Il y a
quelques jours, 51,4%
des Argentins ont tourné la page de douze années de domination politique du
couple Kirchner, en
préférant Mauricio Macri au candidat de la présidente sortante. Une
victoire nourrie par les
failles du bilan de la majorité sortante, en somme, logique
démocratiquement.
La
défaite logique du Kirchernisme
Bien sûr, les
politiques menées après le défaut et la dévaluation ont sorti le pays de
l’ornière, permettant une envolée du PIB par habitant, après avoir touché le
fond en 2002. L’imposition d’un défaut aux créanciers du pays, encore
remis en question par des fonds vautours aux Etats-Unis, la dévaluation et
le protectionnisme ont nourri une croissance dépassant largement le cadre
étroit des matières premières, contrairement
à ce que répètent des analystes à courte vue. Buenos Aires continue à se
passer des capitaux étrangers après s’être brûlé les ailes dans les années 1990
et s’être vu imposer des programmes d’austérité étrangement
proches des récents plans Grecs. En fait, c’est la banque centrale qui
finance en partie le gouvernement avec de la création monétaire, comme
le fait aussi le Japon.
Cependant, il
semble que le gouvernement ait pris un peu trop de liberté avec la planche à
billets, poussant l’inflation au-delà des 20%, tout en tentant de nier la
réalité en trafiquant les statistiques. En fait, certains
ont vu dans les dernières années de présidence Kirchner un reflux d’autoritarisme
et de corruption, avec la mort d’un procureur juste avant son témoignage sur
une affaire importante. Mais au final, l’alternance qui a été votée
démontre non seulement le caractère fondamentalement démocratique du régime
déchu (ce
qui loin d’être aussi évident au Venézuela), mais aussi que l’Argentine est
une démocratie qui fonctionne plutôt bien puisqu’un peuple déçu vote pour
l’alternance. Mais, comme
le note Romaric Godin dans la Tribune,
il ne faut pas s’attendre à un grand soir avec la victoire de Mauricio Macri.
Leçons
pour les alternatifs
En revanche,
même si le contexte latino-américain est différent du nôtre, il
faut aussi reconnaître les côtés obscurs de certaines figures alternatives.
La monétisation, quand elle est utilisée avec manque de mesure peut mener à
l’inflation. Malgré tout, au
global, l’expérience Argentine reste un grand succès. Mais en fait, ce qui
est le plus inquiétant dans les régimes dont nous soulignons parfois certaines
réussites, c’est la tentation autoritaire (largement refusée à Buenos Aires), mais
que l’on peut voir à l’œuvre en Russie ou au Vénézuela jusqu’à un niveau qui
brouille la distinction entre démocratie et régime totalitaire. Et même si
on critique les caractéristiques antidémocratiques de notre régime, nous devons
sans doute marquer clairement notre refus absolu de ces dérives, largement plus
graves encore.
Voilà
pourquoi, pas si paradoxalement, il
faut sans doute se réjouir de cette alternance, apaisée et modérée. Non
seulement, la
plupart des acquis du passé seront maintenus, il n’était pas injuste que le
pays vote pour un changement et cela démontre les bienfaits de l’alternance.
Le taux de chômage trouvé sur le site «lesechos.fr» pour l’Argentine est de 6,9% en 2015, contre 19,2% en 2001 et 22% en 2002, au moment de la faillite du pays largement liée à la surévaluation de sa monnaie qui était alors arrimée au dollar.
RépondreSupprimerhttp://data.lesechos.fr/pays-indicateur/argentine/taux-de-chomage.html
Ce qui me confirme que l’excès de monétisation et un taux de change trop bas et l’inflation qui en découlent, voire d’autres bêtises, n’ont pas forcément des inconvénients aussi graves qu’ont connus aussi certains pays de la zone euro qui n’ont pas eu la possibilité de déprécier le taux de change au moments où ils en avaient besoin (comme l'Argentine il y a une quinzaine d'années) :
Grèce : Taux de chômage 25% en 2015. Elle avait un taux de chômage à 10,5% quand elle est entrée dans la zone euro en janvier 2001.
http://data.lesechos.fr/pays-indicateur/grece/taux-de-chomage.html
L’Espagne qui va semble-t-il beaucoup mieux grâce à la dévaluation interne avait un taux de chômage de 21,6% en septembre 2015 après un pic de 26,3 en 2013 (contre 14,5%, c’était déjà beaucoup au moment de l’entrée dans ce pays dans la zone euro).
http://data.lesechos.fr/pays-indicateur/espagne/taux-de-chomage.html
Le Portugal qui qui va lui aussi beaucoup mieux grâce à la dévaluation interne a un taux de chômage à 12,2% en septembre 2015. Mais au moment de son entrée dans l’Euro ce pays avait un taux de chômage de seulement 5,2%.
http://data.lesechos.fr/pays-indicateur/portugal/taux-de-chomage.html
L’Argentine a vu sa une dette publique passer à 137,7% du PIB 2002, elle est en 2015 à 52,1% du PIB.
http://data.lesechos.fr/pays-indicateur/argentine/dette-publique.html
Le Portugal était endetté à 51% du PIB au moment de son entrée dans l’Euro, il est aujourd’hui endetté à 128,2% du PIB. La Grèce était déjà endettée à 114% du PIB quand elle est entrée dans l’euro, sa dette publique pointe à 194,8% du PIB aujourd’hui, presque le quadruple de celle de l’Argentine en pourcentage du PIB.
http://data.lesechos.fr/pays-indicateur/portugal/dette-publique.html
http://data.lesechos.fr/pays-indicateur/grece/dette-publique.html
etc. etc.
On n’en finit pas d’aligner les chiffres qui confirment le désastre qu’a été la construction de l’Euro.
Saul
Pour Espagne et Portugal, des dizaines de milliers de chômeurs, jeunes surtout, ont fuit le pays et disparu des statistiques officielles : le vote par les pieds qui terni les beaux bilans politiciens...
SupprimerEntre parentèses: "Grèce : le PIB a plongé de 0,9 % au troisième trimestre. Mauvaise surprise pour l'économie grecque. Publiée ce vendredi la deuxième estimation pour le PIB du troisième trimestre s'avère beaucoup plus mauvaise que la première. Selon l'agence nationale des statistiques, Elstatle le PIB de la Grèce a en effet plongé de 0,9% au 3e trimestre. Dans sa première estimation, le 13 novembre, Elstat avait annoncé une contraction de 0,5%.
Supprimerhttp://www.lesechos.fr/monde/europe/021515536156-grece-le-pib-a-plonge-de-09-au-troisieme-trimestre-1179396.php
Pour ceux qui observent cela depuis longtemps, ce n'est pas vraiment une surprise.
@ Saul et anonymes
RépondreSupprimerMerci pour toutes ces précisions