Le
président de la République a surpris son monde en promettant une baisse
d’impôts pour 2016. On peut y voir légitimement une
forme d’entrée en campagne, mais tous ses choix économiques montrent aussi qu’il
semble renforcer le
cap libéral affiché plus clairement depuis début 2014.
Libéralisme
décomplexé
En effet,
pour qui prend un peu de recul, les informations des derniers jours ont
vraiment de quoi donner le tournis. D’une part, François
Hollande annonce une baisse d’impôts pour 2016, sans doute de l’impôt sur
le revenu, si
on en croit Europe 1, et donc
centré sur les classes moyennes supérieures. De l’autre, le
projet de décret consécutif à la loi Macron va très loin dans l’extension des
zones touristiques internationales à Paris, développant de facto le travail
du dimanche. Et parallèlement, des
services d’urgence ont été fermés cet été et d’autres ont vu leurs horaires
d’ouverture réduits. Enfin, le
coût des activités périscolaires prévues dans le cadre de la réforme des
rythmes scolaires, s’envole, jusqu’à 257% à Pézenas, soit 300 euros de plus par
an et par enfant, un coût rédibitoire pour certains parents.
En résumé, les
cadres devraient payer un peu moins d’impôts l’an prochain et les classes
populaires des zones périurbaines déclassées pourraient subir la double peine
d’un détricotage du service public par un
éloignement des urgences médicales et le
renchérissement de l’école publique dont les pratiques tarifaires se
rapprochent de plus en plus des entreprises privées, du fait de la baisse des
dotations. Et pour couronner le tout, les chômeurs des agglomérations
touristiques seront de plus en plus contraints d’abandonner leurs familles le dimanche
pour
servir les riches touristes étrangers. Sarkozy en rêvait ? Hollande l’a
fait ! Il est tout de même effarant que le PS préside à une telle déconstruction
du service public et du droit du travail tout en baissant les impôts des
entreprises et des classes moyennes.
Quelles
conséquences pour 2017 ?
Bien sûr,
certains restent dubitatif sur le conditionnement de cette baisse d’impôts à
l’accélération de la croissance, mais le fait que Hollande soit sorti du bois
montre bien que les
chiffres du second trimestre ne sont pas si mauvais qu’ils le semblent.
Plus globalement, il
faut veiller à ne pas sous-estimer un homme qui l’a été toute sa vie et qui est
arrivé là où il est. Depuis plus d’un an et demi, le président a fait un
choix clair et net : celui
de se recentrer, autant dans le discours que dans les mesures, ignorant les
grognements de son aile gauche, que
l’évolution de la situation en Grèce n’aide pas. Ce faisant, il
pourrait poser un sacré casse-tête à Sarkozy, puisque Hollande tient même
parfois les promesses de son rival, pour
le travail du dimanche, ne lui laissant qu’un espace politique bien réduit.
Toutes ces
décisions vont dans le mauvais sens. Il serait effarant de baisser l’impôt sur
le revenu (au faible rendement et centré sur les classes moyennes supérieures).
Il est indigne d’imposer le travail le dimanche (ce à quoi revient la
libéralisation en période de chômage de masse) et de poursuivre la
déconstruction de notre service public. Pire, cela pourrait servir le candidat
Hollande en 2017.
@LH
RépondreSupprimerJe me demande si cette droite hollandienne dont le logiciel de réflexion est l'idéologie du marché total et la validation des instances a-démocratiques de l'UE, ne serait pas la nouvelle ultra-droite du XXIème siècle ?
Non ?
En effet. Et de plus Bison futé va se faire charcuter car Google (!!) peut le remplacer.
RépondreSupprimerDe plus, la réforme territoriale voulue par Valls a probablement pour but de rattacher plus de services publics à ces nouvelles régions, c'est à dire à affaiblir le statut de personnels passant de la fonction publique d'Etat à la FPT (et nécessite en tout cas une (nouvelle) refonte de la partie territoriale de la fonction publique d'Etat).
Le personnel politique a rarement été aussi médiocre que dans ces années 2000...et a rarement fait autant de réformes. Pas étonnant que ce soit de plus en plus le bordel.
La confrontation d'un système mou (les politiciens français et leur écoeurante démagogie) et d'un système dur (l'UE) ne risque pas de tourner à la faveur des premiers. Plus le temps passe, plus les dégâts seront irréversibles.
Rassurez moi! Le "programme" se fait bien toujours a Bruxelles et quelque soit l'élu, il est mis en application en catimini! Il n'y a pas de surprise...!
RépondreSupprimerà lire ce résumé de situation déjà copieux, il me semble qu'on frôle même le délire si on résume un peu et sans tomber dans le piège de l'intox officiel qui ne parle que des dépenses publiques
RépondreSupprimer1° les recettes sont insuffisantes, parce que trop de chômage, une consommation atone et des prix qui baissent, facteurs de manque de rentrées de TVA (c'est le canard qui le dit, les recettes fiscales ont reculé de 1% au premier semestre)...
2° des restrictions budgétaires de 50 milliards pour ramener le déficit public dans les critères du marbre de bruxelles mais surtout limiter les dépenses publiques................tout en refilant un supplément de 45 milliards aux groupes privés au titre de la création d'emploi...qui ne se créée pas..)
3° l'impôt sur le revenu c'est 24 % des recettes publiques, en diminuant les impôts de la frange de population la plus aisée, ça n'apportera absolument rien, puisque cette partie de la population ne consommera pas plus pour autant mais placera le delta des gains de l'impôt en épargne ...
4° inutile d'évoquer l'emprise du manque à gagner sur le toujours moins d'état, c'est fait sur le billet...
bref, effectivement on dirait bien que ce gouvernement comme d'autres le ferait d'ailleurs, veuille absolument arriver à ce fameux transfert massif des biens publics dont la grèce fait honteusement l'objet par les privés allemands à prix bradés...
et veuille continuer à se mettre en position pour que bruxelles continue d'imprimer la dévaluation interne par les salaires et les prestations...pour le plus grand profit des multinationales et des banques
c'est la forme la plus remarquable de la grande défausse de responsabilité de nos dirigeants, celle qui justifie "le non responsable et non coupable" ou plus clairement "nous n'y sommes pour rien, c'est l'UE qui nous impose ......"
chacun pense ce qu'il veut de cet énorme foutage de gueule en cours, c'est franchement c'est véritablement une longue série d'insultes à destination de la collectivité et à la démocratie..
Stan
Croissance en berne, les entreprises n'investissent donc pas, donc chômage, donc moins d'entrées fiscales et d'impôt sur le revenu, donc plus de dépenses en allocations chômage pour ceux qui y ont encore droit.
RépondreSupprimerPépère Floumou va de plus se faire taper sévèrement sur les doigts par pépère tape dur Schäuble et ses potes finlandais, hollandais, espagnols, lettons... Il est pas sorti de l'auberge le gars de l'Elysée.
Le feuilleton continue, mais je me demande pendant encore combien de temps Hollandou va réussir à passer entre les gouttes d'eau du Panzer-Kärcher haute pression de Berlin ?
Dallas
Ton univers impitoyable
Dallas
Glorifie la loi du plus fort
Dallas...
@ 1984
RépondreSupprimerUltra-droite, c’est sans doute un peu exagéré. Hollande n’est pas Thatcher ou Reagan, il agit de manière plus progressive (le CICE, puis le Pacte de compétitivité)
@ Stan
Et encore, 24% des recettes du budget national, soit une proportion bien plus faible des recettes publiques (qui prennent en compte la Sécurité sociale, les recettes locales). Le problème, c’est que ces évolutions sont lentes et que l’histoire globale que nous nous racontons créé une forme de fatalité à leur sujet
Vous devriez aussi vous interroger sur pourquoi les retraites en France sont si alambiquées, malgré la volonté impuissante du CNR de les rendre plus équitables et simples :
RépondreSupprimerhttp://www.eric-verhaeghe.fr/retraites-publiques-et-noblesse-detat/
Il y aurait beaucoup à dire sur cet article. Sans être exhaustif :
Supprimer-il n'y a que 2 caisses de retraites publiques, et elles ont toujours été en excédent : la CNRACL et l'IRCANTEC. Chaque année elles sont sauvagement ponctionnées par l’État pour renflouer des caisses privées déficitaires, à tel point qu'une année la CNRACL s'est retrouvée en déficit, et donc obligée d'emprunter et payer des intérêts à cause de cela,
-le taux de remplacement est globalement identique dans le privé et le public, il n'y a donc plus aucun avantage pour les fonctionnaires, le prétendu privilège a disparu alors qu'il n'en était pas un vu que l’État a utilisé pendant des années l'espoir d'une retraite moins misérable pour attirer les meilleurs candidats aux concours de recrutement, en dépit des salaires misérables, et ensuite les poignarder dans le dos,
-les principaux paramètres sont maintenant alignés sur le privé (ce que ne dit pas l'article), alors que les traitements sont restés aussi misérables,
-le niveau élevé des retraites d’État s'explique par le fait que l’État emploie surtout des cadres supérieurs (enseignants) Les retraites CNRACL et IRCANTEC sont beaucoup plus modestes,
Ivan
@LH,
RépondreSupprimer"il agit de manière plus progressive"
Pensez-vous , malgré cette progressivité, qu'il peut-être raisonnable de voter pour lui en 2017 ?
Pour la revalorisation des fonctionnaires j'attends de voir mais je ne me fais guère d'illusion, sachant que la valeur du point d'indice est gelée depuis 2010, et qu'elle ne suivait plus l'inflation depuis beaucoup plus longtemps encore.
RépondreSupprimerCe n'est pas une revalorisation électorale tardive et incomplète qui empêchera la gauche de perdre les fonctionnaires comme elle a perdu les ouvriers, et pour les mêmes raisons.
Ivan
@ Anonyme
RépondreSupprimerLa simplification (du moment que cela ne pénalise pas la justice) sera cruciale
@ Ivan
Merci pour la réponse. Pas si sûr s’il parvient à donner un peu après une longue disette
@ 1984
Non, sauf s’il y a pire que lui en face
@LH,
RépondreSupprimer"Non, sauf s’il y a pire que lui en face"
Que contient ce pire ? Entre un candidat républicain-souverainiste et Hollande, vous préférez Hollande ?
@ 1984
RépondreSupprimerContre des identitaires nationalistes démagogues, amateurs et aux racines extrémistes, sans doute.