Billet invité de l’œil de Brutus
Dans la terrible crise qui secoue
l’agriculture française depuis maintenant de (trop) nombreuses années, il s’en
trouve encore à en appeler à Bruxelles. C’est là, d’un point de vue rationnel,
un bien étrange comportement. Il en revient comme à demander au bourreau qui
vous a allègrement éventré, dépecé, écartelé et raccourci de venir ensuite
recoller les morceaux.
Et ce dogme ne changera pas. Du
moins ni à court, ni à moyen terme[ii]. Car ce
dogme sert également de puissants intérêts : ceux de l’industrie
agro-alimentaire de l’ensemble des pays d’outre-Rhin cités supra. Et dans le
cadre du fonctionnement même des institutions européennes, il faudrait une quasi-unanimité
des Etats membres pour que soit remis en cause de ce fameux dogme. Ce
qu’évidemment nul gouvernant n’obtiendra. Alors, bien sûr, François Hollande ou
d’autres européistes béats nous agiterons bien de beaux effets de communication
sur une quelconque homéopathie permettant à quelques poignées d’agriculteurs de
survivre sous assistance cardio-respiratoire. « Encore un moment monsieur le bourreau » disait la comtesse du
Barry …
Mais les agriculteurs, et d’une
manière plus générale tous les Français qui souffrent tant des dogmes
néolibéraux et austéritaires, n’ont pas besoin d’aller jusqu’à Bruxelles pour
trouver des responsables de leur situation. Ils sont devant eux. Il s’agit de
toute cette clique eurobéate, du P « S » aux
« Républicains », en passant par les Verts, le Modem ou encore l’UDI[iii],
qui a soumis la souveraineté de la France[iv]
aux dogmes de l’Union européenne. Celle-ci ne changera pas de sitôt. Mais c’est
cette soumission qu’il nous appartient de briser.
[i] Lire Jacques
Sapir, De la décomposition
politique, Russeurope, 28/02/2016.
[ii] Et dans le
cadre du Traité
transatlantique, l’UE se prépare d’ailleurs à massacrer encore mieux
l’agriculture (entre autres) pour le plus grand bonheur des multinationales.
[iii] Et n’allez
pas croire pour autant que le FN en changera quoi que soit. Le FN n’est ici que
l’idiot « utile » qui permet aux autres d’appeler au vote
« utile » pour « faire barrage » à un néofascisme plus ou
moins fantasmé. Sitôt qu’il arriverait au pouvoir, le FN, en bon parti
opportuniste qu’il est, se ferait très probablement fort de se rallier aux
dogmes et aux mythes qui font les affaires des dominants.
Quant à la gauche du P « S », on attend désespérément qu’elle tire
enfin les conséquences de son positionnement pour le moins ambigu vis-à-vis de
la construction européenne telle qu’elle a aboutie au sein de l’UE (et d’une
manière générale de la manière dont sa frange libertaire ne fait qu’encourage
le libéralisme économique le plus sauvage).
[iv] Et par
souveraineté on entendra la capacité des Français à décider en tant que peuple
libre. C’est tout bête, mais personne n’a encore trouvé le moyen de se passer
de ce bien embêtant concept de souveraineté pour obtenir une démocratie (la
souveraineté étant une condition nécessaire mais non suffisante). En réalité donc, lorsque l’on se déclare
opposé à la souveraineté, c’est un artifice pour clamer son opposition à la
démocratie.
Une concurrence libre et non faussée impose que chaque pays soit concurrent et donc libre dans des frontières, qu'il n'y ai pas de convergence non désiré! Mais ce que l'on veut imposer aux entreprises, on l'interdit aux États!
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