samedi 12 septembre 2015

Quel bilan pour les Abenomics ?

Il y a plus de deux ans, le nouveau premier ministre du Japon mettait en place une politique économique assez radicale. Surfant sur quelques statistiques trimestrielles négatives, bien des média font son procès, cachant le fait que le bilan global est largement positif sur la distance.



Un succès incontestable

Bien sûr, une statistique trimestrielle peut donner l’impression d’un échec des Abenomics, comme cela est expliqué à la moindre baisse de la croissance. Les statistiques du second trimestre, avec un recul de 1,6% du PIB, ont donné une nouvelle occasion aux pourfendeurs de Shinzo Abe de dénoncer ses politiques, qui montreraient ici leurs limites. Mais cette analyse est superficielle car il suffit d’y ajouter les chiffres du premier trimestre, très positifs (un PIB en croissance de 3,9%) pour relativiser cette contre-performance. De même, certains soulignent que l’inflation ne parvient à rester en territoire fermement positif. Mais, comme le rapporte The Economist, il ne faut pas oublier que le Japon vient tout juste de publier des statistiques d’inflation hors matières premières, qui se situe à 0,7% sur un an au lieu de 0.


Bien sûr, l’objectif de 2% d’inflation n’est pas encore atteint, mais le graphique de The Economist, qui ne montre pas le chiffre hors matières premières, souligne à quel point les Abenomics ont permis de sortir le pays de la déflation dans laquelle il s’était enfermé depuis des années. Un autre graphique montre aussi à quel point les Abenomics ont redynamisé la croissance, le PIB du pays étant sorti d’une phase de baisse. Bien sûr, la croissance est tombée mi-2014 du fait de la hausse de la TVA, mais la croissance globale est positive en 2014, d’autant plus méritoire avec une population en baisse, menant Shinzo Abe à une victoire électorale. Bref, ici, il il ne faut pas se laisser intoxiquer par les titres dramatisants à chaque oscillation négative quand les bonnes nouvelles tendent à être oubliées.

Ce débat nécessaire qui est oublié

Le Japon révèle malheureusement la malhonnêteté de certains médias qui ne veulent pas accepter les succès de la politique menée par le Premier ministre, car cette dernière est trop contraire à ce qu’ils défendent. Il faut dire que Shinzo Abe n’y est pas allé avec le dos de la cuillère : à son arrivée au pouvoir, le pays était englué dans une déflation, dont il ne parvenait pas à sortir. Alors que les déficits budgétaires étaient importants, il a pourtant décidé de les gonfler pour relancer l’économie (il atteint encore aujourd’hui près de 7% du PIB). Cela a été rendu possible par la Banque Centrale, qui achète aujourd’hui pour 80 000 milliards de yens (670 milliards de dollars, 13% du PIB)  de bons du trésor par an et en détient aujourd’hui plus de 300 000 milliards, presqu’un tiers de la dette publique.

Appliqué à notre échelle, cela reviendrait à ce que la Banque de France achète pour plus de 250 milliards d’euros de bons du trésor par an, bien plus que les déficits ! A ce rythme, la banque centrale monétiserait toute notre dette en 8 ans ! La France n’aurait plus alors à payer d’ntérêts, soit 50 milliards d’économie par an ! Bien sûr, il faut remettre en perspective la politique du Japon par le fait que la dette du pays représente environ 240% de son PIB, mais cela relativise grandement les discours de tous les austéritaires qui clament que nous sommes au bord de la faillite, alors même que nous n’avons jamais payé l’argent aussi peu cher. Enfin, il faut noter le volontarisme de Shinzo Abe dans le soutien aux salaires, avec sa hausse de 2,3% du SMIC local, qui reste assez faible néanmoins.


Il est malheureux qu’il ne soit pas possible de débattre de manière plus posée des ressorts de la politique économique du gouvernement Japonais et que l’on ne retienne trop souvent que de mauvaises statistiques passagères. En réalité, les Abenomics devraient être une source d’inspiration.

8 commentaires:

  1. Mais le problème au Japon, c'est la déformation du partage des revenus au détriment des salariés. La politique budgétaire et monétaire a ses limites, ce n'est pas avec de l'endettement que l'on peut durablement développer la croissance.

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  2. @LH,

    La presse est libérale, elle prône l'orthodoxie économique. Les médias sont libéraux, les uns chargés du libéralisme économique les autres du libéralisme culturel et sociétal ; tout cela étant la même chose ou les faces d'une même offensive idéologique ayant commencé dans les années 90. Tout ce qui sera possible de faire afin d'assener 24/24 la "morale" libérale, la bonne parole libérale, sera fait. Les produits "culturels" (films, chanson, télévision...) ne sont qu'une des modalités d'action idéologique du "softpower" libéral. Ca "parle" libéral, ça "pense" libéral, ça "vie" libérale, du soir au matin. Les images contemporaines sont libérales, les écrans sont libéraux. Ce n'est pas Big Brother qui nous regarde, c'est nous qui le regardons. Afin d'échapper à la propagande libérale il convient de résilier tous ses abonnements et de se séparer de son poste de télévision. L'ORTF fut une douce plaisanterie à côté de ce qu'est la force de frappe idéologique du capitalisme absolu (le libéralisme abandonné à lui-même).

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  3. Le même ressort de manipulation est employé pour annoncer le succès de l’austérité en l'Espagne, on prends une stat isolée d'un trimestre et on ignore royalement le bilan depuis le début.

    Par contre j’espère que les fans de la T.V.A, c.a.d ceux qui ne voient comme seule reforme fiscale, et de prélèvements obligatoires, des reports sur la T.V.A, prendront conscience de la dangerosité macroéconomique de cet impôt.

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  4. Il n'y a pas que la macroéconomie :

    http://www.atlantico.fr/decryptage/jm-quatrepoint-alstom-cas-ecole-maniere-dont-france-detruit-industrie-2326892.html
    "Quelle est la part de responsabilité relevant de l'ignorance, voire d'une certaine naïveté, de la part de l'Etat français et celle qui repose sur un consentement des politiques ?

    Jean-Michel Quatrepoint : Les deux éléments sont à considérer ! Les dirigeants français quels qu'ils soient, notamment les politiques et certains managers ne font pas suffisamment attention à ce qu'il se passe en dehors de l'hexagone. Ils n'analysent pas avec assez de pertinence les stratégies de leurs partenaires qui sont aussi des concurrents ce que beaucoup ont oublié. Je pense par exemple aux Etats-Unis ou à l'Allemagne par exemple.
    On observe depuis une vingtaine d'années une mentalité bisounours ; depuis la fin de la Guerre froide, nous n'aurions que des amis. Nos services de renseignements ont abandonné en grande partie l'intelligence économique. Pas question d'essayer de savoir ce qui se mijote à la chancellerie allemande."

    Je vous l'avais bien dit sous un autre billet : il faut (aussi) se méfier des Allemands, qui peuvent parfaitement vouloir manoeuvrer pour coincer la France dans la situation actuelle.

    Mais c'est sûr qu'il est plus confortable de se contenter de petites polémiques au sujet du FN, pendant que tout s'effondre...

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    1. L'encadrement des boites françaises est souvent complètement stupide, les allemands ou autres pays n'ont même pas besoin de comploter, ils n'ont qu'à se baisser pour ramasser les miettes.

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    2. Je suis entierement d'accord avec vous , j'avais les meme reflexion lors de l affaire Ariane 6 :
      Pour résumé , en contre partie d'une participation financiere, les allemands demande d avoir une usine de boosters chez eux : la partie cryogenie est une parfaitement maitrise par les francais mais absente de l autre cote du Rhin.

      On a presque l impression que l'Allemagne veut une industrie spatiale complete et pour cela elle utilise un projet europeen pour l'acquerir :

      http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/pourquoi-airbus-et-berlin-se-dechirent-sur-ariane-6-468472.html

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  5. @ Moi

    Tout n’est sans doute pas parfait

    @ 1984

    Mais cela n’a pas empêché 2005

    @ Anonyme

    J’ai plusieurs fois parler d’Alstom et alerté dès le début sur les risques :
    http://www.gaullistelibre.com/2015/04/apres-alstom-le-gouvernement-abandonne.html

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  6. @LH

    Là j'avoue que vous me décontenancez... si faire rachetez sa dette par sa Banque centrale résolvait les problèmes de déflation, d'endettement, de croissance, de PIB et de bonheur de sa population....

    Mais que diantre, qu'attendons-nous !!!

    Votre analyse à la petite semaine (sur cette analyse), à la mode keynésienne, et aussi de bas étage que ceux qui se réclament du libéralisme ou de l'austérité...

    Dommage

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