Bien sûr, la violence et
le traumatisme des attentats de vendredi est et restera encore pendant encore
assez longtemps le sujet dont tous les médias parlent, du matin jusqu’au soir.
Mais de plus en plus, on peut se poser la question de la pertinence et de la
qualité de ce déluge.
Quantité
et rapidité ou qualité ?
Il faut bien
reconnaître que les les dernières années ne facilitent pas le travail des
journalistes, entre
une activité dont les équilibres économiques ont été bouleversés par
l’apparition d’internet, et une accélération incroyable du temps, où les
différents médias se livrent à une course permanente à l’information pour être
les premiers à diffuser la dernière nouvelle nouvelle, pouvoir buzzer et
être ensuite repris. Mais à force de privilégier le buzz, c’est rarement la
qualité qui gagne. Depuis quelques jours, nous sommes abreuvés par un déluge de
faits ou témoignages plus ou moins intéressants et rarement remises en
perspective. Bien sûr, il est sans
doute important de se souvenir de cette horreur, mais on peut se demander
si nous ne cédons pas un peu à une forme de voyeurisme un peu malsain.
En réalité,
les journaux télévisés finissent par ressembler à un croisement improbable
entre séries télévisées et télé-réalité.
Des premiers, on retrouve le côté spectaculaire, les rebondissements fréquents
et montés en épingle pour s’assurer que le téléspectateur continue à regarder,
le passage d’un endroit à un autre, parfois sans véritable transition. Des
seconds, on
retrouve les témoignages de plus en plus fréquents des individus, les
reportages sur les proches, la valorisation des réactions individuelles sur les
réseaux sociaux. Ce faisant, nous avons perdu les reportages de fond (qui
ont le défaut de coûter cher) ou alors les débats plus ou moins
contradictoires, où l’on donne véritablement du temps aux différents
protagonistes, ce qui est devenu une exception, à part quand on parvient à
créer le buzz…
Victoire
du fait divers, défaite du collectif
L’autre
effet que ce flux continu d’information a, c’est de
provoquer une course aux réactions de la part de tous ceux qui recherchent la
lumière des médias, et donc une concentration sur la communication et non la
réflexion. Après tout, pourquoi faire du travail sérieux, qui prend du
temps, quand il n’attire pas la moindre caméra ou le moindre micro, alors qu’un
bon mot, ou une déclaration bien polémique assure une reprise dans les réseaux
sociaux et des dépêches qui démultiplieront. Encore pire, les
médias relaient sans doute avec insuffisamment de recul les photos ou les
vidéos des djihadistes, qui sont pourtant conçues pour faire la publicité
de Daech, sans se demander s’ils ne servent pas malgré eux les intérêts des
terroristes, dont
certains y voient une forme de starisation valorisante.
Je pense que
les journalistes préfèreraient sans doute pouvoir traiter l’information d’une
autre manière. Mais leur
profession est soumise à une grave crise de leur modèle économique, et une
accélération du temps qui fait trop souvent du buzz la priorité, quelqu’en soit
le sujet.
Assimiler à de la téléréalité la diffusion de témoignages de personnes qui ont frôlé la mort, été témoins d'un carnage, subi des blessures physiques parfois, perdu des proches présents avec eux sur les lieux des attentats... C'est pas l'obscénité qui vous étouffe.
RépondreSupprimertoi, tu n'as visiblement rien compris à ce billet. Donc à t'écouter l'information doit être du sentimentalisme théâtral ? !!!
SupprimerMon dieu, la presse système a encore de beaux jours devant elle.
en réalité ça n'a pas d'importance en tant que tel, il faut considérer le problème à la source : la responsabilité individuelle,
RépondreSupprimerautant dire que ce n'est pas demain la veille que ça va s'arranger...
il faut rappeler quelques principes simples à la portée de tous :
1° une télé, un téléphone qui contient l'info seconde, peut s'arrêter sur une simple pression sur un bouton prévu à cet effet...le bouton fermeture. J'ai vérifié, tous les appareils en ont un
2° On peut aussi tenter de vivre sa vie au lieu de tenter de vivre celle des autres par écran, papier imprimé interposé.
Vivre sa vie, aussi terne que nous puissions la penser pour soi même, signifie déjà de considérer ce qu'il y a réellement autour de soi.
Je le vois tous les jours, je croise nombre de gens qui ne se sont même pas rendus compte que je les avais croisés ou que j'étais assis en face d'eux, occupés qu'ils sont à s'étourdir de je ne sais quoi dans les oreilles ou à tripoter leur plaquette sans lever la tête. ... gaffe aux poteaux sur les trottoirs
3° Il est un fait reconnu, que les doses "chimiques" et autres composées distillées par le corps et provoquées par des émotions ne peut aller qu'en s'amplifiant sous peine d'accoutumance. L'apprentissage très tôt par les jeux et autres images de dessins animés sur la base de flux de lumières vives, de mouvements rapides et d'actions quasi instinctives, le zapping conduisent lentement mais sûrement à la difficulté de concentration et à la recherche de l'instantané.....
En quelque sorte, l'idée fixée sur "la première impression" devient la norme, même si ensuite les éléments réfléchis viennent infirmer cette première impression. La personne est passée à autre chose...
4° depuis des années "nous sommes TOUT" est érigé en principe de base "américains" "paris" "charlie" et j'en passe.....il semble bien que nous devons donc être en même temps, les spectateurs, les auteurs, les participants d'une même tragédie quand elle peut ou veut frapper l'imaginaire.
En effet, les dizaines de millions d'individus meurent chaque jour de violences diverses et variées sans que l'on n'en sache absolument rien et ça n'empêche personne de manger ou de faire la fête depuis la nuit des temps. Les médias et le système à culpabiliser est donc organisé pour nous choisir là où nous devons être outrés, indignés, tristes, solidaires, etc...etc....
La mondialisation est celle des marchandises, de la finance rien n'oblige individuellement à épouser le destin de quiconque ; nous arrivons seuls et à poil en ce monde et partons d'ailleurs aussi seuls et à poil. Ce qui n'empêche entre les deux de tâcher de se rendre la vie aussi simple et légère que possible, mais nous sommes sur terre et rien n'est simple...la preuve, ce monde a connu des passages suicidaires avec des guerres généralisées.
Comme je le dis souvent (et d'autres ont dû le dire "à vouloir être tout le monde, on finit par ne plus être personne"...
Stan
@ Stan
SupprimerD'accord, mais le problème, c'est que l'homme ne peut pas vivre isolé. Travailler à changer sa propre vie comme si nous étions autonomes est une illusion sécrétée par le système idéologique actuel, comme la communication immédiate et l'info spectacle. Si on ne change pas de système idéologique, toute initiative isolée ne fera que le renforcer.
http://revuelimite.fr/journal-la-decroissance-ne-pas-se-taire-contre-les-menees-du-capitalisme-vert-partie-2
Guadet
Guadet,
Supprimerexact aussi, je voulais rajouter un truc qui apparait un peu plus bas mais j'ai été coupé par un évènement dans ma vraie vie..
Stan
Les pratiques et comportements actuels des médias et de leurs intellectuels vedettes sont le miroir de notre monde de vacuité et de solitude.
SupprimerAlors que, pendant plusieurs dizaines d'années, l'idéal était de se connaître pour s'améliorer, de comprendre le monde (voir les philosophies orientales), il s'agit aujourd'hui de s'oublier, de se perdre, de s'étourdir sur un mode paradoxal : ne rien faire tout en s'agitant en permanence. Rien d'étonnant à cela car nous sommes perdus et désorientés et, si nous pouvons espérer que le monde deviendra meilleur demain, il me semble nécessaire de commencer par soi, dans une démarche introspective.
DemOs
DEMOS
Supprimercette forme d'introspection que tu évoques doit avoir pour but de réduire l'amplitude du mouvement d'oscillation du pendule de nos émotions, entre euphorie peu contenue ou apathie voire déprime profonde momentanée qui empêche de penser ou de ramener un raisonnement à juste proportion d'un évènement, d'une rencontre ou toute autre forme de sollicitation qui a conduit à cette émotion...
dans le même temps, elle doit permettre de diminuer sensiblement les formes de culpabilisation qui s'assimile dans mon éducation à "méa culpa, méa culpa, méa maxima culpa" , rétablir l'équilibre vers le juste échange dans les relations avec les autres et enfin desserrer la perception de l'étreinte du rapport de force entre dominant et dominé...
bref, cette démarche est effectivement intéressante pour son propre apaisement face à ces sollicitations émotionnelles qui finissent par désarçonner ...
Stan
"une concentration sur la communication et non la réflexion"
RépondreSupprimerC'est tout le problème de la révolution de ce qu'on appelle les "autoroutes de l'information" - internet, portables, etc… - qui ne sont que la pointe avancée d'une idéologie matérialiste de la production et de la consommation. Le système actuel, engendré par cette idéologie, ne fonctionne que comme une course à l'abîme : tout arrêt, toute réflexion le ferait s'écrouler. Les tentatives pour l'améliorer échouent parce que simplement envisager de suspendre cette course est une idée tabou. D'où l'échec de Tsipras,de la COP 21 ou de la lutte anti terroriste.
Guadet
"l'information doit être du sentimentalisme théâtral"
RépondreSupprimerSentimentalisme théâtral pour parler d'un attentat à la bombe et à la Kalach. Il te manque une case, pauvre vieux, et personne ne t'oblige à écouter ces témoignages dont tu voudrais probablement interdire la diffusion.
De toute façon, la télé est de moins en regardée, remplacée par le net et, de plus, personne n'est obligé de la regarder en boucle.
Herblay a une vison infantilisante de la société, incapable de laisser décider les gens de si ils souhaitent ou pas regarder la télé ou d'autres sources d'information. Non, comme toujours, c'est lui qui va décider de ce qui est bon ou pas pour les autres au nom de son-antilibéralisme pathologique.
ce qui n'empêche en rien, la vie sociale, la solidarité, l'acceptation de la différence, observer et entretenir un esprit critique suffisant pour ce faire une idée raisonnée des situations et des personnes.
RépondreSupprimeren tant qu'atome, je pense que si on réussissait à maitriser quoi que ce soit, ça se saurait ...même mon pantalon je le maintiens par des bretelles
Stan
"qui sont pourtant conçues pour faire la publicité de Daech, sans se demander s’ils ne servent pas malgré eux les intérêts des terroristes,"
RépondreSupprimerDaesh doit surtout se frotter les mains de voir la réaction du gouvernement qui le Lundi 16 annonce toute une nouvelle batterie juridique sécuritaire, montrant dans quelle panique il se trouve, sans même prendre le temps du recul.
Les textes actuels suffisent largement, ce sont les moyens sur le terrain qui manquent. La montée sécuritaire législative est bien ce que cherche à provoquer Daesh, un accroc à la démocratie de plus, et il a complètement réussi son opération.
Les médias diffusent parfois des reportages très importants.
RépondreSupprimerUne vidéo exceptionnelle :
A la 13ème minute, un djihadiste belge est présent en Syrie. Depuis la Syrie, ce djihadiste parle de la société française, de la société belge, de la société néerlandaise, etc.
Ce qu'il dit est très important :
« Jamais vous ne serez en sécurité. Sachez juste qu'il y a des frères qui se cachent partout dans le monde. Ils attendent juste l'ordre qu'on leur donne pour attaquer, et ils attaqueront. On a grandi dans cette société. Depuis tout petit, on a grandi avec eux. On sait comment ces gens-là ils réfléchissent. Ca veut dire qu'aujourd'hui, il n'y a pas de peur de la police, des services de renseignement ou de quoi que ce soit. On sait comment faire pour passer inaperçu. Si je pars, c'est pas possible qu'ils me retrouvent. Les frontières, c'est du gruyère. »
https://www.dailymotion.com/video/x3eqfdg_attentats-de-paris-panique-au-belgistan_news
Et en France ?
Au mois de mai 2015, combien y avait-il d'islamistes dans votre département ?
Pour le savoir, cliquez ici :
https://i.imgur.com/YkTfV2k.jpg
C'est vrai que l'air du temps et le traitement de l'information ne font pas rêver a priori.
RépondreSupprimerJe me suis au début étonné que l'on puisse appeler sans complexe une émission populaire "Big Brother", qui représente quand même le niveau ultime de la dictature, de la manipulation des masses. Et puis finalement, c'est rentré dans le moeurs, et je ne m'en étonne plus vraiment maintenant (un peu quand même parfois).
Il est vrai qu'en France, pour ne pas heurter les âmes sensibles (dont je fais a priori parti :), on parle désormais de "Secret Story".
La saga Endemol et leur prise de pouvoir dans une partie du monde de l'audiovisuel est d'ailleurs assez intéressante.
Mais je me pose aussi une autre question : est-ce que le traitement de l'information était vraiment mieux avant ? entre les ayatollahs protégés des journaux papier, les grand messes de la une et de la deux, l'ORTF, la 5...
Au niveau de la télé, quelle étaient les émissions qui apportaient réllement une vision libre sur le monde ?
Médias papier, téle, est-ce que c'était vraiment mieux avant ? J'en doute.
La grande révolution pour moi, c'est internet. Une grande partie de l'Humanité aurait rêvé de ça (comme de l'écriture, du téléphone, de l'avion, des progrès de la mèdecine et allez, aussi de la télévision...)
Si on cherche un peu et que l'on fait certains efforts, on a accès à beaucoup plus d'informations contradictoires qu'avant (texte, son, image, animations, discussions, renvoi vers des livres et des auteurs...). Et on se sent un peu moins passif devant l'info également, même si ce n'est peut-être qu'illusoire.
Le revers de la médaille, c'est qu'il faut faire le tri, et que ça peut servir le positif comme le négatif..
Mais malgré tous ses défauts, ça c'est mieux qu'avant.
***Jacko***
Vous voulez quand même pas que Pujadas à 20h demande par exemple à Valls pourquoi il a refusé une liste de djihadistes ?
RépondreSupprimer(https://www.les-crises.fr/scandale-lex-chef-de-la-dst-m-valls-a-refuse-la-liste-des-djihadistes-francais-pour-des-raisons-ideologiques/)
Et donc à combien de morts civils français il estime le prix du départ d'El Assad ?
A combien de morts estimez vous nécessaire le départ d'Assad ?
SupprimerAssad n'étant pas responsable des attaques, je ne vois pas pourquoi les morts influeraient pour nécessiter son départ...
SupprimerOu alors pour le rendre moins désirable à ceux qui désirent ce départ. Car s'il part pour laisser la place à Al Baghdadi ou équivalent...
Oui, en effet. On se rend compte une fois de plus des avantages du monopole (ou de l'oligopole).
RépondreSupprimer@ Anonyme 9h30
RépondreSupprimerJe ne suis pas sur que ce soit la chose la plus utile au monde. Comme d’habitude, vous caricaturez ce que je dis : je n’ai jamais parler d’interdiction ici encore. Mais caricaturer la position de l’autre en dit sûrement long sur vous même et les faiblesses de votre pensée, qui, pour se défendre, a constamment le besoin de travestir ce que disent ses contradicteurs.
@ Stan
Intéressant et juste
@ Guadet
Bien vu
@ Démos
Tristement juste (voir l’augmentation de la consommation de drogues)
@ Jacko
Jugement équilibré et mesuré. Cela fait plaisir à lire, en ces temps excessifs
"Comme d’habitude, vous caricaturez ce que je dis"
RépondreSupprimerIl n'y a pas besoin de caricaturer ce que vous dites, car ce que vous dites est déjà une caricature, vous êtes incapable de faire autre chose que des gros barbouillages censés représenter la réalité.