Il y a
quelques jours, l’OCDE
a annoncé des mesures contre la désertion fiscale des multinationales. Mais
l’accueil a été mitigé, notamment de la part des associations. La bible des
élites globalisées, The
Economist, apporte également sa critique,
dans
deux papiers, longs et argumentés.
Le Monde complaisant, The Economist critique
Il est assez
effarant de constater que le journal qui se veut encore être la référence du
journalisme en France, qui se veut de gauche, mais
n’est en réalité qu’euro-libéral-libertaire, se fasse dépasser par le très
libéral The Economist sur la critique
de la désertion fiscale des multinationales. Le
Monde avait accueilli avec une grande
complaisance, dénoncée par Arrêts Sur Image,
les mesures de l’OCDE. Ce faisant, le quotidien du soir nous
servait la même soupe que Nicolas
Sarkozy qui déclarait que les parasites fiscaux étaient finis. Mais ce
n’est pas du tout l’avis de The Economist,
la bible des cadres supérieurs et dirigeants de ces mêmes multinationales, qui,
en démontant les mesurettes et l’absence d’autres mesures dans ces
propositions, fait honneur à une certaine idée du journalisme.
L’hebdomadaire
britannique dit ainsi que ce « plan
pour réduire l’évitement de l’impôt des multinationales est une opportunité
ratée ». Il rappelle que ces pratiques permettent une économie d’au
moins 240 milliards de dollars, une estimation « très
conservatrice », soulignant que la part des profits des
multinationales faite dans des parasites fiscaux a doublé. Il reconnaît des
progrès de transparence mais souligne que des pays (notamment les Etats-Unis)
ont barré la route à des réformes pour contrôler les flux entre filiales,
notamment sur les très controversés prix de transferts, rejetant les idées de
taxer à proportion du chiffre d’affaires pour éviter les manipulations. The
Economist en finit par regretter qu’en
l’absence de progrès, les pays finissent par prendre des mesures
unilatérales pour limiter les abus.
Ce que
cela dit de notre époque
The
Economist note aussi que les réformes des
parasites fiscaux européens, Luxembourg, Irlande, Pays-Bas, Suisse et
Grande-Bretagne (selon son propre compte) sont limitées. Le
grand duché, qui a donné le président de la Commission Européenne, attire ainsi
dix fois plus de capitaux à proportion de son PIB que la moyenne des pays développés.
Il note aussi le manque de transparence des accords passés par ces pays avec
les multinationales. Pour lui, les annonces sont souvent « de
façade » et attaque même Londres « qui
mène la course vers le bas », attirant un nombre grandissant de
sièges sociaux de multinationales. Bref, les belles annonces faites, notamment
par Nicolas Sarkozy, n’ont absolument pas été suivies de faits, ce que l’équipe
actuelle au pouvoir ne risque pas de corriger…
Merci donc à
The Economist d’être
capable de dénoncer certains abus de cette époque, même s’ils sont en
partie les conséquences de politiques qu’il soutient. Mais la dernière leçon de
cette annonce, c’est qu’il ne faut rien attendre des institutions technocratiques
internationales comme l’OCDE.
Aviez-vous remarqué que l'ex-directrice* du Monde est à présent journaliste au Guardian ?
RépondreSupprimerDeux journaux qui vont bien ensemble sur une ligne, l'immigrationnisme fou. Il y reste quelques journalistes qui se sont rebellés contre l'UE suite à la Grèce cet été (ou y ont toujours été opposés).
* Une sacrée tête à claque par ailleurs...
"Parasite" fiscaux pour "paradis" fiscaux c'est vouloir en nier l'existence!
RépondreSupprimerSi le Monde était de gauche, ça se saurait ...
RépondreSupprimerA l'image du gouvernement actuel. C'est une question de relativité.
Supprimer@ Thomas Moreau,
SupprimerLa "relativité" a bon dos là !
Je crois que beaucoup de monde manque cruellement de culture politique...
Le gouvernement Hollande non seulement n'apporte pas des réponses de gauche à la crise... mais au contraire, mets en place de véritables réformes de droite la plus droitière !
Elise Lucet fait figure d'exception parmi les journalistes connus pour son choix d'assurer des enquêtes sans complaisance sur les milieux poilitique et des affaires. Honneur à elle et à son équipe de Cash Investigation. Combien de temps vont-ils pouvoir faire leur travail? Ce qui ressort de leurs enquêtes, c'est que notre démocratie est en grand danger. La collusion d'intérêts au sommet de l'Etat et des grandes entreprises est énorme.
RépondreSupprimer@ Anonyme
RépondreSupprimerParasite est leur vraie nature, qui vole les ressources fiscales aux autres. Le terme paradis vient d’une mauvaise traduction de l’anglais, dont le sens les défend
@ Jauresist
Très juste. Elle fait un remarquable travail de service public. J’ai relayé plusieurs fois ses pétitions