Bien sûr, dans
la crise entre la direction de la compagnie aérienne et ses pilotes, à
première vue, on
peut être tenté de ne pas plaindre ces pilotes qui gagnent très bien leur vie
et à qui on demande de travailler une centaine d’heures supplémentaires.
Mais les choses ne sont pas si évidentes.
Derrière
les apparences
Bien sûr, la
communication de la direction d’Air France est simple. Des pilotes
corporatistes menaceraient l’avenir de l’entreprise, au
point de lui imposer de réduire la voilure et d’imposer des milliers de
suppression de postes. Les demandes ne seraient pas déraisonnables,
puisqu’il s’agirait de s’aligner sur les concurrents européens. Les pilotes voleraient
« 690 heures par an sur le moyen-courrier
contre 585 aujourd’hui et 780 heures par an sur le long courrier contre 685.
Les temps de repos des pilotes seraient plus courts (…) Idem pour les PNC. La
direction cible 650 heures de vol par an sur le réseau moyen courrier (contre
550) et 750 heures de vol par an sur le réseau long courrier (contre 650).
Selon la direction, les coûts à l’heure de vol seraient de 40% pour les PNC et
20% pour les pilotes ».
Mais cette
présentation des choses est un peu courte. Déjà, raisonner en heure de vol est
aussi partiel que partial. Les syndicats contestent les chiffres de la
direction, qu’ils
comparent aux autres grandes compagnies européennes. Il est bien évident
que les compagnies à bas coûts ont sans doute pu embaucher à bas prix avec un
chômage aussi élevé… D’ailleurs la compétition n’est pas loyale, notamment
avec les compagnies du Golfe, qui bénéficient d’avantages colossaux et auquel
le gouvernement continue pourtant d’accorder de nouveaux créneaux en France…
En outre, on peut comprendre que les syndicats contestent ces nouveaux efforts
alors que la compagnie s’est redressée, au
point qu’elle va dégager 300 millions de profits en 2015. Enfin, il est
étonnant que l’on oublie l’opposition des PNC…
Une
logique détestable
Plus
généralement, ce n’est pas parce que la loi de la jungle capitaliste s’attaque
au haut de la pyramide qu’elle est plus acceptable. Ce faisant, cela
illustre les théories de Piketty, Stiglitz ou Todd, pour qui les
inégalités ne se mesurent plus au niveau des 10% qui gagnent le plus, mais au
niveau des 1 ou même des 0,1% les plus riches, dont les rémunérations
s’envolent, comme
on le voit pour les patrons du CAC 40, qui gagnent aujourd’hui en moyenne plus
de 4 millions par an. Ce qui se passe à Air France ne s’inscrit-il pas dans
le rançonnage de 99% à 99,9% de la population par le 1% ou 0,1% du haut ? Ce qui se passe
pour les pilotes n’est-il pas que la réplique de cette
quête délétère de compétitivité ?
D’ailleurs, les
surprenantes critiques du patron de la CFDT contre le syndicat des pilotes,
après celles
du Monde l’an dernier lors de la
grève, poussent au contraire à prendre du recul sur la dénonciation trop
facile du corporatisme des pilotes et se pencher sur le
triste courant de notre époque.
L'objectif de l'actuelle direction du groupe me parait être un transfert d'activité d4air France vers KLM. C'est pratiquement achevé pour le fret avec Martinair et ils vont s'attaquer au trafic passagers.
RépondreSupprimerLes gains de productivité (alpha et omega de la croyance libérale) sont un excellent prétexte pour amener, au travers de négociations pipées, une rupture avec les syndicats, par ailleurs en "perte de vitesse". Le pseudo abandon de certaines dessertes en long-courrier sera plus vraisemblablement un transfert vers KLM qui ne dit pas son nom.
et bien sur vous préférez payer 100€de plus chez A France que d'aller sur Ryanair
RépondreSupprimerOui. Et je passe aussi par les caisses à caissières, pas pas les cochonneries automatiques.
SupprimerIl est écoeurant que pour que le client gagne 100 euros sur le prix de vente, il faut que le patron gagne 500 euros de plus, parce qu'on a supprimé deux ou trois salaires dans les frais de fonctionnement de l'entreprise...
SupprimerÇa fait cher l'économie.
Surtout quand ça fait toujours plus de chômeurs qui sont à la charge de la collectivité !
Gagner un petit 100 euros ici, pour dépenser ensuite 1 000 euros d'impôt par contribuable là pour financer les RSA et les indemnités chômages... dont les entreprises sont exemptées de contribution.
Ça fait cher l'économie.
Je préfère du coup payer le billet 200 euros plus cher même, et que l'Etat ne soit pas obligé d'augmenté le nombre de radar pour collecter des impôts déguisés. Que l'Etat ne soit pas obligé d'augmenter les impôts ou de diminuer les alloc' chômages et les allocations familiales.
La paupérisation des classes moyennes s'étend désormais à la classe aisée mais c'est bien la suite du même phénomène.
RépondreSupprimerCe sont ceux qui savent faire quelque chose, qui ont un vrai métier, qui voient leurs revenus diminuer tandis que les brasseurs de vent, les communicants, les "managers", les actionnaires et les requins de Marc Rameaux, qui ne savent rien faire et pillent le travail des autres, s'empiffrent plus que jamais
@ Cliquet
RépondreSupprimerEn effet. Et le plus effarant, c’est quand la CFDT critique les syndicats de pilotes
@ Zen aztec
La course vers le moins-disant social, si elle permet des économies à court terme pour qui en profite, est destructrice de la société à moyen terme.
@ Anonyme 18h52
C’est ce que je fais également
@ Abd_Salam
Très juste
@ Rodolphe
En effet, la pression s’étend sur la totalité de la population