Le Fonds monétaire international a publié le
12 avril un rapport semestriel expliquant qu’une sortie de l’UE du Royaume-Uni
après le 23 juin prochain provoquerait « des dommages sévères au niveau
régional comme au niveau mondial », et que le référendum en lui-même « est déjà
source d’incertitude pour les investisseurs. » Les prévisions du FMI sont-elles
fiables ou faut-il y voir une opposition idéologique ?
Ensuite il
est tout de même culotté de faire du Brexit une des raisons de la mollesse de
la croissance, alors même que ce constat est fait depuis la sortie de la grande
crise financière de 2008-2009. Ce n’est pas le Brexit qui a fait que la croissance
a été décevante de 2010 à 2015 ! Cet argument est d’autant plus absurde
que justement, en 2016, les perspectives de croissance dans l’UE sont les
meilleures depuis 2010. Et puis, il
faut aller page 27 du rapport du FMI pour avoir un peu plus d’explication, un
petit paragraphe dérisoire guère argumenté, et sans la moindre
justification factuelle.
Bien sûr,
les négociations seraient délicates, mais l’UE a des relations économiques avec
des pays non membres depuis longtemps. Si l’entrée dans l’UE est complexe, la
sortie n’est-elle pas simple ? Après tout, la déconstruction des
contraintes européennes a toutes les chances d’être progressives et assez lente
car Londres a vécu, et accepté, la plupart des contraintes avec lesquelles elle
vit aujourd’hui. Bien sûr, il y aurait des incertitudes, mais le FMI n’apporte
pas la moindre preuve selon laquelle la sortie d’une telle alliance aurait des
conséquences néfastes. Bref, il faut surtout y voir une opposition idéologique.
Le 12 avril, le président du Parlement
européen, Martin Schulz, s’est exprimé sur LCI au sujet du référendum aux
Pays-Bas, estimant que « les gens votent sur n’importe quoi, mais très rarement
sur le sujet du référendum ». Cette analyse reprend-t-elle celles qui avaient
cours en 2005 au sujet du Traité constitutionnel européen ? Est-ce à dire qu’en
1992, lors du référendum sur le traité de Maastricht, les électeurs ont voté
oui sans comprendre qu’ils acceptaient l’euro et un certain nombre de
transferts de compétence vers l’UE ?
Les
eurocrates expriment trop souvent un snobisme aux relents totalitaires contre
la démocratie. Si les électeurs ne suivent pas leurs souhaits, ce serait
toujours pour de mauvaises raisons. D’abord, je suis convaincu que le vote des
citoyens lors des référendums est au contraire plein de bon sens. En 1992, ce
sont les Français se déclarant de droite qui ont voté « non » à
Maastricht, dans un débat dominé par la question de la souveraineté nationale,
leg du gaullisme. En 2005, c’est plutôt la gauche qui a voté « non »
dans un débat dominé par le caractère antisocial de cette Europe.
En Hollande,
les électeurs ont sanctionné un accord, qui, s’il n’était qu’un petit pas vers
l’intégration de l’Ukraine, n’en était pas moins un petit pas. Et quand on
connaît cette Europe qui fonctionne justement par petit pas, il n’était pas
surprenant que les néerlandais refusent le tout premier. Les Européens veulent
arrêter l’élargissement. En fait, les eurocrates ont un comportement et un
discours très totalitaires puisqu’ils refusent d’écouter les opinions
différentes des leurs, puisque tout vote qui va à l’encontre de leurs idées est
forcément un vote pour de mauvaises raisons.
Aux Pays-Bas, 64% des votants ont rejeté
l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine. Au Royaume-Uni, malgré une
importante campagne gouvernementale à l’encontre du Brexit, 46% des
Britanniques y seraient favorables (contre 43% qui y sont opposés). Comment
analyser le décalage qui existe entre les élites au pouvoir et la volonté des
peuples ?
On peut voir
trois raisons principales au décalage grandissant entre les élites et le
peuple. D’abord, le manque de considréation, pour ne pas dire le mépris, d’une
partie des élites vis-à-vis du peuple. Ses déclarations ne font qu’entretenir
cela d’ailleurs. Le mépris maintes fois exprimé par les eurocrates contre les
référendums ne fait sans doute que renforcer l’hostilité des peuples contre le
machin européen.
Et cela
s’explique également par le bilan de cette tour de Babel européenne. Tout
nouvel accord est l’occasion de nouvelles promesses de lendemains qui chantent
suivies d’une déception. Avec le bilan qui est le sien depuis trois décennies,
comment s’étonner que l’UE suscite le rejet des électeurs ? Elle n’a rien
apporté de positif à l’immense majorité des peuples européens. En revanche,
elle leur impose de très nombreuses contraintes, l’austérité, des contributions
à des plans qui ne marchent pas, l’imposition de quotas de migrants, sans
prendre en compte les spécificités nationales, et aucune protection contre les
dommages de la globalisation, des délocalisations à la désertion fiscale des
multinationales.
Dernière
raison : le décalage grandissant entre les élites et les classes
populaires, la montée des inégalités et le fait qu’élites et classes populaires
vivent des vies de plus en plus séparées : le divorce politique est en
partie la conséquence d’un divorce social et d’un divorce dans la vie de tous
les jours.
" aucune protection contre les dommages de la globalisation, des délocalisations à la désertion fiscale des multinationales."
RépondreSupprimerJe vous signale que c'est pas l'UE, mais les députés francais ont voté pour le secret des affaires récemment. Les décisions de l'UE sont celles de nos politiciens, n'inversons pas.
Le FMI est fondé à donné son avis car les pays qui garantissent ses fonds sont fondés à lui demander des comptes.
Transcrire les directives pondues par "Bruxelles" dans le droit français est une des obligations, sous pénalités, dans la recherche d'une convergence de zone.
SupprimerLaurent a tout a fait raison au contraire.
SupprimerLes frontières commerciales de l'UE sont des passoires et c'est la Commission qui a en charge la politique commerciale justement. Alors ?... En outre, en effet le FMI prend une position politique en se positionnant contre le Brexit, ce qui est une honte et montre la façon de procéder et la pensée de ses "princes" qui gouvernent (que ce soit au niveau économique ou politique).
Anonyme20 avril 2016 à 08:46
RépondreSupprimerJe parle du vote. Pour faire appliquer une directive, encore faut il voter en faveur de la directive, ce qu'ils ont fait.
Et quand le FMI prend la défense de la Grèce, c'est illégitime ?
RépondreSupprimer"Mais la Grèce ne s'en sortira pas si l'on s'acharne à exiger l'impossible - des objectifs d'économies et de réduction des déficits intenables - sans recréer les conditions de la croissance. Même le FMI le reconnaît, qui est prêt à faire un geste pour soulager le pays."
http://www.lesechos.fr/journal20160420/lec1_idees_et_debats/021853198921-sauver-la-grece-pour-sauver-leurope-1214981.php#xtor=CS1-33
Herblay qui se présente comme anti-totalitaire quand il défend la prohibition de cannabis sur la base de ses informations complètement tronquées. On croit rêver. Ce type à 3 neurones prétend donner son avis sur des problèmes à au moins 10 paramètres en interactions complexes.
RépondreSupprimerHeuuuuuu, s'il a "3 neurones", manifestement vous n'en avez qu'une !... Serait-ce les effets du cannabis ?...
Supprimer"Heuuuuuu, s'il a "3 neurones", manifestement vous n'en avez qu'une !... Serait-ce les effets du cannabis ?..."
RépondreSupprimerToi, tu n'as aucun neurone, un vrai crétin, va te chier dessus.
Votre prose est toujours d'un niveau vraiment élevé...
Supprimer"le FMI prend une position politique en se positionnant contre le Brexit, ce qui est une honte et montre la façon de procéder et la pensée de ses "princes" qui gouvernent"
RépondreSupprimerT'es vraiment un abruti. Le FMI est en devoir de donner son avis car il est financé par des pays qui sont en droit de demander des explications. Pauvre con !
Mmm, "pauvre con" m'écrivez-vous.
RépondreSupprimerCe compliment me fait chaud au coeur, surtout venant de la part d'un expert en la matière...
@ Anonyme 8h22
RépondreSupprimerL’un n’exclut pas l’autre…
@ JJS
Merci
@ Anonyme 9h18
Ils ont attendu un peu longtemps pour arriver à ces conclusions, insuffisantes qui plus est
Petite remarque sémantique, Laurent. Comme tu rejettes le terme de "paradis fiscaux" en qualifiant ces zones de non -droit de parasites fiscaux, je réfute celui d'"élites", qui confond les groupes dirigeants, dominants et ce qu'il y a de meilleur. Le fait pour des individus, des castes même, d'être en position de domination ne signifie pas pour autant qu'ils disposent des qualités, des vertus qui les rendent aptes à bien diriger les affaires publiques. Nous constatons quotidiennement que c'est le phénomène inverse avec des individus vils, bornés, soucieux de leurs seuls intérêts. Je préfère qu'on use des termes "dirigeants", voire "dominants", qui reflètent une position et non une qualité.
RépondreSupprimerDemOs
@ Démos
RépondreSupprimerPas faux !