jeudi 4 février 2016

Pourquoi les chiffres de croissance sont inquiétants




Entre (faibles) objectifs atteints et nuages noirs

Bien sûr, le gouvernement affiche le 6ème trimestre de croissance, un redressement de l’investissement, qui a grimpé de 0,8% ce trimestre, une croissance qui atteint l’objectif du budget, le triple de 2012, 2013 et 2014. Mais cette vision des choses est sans doute trop optimiste, à plusieurs titres. D’abord, ce niveau, conjugué à une mauvaise politique économique globale, ne parvient pas à faire baisser le chômage, et reste faible pour un pays comme le nôtre, surtout quand cette maigre croissance est aussi inégale qu’instable. Pire encore, l’analyse des chiffres du quatrième trimestre révèle des aspects inquiétants. En effet, le dernier trimestre de l’année, avec Noël, enregistre habituellement une contribution positive du commerce extérieur et une baisse des stocks. C’était le scénario de 2012, 2013 et 2014.

Mais 2015 est atypique, avec une contribution négative du commerce extérieur, d’autant plus inquiétant que sa contribution avait déjà été largement négative trois mois avant. Et, pire encore, les stocks ont fortement augmenté, contribuant à hauteur de 0,5 point à la croissance. En clair, le PIB aurait reculé de 0,3% au 4ème trimestre à stocks stables ! Cela est d’autant plus inquiétant que le même phénomène a eu lieu trois mois avant puisque le PIB aurait également reculé de 0,3% au 3ème trimestre à stocks stables. Et le gonflement des stocks des deux derniers trimestres laisse penser que leur contribution sera négative dans trois mois, ce qui augure mal des chiffres du premier trimestre, alors même que notre commerce ne se redresse pas, même si consommation pourrait légèrement se redresser.

Le pari de la poursuite de la légère accélération de la croissance en 2016 n’est pas encore totalement perdu, avec la baisse du prix du pétrole et de l’euro, et les taux au plus bas. Mais les résultats du 4ème trimestre me semblent indiquer que le pari est plus loin d’être gagné qu’on ne peut le penser. 

5 commentaires:

  1. Lundi 1er février 2016 :

    Patrick Artus (Natixis) : « La prochaine crise sera extraordinairement violente. »

    http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/021663280823-p-artus-natixis-la-prochaine-crise-sera-extraordinairement-violente-1196739.php

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  2. On est déjà dans l'erreur, quand on transforme des "conséquences" de situation antérieure en "causes" de situation future pour faire des anticipations dont "la nécessité" ou "le besoin" est le moteur de reprise!

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  3. Mr Herblay

    je continue à dire que la croissance ne sera pas au rendez vous comme prévu par les zobservateurs ; non compte tenu du fait que les méthodes de calcul du PIB on changé dans quelques pays européens pour intégrer quelques franges de l'économie souterraine qui a amélioré le niveau de croissance du PIB (par contre, s'il y a bien une inflation à observer à notre époque, c'est bien celle du truandage des stats économiques....mais bon)

    je suis un peu têtu sur ce fait parce que la compta est une chose mais la réalité du terrain en est une autre.

    1° l'euro est au plus bas depuis quelques temps et pour autant l'export ne s'améliore pas vraiment (sur deux trimestres c'est plat comme une limande) , c'est juste l'import qui diminue sous l'effet des prix de l'énergie et de l'atonie de la consommation (malgré les fêtes;, faut il le préciser)

    Les économies européennes ne repartent pas, sauf à la marge ici et là sous l'effet de la concurrence à la baisse des salaires et des prestations sociales. les rebonds des pays comme l'Espagne ne s'expliquent que parce qu'ils sont devenus compétitifs par rapport aux pays qui n'ont pas aussi brutalement malmené leur population, de gré ou de force...c'est donc un leurre qui va forcer le gouvernement français à accélerer les mesures de destruction sociale (c'est en cours, on peut compter sur eux)

    2)la baisse du prix du pétrole n'est pas forcément une bonne nouvelle ni d'ailleurs celle de la baisse des taux d'intérêt qui passent en dessous de zéro. ca indique entre autre que l'activité est bien mauvaise et que l'épargne est siphonnée gentiment.
    Ca me fait assez rire d'ailleurs (on rit avec ce qu'on peut quand ça va mal) que d'imaginer que vous^me prêtiez de l'argent, en me donnant en sus un supplément d'argent pour m'avoir prêté....c'est quand vous voulez..

    3° en revanche le taux chômage constitue le seul vrai pôle de croissance continue, et ce malgré les tripatouillages des stats, des reclassifications et autre tambouille pour planquer cet aspect sous le tapis, dans un cadre de taux de change de l'euro on ne peut plus favorable et malgré des tombereaux de fric public des CICE et pactes (plus de 40 milliards) censés créer de l'emploi..

    il ne reste plus que la foi indestructibles des intégristes libéraux financiers pour croire que la rotation des salariés grâce à la flexibilité, que la casse du contrat de travail, que les tailles budgétaires, que l'ouverture du dimanche et autres litanies prêchées sous les ors de la république vont créer un miracle sur l'emploi et sur l'économie

    seul espoir peut être c'est que dans une vallée il y a deux versants où qu'on soit, un qui descend et un qui remonte quand on est tout au fond..

    Stan

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  4. Séisme politique au Royaume-Uni !

    Au Royaume-Uni, dans les semaines qui viennent, il y aura un référendum sur le maintien ou la sortie de l'Union Européenne.

    Dans le sondage du vendredi 5 février 2016, les partisans de la sortie de l'Union Européenne explosent leur record !

    Pour rester dans l'Union Européenne : 36 % des personnes interrogées.

    Pour sortir de l'Union Européenne : 45 % des personnes interrogées.

    Ne veut pas voter : 2 % des personnes interrogées.

    Ne sait pas : 18 % des personnes interrogées.

    Ensuite, l'institut de sondage pose la même question en excluant ceux qui ne savent pas et ceux qui ne veulent pas voter. Résultat :

    Pour rester dans l'Union Européenne : 44 % des personnes interrogées.

    Pour sortir de l'Union Européenne : 56 % des personnes interrogées.

    C'est la page 3 :

    https://d25d2506sfb94s.cloudfront.net/cumulus_uploads/document/4mzy46afe7/TimesResults_160204_EUReferendumDay1.pdf

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  5. @ BA

    Probable

    @ Saul

    A moitié d’accord. Oui, une vraie croissance ne sera sans doute pas au rendez-vous, dans le sens d’une croissance de plus de 2% permettant une forte baisse du chômage, un progrès du pouvoir d’achat. Encore qu’avec des bulles tellement énormes, cela n’est pas totalement à exclure.

    Mais en même temps, la France a repassé le cap des 1% de croissance, après trois années de stagnation et on peut penser atteindre 1,5% l’an prochain, même si les statistiques des deux derniers trimestres remettent en cause ce scénario étant donné que ce sont les stocks qui permettent d’afficher une croissance positive.

    L’effet de l’euro joue de manière limitée, du fait des baisses de salaires en Espagne ou ailleurs et d’un prix du travail plus élevé en France que dans bien des pays du monde. Sur le pétrôle, pas d’accord, voir le papier de demain : il permet une inflation très faible, mais aussi, plus crucialement des taux proches de zéro, qui ont un double effet positif (moindre austérité pour l’Etat, qui économise et baisse des coûts de l’argent)

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