La
déconstruction des droits sociaux ne passe pas seulement par le
futur projet de loi qu’a annoncé Manuel Valls il y a une semaine. Car cette
déconstruction a déjà commencé par les
accords de compétitivité, déjà passés par nos constructeurs nationaux, et
qui se négocient chez Smart.
Résignation
des salariés, résistance des syndicats
François
Lenglet a bien eu raison de souligner le caractère exceptionnel du référendum
organisé par Smart. La direction de la marque, qui appartient à Mercedes, a
demandé à ses salariés s’ils soutenaient son pacte 2020, qui
prévoit un passage du temps de travail de 35 à 39 heures, payées 37, une
diminution du nombre de RTT pour les cadres l’embauche de 50 CDI d’ici à fin
2017, une prime exceptionnelle et une garantie de l’emploi jusqu’en 2020.
Pour passer outre l’opposition des syndicats, le constructeur automobile a donc
fait un référendum, approuvé par 56% des salariés qui ont donc accepté ses
propositions. Il
faut noter que les cadres les ont acceptées à 74% quand les ouvriers s’y sont
opposés à 61%. Le référendum n’ayant pas de valeur légale, il faut aussi
l’accord d’une partie des syndicats.
Curieusement,
il suffit de l’accord de syndicats ne représentant que 30% du personnel pour
que l’accord soit mis en place. En clair, le cadre légal actuel permet à Smart
de mettre en place son plan avec le seul soutien d’un syndicat représentant
30,1% des salariés, même si des syndicats représentant 69,9% des salariés s’y
opposaient ! Mais
malgré le résultat du référendum, la CGT et la CFDT, qui représentent 54% des
voix des salariés, ont été rejointes par la CFTC hier, ne permettant pas à
la direction de pouvoir signer un accord car elle avait besoin du soutien
conjoint de la CFTC et de la CGC pour réunir des syndicats représentant plus de
30% des salariés. La CFTC a déclaré vouloir « laisser
le choix à tous les coéquipiers d’accepter ou non une modification de leur
contrat de travail » et mis fin aux négociations.
Rapports
de force et chantage à l’emploi
Pire, avec
le maintien d’un taux de chômage massif, le rapport de force est
extraordinairement défavorable aux salariés, qui peuvent préférer un engagement
de maintien de l’emploi pour quelques années contre une baisse de leur
rémunération horaire, même s’il est parfaitement possible que Mercedes demande
d’autres sacrifices à l’issue de ce plan, pour les mêmes raisons, surtout
si le cadre législatif le permet toujours. Bref, difficile de ne pas
comprendre que ces accords de compétitivité et toute
la flexibilité que devrait permettre le projet de loi sur le droit du travail
ne fait que renforcer la dépression anti-sociale qui pèse sur les salariés. Le
cadre actuel, loin de protéger les pseudo privilèges de ceux qui ont un emploi,
permet aux actionnaires
de faire pression sur les entreprises pour déconstruire les droits sociaux.
Comment traduit-on Hartz en français ?
RépondreSupprimerA votre dernière question le PS et les socialo-libéraux répondront que ces "réformes" sont nécéssaires pour preserver notre système social : le recul est une conservation...
Du coté de la droite libérale la rhétorique est à peu de chose la même puisqu'ils nous expliquent que le recul est un progrés.
La compétitivité est un alibi commode.
RépondreSupprimerQu'est ce qui garantit que les efforts faits par les salariés seront affectés au prix des produits de l'entreprise et non aux dividendes ou à des auto-augmentations ?
Avec une monnaie nationale qui reflète la compétitivité du pays, les choses sont claires, si on ne produit pas assez nos produits importés deviennent automatiquement plus chers et inversement.
Le discours distillé par les dirigeants politiques et économiques français ou plutôt les éléments de langage sur la nécessité d'accroître la compétitivité des entreprises est creux et ne débouche sur aucun résultat positif. Au contraire, les mesures prises mettent en péril le système économique et social actuel et l'économie elle-même en comprimant la demande à cause d'une diminution des salaires et en accroissant les dépenses liées à la progression du chômage. cela n'est pas suffisant pour ce gouvernement de pourris. Mais cela ne suffit pas à nos éminence socialistes qui n'a de cesse s'attaquer aux lois et codes qui régulent, organisent, protègent, équilibrent au motif qu'ils pénalisent les entreprises. Il s'agit là d'une destruction systématique, programmée, coordonnée (cf. les propositions de Badinter, Terra Nova ... sur le Code du travail) que nous devons combattre avec nos moyens politiques, syndicaux, citoyens, associatifs. Si nous restons les bras croisés en attendant des lendemains meilleurs, le moment viendra où il deviendra très difficile, voire impossible de revenir sur les effets de la politique de régression sociales en cours d'exécution.
RépondreSupprimerDemOs
Et encore un exemple, très récent, de la manière dont les salariés se font... entuber (notamment les cadres dont je pensais qu'ils étaient d'une efficience intellectuelle un peu plus développée...) : deux ans de sacrifices... pour rien.
RépondreSupprimerhttp://www.lalsace.fr/actualite/2015/09/15/mahle-behr-france-met-fin-a-son-accord-de-competitivite
canlucat
Supprimerje ne suis pas sûr qu'il s'agisse uniquement d'efficience intellectuelle pour qui que ce soit d'ailleurs. Dans le cas de ces accords, il me semble qu'il y a des notions qui entrent en jeu que peu de gens sont en mesure de synthétiser dans un dossier d'entreprise comme celles qui sont citées.
Mais avant tout, il ne faut jamais oublier qu'un contrat de travail met en SUBORDINATION l'employé par rapport à son employeur. Ensuite c'est la peur du chômage associée une pénurie d'emploi qui l'emporte sur toute autre considération ultérieure.
depuis des décennies, les cadres ne sont assurés de rien de plus dans une entreprise Les méthodes de management fleurissent, ou se sont multipliées (lean management, méthode hoshin, "responsabilisation du personnel" etc....) pour reconstituer les organisations et les organigrammes où les cadres paient leur tribut à l'emploi.
Ajoutons à cela, pour certains d'entre eux des notions psychologiques comme le choix de la "classe socio pro" qui conduit à accepter momentanément les solutions de la direction, fussent elles ensuite défavorables...
Il y a encore d'autres choses qui m'étonnent, qui ressemblant effectivement à un entubage en règle....j'en ferai état dès que je peux..
Stan
Il ne faut pas oublier que : efficient
Supprimerest un mot anglais, importé par ceux-là même qui trouvent que rien n'est bien en France, et qui veulent donner des airs scientifiques à des partis pris idéologiques.
Je dis ça juste en passant...
Mais aussi pour montrer comment la propagandage finit toujours par teinter nos esprits, même si nous ne sommes pas d'accord avec l'idéologie dominante.
@ Anonymes
RépondreSupprimerBon exemple de la fusion politique PS-UMP
@ TeoNeo
Bien d’accord. C’est une logique désastreuse
@ Démos
Il faut dénoncer tout cela et réfléchir au moyen de combattre efficacement ces politiques
@ CanluCat
Merci
@ Abd_Salam
C’est juste