Sociale,
collaborative, et bien sûr moderne : la nouvelle économie, issue des
révolutions technologiques autour d’Internet nous a tellement apportés (dans mon cas, un moyen de m’exprimer
politiquement et de débattre) que l’on oublie un peu vite que tous ses
ressorts ne sont pas si nobles.
Barbares
à la recherche de rentes ?
La plupart
des géants d’Internet proclament souvent avoir des objectifs qui dépassent
largement le simple profit. Google veut organiser l’information de la planète
et rendre nos routes plus sûres, Facebook faciliter nos échanges. Pourtant,
quand on étudie les comptes d’exploitation de ces entreprises (sans même
parler de la fortune ou des salaires de leurs dirigeants), on constate qu’ils
ne sont pas insensibles à la quête d’un maximum de profits… En outre, il faut
bien constater que les errements de cette nouvelle économie, et
la spéculation qui l’a entourée au tournant du siècle, a provoqué un cataclysme
boursier, créant des millions de chômeurs. Et naturellement, l’émergence de
ces nouvelles entreprises a aussi un coût pour des entreprises de l’ancienne
économie (on peut penser à Virgin par exemple).
Même s’il
note que les sites Internet promeuvent la compétition, The Economist souligne que « les
sites de comparaison introduisent une nouvelle couche de coûts, incluant leurs
propres campagnes publicitaires » aussi une étude d’un économiste
qui affirme que « les
consommateurs perdent souvent avec les sites de comparaison. Les surcoûts sont
incorporés dans le prix que le consommateur finit par payer. Si ces coûts
supplémentaires dépassent l’économie permise par la comparaison, les
consommateurs y perdent ». The
Economist poursuit : « en
2014, le régulateur de la compétition britannique a trouvé que certains sites
de comparaison utilisaient leurs contrats avec les distributeurs pour leur
interdire de proposer des prix plus bas ailleurs ». Un site
dominant a un énorme pouvoir sur le marché.
L’accentuation
des rapports de force
En réalité,
le marché s’allie avec les pépites de la nouvelle économie pour générer
d’énormes rentes de situation, bien plus complexes à dénouer que les rentes du
passé, comme la Standard Oil, qui pouvaient être découpées par un Etat, alors
qu’aujourd’hui, ces géants, établis ou en devenir, de la nouvelle économie, se
jouent des frontières et des régulations, même si parfois, elles peuvent être
rattrapées, comme
on l’a vu avec Uber en Californie. Mais la nouvelle économie, si elle
apporte beaucoup, peut aussi se révéler être un démultiplicateur de force
contre l’intérêt général, plaçant des entreprises (et donc leurs actionnaires
et aussi leurs dirigeants) dans une situation où elles peuvent extraire des
profits colossaux par suppression de toute concurrence, directement (par des
rachats) ou indirectement.
Bien sûr, ce
blog démontre aussi les bienfaits de cette nouvelle économie qui permet à des
anonymes de prendre part aux débats publics d’une manière impossible il y a dix
ans. Mais aujourd’hui, nos dirigeants ont un temps de retard sur certains
effets assez délétères et les rentes de situation qu’elle produit.
@LH,
RépondreSupprimerhttp://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/08/26/20002-20150826ARTFIG00008-illettrees-pauvres-35-heures-le-best-of-des-declas-chocs-d-emmanuel-macron.php
En économie il n'y a et n'y aura jamais rien de nouveau. En matière de théorie économique il y a il est vrai sans cesse du nouveau. D'où il résulte qu'il est fort probable qu'entre la théorie et la pratique en matière économique il n'y ait aucun lien nécessaire, et que l'on parle peut-être même de choses fondamentalement différentes qui jamais ne se croiseront.
Il n'y a rien de nouveau à ce que les législations et états aient un train de retard par rapport aux évolutions techniques et économiques.
RépondreSupprimerLes USA montrent que le vent tourne et les dernières décisions de justice visant les banques ou Uber montrent une évolution en cours.
La "nouvelle" économie n'est que la continuité de "l'ancienne"... avec de meilleures armes pour écraser la classe laborieuse ; et surtout des armes qui neutralisent l'autorité de l'Etat.
RépondreSupprimerParler de "nouvelle économie" est un biais idéologique, c'est confondre progrès technologique et changement sociaux.
(Un progrès technologique peut entrainer des changements sociaux, mais le progrès technologiques n'est pas le changement social en lui-même.)
Je pense que l'amalgame est utilisé à dessein... faire passer les modifications politiques de la société, comme étant inévitables et surtout comme étant la simple conséquence des technologiques récentes.
Alors que les réformes idéologiques que l'on nous imposent servent un but bien précis -indépendant du niveau technologique-... et cette motivation est leur véritable raison d'être : Asseoir (et renforcer) la domination des nantis sur les autres classes.
@ Anonymes
RépondreSupprimerMerci pour l’article sur les déclarations de Macron. Petit mouvement aux USA, mais cela reste assez anecodtique pour l’instant
@ Abd_Salam
Je ne pense pas qu’il y ait un but véritablement défini. Je crois que nos sociétés ont progressivement déclenché des courants qui nous poussent dans une mauvaise direction, mais pas de manière totalement consciente
Vous êtes bien naïf, Monsieur Herblay...
SupprimerDire que les nantis ne contrôlent pas complétement la machine, je veux bien ! mais faut pas s'aveugler non plus, il y a une volonté de rechercher son intérêt.
Faut être sacrément naïf pour penser que les très riches réclament de baisses de salaires sans volonté d'écraser les travailleurs.
Arrêter de croire que le très riches réclament le droit de licencier sans indemnité et veulent étouffer les prudhommes sans raison mesquines et volonté de pouvoir.
A un moment, faut arrêter de vouloir être gentil avec tout le monde. Surtout si ça vous pousse à croire que tout le monde est gentil comme vous ! Monsieur Herblay.
Ce qui est conscient chez ceux qui dirigent le monde, dirigeants politiques ou décideurs économiques, c'est leur choix d'exploiter toujours plus leurs semblables en utilisant tous les moyens à leur disposition. On ne peut donc pas croire que cela se fait "de manière pas totalement consciente" sauf si on réfère aux progrès de la technologie, qui ne peuvent être décrétés, sachant que même dans ce cas, certains intellectuels considèrent que les changements sociaux précèdent les évolutions de la technique. Sans oublier les politiques de prédation de certaines entreprises (Google, Microsoft ...) qui investissent des milliards de dollars pour passer d'un secteur à un autre afin de dégager des bénéfices substantiels en lessivant au passage les salariés.
SupprimerDemOs
Sur ce sujet, je conseille vraiment la lecture de Michel Volle, l'un des meilleurs analystes de "l'iconomie" : http://michelvolle.blogspot.fr/2015/03/le-secret-de-liconomie.html#more
RépondreSupprimerMichel Volle explique très bien (dans des articles antérieurs) que l'économie de l'internet génère structurellement de très fortes instabilités ainsi qu'un encouragement à des comportements de prédateur. Ces effets induits ne sont pas des fatalités, mais il faut enclencher des mesures énergiques pour les combattre.
L'économie de l'internet a ceci de particulier que l'essentiel du coût de production est concentré dans l'investissement initial, en matériel et surtout en conception. Le coût marginal, celui de production et de diffusion, est extrêmement faible, contrairement à l'économie classique, dont le coût marginal est proportionnel à celui de la main d'oeuvre et du coût des matières premières.
En économie classique, une concurrence déloyale (que dénonce souvent Laurent) est celle portant sur de très faibles coûts de main d’œuvre et de matière première. En économie « high-tech », le mode de concurrence n’est pas moins féroce, mais de nature très différente : celui de la « concurrence monopolistique », très bien décrite dans l’article de Michel Volle et visible chez un Apple, Google, Microsoft. Il s’agit de créer une rupture en innovation, de conserver une rente monopolistique le plus longtemps possible par tous les moyens, … puis de se tourner rapidement vers une autre innovation en laissant tomber la précédente. Un jeu de « winner takes all », de surcroît très volatil.
Une certitude : le régime de « concurrence pure et parfaite » - qui est l’antienne favorite de Bruxelles - est la pire des stratégies en économie de l’internet. Elle aboutit à nous exposer facialement aux tactiques de la concurrence monopolistique, fondée sur des principes exactement inverses. L’incompétence et le dogmatisme de l’UE sur ces sujets atteint des sommets.
Pour stabiliser l’économie de l’internet, une action mixte des puissances publiques et privées est fortement recommandée, notamment par le développement de filières d’excellences, d’incubateurs, pépinières, etc.
Dans l’aéronautique et le nucléaire, un De Gaulle avait appliqué sans en connaître la théorie une excellente stratégie de concurrence monopolistique par le développement de filières industrielles en France, combinant les actions de l’état et de sociétés privées.
@ Abd_Salam & Démos
RépondreSupprimerJe persiste à penser qu’il n’y a pas de grands desseins, plutôt un courant que nos sociétés produisent et qui nous pousse dans ce sens. Dans la société néolibérale, de toutes les façons, on pense davantage à ses intérêts individuels plutôt qu’aux intérêts collectifs. Je persiste à penser que les élites pensent qu’il n’y a pas d’autre solution que pressurer les bas salaires (TINA).
@ Marc
Merci pour l’info
Monsieur Herblay,
SupprimerLa société ne fonctionne pas totalement en pilotage automatique.
Les courants qui nous poussent dans telle ou telle direction ne viennent pas de nul part.
Ne voyez pas que les éléments de surface... mais voyez ce qui amène les phénomènes qui sont flagrants : écraser les salaires, ultra-individutalisme ; ils ne sont que les conséquences d'une idéologie.
Bien entendu, il y a des vagues sur lesquels nos bien aimés dirigeants surfent et des vents, qui soufflent dans telle ou telle direction. Mais il me semble que le capitaine sérieux et avisé se sert des courants pour aller là où il veut plutôt de les subir en reprochant aux cieux de lui jouer de mauvais tours.
SupprimerDemOs