Après l’horreur

Vendredi soir, des terroristes sanguinaires, probablement de Daech, ont frappé Paris d’une manière atroce, tuant plus de cent personnes et en en blessant plus encore, créant un choc peut-être encore plus violent que les assassinats du début d’année. Une soirée qui pose beaucoup de questions.

La barbarie dans Paris

Après les horreurs du mois de janvier, et la belle réaction de la population, on pouvait penser que de telles horreurs ne pouvaient plus nous toucher avant de longues années. Mais malheureusement, après un début d’année rouge sang, ce mois de novembre marquera à jamais une nouvelle étape dans l’horreur avec plus d’une centaine de victimes, décimées de manière arbitraire, dans une salle de concert et sur des terrasse de plusieurs restaurants. Il semble que la plupart des terroristes se soient comportés comme des kamikazes qui se sont donnés la mort par des ceintures explosives. Quelques témoins évoquent des hommes très jeunes plutôt natifs de notre pays, même s’il existe la piste d’un porteur de passeport Syrien parmi ceux qui étaient présents au Stade de France. Daech a revendiqué les attentats.

Ce qui est frappant, c’est le caractère extrêmement préparé des terroristes, plus encore qu’en janvier, ce qui est forcément inquiétant pour l’avenir. Il est donc possible d’organiser des actions terroristes de très grandes ampleurs en France, avec plusieurs attaques réalisées au même moment dans des endroits différents de Paris, ce qui ne permet pas aux forces de l’ordre de répliquer. Heureusement, il semble que les contrôles de sécurité du Stade de France n’aient pas permis aux terroristes de rentrer dans l’enceinte du stade. Dans la soirée, François Hollande est intervenu pour annoncer l’état d’urgence et la fermeture des frontières. Nous commençons aujourd’hui trois jours de deuil national. Le président de la République interviendra devant les parlementaires réunis à Versailles, pour la seconde fois de l’histoire.

Garder la tête froide

Bien sûr, l’exploitation politicienne de cette horreur peut être révoltante, mais, même s’il faut être capable de se rassembler face aux barbares pour réaffirmer nos valeurs, n’est-ce pas les défendre d’être capable de se poser des questions, quitter à savoir sortir d’un unanimisme qui peut être castrateur intellectuellement et mal avisé parfois ? Le 21 septembre 2001 n’avait-il pas produit Guantanamo et l’invasion de l’Irak ? Bien sûr, on peut penser que ce n’est pas encore le moment pour le faire et qu’il faut d’abord se rassembler et rendre hommage aux victimes de cette barbarie. Mais a minima, nous devons sans doute être capables de poser les questions auxquelles il faudra pourtant réfléchir dans les prochains jours, que ce soit sur les raisons de cette horreur que sur les réactions qu’il faut alors y apporter.

Car de telles horreurs peuvent malheureusement pousser les victimes dans une mauvaise direction. Bien sûr, il faudra répondre de manière ferme à ces agressions et mettre tous les moyens possibles pour éviter que cela ne se reproduise. Mais nous ne devons pas le faire en trahissant nos valeurs. Tomber dans des pratiques totalitaires, ce serait une forme de victoire posthume des terroristes. Mais cela ne doit pas non plus nous pousser à un comportement de bisounours, ou même à refuser le débat sur les mesures qu’il faudra prendre dans les prochaines semaines. Et il conviendra aussi de se demander, sans rien justifier bien sûr, ce qui peut amener de jeunes Français, passés par l’école de la République, à se transformer en monstres qui tuent de sang froid comme s’ils étaient dans un jeu vidéo.

Et même si on n’est pas d’accord avec la ligne suivie par des années, il ne faut pas non plus tomber dans des procès systématiques, comme pour Charlie, même si ce regard critique est un composant essentiel de la démocratie que nous sommes. Mais d’abord, il faut penser aux victimes et à tous leurs proches.