La
nouvelle économie est parée des lauriers de nombreux qualificatifs, tous
positifs : sociale, collaborative, de partage. En outre, elle est toujours
présentée comme inéluctable, une forme d’évolution naturelle qui ne saurait
être remise en question. Pourtant, à
bien y regarder, tout n’est pas si positif.
Vrai
service, au service d’une vraie rente
Bien sûr, on
ne peut pas nier que le succès des géants d’Internet se fonde souvent sur un
vrai service rendu aux utilisateurs. Facebook connecte plus d’un milliard de
personnes. Google est tellement la référence de la recherche d’information
qu’il est devenu un nom, comme Uber,
dont on a tiré le terme « uberisation » pour caractériser la montée
en puissance d’une nouvelle forme d’économie, reposant sur les actifs des
autres pour fournir un service, créant des titans aux actifs légers. Mais il y
a un côté obscur : beaucoup sont les Standard Oil de leur secteur, ayant
souvent fait le vide d’un point de vue concurrentiel, même si le gagnant d’un
jour peut être le perdant du lendemain. En outre, bien
de ces entreprises pratiquent la désertion fiscale à grande échelle, comme
le rappelait Marianne récemment.
Et on peut
voir dans Microsoft un précurseur de ces modèles d’affaires où la clé de la
réussite (qui demande beaucoup de travail, de talent et de réussite), consiste aussi
à imposer un standard difficilement délogeable, qui créé alors une rente à la
durée plus ou moins longue. C’est le principe de Windows, Word ou Excel. D’où les
rentabilités volontiers indécentes de ces géants, d’autant
plus qu’ils sont souvent spécialistes de toutes les astuces légales pour ne pas
payer leurs impôts. Facebook
en 2014, c’était près de 3 milliards de dollars de bénéfices pour 12,5
milliards de chiffre d’affaire. Google
fait 14 milliards de bénéfices pour 66 de chiffres d’affaires. Une telle
rentabilité indique de facto une rente, l’intelligence de ces entreprises étant
d’identifier, créer puis dominer de nouveaux monopoles ou oligopoles naturels.
Le retour
des péages du Moyen Age ?
Ce faisant,
certains libéraux, comme
The Economist, en viennent à se
demander ce qu’apportent vraiment toutes ces entreprises « à
première vue, les sites de comparaison de prix sont un exemple du meilleur du
capitalisme (…) mais ces sites additionnent une autre couche de coûts »
et souligne que des études ont montré que leur apport est limité, pour ne pas
dire nul. Certes, quelques géants d’Internet apportent de véritables services, mais quels ont
élé les dégâts collatéraux que l’on a laissé faire, sur lesquels on a fermé les
yeux, ou sans s’en rendre compte ? Ne sont-ils pas encore plus grands
que leurs bénéfices ? Utiliser le travail des autres pour prendre 20% des
recettes n’en fait-il pas une forme d’économie-coucou, ou d’une forme de retour
aux péages du Moyen Age, remis à jour.
Bien sûr,
certaines de ces entreprises apportent de vrais services, d’une grande valeur, mais que
penser de modèles d’affaire dont le succès repose en réalité sur la
constitution d’une oligopole ou d’un monopole, des rentes immenses ainsi
dégagées et des dégâts collatéraux ?
Chapeau bas pour le titre, il decrit parfaitement la situation
RépondreSupprimerOui c'est très bien vu !
RépondreSupprimerMerci
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