Les
chiffres de l’étude réalisée par le lauréat du prix Nobel d’économie* 2015
font froid dans le dos. Loin de l’idée d’un progrès permanent, l’évolution de
la mortalité aux Etats-Unis démontre non seulement une inégalité révoltante,
mais aussi qu’il est possible de faire marche arrière.
De la
pauvreté… à la mort
Il faut lire
le compte-rendu de cette étude, qui
rapporte la hausse de 22% de la mortalité de la population blanche étasunienne
qui n’a pas dépassé l’équivalent du lycée, âgé de 45 à 54 ans, de 1999 à 2013.
Les raisons de cette évolution sont « une
augmentation des suicides et des pathologies liées à la drogue et à
l’alcool ». Les auteurs notent que « ce
changement va à l’encontre de décennies de progrès en termes de mortalité et
est propre aux Etats-Unis : aucun autre pays riche n’a connu un
retournement similaire ». En revanche, « le
taux de mortalité des blancs non hispaniques âgés de 65 à 74 ans, lui, a
continué à baisser de 2% ». En outre, un tiers des 45-54 ans
déclare souffrir de douleurs chroniques et près de 15% d’une sciatique, qui se
retrouve dans l’explosion du nombre d’invalides.
Les auteurs
notent : « les
revenus des ménages où le chef de famille n’a pas poursuivi d’études au-delà du
lycée a baissé de 19% en 1999 et 2013 (…) il est possible d’établir un
lien avec l’insécurité économique ». Ils incriminent également
« l’angoisse
grandissante par rapport au niveau de retraite que cette population peut
espérer toucher dans quelques années », du fait des retraites par
capitalisation, dont
on se souvient qu’elles avaient poussé des retraités désargentés sur le marché
du travail en 2009, du fait de la baisse de leurs revenus… On peut
également faire le lien avec un
papier récent de The Economist, qui
décrivait la forte hausse de la consommation d’héroïne aux Etats-Unis ou les
effarants débats sur la légalisation du cannabis dont on connaît pourtant bien
tous les dangers.
Du
capitalisme actionnarial et des inégalités
Ce faisant,
notre époque moderne, même si elle produit aussi de belles choses, permettant
par exemple de soigner des maladies jadis fatales, semble
devoir pousser l’humanité à s’auto-torturer au nom d’une vision du progrès
totalement inhumaine, demandant sans cesse davantage aux hommes (comme à la
planète), sans finalement se demander si cette exigence toujours accrue et
qui ne semble pas avoir de limite, n’est pas porteuse d’un malaise tellement
violent qu’il peut, comme le montre ce cas, provoquer des morts ? La
difficulté est que personne ou presque ne semble se rendre compte de la
violence, à peine feutrée de cette époque, dont on peut sans doute voir un
symptôme dans l’augmentation des crimes, des délits ou encore des violences à
l’école, avec
la triste montée du harcèlement.
Ce qui
camoufle sans doute cette évolution, c’est le caractère finalement assez lent
de cette dégradation. Merci au nouveau prix Nobel d’économie* de jeter une
lumière aussi crue sur les ravages d’une logique économique qui produit tant de
malheurs. Une étape nécessaire pour changer.
Cet article sur le miracle du taux de chomage américain
RépondreSupprimerhttp://www.businessbourse.com/2015/11/07/etats-unis-un-rapport-consternant-sur-lemploi/
est aussi amusant (si on peut dire...).
Les 45-54 ans ce sont ceux qui étaient jeunes à l'époque de Reagan. Ils étaient encore trop jeunes pour qu'on repère l'effet des reaganomics sur leur mortalité, mais maintenant comme il fallait s'y attendre ils commencent à payer le prix de leurs jeunesses volées.
RépondreSupprimerEt si la mortalité des 65-74 ans continue à baisser c'est parce que quand ils étaient jeunes Reagan n'était pas au pouvoir. Ils encaissent encore les bénéfices des politiques économiques et sociales US d'avant Reagan.
Les économistes parlent d'effet cicatrice pour expliquer que les baby-boomer arrivés sur le marché du travail à partir de 1974 (pour la France) ne s'en sont jamais remis. A tous les âges de leur vie on constate qu'ils sont plus pauvres et vivent moins bien que leurs parents au même âge.
Je ne vois pas comment cela ne pourrait pas se voir bientôt dans les chiffres de la mortalité, en France aussi.
Ivan
Les 65-74 ans, dont la mortalité baisse, ont connu le LSD en vente libre dans leur jeunesse, contrairement aux 45-54 ans dont la mortalité augmente.
RépondreSupprimerPointer l'alcool, la drogue ou même les suicides comme responsables de la baisse de l'espérance de vie des générations arrivées sur le marché du travail à partir de Reagan est assez puéril. Il faut expliquer pourquoi toutes les causes de maladie et de mort, volontaires ou non, légales ou non, frappent avec une particulière dureté les générations qui n'ont connu que le chômage, la misère et la précarité, et pas celle de leurs parents.
Ivan
@ Toutatis & Ivan
RépondreSupprimerMerci
Tout tue ! les maladies tuent , le travail tue , le chomage tue , l insecurité tue , la drogue tue le tabac tue l alcool tue le sexe tue la pollution tue , le capitalisme tue le socialocommunisme tue , et surtout la connerie tue !
RépondreSupprimerpas du tout, car comment expliquer qu'il y ait tant de vieux cons ?
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerAh oui j oubliais : la mort tue !
RépondreSupprimerLa principale cause de la mort c est l ' arrêt de vie ; on peut toujours essayer de vivre le plus possible on finit toujours par mourir ; plus l espérance de vie se rallonge plus on se rapproche de l ' espérance de mourir
RépondreSupprimeron dit mieux vaut mourir que soufrir c est la devise des hommes ; ben non moi je dis : vieux maux souffrir que mourir c est votre denise ;
RépondreSupprimeron dit partir c est mourir un peu ; ben non moi je dis : martyr c est pourrir un peu