Parfois, la
conjonction de deux faits est extraordinairement révélatrice. Quand on apprend
en même temps que les
prix des produits agricoles se sont effondrés en 2015 et que la
Commission Européenne lance une enquête sur les accords pour enrayer cette
chute en France, la réalité devient criante.
L’abandon
des agriculteurs
Le
sort des agriculteurs est un des scandales de notre époque. Depuis que nos
gouvernements les ont abandonnés aux aléas brutaux des marchés en mettant fin
aux prix de soutien, les agriculteurs vivent avec le couteau des marchés sous
le cou : tous les engagements qu’ils prennent, souvent sous la contrainte
de normes changeantes que font souvent peser sur eux les changements
législatifs, peuvent être balayés par les oscillations folles des marchés. Voilà
le destin que nos sociétés donnent aujourd’hui à ceux qui nous nourrissent,
rendant bien légitimes les
manifestations de l’été dernier. On ne compte malheureusement plus les
cas où les prix des marchés passent sous les prix de revient. Pire, les
agriculteurs ne savent pas toujours ce qu’ils tireront des produits qu’ils
vendent sur les marchés…
Devant cet
état d’urgence (les
prix ont baissé pour la quatrième année consécutive, 19% en moyenne sur la
seule année 2015, 15% pour les céréales, le lait et la viande) le
gouvernement avait dégainé des mesures un peu dérisoires, des aides, qui
peuvent être ensuite attaquées par cette Europe barbare, qui peut imposer le
remboursement plus tard. Après des mois de protestations, le
gouvernement avait organisé des tables rondes pour pousser les différents acteurs
à remettre en place de facto une sorte de prix minimum à 340 euros la tonne
de lait et 1,4 euro le kilo de porc. Mais « la
commission enquête sur des comportements anticoncurrentiels allégués dans le
secteur du lait en France », ainsi que sur la viande, en
infraction avec les traités européens. Les amendes pourraient être salées.
Une
Europe sans cœur et détestable
Bien sûr,
les tenants de cette europe peuvent tenter de rétorquer que la commission ne
fait qu’appliquer les traités que les Etats ont signés, qu’elle n’est pas
totalement responsable de ces textes, qui lui imposeraient d’agir. Ce n’est pas
totalement faux et il faut bien reconnaître que les gouvernements qui ont
appuyé tous ces traités, de
l’Acte Unique, à Maastricht en passant le traité de Lisbonne, portent la
responsabilité des textes qui permettent de telles choses. Mais parce que
la commission en est solidaire et qu’elle a aidé à les faire, elle porte aussi
une part de responsabilité. Et de toutes les façons, elle conserve toujours une
part de libre-arbitre et pourrait fermer les yeux, d’autant plus qu’elle laisse
faire bien des rapprochements dont les conséquences concurrentielles sont
autrement plus conséquentes…
Le
cas de l’agriculture est sans doute un des exemples les plus criants de
l’inhumanité de cette construction européenne, qui
menace des agriculteurs essorés par quatre années de baisse des prix d’amendes
pour avoir demandé au gouvernement de stopper la baisse des prix au nom
d’une idéologie mortifère.
Les libéraux aiment à souligner la légitimité des parlements qui votent des lois, quand ils sont d'accord avec des lois ; oui, tout à coup, la machine Etat ne les dérangent pas dans ce cas.
RépondreSupprimerLes libéraux aiment à souligner que les traités doivent être appliqués puisqu'ils ont été décidés... quand une législation les arrange, là, ils ne parlent pas "d'insécurité juridique" !
Monsieur Herblay, faites gaffe de ne pas tomber dans le jeu de la rhétorique des libéraux... n'oubliez pas que la bataille des mots compte.
Quelques faits
RépondreSupprimer-en 1980 le blé valait 1250 frs la tonne soit 188 euros la tonne aujourd'hui moins de 140euros
-la commission européenne poursuit la France et les organisations professionnelles pour entente illicite suite aux négociations de cet été pour tenter de sortir des crises de l'époque
"Une Europe sans cœur et détestable"
RépondreSupprimerCe n'est même pas une question de coeur mais de cervelle.
Il ne s'agit pas de charité, mais d'intérêt bien compris à long terme. On n'a aucun intérêt à perdre notre sécurité alimentaire, aucun intérêt à s'auto-pourrir la vie.
Qui "on" ?
SupprimerL'intérêt de la classe des riches ? la classe des travailleurs ?
Le pays (l'intérêt général) ?
Toujours des procès à charge, sauf que :
RépondreSupprimerAides d’État: la Commission estime que le régime belge d’exonération des bénéfices excédentaires est illégal et ordonne la récupération d’environ 700 millions d’euros auprès de 35 multinationales
http://europa.eu/rapid/press-release_IP-16-42_fr.htm?locale=en
C'est vous qui voulez faire un procès de l'U.E. uniquement à décharge.
SupprimerSans parler du fait que 700 million divisé par 35 multinationales... ça tient vraiment du symbolique. Déjà, rien que le montant global par rapport à la totalité de la désertion fiscale est symbolique !
Que fais l'U.E. justement par rapport aux dizaines de milliards de désertions fiscales (entre 60 et 80 milliards d€ rien que pour la France) ?...
C'est bien gentil de vouloir monter en épingle une action ultra-symbolique... dont le but est sûrement de servir de contre-exemple dans les débats politiques. Toujours de la fumée, toujours de la rhétorique, cette U.E.
C'est la déformation d'une agriculture administré en faveur de la population a une autre, administré en faveur d'un dogme "du sans frontières et de la concurrence"!
RépondreSupprimerLaurent, Ce qui apparaît de manière claire, c'est que l'existence de l'appareil de l'UE permet à nos dirigeants de mener leur politique de destruction de nos sociétés en s'exonérant de toute responsabilité. L'UE est un beau cheval de Troie.
RépondreSupprimerDemos
@ Abd_Salam
RépondreSupprimerJe vous rassure, je suis contre la fétichisation du droit. Bien d’accord
@ Georges
Merci pour ce rappel
@ Anonyme 11h38
C’est juste également
@ Anonyme 11h42
Réponse demain
@ Démos
C’est juste
"Sans parler du fait que 700 million divisé par 35 multinationales... ça tient vraiment du symbolique."
RépondreSupprimerEuh, symbolique pour un pays de la taille de la Belgique ? Sans compter les autres actions en cours contre Amazon, Google, Starbucks, Apple...
T'es vraiment un gros naze.
je tombe sur ce texte d'Anne Boissel
RépondreSupprimerhttp://www.debout-la-france.fr/actualite/elevage-lindecence-de-bruxelles
Les agriculteurs qui regrettent l'ancienne PAC oublient qu'ils la dénonçaient en termes vifs quand elle était en vigueur.
RépondreSupprimerEn effet il n'y a pas de prix minimum garanti sans quota. On ne peut pas garantir un prix minimum sans limiter la quantité. Sinon on signe un chèque en blanc (ce qui est déjà une raison suffisante pour reculer) et on se retrouve avec des montagnes de surplus invendables qu'il faut brader sur le dos des agriculteurs du tiers-monde non subventionnés, ou détruire. Parfois on n'a pas le choix, comme avec les piscines olympiques de "vin" officiellement impropre à la consommation (produit uniquement pour être racheté au prix garanti) qui étaient ensuite transformées en éthanol.
A chaque fois qu'on leur imposait un quota les agriculteurs hurlaient qu'on les empêchait de travailler et de produire. Bien plus grave quoique peu dénoncé à l'époque par la profession, ce système est incompatible avec la liberté d'installation pour les jeunes, qui dans le meilleur des cas se trouvent obligés de racheter des quotas.
Pour assurer aux peuples le droit de se nourrir eux-mêmes ni les quotas ni les prix garantis ne sont nécessaires. Il suffi de pouvoir augmenter les droits de douanes sur l'importation des patates (par exemple)quand les paysans ont fait une bonne récolte et les diminuer ou les supprimer si elle a été trop mauvaise. Les attributs élémentaires de la souveraineté en quelque sorte.
Après on pourra s’occuper des questions les plus intéressantes. Quelle agriculture voulons-nous ? C'est à la foi un enjeu gastronomique, nutritionnel, et un choix de société.
Ivan
L'Europe allemande.
RépondreSupprimerL'Europe allemande est née en 1992, au moment du traité de Maastricht.
Depuis 24 ans, l'Europe allemande est en place, à la grande satisfaction des collabos.
Depuis 24 ans, l'Allemagne décide, les autres exécutent.
Problème :
A force, même les partisans de la construction européenne ne supportent plus l'Europe allemande.
Dernier exemple en date : le premier ministre italien, Matteo Renzi, est un fervent partisan de la construction européenne. Or Matteo Renzi vient juste de critiquer l'Europe allemande ! Même lui !
Lisez cet article :
D'après le quotidien Il Messaggero, M. Renzi aurait déclaré à ses conseillers: « le temps est venu de tourner la page à Bruxelles. Nous sommes fatigués que ce soit toujours les mêmes qui y commandent, autrement dit Berlin ».
http://www.boursorama.com/actualites/entre-bruxelles-et-un-matteo-renzi-sur-de-lui-le-torchon-brule-4398afe7331122e049c8f304cb549310