vendredi 3 juillet 2015

Krugman et Stiglitz votent non au plan irresponsable de la troïka




Les créanciers sont les irresponsables !

Quand un tel jugement est porté par deux prix Nobel d’économie* récents et modérés, cela doit amener à questionner l’histoire racontée par les euro austéritaires. Paul Krugman pense qu’il vaut mieux que la Grèce quitte l’euro plutôt que de continuer les politiques d’austérité entamées il y a 5 ans. Pour lui, « la dévaluation ne pourrait pas créer beaucoup plus de chaos que ce qui existe déjà et permettrait une éventuelle reprise, comme cela a eu souvent lieu dans bien des endroits », notant que l’histoire ne plaide pas pour un maintien dans la zone euro. Pour lui, « la troïka a sciemment fait à Tsipras une offre qu’il ne pouvait pas accepter. L’ultimatum était en fait un pas pour remplacer le gouvernement ».


Une condamnation sans appel de l’UE

Il se demande « pourquoi les dirigeants de l’UE résistent au référendum et refusent même d’étendre de quelques jours le délai du 30 juin pour le paiement au FMI. L’Europe n’est-elle un projet démocratique ? ». Cruel, il poursuit en soulignant que l’euro « n’a jamais été un projet très démocratique ». Franchissant un cap sur l’euro, il note que les Suédois « ont compris que le chômage monterait si la politique monétaire du pays était fixée par une banque centrale ne se préoccupant que d’inflation (et qu’il y aurait également une attention insuffisante sur la stabilité financière ». Joseph Stiglitz dénonce des comportements qui sont « l’antithèse de la démocratie », avant de conclure contre le « oui ».

Ce énième chapitre de la crise Grecque entamée il y a plus de cinq ans, démontre que cette construction monétaire est tellement dysfonctionnelle que cinq longues années de souffrance d’un pays et des milliards ne permettent pas d’en sortir. Ce faisant, cela pousse des économistes respectés et honorés à devenir de plus en plus critiques sur cette monnaie unique et la forme actuelle du projet européen. Dans son dernier livre, Paul Krugman avait été très critique sur l’euro, mais sans aller jusqu’à recommander d’en sortir, pas qu’il franchit aujourd’hui. Et Joseph Stiglitz tient également des propos de plus en plus dur à l’égard de l’UE, en soulignant notamment son caractère profondément antidémocratique.

Ce qui est intéressant ici, c’est qu’avec le soutien de ces deux prix Nobel d’économie*, cela montre que le camp de la raison est du côté du « non » pour le référendum de dimanche en Grèce. Le plan proposé par la troïka est aussi déraisonnable qu’irresponsable et il faut le refuser.

* : prix de la banque royale de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, seul « prix Nobel » qui ne vient pas du testament de ce dernier, mais qui est décerné selon les mêmes règles

19 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  2. bonne Video the Stiglitz & Varoufakis

    https://www.youtube.com/watch?v=OY3Qxm6BoUI

    Et Stiglitz a ete on ne peut plus clair sur l'euro l'annee derniere a Zurich

    https://www.youtube.com/watch?v=6FzI-5baKsI

    RépondreSupprimer
  3. Un responsable du FMI a reconnu que les besoins de financement du pays sont aujourd'hui proches de "plus de 60 milliards d'euros".

    L'Union Européenne va devoir débourser 36 milliards d'euros supplémentaires pour sauver la Grèce.

    Elle va devoir effacer une partie des 317 milliards d'euros de la dette grecque.

    La Grèce est en faillite.

    Les banques grecques sont en faillite.

    Les deux premiers « plans de sauvetage » de la Grèce sont un échec total.

    Bravo, la Troïka.

    Vous êtes des génies.

    http://www.boursorama.com/actualites/la-crise-en-grece-requiert-une-nouvelle-aide-europeenne-massive-selon-le-fmi-2d3c14de97ece273417b262241ef1ace

    Rappel :

    L’économiste danois Jens Nordvig a répertorié qu’entre 1918 et 2012 quelque 67 unions monétaires ont volé en éclat. Toutes les tentatives d’États indépendants de constituer une monnaie commune unique ont fini par échouer. On ne connaît pas de contre-exemple.

    http://www.lefigaro.fr/vox/economie/2015/06/29/31007-20150629ARTFIG00142-referendum-grec-vie-et-mort-des-unions-monetaires.php

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement, pour la France, M. François Asselineau le dit depuis plusieurs années, mais ses conférences ont toujours été censurées par les médias ! Alors allez sur son blog...

      Supprimer
  4. Bonjour à tous

    J'ai toujours pensé que la Grèce est un laboratoire pour tester une politique neolibérale qu'ils veulent appliquer pour tous. Et j'ai une petite différence d'opinion avec Laurent, je ne crois pas à une erreur de la Troika, ils savent ce qu'ils font! Le livre de Naomi Klein "la thérapie de chocs" colle pas mal avec la réalité de la Grèce. J'espère aussi que le non l'emportera. Avec ce non les grecs nous aident également, ne l'oublions pas.

    RépondreSupprimer
  5. Grèce : un référendum sous la pression de l'asphyxie économique. Article à lire de Romaric Godin pour comprendre un peu mieux les mécanismes de l'asphyxie économique et comment cela va favoriser le vote « Oui » au référendum de dimanche :


    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-un-referendum-sous-la-pression-de-l-asphyxie-economique-489316.html

    Au départ il y eu une stratégie erronée du nouveau gouvernement qui est arrivé au pouvoir avec l’idée de faire céder les créanciers tout en excluant de sortir la Grèce de la zone euro. Résultat des courses au bout de bientôt presque 6 mois d’exercice du pouvoir et de négociations en pure perte de temps et d’argent : Affaiblissement économique de la Grèce qui n’en avait pas besoin, les créanciers n’ont rien cédé et s’apprêtent à sortir vainqueur du référendum organisé dimanche (il y a quelques chances du moins) et il y a un risque de mise sous tutelle renforcée de la Grèce, avec encore plus d’austérité à prévoir vu la situation dégradée de l’économie grecque évoquée par l'article ci-dessous:

    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-l-europe-doit-preter-au-moins-36-milliards-d-euros-d-apres-le-fmi-489245.html

    Saul

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Jacques Sapir : Je cite la fin de cet article :

      http://russeurope.hypotheses.org/4043

      « le gouvernement grec n’a pu apporter au coup d’Etat financier organisé par Bruxelles qu’une réponse bien incomplète. A partir du moment où la clôture des comptes Target2 des entreprises grecques était constatée il devait réquisitionner la Banque Centrale de Grèce pour que le pays ne se trouve pas à court de liquidité, ou émettre des certificats de paiement (garantis par le Ministère des finances). On rétorquera que cela aurait été interprété par l’Eurogroupe comme une rupture définitive. Mais l’action de la BCE était bien l’équivalent de cette rupture. Il n’est aujourd’hui pas dit que le « oui » l’emporte. Mais, s’il devait l’emporter, ce serait bien parce que le gouvernement grec n’a pas voulu aller jusqu’au bout de la logique dans sa lutte pour la démocratie.
      Les leçons que l’on doit tirer de ce qui se passe actuellement en Grèce, que ce soit en France ou ailleurs, sont extrêmement importantes. Un gouvernement qui entrerait en conflit avec l’Eurogroupe et avec l’UE sait désormais à quoi s’attendre. Les risques de déstabilisation de la société sont immenses dès lors que l’arme financière est utilisée sans restriction par la BCE. Devant ces risques, du moins en France, nous avons une procédure d’exception qui est prévue par la constitution : c’est l’article 16. Le précédent de la Grèce montre que les pressions financières peuvent empêcher un fonctionnement normal des institutions. Le pouvoir exécutif serait alors en droit d’user de l’article 16 pour gouverner par décret dans la période de crise et pour répliquer, du tac au tac, aux actions venant de Bruxelles et de Francfort."

      Saul

      Supprimer

    2. Monsieur Tsipras ne veut en fait en aucun cas fâcher les eurocrates... il ne veut pas sortir de l'euro ; il veut négocier.

      C'est totalement stupide de vouloir négocier avec des gens qui vous font savoir à répétition : que vous devez vous soumettre ou démisionner.

      Monsieur Tsipras est nullissime.

      Supprimer
  6. http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/grece-martin-schulz-veut-un-gouvernement-de-technocrates-pour-remplacer-syriza_1695818.html

    En cas de victoire du "oui" au référendum, Martin Schulz -président "social démocrate" du parlement européen- veut un gouvernement de technocrates pour remplacer Syriza...

    C'est beau l'U.E. !

    RépondreSupprimer
  7. Le prix d'économie n'est pas attribué selon les mêmes règles que les prix nobels...
    Le prix d'économie a juste pour but de se parer du prestige qui va avec le nom "prix nobel".

    RépondreSupprimer
  8. Attention ! L
    'institut GPO (Greek Public Opinion) a dénoncé la reprise des résultats d'un faux sondage qu'il n'a pas réalisé. Evidemment, c'est ce fameux sondage qui donne le "oui" assez nettement en tête. Source : http://fr.sputniknews.com/international/20150703/1016829703.html

    Evidemment, l'AFP a repris, et ce faux sondage s'est retrouvé répercuté dans quasiment tous nos médias en ligne, faisant la joie des éditorialistes européistes... (A lire d'ailleurs le "Tchao Tsipras" de BHL sur le Point, proprement scandaleux)


    Olivier


    RépondreSupprimer
  9. C'est bien réconfortant de se trouver du même avis que deux brillants et célèbres économistes américains! Mais le simple bon sens permet de voir depuis des années que l'euro n'a rien à voir avec l'efficacité économique. C'est une affaire politique depuis le début, imposer l'ultra-libéralisme à tout le continent. Et en ce moment, c'est un véritable coup d'état financier qui se déroule en Grèce. La brutalité et le cynisme de l'organisation de Bruxelles et de la BCE montrent l'urgence d'en sortir pour tous les pays d'Europe.

    RépondreSupprimer
  10. Pour résumer le feuilleton :

    1. L’effondrement de l’URSS est expliqué par le néolibéralisme de Reagan

    2-1. L’Europe entière se convertir au capitalisme néolibérale qui à pour objectif (entre autre) l’indépendance des banques centrale, ce qui oblige les états à emprunter auprès des banques privés.

    2-2. La construction de l’euro étant plus un objectif politique qu’économique, les dirigeants européens ferment les yeux sur la manipulation des comptes Grecs et les autorisent à intégrer l’euro malgré un fort déficit.

    3-1. une fois intégré l’euro, le déficit grec continu, voir s’amplifie. Et les banquiers continuent de prêter car ils sont persuadé que les pays riches (Allemagne…) payeront.

    3-2. Les dirigeant grecs (UMP et PS local) ne font aucun effort pour réduire le déficit car ils n’ont qu’un seul objectif : se faire réélire en maintenant des dépense excessives. Et les Grecs sont assez naïfs pour les réélire tour à tour.

    4. En 2010 les banques qui ont subit le choc des subprimes américaines se rendent compte qu’elles ont (aussi) beaucoup trop prêté aux Grecs et ne veulent pas prendre le risque de prêter plus : augmentation radicale des taux d’intérêt.

    5. Le problème est que les Grecs sont incapables de se passer brutalement de déficit, et sont déjà dans une logique de surendettement : ils doivent emprunter pour rembourser d’autres dettes…mais avec un taux d’intérêt beaucoup plus élevés… Spirale effroyablement négative.

    6-1.La Grèce est au bord du défaut de payement vis-à-vis des banques privés, le FMI et l’UE arrivent à la rescousse des banques et de l’état Grec : ils rachètent les dettes des banques privées… en les dévaluant de 50%, ce qui n’est pas une perte pour les banques car c’est à peu près la valeur des intérêts. Pour les banques c’est une opération neutre (voir quand même positive), alors que c’est en grande partie elle qui ont pris des risques inconsidérés. Finalement elles ont eu raison : l’Allemagne a payé.

    6-2.La troïka se substitue au banque privées et continue de couvrir le déficit Grecs. Mais ne veulent pas le faire pour l’éternité. La solidarité européenne à certaines limites (ce qui prouve au passage que nous ne sommes pas dans une zone monétaire optimal…). Ils imposent donc aux gouvernements grecs une cure d’austérité radicale pour que les comptes courants reviennent dans le vert, et décalent dans le temps le remboursement de (l’énorme) dette.

    7. Après d’énormes efforts (licenciements, baisse des retraites et de la « sécurité sociale » locale, augmentation vertigineuse des impôts…) avec un massacre des capacités de production de richesse, les comptes Grecs se stabilisent. Cette stabilisation s’est fait dans des conditions stupides : les recettes se sont effondrées du fait de l’effondrement économique, mais les dépense ont baissé encore plus. Victoire à la Pyrrhus… avec des milliers (millions ?) de simples citoyens basculant dans la misère… et des « riches » qui n’ont finalement pas perdu grand-chose dans l’affaire, vu que les banques n’ont pas fait faillite.

    8. 2015 maintenant que les comptes sont revenues à l’équilibre, les créanciers Grecs (ces à dire principalement les autres états européens aujourd’hui) exigent des efforts supplémentaires (avec les mêmes méthodes) pour commencer à rembourser au plus vite la dette toujours en « stand by » dans les comptes des différents états créditeurs.

    9. Élection de Syrisa qui refuse d’aller plus loin dans l’austérité et demande l’annulation d’une partie de la dette que la Grèce est toujours incapable de rembourser aussi rapidement que prévu dans les contrats…

    10. Négociation interminable, autre les états créanciers qui ne veulent pas perdre leur argent (mais c’est leur faute : il fallait peut-être laisser les banques privés faire faillite…et les nationaliser pour 0€ ! En profiter pour réformer le néo-capitalisme, mais avec un génocide de rentier…) et des représentant Grecs qui ne veulent pas transformer leur peuple en esclaves pour les 50 prochaines années.

    11. La suite la semaine prochaine ?

    Ton avis sur ce résumé ?

    Laurent MICHEL

    RépondreSupprimer
  11. La Grèce peut garder l'Euro malgré un non qui probablement n’interrompra pas les négociations. Au pire, la Grèce n'aura plus de prêts des autres états, utilisera l'Euro et la Drachme en parallèle.

    Tsipras ne mènera pas non plus les réformes concernant l'armée et le fisc, car les guignolos souverainistes d'Anel n'en veulent pas. Donc la Grèce continuera de plonger, suffit pas d'imprimer de la Drachme pour éviter les réformes...

    Dedans ou dehors l'Euro, avec ou sans prêts extérieurs, le gros bordel clientéliste et fiscal grec n'est pas près de finir. Krugman et Stiglitz connaissent la Grèce aussi bien qu'un américain moyen sait où placer sur une carte Trifouilly-les-Oies.

    RépondreSupprimer
  12. Référendum en Grèce : quels sont les moyens de pression que l'Europe utilise pour peser sur le vote ?

    Comment l'Europe agit-elle pour inciter les électeurs grecs à voter « oui » ?

    La réponse est dans cet article très important, déjà signalé par Saul ci-dessus :

    Grèce : un référendum sous la pression de l'asphyxie économique.

    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-un-referendum-sous-la-pression-de-l-asphyxie-economique-489316.html

    RépondreSupprimer
  13. @ Lowcarber et BA

    Merci

    @ André

    Difficile d’être certain, mais j’ai tendance à penser qu’ils ne savent pas ce qu’ils font, par manque de recule, caractéristique typique de notre époque… J’epère que le non gagnera également.

    @ Saul

    Merci pour les liens. On verra ce qui se passe dimanche. En effet, si le oui gagne, Syriza aura perdu du temps et commis l’erreur de trop tarder. Mais peut-être que ce timing aura permis d’unir les Grecs contre les potions amères de la troïka. Réponse dans moins de 48h.

    @ Abd_Salam

    Attendons dimanche soir pour le juger un peu plus définitivement (encore que même avec un « non », tout ne sera pas gagné loin de là, surtout s’il choisit la voie de l’adoucissement de l’esclavage au lieu de la libération). Les eurocrates sont effarants.

    Notez que j’ai bien précisé le point concernant le « prix Nobel d’économie ».

    @ Olivier

    Peu surprenant

    @ Jacques

    Très juste

    @ Laurent Michel

    Très bon résumé. Quelques précisions :
    2-1 : quelques Etats conservent des banques centrales non indépendantes (Japon, Suède il me semble), ou qui, a minima, se comportent de manière plus équilibrée et patriote (GB, USA)
    2-2 : il n’y a pas que la Grèce qui a été récupérée (la Belgique et l’Italie ne devaient théoriquement pas y rentrer)
    3-1 : la baisse des taux d’intérêt donnent des marges de manœuvre supplémentaire en Grèce

    @ Anonyme

    C’est sûr que vous êtes plus compétent que 2 « Prix Nobel d’économie » sur la question…

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Monsieur Herblay,

      Préciser le point sur "nobel" et "économie" n'est pas suffisant... si vous contribuez vous-même à l'escroquerie...

      Qui consiste à bien amalgamer "nobel" et "économie".
      Surtout quand vous le "précisez" à part et tout en dessous de l'article.

      Concernant Monsieur Tsipras, c'est déjà tout vu : c'est un nul ! il n'en fait pas mystère ; il réponds à chaque attaque par une volonté de ne rien faire dans l'espoir stupide et insensé de garder "ouverte la porte des négociations".

      C'est un Nerville Chamberlain.

      Supprimer
    2. Je ne comprends pas que le fait que je l'explique de la sorte ne vous convienne pas. Après tout, je prends plus de pincettes que la plupart des commentateurs.

      Supprimer
    3. Le but du jeu était que le gens disent : prix nobel d'économie.

      Et c'est gagné... puisque vous le faites.

      Supprimer