Décidément,
les chiffres de croissance sont plus complexes que ne le suggèrent les
chiffres commentés dans les médias. En effet, autant
la stagnation du second trimestre ne remettait pas en cause les objectifs du
gouvernement, autant la
croissance du troisième présente des failles.
Des
nuages dans la croissance ?
Bien sûr,
apparemment, la
croissance de 0,3% au troisième trimestre, même si elle n’est pas glorieuse,
peut être analysée de manière positive. Après tout, si le PIB était stable
au 4ème trimestre, la
croissance serait de 1,1% sur l’année, 0,1 point au-dessus de la prévision du
gouvernement, qui aurait des chances d’être même un peu plus dépassée, ce
qui pourrait relâcher un peu la pression budgétaire. Mieux, l’investissement
des entreprises non financières accélère légèrement, à +0,7%, l’investissement
global restant tout juste stable du fait du recul de l’investissement
immobilier, pour lequel le gouvernement vient d’annoncer des mesures. Et
mieux encore, la
France se situe dans la moyenne européenne. Bref, la croissance accélère
petit à petit, après le timide 0,4% de 2014 : 1,5% semble atteignable en
2016.
Mais
quelques chiffres nuancent sensiblement cette interprétation. En effet, il
y a trois mois, si la croissance était de 0%, en excluant les mouvements de
stocks, elle atteignait 0,4%, comme au premier trimestre, qui avait bénéficié
d’un mouvement de stockage pour atteindre 0,7%. Mais au troisième
trimestre, la
constitution de stocks apporte 0,7 points de croissance : en clair, à
stocks stables, le PIB aurait quand même reculé de 0,4% ! Néanmoins,
en général, avant les fêtes de fin d’année, les stocks ont tendance à
progresser à ce moment de l’année. Mais, ce résultat amène à réfléchir :
cela vient de la détérioration du solde commercial, qui
pèse pour -0,7 points du PIB, malgré la faiblesse du prix des hydrocarbures, du
fait d’une croissance de 1,7% des importations quand les exportations reculent
de 0,6%.
De la
significativité du trimestre
Pour le 4ème
trimestre trimestre, les pronostics sont délicats après
un tel mouvement de stockage : en fin d’année, les stocks baissent et
un recul fort pourrait peser sur le PIB, même si, traditionnellement, le
commerce extérieur contribue de manière positive à cette période de l’année. En
outre, la consommation semble bien se porter et l’investissement pourrait
continuer à se redresser si
l’immobilier finit par passer dans le vert, ce qui semble pouvoir se produire.
Mais c’est l’ampleur du déstockage qui déterminera sans doute le niveau de la
croissance de la fin d’année. S’il est léger, alors, l’année se finira sur une
bonne note, au-dessus des prévisions du gouvernement. Mais s’il était
important, ce qui semble possible aujourd’hui, alors, une douche froide
pourrait être annoncée dans trois mois.
Malgré tout,
si on prend un peu de recul, le
fait que les objectifs du gouvernement devraient être atteints indique bien un
léger regain de croissance, qui rend possible, dans
un contexte assez favorable (baisse de l’euro, du pétrole et des taux) une
autre amélioration en 2015. Mais tout n’est pas rose.
De toute évidence, l’alignement des planètes (baisse du pétrole, euro faible, taux bas) ne semble pas avoir les résultats escomptés. La croissance mondiale étant faible, la baisse de l’euro ne jouant que sur la moitié de nos échanges hors euro, les politiques budgétaires étant toujours contraintes, tout cela pèse sur la croissance.
RépondreSupprimerConcernant l’investissement, vous omettez de dire qu’il n’y a pas que l’immobilier qui joue, l’investissement public est aussi en recul.
C’est bien la preuve que la reprise tant espérée risque de n’être pas aussi fantastique qu’annoncée. Nous risquons d’être légèrement en-dessous des 1 %. Quant au 1.5% en 2016, permettez-moi encore une fois d’en douter…
Le matraquage fiscal en 2012 avec l'alibi européen lors de l'arrivée d' Hollande au pouvoir a tué la croissance et nous y sommes encore. Nous aurions du avoir une croissance bien supérieure en raison de forte baisse du prix des matières premières et de la faiblesse persistante et bienvenue de l'euro. Nous n'avons pas fini de payer le prix de notre alignement décennal sur des dogmes économiques européens mortifères cf Jacques Sapir sur son blog qui démontre qu'une dévaluation monétaire nous aurait permis d'économiser les milliards du CICE.
RépondreSupprimerje pense toujours que de croissance il n'y aura pas, 2015 est cuit, et ressemblera à ce que vous en dîtes, peu ou prou, mais 2016 verra un nouveau plongeon.
RépondreSupprimeril me semble qu'il y a un élément très important qui n'est pas encore pris en compte, un effet rampant souligné ici et là mais plus insidieux, c'est celui des restrictions budgétaires en cours sur l'économie, en particulier sur les collectivités locales et territoriales. Le budget de fonctionnement et d'investissement concerne nombre de secteurs d'activités, mais aussi directement l'emploi.
Pourquoi ?
- nous sommes encore sur un rythme des budgets votés en 2015, les programmes vont se terminer peut être sur le premier trimestre 2016
- les budgets 2016 ne seront connus qu'en mars (selon mes informations), il n'y aura pas de décisions d'attribution avant cette date du seul point de vue financier
- les élections régionales, les recompositions de région et leur lot de négociation, les manœuvres de recomposition des communautés de communes et autres regroupements en cours, longuement négociés, vont peser sur tout un pan de l'économie dès les deuxième semestre 2016 (tous les secteurs d'activité qui vivent des marchés publics)
- des décisions concernant l'arrêt des contrats de contractuels des collectivités sont en cours, ça réjouira certainement tous ceux qui pensent que ça fera des branleurs au moins, tous ceux en tout cas, qui ne réussissent pas à comprendre, qu'un salaire, aussi minime qu'il soit, repart quasi totalement dans le cycle économique, sous forme de consommation ou de taxes comme la TVA, donc sur le niveau de recettes publiques..
- tout le système associatif et non marchand est d'ores et déjà directement impacté depuis le deuxième semestre 2015, il faut s'attendre à des dégraissages ou des disparitions en masse dans ce seul secteur dès début 2016, mais plus sûrement au courant de l'année prochaine.
Sur ce dernier point, il faut noter l'absurdité complète des politiques économiques qui prône de plus en plus ouvertement la dilution de l'état , tout au moins tant qu'il n'y a pas nécessité de mutualisation des pertes des banques et des groupes internationaux :
- les transferts massifs de plus de 40 milliards en CICE et pacte et autres joyeusetés sur les groupes qui les distribuent en dividende ou en rachat d'actions...(sans compter un IS prouvé de l'ordre de 8% quand les PME sont à 33%, et hors cadeaux de consolidations et autres report à nouveau des pertes de l'année)
- les restrictions budgétaires de l'ordre de 50 milliards qui ne réduiront d'ailleurs pas les dépenses publiques puisque (+45 - 50 = effet nul) mais qui va déprimer un système qui ne fait pas de bénéfices ou s'il y a, les réutilise immédiatement sous forme de consommations directes dans l'économie réelle...
plus drôle sur ce point, les collectivités locales et territoriales qui n'ont plus les moyens de porter le non marchand, incitent à équilibrer les comptes au moyen de subventions européennes;
Ce sera le dernier point de la guignolerie en cours, c'est la France qui réduit les budgets de ces collectivités avec les effets à attendre ci dessus et dans le même temps, verse sa contribution de l'ordre de 20 milliards à une incongruité supra nationale, l'UE, siège social officiel en europe des groupes internationaux pour gérer gentiment le dépeçage des biens nationaux issus de l'impôt de générations de citoyens...
en conclusion, je vais vous dire chers concitoyens habitués de ce blog.
Je ne suis pas sûr de lire les historiens qui se pencheront sur cette époque, mais il est probable qu'ils se demanderont comment on peut en arriver collectivement à ce genre de dinguerie. Ce ne sera pas la première fois, mais visiblement nous n'apprenons rien de nos ancêtres
Stan
il y a toujours un effet secondaire à l'exposé ci dessus, celui des rectifications de salaires à la baisse à chaque renouvellement de CDD, puisque c'est le contrat de travail le plus utilisé.
RépondreSupprimerPas le choix, c'est ça ou crever, tout le monde se tient par la barbichette dans ce grand élan pour la survie économique de sa structure...
C'est d'ailleurs pour ça que le MEDEF chiale sur la soi disant non fléxibilité des emplois en France, (fantasme plus que réalité), mais aussi sur la disparition du salaire minimum.....il est un fait, qu'une fois rectifié le salaire du poste jusqu'au SMIC, il ne reste plus qu'à faire disparaître le poste si ce n'est pas suffisant.......
.....et répartir ce poste disparu entre les smicards qui restent....
comme disait Confucius "s'il y a un problème et une solution, il n'y a pas de quoi s'en faire ; s'il y a un problème et pas de solutions, il n'y a pas de quoi s'en faire non plus "
on se demande pourquoi il y a autant de consommation de tranquillisants finalement.....
Stan
@ Moi et Stan
RépondreSupprimerIl y a tout de même une légère accélération de la croissance (0,4% l’an dernier, un peu plus de 1% cette année). Les résultats de ce trimestre montrent que l’édifice est plus fragile qu’on peut le croire, mais cela n’infirme pas encore le scénario du gouvernement.
Les restrictions budgétaires sont un peu moins fortes que prévues du ralentissement de la baisse du déficit et de la baisse des taux d’intérêts. En outre, les 40 milliards d’économie ne sont pas faites en un an, mais en plusieurs années. Enfin, si nous avons ne serait-ce que quelques dizièmes de point de croissance de plus, cela facilitera la tâche du gouvernement (0,1 point de plus, c’est 2 milliards, soit, grosso modo, 1 milliard de recettes de plus). Si on finissait à 1,2 ou 1,3% sur l’année 2015, ce serait 2 à 3 fois plus…
Après, je suis bien d’accord pour dire que les politiques menées sont totalement absurdes (que ce soit l’austérité ou la contribution à l’UE – n’oublions pas que la contribution nette n’est pas de 20 milliards, mais de 7 milliards il me semble). Bien d’accord sur le jugement de l’histoire…
Passer de 0.4% à 1%(si on y arrive...), ce n'est tout de même pas formidable compte tenu des facteurs externes favorables : pétrole bon marché, euro faible, taux faibles. Or l'impact de ces facteurs va progressivement s'estomper, c'est pourquoi je doute des prévisions optimistes pour 2016 et plus encore 2017.
Supprimer" En outre, les 40 milliards d’économie ne sont pas faites en un an, mais en plusieurs années........"
RépondreSupprimerc'est exact, mais ça ne change rien au fait que vouloir obtenir une croissance en démantelant des pans complet d'économie, revient à avancer en reculant...
Il me semble également avoir lu il y a quelques années sur alternatives économiques, qu'il ne faut pas ignorer un effet démultiplicateur des baisses de dépenses sur la déprime du PIB.......
En outre, si l'état de l'économie s'améliore artificiellement aujourd'hui, c'est parce que, comme vous le soulignez, le taux de change de l'euro a enrayé momentanément les baisses des performances à l'export dont il ne faut plus rien attendre vu l'atterrissage des économies du reste du monde, et surtout parce que la note énergétique s'est amoindrie depuis les décisions d'austérité.
Stan
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/union-europeenne/action/financement/comment-france-participe-t-elle-au-financement-union-europeenne.html
RépondreSupprimerpour la contribution de la France, j'ai capté ça ici.
il y a évidemment les retours sectoriels et je suppose que vous les avez intégré pour arriver aux 7 milliards. Toutefois, il me semble que le solde est biaisé dans la mesure où le retour est très sectoriel (aides agricole, et autres aides FEDER, FSE, et autres dérivés etc....)..
D'autant que les règles d'obtention sont difficiles et surtout longues à obtenir. Il faut compter quasi deux ans pour se voir débloquer des fonds, alors une PME ou une petite structure du secteur non marchand, a le temps de crever faute de trésorerie..
enfin bref. l'avenir nous dira grosso modo si c'est votre optimisme qui voit plus clair que ce que chacun pourra noter comme une forme de pessimisme de ma part.
Stan