Mardi matin,
le
ministre de l’économie était l’invité d’Europe
1 pendant deux heures. Une auditrice avait du mal à voir des différences
entre ce qu’il dit et François
Fillon, dont elle notait pourtant qu’on le qualifier de tchatchérien. Un
constat qui en dit long sur ce gouvernement.
Toujours
plus loin dans le néolibéralisme
Cette
matinée venait un
jour à peine après l’annonce d’une deuxième « loi fourre-tout », selon Le
Monde. Ce gouvernement adopte une démarche originale, le quotidien
notant « la
seule chose qui manque encore, à un mois des premières propositions, c’est… le
contenu du projet de loi (…) Il fut un temps où les projets de loi
correspondaient à une réforme précisément définie au préalable, comme le
passage aux 35 heures. Avec son projet, le ministre de l’économie teste un
autre modèle, celui de la réforme participative ». Macron s’est
même permis de dire « je
ne sais pas quelles sont les bonnes réformes sur ce sujet. Peut-être que, même,
il n’y en a pas. Peut-être que les choses se font seules ». Voilà
qui en dit long sur la philosophie politique du ministre, décidemment bien
libéral-libertaire d’inspiration.
Quand
Thatcher et Reagan menaient une guerre idéologique, ce gouvernement est
plus insidieux car plus diffus et moins frontal. D’ailleurs quand Macron dit
qu’il ne sait pas ce que sont les réformes à faire, le
menu semble pourtant copieux. Lundi, il évoquait la suppression
de qualifications obligatoires pour des centaines d’activité, ce qui en dit
long, encore une fois, sur sa philosophie. Et mardi, nous
avons eu droit à un appel aux « capitaux-riskers », un soutien au
travail du dimanche et la nouvelle économie, la libéralisation des emplois à
faible capitalisation, le paiement des fonctionnaires au mérite, la flexibilité
du temps de travail par la négociation. Le tout, en disant que :
« C’est
très important pour notre pays et pour nos régions de tout faire pour empêcher
que le FN n’accède aux responsabilités ».
Réduire
l’espace politique de l’adversaire
Ce faisant, il
construit une société de plus en plus atomisée, avec un Etat en retrait qui
laisse faire tous les atomes de la société, en fermant les yeux sur le fait que
cela favorise les plus forts. Mais, outre l’adhésion idéologique à cette
vision du monde, on peut aussi voir des motifs plus politiciens à la politique
que mène le ministre. En effet, Emmanuel Macron occupe le flan droit de Manuel
Valls, le Premier Ministre étant déjà à la base très à droite de la majorité.
Mais ce faisant, sur
les questions économiques, le président ne laisse plus d’espace politique aux
Républicains, le ministre titulaire tenant un discours similaire à François
Fillon, alors même que celui-ci appelle son camp à être plus libéral qu’il
ne l’a été pendant cinq ans. On peut y voir une
tentative de suivre les leçons politiciennes de Tony Blair…
Bien sûr, il
reste aux Républicains la possibilité de se démarquer sur les questions des
migrants, de société ou de sécurité, ce
qui explique sans doute que Nicolas Sarkozy ait choisi ce thème pour faire ses
premières propositions. Rendez-vous en 2017 pour
juger la pertinence de ces choix.
Dans un entretien récent avec Pierre Manent publié par le Figaro, Alain Finkielkraut dit qu'il est désespéré car sur la question de l'école, les hommes politiques semblent mettre toute leur énergie à aggraver les choses.
RépondreSupprimerHélas, c'est aussi le cas ailleurs...
Il y a des dérives idéologiques, dans différents domaines, qui fait qu'on va toujours plus loin dans de mauvaises directions.
Ces dérives idéologiques sur différents thèmes, qui en est indemne ? Travaillons aussi sur nous-mêmes, faute de pouvoir toujours se faire entendre des hiérarques.
@LH,
RépondreSupprimer« C’est très important pour notre pays et pour nos régions de tout faire pour empêcher que le FN n’accède aux responsabilités ».
Phrase étonnante. Que ce passera-t-il si c'est là le choix du peuple souverain ?
En l'état de cette indistinction enfin clairement assumée entre les options politiques de l'UMP et du PS, et dès lors au-delà enfin des postures médiatiques des hauts responsables de ces partis, le FN apparaît comme la seule force constituée capable de mettre en échec dès 2017 cet euro-libéralisme dévastateur qui ne sait que la dérégulation, l'affaiblissement de la nation, de l'Etat, l'abandon de la souveraineté, par suite l'affaiblissement de la démocratie elle-même.
L'union des forces souverainistes est plus que jamais requise. A défaut, c'est faire le choix de l'euro-libéralisme.
Cette tactique du gouvernement s'appelle la triangulation du temps de Tony Blair et de ses "spin-doctors" ou autrement dit faire la politique de ses adversaires pour ne pas leur laisser de place idéologiquement parlant. Mais Macron, qui n'est pas un élu, se trompe parce que, l'électorat à part les bobos parisiens et des grandes métropoles, ne s'y retrouve pas dans cette politique et dans un premier temps, en tant que victime de cette politique, il s'abstient puis après un certain temps exaspéré il vote pour le Front national de Marine Le Pen. C'est ainsi que le FN "cartonne" en Picardie dont l'Oise et dans la méga et artificielle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie MLP a de grandes chances de gagner à moins que l'alliance UMPS ne l'en empêche pour cette fois. Cependant ce serait la pire des solutions que de se contenter de casser le baromètre du malaise social et politique pour lui ouvrir tôt ou tard un boulevard.
RépondreSupprimer" Macron s’est même permis de dire « je ne sais pas quelles sont les bonnes réformes sur ce sujet. Peut-être que, même, il n’y en a pas. Peut-être que les choses se font seules ».............
RépondreSupprimerça fait même prétentieux dit comme ça, ça laisse supposer qu'il y est encore pour quelque chose en captant ce qui serait de l'ordre de l'état de nature inexorable.
en réalité, il répond à deux réflexes pavloviens :
- obéir aveuglément à ses ex mentors banquiers, financiers et aux groupes dès lors qu'il émettent le même besoin, au son d'une clochette
- capter tout ce qui se fait de pire ailleurs, sorte de benchmarking politique pour l'adapter aux français, au nom de la compétitivité et d'une soi disant liberté d'entreprendre...(baisse des salaires, des prestations sociales, vente des biens publics, instauration de la loi de la jungle au titre de la régulation économique...)...
mais attention, tout cela a des limites car nombre de textes votés par ailleurs se préoccupent de serrer la gueule aux français dans nombre de domaines sociétaux (trafic routier, loi renseignement, comptes bancaires, restriction des retraits en liquide, etc....)
alors Mr Herblay, excusez moi de ne pas vous suivre dans un soi disant "libéral libertaire." , à part pour le 1% des seigneurs qui en sont toujours dans une "exigeante auto régulation" de principe et qui peuvent truander à loisir grâce à une chiée de lois accommodantes, qui peuvent donc tout se permettre. D'ailleurs, pour s'en rendre compte, il suffit de regarder l'état de truandage général des chiffres et des stats pour donner encore une allure à toute cette politique qui en est à "puisque nous ne tenons plus rien, feignons de l'organiser"
l'état me semble être un rabatteur à gibier dans une forme de politique qui pourrait s'appeler "libérale prédation"...
dans la jungle, un lion attend que sa femelle chasse pour lui, chez l'humain du XXIeme, le "lion" attend que l'état lui arrange le coup...
ce qui nous sauve, c'est encore de percevoir une forme d'action et de réflexion stratégique chez des leaders qui n'en sont plus qu'au suivi moutonnier...
mais on s'en fout, encore une journée de boulot et c'est week end...
Stan