La semaine
dernière, à la surprise générale, étant
donné l’état des négociations entre direction et salariés, Air
France a annoncé avoir réalisé les plus gros profits trimestriels de son
histoire. Ceci, et la réaction des marchés, négative, en dit très long sur
l’état de nos sociétés.
Profits
records, mais insuffisants !
Les chiffres
donnent le tournis : au
troisième trimestre 2015, Air France a réalisé un bénéfice d’exploitation de
898 millions d’euros, battant un record vieux de huit ans ! Tous les
indicateurs semblent au vert : le
chiffre d’affaire a progressé de 4,7%, à 7,4 milliards d’euros, soit une marge
d’exploitation de 12,1%, qui augmente de plus de 50% en un an, hors effet de la
grève des pilotes. Le bénéfice net frôle le demi-milliard d’euros… Cette
avalanche de chiffres semblent plutôt donner raison aux syndicats tant ils
questionnent la nécessité d’un nouveau plan d’austérité pour l’entreprise. Mais
la direction rappelle que sur trois trimestres, la
marge d’exploitation ne ressort qu’à 666 millions et le que le résultat net
reste négatif, à -158 millions, même si la dette de l’entreprise a baissé de
20% en seulement un an.
Son
raisonnement est que ces résultats sont le fruit de la baisse conjoncturelle du
prix du pétrole et que les concurrents de l’entreprise font mieux, Lufthansa
et IAG (British Airways et Iberia) ayant accumulé plus de 150% de marge de plus,
du fait d’un déficit de compétitivité qu’il faudrait combler et qui
justifierait le nouveau plan de la direction. Le problème d’Air France, ce
serait que la baisse du coût par passage ne serait que de 0,5 à 0,7% cette
année, contre 1 à 1,3% prévu initialement. De plus la pression
concurrentielle serait au plus haut. D’ailleurs, la réaction des marchés appuie
le discours de la direction puisque ce
record de profits a été accueilli par une chute étonnante de près de 5% du
titre Air France, et de plus de 8% pour Lufthansa, malgré de meilleurs résultats,
mais après une forte hausse.
Transformer
les hommes en loups
C’est bien ce
capitalisme actionnaire dérégulé, vorace, sans limite, inhumain, qui pressure
toujours plus les salariés, jusqu’aux pilotes, que
l’on pouvait penser logiquement épargner par cette course sans fin au moins-disant
social étant données leurs responsabilités. Ainsi
le Monde, adorateur de ces jeux du
cirque moderne, n’y voit rien à dire, même si les
Décodeurs relativisent de manière
bienvenue les présentations biaisées du Point sur les écarts de compétitivité.
Un nouveau point bas a été atteint cette semaine avec l’extravagante
proposition du DRH d’Air France, qui propose des contrats et des salaires
différents, trois façons d’habiller la régression sociale proposée par
actionnaires et direction : travailler
plus et gagner autant, travailler encore plus et gagner un peu plus ou
travailler autant et gagner moins.
Air France
est symptomatique d’une
époque où l’homme devient un loup pour l’homme, une époque où il est toujours
possible de pressurer davantage les salariés, y compris une partie des plus
capés. Et cela n’a rien à voir avec un pseudo libéralisme, mais plus à un jeu
du cirque totalement déloyal permis par l’effacement des frontières, qui nous
permettaient, avant, de choisir les règles des jeux que nous jouions.
C'est le bénéfice du groupe, donc y compris et surtout de KLM.
RépondreSupprimerIl est tout de même "fouuuuuu" d'ignorer la dynamique en cours (chute des cours de pétrole) pour tomber sur les mêmes boucs-émissaires.
La bourse pose une simple question : quid si les cours remontent demain ?
Amike
pour une fois je rejoins "anonyme" AirFrance fait de grosses pertes, KLM de gros profits ( tout en ayant un CA inferieur de 50%).
RépondreSupprimerLe cours du petrol sont bas mais surtout les couts de financement sont au plancher.Tous n'est pas noir/blanc car il y a toujours des manip d'amortization rapide/transfer entre filiales qui enfument le schmiblic.
il y aura surement d'autres greves mais il semble que flamby fait tout pour eviter que l'affaire de la chemise soit jugee pendant sa connerie rechauffee COP21.Les consignes sont claires ;-) les syndicalistes le savent.
RépondreSupprimerL'utilité des entreprises a bien changé si auparavant leur présence étaient nécessaires, dorénavant elle ne sont là que pour générer du cash!
RépondreSupprimer@ Amike
RépondreSupprimerLe règne de la bourse, c’est une régression sociale sans fin et une montée inhumaine des inégalités
@ Lowcarber
Pas sur le 3ème trimestre