ressources naturelles. Continuer à détruire les sociétés humaines et l'environnement ne pourra continuer bien longtemps, car la réalité va rapidement nous rattraper. Le plus déroutant, le plus inquiétant même est que les dirigeants politiques, comme la quasi totalité de ceux qui ont le pouvoir de se faire entendre, ne fassent rien, trop préoccupés par leur vision court-termiste.
RépondreSupprimerDemOs
Une remarque sur la référence à la "destruction créatrice" de Schumpeter : la compréhension et l'emploi qui en est fait par les néo-libéraux est totalement usurpée.
RépondreSupprimerCe n'est pas le premier emprunt que les néo-libéraux font à tort à la pensée économique : ils ont par exemple pillé Smith sans rien y comprendre. Il faut dire que leur bagage intellectuel se limite aux pensées de Ronald Reagan ...
Ils ont effectué un hold-up sur la pensée du libéralisme historique, qui est l'opposé de ce qu'est un néo-libéral, comme j'ai pu le montrer par ailleurs dans des billets antérieurs.
Le seul "penseur" dont le néo-libéralisme peut vraiment se réclamer est Bernard Mandeville, qui avait théorisé que "les vices privés" font les vertus publiques, ... et avait été fortement attaqué par Francis Hutcheson, véritable fondateur du libéralisme historique, père des "lumières écossaises", ayant compté David Hume et ... Adam Smith dans ses rangs. L'usurpation du libéralisme historique par le néo-libéralisme, c'est la passage au premier plan de Mandeville au détriment de Hutcheson.
Pour en revenir à Schumpeter, l'un des économistes les plus mal compris mais de mon point de vue le meilleur de tous, la "destruction créatrice" enjoint de ne pas s'acharner à poursuivre des activités condamnées, mais nullement sur le mode cynique consistant à laisser faire les dégâts humains sans intervention.
Le grand projet de Schumpeter était celui d'"Economic cycles", c'est à dire la capacité à anticiper les cycles économiques d'expansion et de récession, précisément pour se protéger des périodes de destruction d'activité.
Schumpeter fut finalement connu bien davantage pour "L'évolution économique", car une théorie des cycles relève d'une complexité que nous n'appréhendons que maintenant.
Pour prendre une image comparant les phases de destruction économique à un tremblement de terre, un néo-libéral dira que les tremblements de terre sont inévitables, et qu'il faut accepter qu'ils provoquent des dizaines de milliers de morts à chaque fois qu'ils se produisent. Un marxiste de l'économie planifiée dira que l'on peut maîtriser la nature au point de supprimer les tremblements de terre. Un Schumpéterien dira que les tremblements de terre sont inévitables, mais que rien n'interdit de construire des bâtiments anti-sismiques, des abris, ainsi que des capteurs permettant de les anticiper.
Tel était le projet d'"Economic cycles" : Schumpeter n'enseignait en rien la passivité et le cynisme néo-libéral vis-à-vis des dégâts induits par les changements de technologie.
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