Et si, cet
automne, les
élections présidentielles étasuniennes voyaient s’affronter Donald Trump et
Bernie Sanders ? Cette perspective, qui aurait paru complètement
extravagante il y a quelques mois, peut sembler possible aujourd’hui, après
la triple victoire de l’adversiare d’Hillary Clinton côté démocrate, démontrant
une évolution radicale du débat public outre-Atlantique étant données ses
positions.
Vers un
deuxième échec pour Hillary Clinton ?
Malgré tout,
Hillary Clinton conserve des atouts. D’abord, son avance dans le nombre de
délégués, d’autant
plus qu’elle aurait le soutien de près de 500 superdélégués, des responsables
et élus du parti qui pourront voter à la convention d’investiture fin juillet.
Si elle conserve le soutien des superdélégués, il faudrait alors que Bernie
Sanders l’emporte très largement lors des prochaines étapes électorales, ce
qu’il a fait lors de ces trois dernières étapes. En outre, le soutien des
caciques du parti (elle
était soutenu par le gouverneur, les deux sénatrices et six représentants dans
l’Etat de Washington), ne semble pas forcément un atout lors de cette
campagne où
les électeurs affichent un rejet franc et massif des dirigeants des deux grands
partis. Ces trois victoires peuvent-elles augurer une victoire
définitive ?
Et ceci est
extrêmement rafraîchissant car cela montre que dans nos démocraties en crise,
le changement, le vrai cette fois, peut venir. Qu’un
sénateur de plus de soixante-dix ans aux idées théoriquement marginales (santé
et éducation supérieure gratuites), qui se dit « socialiste » dans un
pays où cela peut être assimilé au communisme, démontre que les
déséquilibres de nos sociétés finissent tout de même par provoquer une vraie
remise en question. Et c’est la jeunesse, bien
maltraitée par nos sociétés modernes, qui, logiquement, exprime une volonté
de changement. Il n’est pas inintéressant de constater que dans
une époque qui verse dans l’ultralibéralisme, la jeunesse se penche de plus
en plus vers des alternatives politiques qui mettent en avant le rôle de
l’Etat, à rebours du discours des grands médias.
En cela, et
même s’il perd la primaire démocrate, Sanders
est le nouvel exemple de la grandissante envie de changement des citoyens,
qui ne retrouvent plus dans ces politiciens dit de gauche comme de droite
réunis dans un soutien à un laisser-faire et un laisser-passer austéritaire et parfois
même autoritaire. La démocratie finira tôt ou tard par produire un antidote à l’ultralibéralisme.
dommage qu'il soit si vieux, il a loupe le coche.
RépondreSupprimerQuand vous parles de "ce pays dont la vie politique a des relents monarchiques" il serait plus exact de parler de relents ploutocratiques. Par ailleurs il y a des "dynasties républicaines" mais de courte durée comme les Kennedy, Bush et la tentative Clinton. Il y eût les Gandhi en Inde, Caramanlis et Papandréou et Vénizelos en Grèce. Nous qui avons une monarchie républicaine avons eu le meilleur de Gaulle comme le pire Sarkozy, et le médiocre Hollande.
RépondreSupprimerTOUT A FAIT EXACT : RIEN A AJOUTER !
RépondreSupprimerMoi, qui connais mal le système politique Américain, je me pose les questions suivantes :
RépondreSupprimer- Bernie Sanders pourrait-il peser dans la vie politique américaine, même s’il perd la primaire démocrate, en conditionnant, par exemple, son soutien à Hilary Clinton à la mise en place de certaines mesures (sécurité sociale pour tous, réduction des frais universitaires…) ?
- Après ces primaires remarquables, Bernie Sanders pourrait-il constituer au congrès américain un groupe puissant, qui aurait le pouvoir de peser sur les décisions du futur gouvernement démocrate élu ?
- Bernie Sander aurait-il la possibilité d’obtenir un poste dans le futur gouvernement démocrate, lui permettant d’appliquer une partie de ses idées ?
EB
l'amérique c'est loin mais je suis sceptique (comme la fosse).
RépondreSupprimerpour faire une campagne il faut du fric ; comment est financé le monsieur ?
aux USA les décisions se prennent ailleurs, rappelons qu'Obama est prix nobel de la paix et franchement la paix a une drôle de gueule par les temps qui courent...
mais globalement, je suis d'accord sur un point (et pas forcément en désaccord sur les autres) les citoyens ont envie de changement, mais collectivement, je ne suis pas sûr qu'ils voient ce changement de la même façon que nous le concevont...d'autant que l'amérique est le symbole de la conquète de l'ouest, c'est à dire de territoires nouveaux où l'inconnu est à construire..
je ne pense pas que nous puissions comprendre les ressorts collectifs des américains vu de France (sauf bien sûr à y avoir vécu). Les phénomènes culturaux, sociétaux sont intraduisibles de là où nous sommes. C'est un peu comme parler des effets de la faim ou/et de la guerre si on ne les a jamais connues..
Stan
Stan
Bien d'accord avec toi Stan. C'est a priori rafraichissant ce vote Bernie, mais je doute aussi...
Supprimer70 balais, effectivement qui le finance, vote du "Président" vécu comme du grand cinéma car il est très très loin d'avoir tous les pouvoirs...
ça ressemble un peu à une soupape de décompression, pour la plus grande gloire de "la plus grande démocratie du monde"...
Sur Bernie Sanders, un article intéressant de Les Crises permettait de relativiser : http://www.les-crises.fr/le-mouvement-illusoire-de-bernie-sanders-par-chris-hedges/
En tout cas elle a vraiment du mal la mère Clinton :) Faut dire qu'elle dégage tellement une sympathie innée :)
***Jacko***
@ EB.
SupprimerIl n'est pas interdit de croire au Père Noël, mais un jour par an, c'est suffisant. Car Sanders ne changera rien, nichts, nada, niente.
Parce que "les Démocrates, comme les Républicains, n’ont pas intérêt à mettre en place de véritables réformes. Ils sont liés au pouvoir corporatiste. Ils sont dans l’apparence, mais n’ont pas de substance. Ils parlent le langage de la démocratie, et même du réformisme libéral et du populisme, mais empêchent obstinément la réforme sur le financement des campagnes, et font la promotion d’un ensemble de politiques, dont les nouveaux accords commerciaux, qui dépossèdent affaiblissent les ouvriers. Ils truquent les élections, non seulement avec de l’argent, mais aussi avec des soi-disant superdélégués ..." ("le mouvement illusoire de Bernie Sanders" par Chris Hedges le 13 mars sur les crises.fr). Un peu comme ce qui se passe de ce côté-ci de l'Atlantique avec la gôche version Medef.
NB : Christopher Hedges est un journaliste et auteur américain - que, personnellement je respecte pour son courage et sa lucidité, ancien correspondant de guerre, reconnu pour son analyse de la politique américaine ainsi que de celle du Moyen-Orient (extrait Wikipédia).
DemOs
@Démos
SupprimerQuitte à passer pour quelqu’un de naïf, je ne crois pas que tous les républicains et démocrates américains soient d’accord sur tout et soient tous complétement soumis à l’oligarchie américaine. Je pense qu’il existe des démocrates, comme Bernie Sanders, qui ont en marre de voir les inégalités et la précarité augmenter dans leur pays; de la même manière qu’il y a en France des socialistes comme Gérard Filoche, qui ont en marre de la politique de Hollande et Valls.
EB.
Bernie Sanders contre Donald Trump, est-ce que ce ne serait pas un peu comme Mélenchon contre Marine Le Pen ?
RépondreSupprimerNe serait des médias américains qui essaient d'ignorer Sanders autant que possible et secondairement du manque de sensibilité de celui ci envers les menaces du terrorisme islamiste, Sanders en apparaissant plus crédible en tant que commandant en chef pourrait mieux damer le pion à H.Clinton sur le sujet auprès des électeurs démocrates plus âgés.
RépondreSupprimerDu côté des jeunes, leur adhésion à Sanders prouve que Clinton pourrait gagner par défaut sans clinton-manie et par la toute puissance machine démocrate en sa faveur.
Clinton c'est dans le genre des Blair, Hollande, Merkel avec plus de hargne mais au féminin. Sanders a les médias contre lui. Quoi qu'il arrive, il aura conscientisé en plus toute une jeunesse qui ne laissera pas oublier les enseignements de la candidature Sanders.
B.Sanders pourrait gagner à la condition de tout gagner aux deux tiers des États restants, N.Y et la Californie afin de dégommer aussi les super délégués qui seraient gênés si Sanders dépassait miracle les délégués élus de l'épouse de Bill, embêtés ces supers agents devant la pression du suffrage universel.
La démocratie sous contrôle c'est ce que nous avons en Occident comme en France. Nous mériterions mieux que la clinton-manie des médias.
"Hillary Clinton conserve des atouts." (Laurent)
RépondreSupprimerLisez donc "Hillary Clinton, la reine du Chaos", par Diana Johnstone sur lescrises.fr.
En résumé, les atouts de Mme Clinton, c'est surtout un gros carnet de chèques avec des donateurs pas forcément si démocrates que ça. Ceci dit, il vaudrait mieux pour nous que la promotrice du "smart power" ne soit pas élue, même si l'élection de Sanders ne bousculerait pas grand chose. Remember Obama !
DemOs
J'allais oublier de vous dire. Il semble que papa Clinton, avec sa belle image lisse, ne s'est pas privé de faire ce qu'il fallait pour obtenir les votes des "p'tits blancs racistes du sud", mais, chut, il ne faut pas briser les icônes.
SupprimerDemOs
Pour répondre à la question essentielle: "Que faire?" douloureusement soulevée deux articles plus tôt, je réponds que la balle est dans les mains de ceux qui jouissent déjà d'une certaine aura médiatique et qui peuvent sans rougir représenter une alternative.
RépondreSupprimerTu pourrais Laurent te lancer. Bien que tu sois encore largement un quidam pour le grand public, tu jouis d'une certaine notoriété vu la fréquentation de ton blog.
De plus, tu fourmilles d'énergie et d'idées claires, ton blog en témoigne. Pourrait se constituer autour de toi sans traîner un petit groupe d'action bien décidé à faire médiatiser l'initiative que tu chapeauterais.
Mais tu n'as pas l'air prêt pour tenter le coup de la candidature.
Dans ce cas, je propose une solution de repli. Sans porter une (ta) candidature, on monte un groupe de pression électoral pour tester et sélectionner un candidat parmi ceux qui vont émerger et qui comme je le disais plus haut vont représenter une alternative aux néolibéraux et FN.
Il y a tout d'abord Mélenchon, déjà lancé. Pour ma part, je suis assez sur la même longueur d'ondes sur le programme même si j'ai des réserves sur le bonhomme.
Ensuite, il y a NDA. Là, j'ai des réserves sur le programme. J'ai du mal à voir comment il va sortir de l'ornière de vouloir copier le FN.
Ensuite, il y a de bonnes chances qu'Hulot s'y tente à nouveau. Son évolution d'un discours environnementaliste pur à une remise en cause de l'économie libérale est très intéressante. Son positionnement au dessus du clivage gauche-droite aussi. On sent qu'il ne va pas à la politique par péché d'ego. A voir donc. Je vais contribuer modestement à le motiver.
Qu'en pensez-vous de cette idée de se constituer en groupe de pression en vue de la présidentielle?
Il faudrait déjà établir sur quelle base nous sommes d'accord...
@ EB
RépondreSupprimerS’il perd, sa contribution sera sans doute d’avoir (très légèrement) poussé Hillary Clinton à se remettre en cause. Je pense que sa plus grande contribution, c’est d’avoir montré que les idées progressistes ont de l’avenir aux USA
@ Stan
Par les électeurs, et une collecte de petites sommes
@ Démos
Mais ne peut-on pas penser que Sanders ne serait pas comme la majorité des Démocrates ? D’un système usé et cynique, ne peut-il pas sortir de temps en temps du bon, comme Roosevelt ?
@ Jauresist
Je ne suis qu’un blogueur. Il y a des étapes à franchir. En revanche, je suis partant pour contribuer à un mouvement. A disposition pour en parler.
Salutations républicaines.