Hier, les
étudiants et les professeurs des universités ont défilé pour dénoncer le manque
de moyens de l’enseignement supérieur en France. Le symptôme de budgets
contraints par sept longues années de crise, mais aussi des
failles du lycée et de la baisse du niveau du baccalauréat.
Une
sélection seulement repoussée
Cette année,
pas
moins de 65 000 étudiants supplémentaires ont rejoint les bancs de
l’université, alors que le budget de l’enseignement supérieur est stable,
accentuant encore la saturation des amphithéâtres. Les
syndicats affirment qu’il manque pas moins de 30 000 personnes pour encadrer
les élèves, les départs non remplacés, le recours aux précaires et une baisse
des budgets de fonctionnement. Mais outre ce manque flagrant de moyens, les
étudiants affrontent également une sélection grandissante, de plus en plus de
facs sélectionnant désormais les élèves, y compris à des niveaux élevés. Plus
marquant encore, seulement
27% des inscrits en première année obtiennent leur licence en 3 ans, et 12% de
plus en 4 ans, soit pas moins de 6 étudiants sur 10 qui sont en situation
d’échec.
Ce qui
également frappant c’est le constraste avec un
baccalauréat de plus en plus facile à avoir, et où la notation est sans cesse
relâchée, au point qu’il y a aujourd’hui plus de mentions très bien que de
mentions bien il y a 25 ans et que le taux de réussite ne cesse de monter,
sans que cela montre, malheureusement une quelconque progression du niveau, puisqu’au
contraire, les études pointent plutôt un recul. Le système éducatif
français est totalement contradictoire, entre
une éducation nationale toujours moins exigeante et refusant de plus en
plus la moindre sanction pédagogique (notes
ou redoublement), imposant
par ricochet aux universités de devenir de plus en plus dures avec le flot grandissant
d’étudiants au niveau hétérogène. A trop repousser tout jugement, on ne le
rend que plus brutal.
Des
conséquences désastreuses
L’autre
conséquence désastreuse de ce
manque de sélection au baccalauréat, et donc de la croissance des étudiants
à l’université, c’est une incapacité d’un Etat coincé dans l’austérité par ses
choix économiques à financer correctement cet afflux. Du coup, cela créé une
opportunité pour les partisans de la déconstruction du service public de
l’éducation de pousser l’augmentation du coût de la scolarité, NKM
ayant proposé leur augmentation à 1000 euros par an au lieu de 184 euros en
licence et 256 euros en master. Même si on pense que donner conscience du
coût ne serait peut-être pas inutile, le problème est qu’il s’agit d’un pas
dans la direction du système étasunien, où
l’argent détermine plus la capacité à faire des études que le travail et le
talent. Un petit pas vers la privatisation ?
Oui, la
situation de l’enseignement supérieur est mauvaise. Mais même s’il y a sans
doute un manque de moyens conséquent, ce n’est pas la seule cause du
malaise de nos universités. Le refus de véritablement évaluer avant ne fait
que repousser les problèmes en les faisant grandir entre temps.
Je suis favorable au concours d'entrée a l'université, a une privatisation du secondaire et a un renforcement du primaire mais dans l'état actuel des choses, cela semble impossible!
RépondreSupprimerQuel est l'intérêt de privatiser le secondaire ?
SupprimerCela n'apporte strictement rien, et sera en fait, au contraire, le dernier clou dans le cercueil du système scolaire français.
Dans les grandes écoles d'ingénieur, il y a déjà eu une augmentation des frais de scolarité, dans les 2 000 € par an de mémoire (pendant ce mandat).
RépondreSupprimerJe m'inquiète également de la démagogie ambiante tendant à vouloir faire absorber le système des grandes écoles par les universités, c'est à dire à prolonger dans le supérieur le rouleau compresseur uniformisateur qui a écrabouillé le secondaire.
Une tendance encouragée par la démagogie refusant de reconnaître les différences d'aptitude et de travail, mais aussi par la volonté de faire disparaitre tout ce qui est propre à la France dans le cadre du bordel européen.
A Paris, le lancement de Paris-Saclay par les racailles sarkozystes a été l'occasion d'un début d'absorption de grandes écoles (ENS cachan par exemple). Je n'imagine pas, malheureusement, que la classe politico-médiatique française en reste là.
Le chômage des jeunes inclut ceux qui font des études, c'est donc un chiffre bidon. Le chômage des Bac +2 à Bac +5 est d'environ 4%.
RépondreSupprimerLe clivage bien francais universités/grandes écoles se fait au détriment budgétaire des universités, est ce bien égalitaire cette approche ?
@Anonyme 10:23
SupprimerVotre première allégation est fausse. Seuls les étudiants qui pointent à Pôle Emploi sont inclus dans les statistiques du chômage. La plupart ne pointent pas car cela ne leur donnerait droit à rien.
Ivan
J'ai une autre vision de ce problème. Les financiers américains s'inqiétent de la "bulle" des prêts étudiants qui menace d'éclater. Il y en jeu entre 1500 et 2000 milliards de dollars. C'est une nouvelle "subprime" qui menace. Les banques prêteuses s'en fichent car elle ont titrisé le produit et sont couvertes par les CDS.
RépondreSupprimerabout:reader?url=http%3A%2F%2Fetudiant.lefigaro.fr%2Finternational%2Factu%2Fdetail%2Farticle%2Fune-cinquantaine-d-universites-americaines-coutent-plus-de-60-000-dollars-par-an-7012%2F
Il y a une tendance qui me semble évidente pour privatiser nos universités en tarissant les subsides publics et amenant les étudiants à financer leurs études comme leurs collègues américains...
"Seuls les étudiants qui pointent à Pôle Emploi sont inclus dans les statistiques du chômage."
RépondreSupprimerC'est faux :
"Eurostat a également fait le calcul en prenant que les jeunes de moins de 25 ans sur le marché du travail en 2012. Résultat : le taux de chômage de cette classe d'âge est comparable à celui sur l'ensemble de la population active européenne, aux alentours à l'époque de 9%. "
http://www.franceinfo.fr/emission/le-vrai-du-faux/2013-2014/genevieve-fioraso-dit-elle-vrai-sur-le-chomage-des-jeunes-en-europe-06-02-2014-07-25
Je maintiens que quand un étudiant cesse de pointer à Pôle Emploi il disparait des statistiques du chômage, même s'il n'a pas trouvé de travail.
RépondreSupprimerJe ne comprend pas où Alexandre Delaigue est allé chercher l'idée selon laquelle les moins de 25 ans sont soit sur le marché du travail soit en train d'étudier, mais pas les 2 en même temps. S'il n'a jamais eu besoin de travailler ni même de chercher du travail pendant ses études, tant mieux pour lui.
En attendant un étudiant qui perd son emploi après avoir cotisé suffisamment longtemps peut prétendre à l'indemnisation du chômage, et c'est parfaitement normal. Je soupçonne une campagne visant à priver les étudiants du droit à l'indemnisation du chômage.
C'est assez odieux de soutenir qu'on ne peut pas être "sur le marché" du travail et à la fac en même temps, alors que c'est justement à cause du chômage que les jeunes sont obligés de poursuivre leurs études aussi longtemps.
En tout cas les caisses de retraite n'ont aucun doute à ce sujet : elles comptent les années d'étude et de stage comme des périodes de chômage non indemnisé ne donnant aucun droit à la retraite.
Ivan
"Je maintiens que quand un étudiant cesse de pointer à Pôle Emploi il disparait des statistiques du chômage, même s'il n'a pas trouvé de travail."
RépondreSupprimerVous pouvez aussi maintenir que la terre est plate, on s'en branle...
https://www.google.de/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=3&ved=0CC0QFjACahUKEwiatvrHnMrIAhXBc3IKHTlzC_4&url=http%3A%2F%2Fec.europa.eu%2Feurostat%2Fdocuments%2F2995521%2F5160834%2F3-12072013-BP-FR.PDF%2F4e57701b-933b-4525-b40b-93acdefae130&usg=AFQjCNGCqiMI1HlAkBG8sM1JBuzcuSio8Q&sig2=wZ8rQZgl_hD6fL-Q1RwzmA&bvm=bv.105454873,d.bGQ&cad=rja
"Un petit pas vers la privatisation ?"
RépondreSupprimerA ce que j'en sais, la privatisation de l'éducation fait partie du programme de privatisations de l'OMC. Ca se comprend, de leur point de vue s'entend, car c'est un secteur à fort potentiel (d'enrichissement), qui aiguise les appétits voraces des multinationales.
DemOs
La question de l'éducation est centrale et doit nous amener à nous interroger sur son caractère de service public, le refus de la marchandiser, sur l'objectif qu'il faut lui assigner (éducation politique ou apprentissage débarrassé de cette dimension, éducation tournée vers le "marché" du travail, éducation pour tous à tout âge ? ...), sur les attentes qu'elle suscite et les reproches qu'on fait à tort à l'école et aux enseignants. Il faut s'attendre à ce qu'elle soit attaquée comme nombre d'autres services publics avant elle.
RépondreSupprimerL'éducation est un sujet éminemment politique. Sur ce sujet, regardez les conférences gesticulées de Franck Lepage (Franck Lepage - Incultures - L'éducation populaire).
DemOs
@ Anonymes
RépondreSupprimerLa privatisation n’est que porteuse d’une sélection par l’argent
@ Anonyme 10h19
Pas faux, et cela ne profite à personne
@ Ivan
Merci
@ Cliquet
Les sommes en jeu ne sont pas aussi délirantes que pour les subprimes. J’avais fait un papier sur l’évolution délétère de la face aux USA
@ Démos
En effet
@ Monsieur Herblay,
SupprimerVous n'avez pas reconnu dans cet appel à la privatisation, l'antienne libéral :
- le privé a toujours raison, le public a toujours tort. Et que le privé ferait forcément toujours mieux (et pour moins cher, soit-disant) que le public.
Abd_Salam
SupprimerCa rapporterait ou plutôt ça rapportera, devrais-je dire, beaucoup d'argent à ceux qui en ont tellement qu'ils ne savent quoi en faire et qui cherchent à investir dans des secteurs à potentiel comme ils disent. L'école est un gros gâteau qui fait saliver les multinationales et leurs actionnaires. Ils auraient de se priver quand on voit ce qui a été fait depuis trente ans par la droite et, surtout, la gauche de droite dans les télécommunications, la banque, l'assurance, les autoroutes, l'aviation, l'armement, l'électricité, le gaz ... Je te laisse compléter la liste en rappelant une nouvelle fois que tout cela figure dans le programme de l'OMC. Comme le disait le Président argentin Carlos Menem, qui a ruiné l'Argentine et la plupart de ses concitoyens en inaugurant un cycle d'ultra libéralisme dans le monde, "il ne faut plus d'Etat". A nous de savoir ce que nous voulons : les discours alarmistes sur le feu, qui va s'étendre "si on ne fait rien", tenus par des pyromanes, et leurs réformes à la hache ou des politiques courageuses qui bravent les ultralibéraux au bénéfice de la majorité.
DemOs