Bien sûr, la
nette victoire d’Hillary Clinton dans l’Etat de New York semble siffler la fin
des primaires et des espoirs de Bernie Sanders, qui
a bousculé la favorite des sondages et de l’immense majorité des élites politico-médiatiques.
Mais même s’il perd, son parcours restera fécond pour l’avenir.
Grande
divergence des deux côtés de l’Atlantique
Parce qu’il
a su incarner ces aspirations, il faut remercier le candidat aux primaires, qui
montre une voie qui sera peut-être gagnante prochainement. Quel contraste avec
nos pays européens, où,
ce qui fait office de gauche converge de plus en plus économiquement avec la
droite, jusqu’à Syriza en Grèce, qui
a renoncé à ses promesses pour les yeux d’une construction européenne qui
l’envoute au-délà du raisonnable et même de l’humain et de la démocratie.
En France, le
PS a dépassé l’UMP par la droite, poussant les roseaux dérisoires qui se disent
républicains à épouser des idées toujours plus extrêmes. On peut se
rassurer en se disant que notre temps viendra, et que le décalage vient du fait
que les Etats-Unis sont allés beaucoup plus dans l’ultralibéralisme, sur les
inégalités, l’éducation ou la santé.
Merci donc à
Bernie Sanders de rappeler à des pays européens dont les citoyens semblent
attirer dans le piège ultralibéral, que dans la patrie de l’ultralibéralisme,
une prise de conscience commence à grandir. Merci d’être cette petite lumière d’espoir
qui nous donne du courage alors que notre société semble partir dans le mur et accélérer,
sans se poser la moindre question.
Laurent les américains n'ont jamais été totalement libéraux. Ils injectent des milliards dans leur économie à travers le financement militaire. Une sorte de keynésianisme militariste assez étrange. Et n'oublions pas les injection monétaires permanentes de la FED dans le système financier. Le gros problème des USA c'est la dette extérieur, tant que le dollar reste la monnaie mondiale, ils peuvent l'ignorer. Mais cela pourrait ne plus durer très longtemps. Les Chinois et les autres pays exportateurs ne vont pas éternellement accepter de payer le train de vie US. La vraie question c'est "Est-ce que les USA mettront fin au libre-échange pour rééquilibrer leur commerce extérieur avant que leur monnaie s'effondre?"
RépondreSupprimerUne politique de relance n'est pas possible sans dévaluation et protectionnisme. Les USA n'ont pu faire les deux qu'à cause de leur privilège monétaire exorbitant comme disait De Gaulle.
@ Yann
SupprimerToujours pas de reprise en vue sur ton blog ? ;-)
Laurent, je te trouve bien optimiste sur Bernie Sanders.
RépondreSupprimerCertes, son score est rafraichissant.
Il montre aussi que la Clinton, même si elle a tout le système derrière elle, est très loin de faire l'unanimité. ça promet si elle est élue...
Mais au final, ce sont quand même ceux qui sont portés par le système qui gagnent.
De plus, il faut faire la différence entre les promesses d'élections et les décisions une fois élu (le moi je président dont l'ennemi était la finance et qui n'aimait pas les riches...).
Sanders aurait fait quelques mesurettes qui font bien (peut-être, encore aurait-il fallu avoir l'appui du Congrés, ce qui n'est jamais gagné), mais se serait couché sur le principal, comme ses amis européens (Syriza, Podemos and Co).
Désolé, mais je ne vois aucune différence des deux côtés de l'Atlantique. De la poudre aux yeux pour calmer le bon peuple, mais à la fin, le bon peuple n'à qu'à la fermer quand on lui demande plus ou moins gentiment de le faire.
***Jacko***
Hello ! Tu pourras trouver, je me répète, des articles aussi instructifs que peu répandus, censure oblige, sur la "valeur" de Miss Clinton sur le site lescrises.fr comme celui qui est intitulé : "Trump et Clinton, censurer ce qui dérange", par John Pilger. Nous pouvons être sûrs que cette dame est capable de faire aussi bien, voire de surpasser Bush, mais, comme pour le moment, l'épouvantail Trump joue son rôle à merveille dans le remake de la pièce "le méchant Donald et la gentille Hillary", tout va bien pour la lady. Ca ira moins bien pour nous. On en reparlera.
SupprimerDemOs
Laurent, votre optimisme force le respect, mais là franchement ...
RépondreSupprimerSouvenez-vous de Ségolène Royal : "quelque chose de grand s'est levé qui ne s'arretera pas" nous avait-elle annoncé au soir de sa défaite. Et aujourd'hui, plus rien.
Vous avez envie d'y croire, on a envie que l'avenir vous donne raison, mais non. Les américains vont zapper, Sanders va tomber dans les oubliettes des perdants, comme tant d'autre avant lui. C'est comme cela que ça marche aujourd'hui, et pour encore pas mal de temps.
Seule la victoire est jolie.
RépondreSupprimerIl se fait que les battus n'ont jamais fait modifier le choix du vainqueur... même avec 49% !
Le cas Bernie Sanders est à la fois enthousiasmant, car sa candidature anti-Wall Street a suscité un vrai élan, surprenant dans un pays biberonné à l'idéologie libérale.
RépondreSupprimerIl est cependant navrant de constater que Clinton doit son succès en bonne partie au vote des Afro-américains en sa faveur. Alors que ceux-ci sont les plus défavorisés. Ils ont voté pour le "parti bourgeois" contre leurs intérêts, victimes sans doute d'une instrumentalisation de la question raciale.
Ne peut-on y voir un parallèle avec ce qui se passe en France avec le succès du FN auprès des classes populaires? Les ouvriers qui votent FN ne semblent pas percevoir que sa présidente et ses principaux cadres surjouent la question identitaire pour masquer leur fourberie économique (exemple avec la directive sur le secret des affaires ou les affaires de fraude fiscale)
Clinton est aussi soutenu pas les anciens, les même qui continuent de voter PP et PSOE en Espagne ou LR-PS chez nous... et comme le nombre de plus de 60-65 ans augmente dans nos pays... Chez les jeunes Sanders est plus que majoritaire.
SupprimerPour ma part, je pense qu'en 2017, le seul qui puisse déjouer un scénario écrit d'avance (MLP-Juppé au 2nd tour et du coup Juppé président), c'est Nicolas Hulot.
RépondreSupprimerC'est le seul à transcender vraiment le clivage gauche/droite. Et il semble avoir intégré sincèrement la critique de la mondialisation néolibérale.
Sanders pro-legalisation du cannabis :
RépondreSupprimerhttp://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/02/29/primaires-americaines-dans-le-colorado-les-democrates-aiment-bernie-sanders_4873519_829254.html
Le régime hygiéniste prohibitionniste est bien une société du contrôle néo-libérale productiviste :
https://www.letemps.ch/societe/2016/04/23/sois-bien-tais-toi
Mon cher Laurent,
RépondreSupprimerComme l'écrit Chris Hedges*, "la rhétorique (de Sanders) n’est qu’une version mise à jour du changement promis en 2008 par la campagne de Barack Obama... et les Démocrates, comme les Républicains, n’ont pas intérêt à mettre en place de véritables réformes".
Maintenant, rien n'empêche de croire au Père Noël, mais, pour moi, c'est une fois par an et c'est suffisant. Pour le reste, vaut mieux garder ses sens en éveil. Aurais-tu oublié l'ennemi de la finance, le chantre du "changement, c'est maintenant" ?
*Chris Hedges :"le mouvement illusoire de Bernie Sanders" (site lescrises.fr du 13 mars dernier).
DemOs
Au moins, ils ont Sanders, en France ce sont des guignols en Charentaises comme Lordon ou Sapir qui veulent changer le monde :
RépondreSupprimerhttp://confusionnisme.info/2016/04/23/ruffin-et-lordon-une-nuit-a-dormir-debout/#4
A Jauresist. Oui Hulot transcende le clivage Dr-G, d'ailleurs comme Macron. Qu'il a décidé de soutenir, semble-t-il ! Donc archi pro mondialisation ultra-libérale ! Ch D
RépondreSupprimer"Ils injectent des milliards dans leur économie à travers le financement militaire."
RépondreSupprimerEh oui, sans état-nation, il ne peut pas y avoir de capitalisme libéral et pas de capitalisme du tout, c'est aussi simple que cela. Le capitalisme libéral s'est toujours fondé sur l'état pour garantir ses rentes.
L'état capitaliste libéral est l'un des avatars de l'évolution de l'accumulation de ressources qui s'origine dans les premiers systèmes d'échanges anthropologiques, comme dans les tribus indiennes du nord ouest américain et canadien, par exemple.
Vous montrez votre vrai visage, celui d'un socialo-communiste immigrationniste.
RépondreSupprimerCordialement
@ Yann
RépondreSupprimerMerci pour ce rappel
@ Jacko
Difficile de savoir. Il semble sincère. Au moins, il entretient la flamme
@ Jauresist & A-J H
C’est juste. Mais on peut y voir le premier remou d’avant une plus grande vague qui emportera tout.
@ Anonyme 23h08
Je ne suis pas d’accord avec Sanders sur le cannabis
@ Démos
Je me trompe peut-être mais il me semble qu’il va beaucoup plus que n’allait Obama
En août 1997, le banquier d'affaires Alain Minc publiait son livre le plus ahurissant : « La mondialisation heureuse. »
RépondreSupprimerQuand on lit ce livre aujourd'hui, on se rend compte qu'Alain Minc a passé sa vie à écrire des âneries.
La mondialisation heureuse pour qui ?
Réponse :
La mondialisation heureuse … pour les 10 % les plus riches.
Mais c'est la mondialisation MALHEUREUSE pour 90 % de la population.
Sur le site internet forbes.com, Panos Mourdoukoutas écrit :
Le rêve brisé : 90% des Américains sont dans une situation pire aujourd'hui qu'elle ne l'était au début des années 1970.
http://www.forbes.com/sites/panosmourdoukoutas/2016/04/23/lost-dream-90-of-americans-are-worse-off-today-than-they-were-in-the-early-1970s/#7c72543e5dde
Pour la vaste majorité des Américains, l’économie de leur pays est dans un état de stagnation prolongée, bien pire que celui du Japon. C’est en tout cas le constat lorsqu’on prend en compte les revenus réels, c’est-à-dire ajustés à l’inflation.
90 % des Américains gagnent plus ou moins le même revenu réel qu’au début des années 70, d’après une étude récente publiée par le Levy Economic Institute. La stagnation économique du Japon remonte au début des années 90.
Aux Etats-Unis, la stagnation économique n’a pas atteint les 10 % restants, qui ont assisté à une augmentation conséquente de leurs revenus réels durant la même période.
Ce constat tranche avec celui des décennies qui ont précédé les années 70, soit à partir de la fin des années 40, lorsque les revenus réels des 2 groupes ont fortement augmenté durant la même période. Même si les 90 % connurent une progression plus élevée de leurs revenus que les 10 % les plus riches.
Pour faire simple, pour la grande majorité des Américains, le rêve d’une vie meilleure s’est évaporé au début des années 70.
Comment expliquer ce changement majeur dans la distribution de la richesse durant ces 4 dernières décennies ?
Cette période a coïncidé avec l’ouverture grandissant de l’économie américaine au commerce mondial et aux investissements étrangers. La mondialisation est donc le premier suspect qui vient à l’esprit.
L’ouverture économique a mis en concurrence les entrepreneurs et les travailleurs américains avec leurs pairs étrangers. Pour les 10 % les plus riches de la population, ceux qui disposent des compétences requises, l’ouverture de l’économie américaine fut une bonne chose, une source d’efficacité et d’opportunités qui se sont traduites par des revenus plus élevés.
Pour les 90 % restants de la population, ceux qui ne disposent pas des compétences adéquates ou de compétence limitée, l’ouverture de l’économie américaine fut une mauvaise chose, une source de perte d’emploi et de revenus inférieurs.
Mais un autre élément peut expliquer cette situation.
Ces changements dans la distribution de la richesse se sont empirés après la Grande Récession, ce qui nous amène au second suspect : les politiques de taux planchers, qui ont dopé la valeur des actions et des obligations, profitant directement aux 10 %, les plus susceptibles de posséder ces actifs.
Il ne faut donc pas s’étonner de l’énorme soutien dont jouissent Donald Trump et Bernie Sanders, qui accusent la mondialisation et Wall Street de tuer le rêve américain.
Panos Mourdoukoutas.
Regardez bien la figure 6, intitulée « Index of Real Average Income, 1945−2014 » :
http://www.levyinstitute.org/pubs/sa_mar_16.pdf